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EAN : 9782849505502
Syllepse (11/05/2017)

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La cadence de nos pas est désormais rythmée par la perspective réelle du terminable

Comme pour de précédents numéros, je choisis de n'aborder que certains articles.

Daniel Tanuro analyse « La place du Trumpisme dans l'histoire ». Une élection qui ne être appréhendée comme un accident de parcours mais comme un « symptôme de quelque chose de plus profond ».

L'auteur souligne une dimension, souvent oubliée du capitalisme, « la contradiction croissante entre la rationalité partielle des entreprises et l'irrationalité globale du système ». Rationalité et irrationalité, « comprendre que l'irrationalité globale découle de la rationalité partielle du capital », place de la guerre dans « la rationalité partielle du capitalisme », incapacité du système à « juguler durablement ses contradictions », politiques répondant à certains éléments mais reportant « les échéances sans rien résoudre ».

L'auteur analyse les grandes lignes de la politique de Donald Trump, « ramener USA inc dans le giron du bon capitalisme d'antan », son entourage « équipe de milliardaires bigots et de généraux galonnés », la négation de la crise climatique, le projet réactionnaire d'un capitalisme voyou, la politique de guerre sainte à l'extérieur et celle de la peur, de la répression, de la réaction à l'intérieur…

Daniel Tanuro aborde, entre autres, l'autonomie relative du politique, le rôle des individus dans l'histoire, « la double autonomie relative : de la sphère politique par rapport à la sphère économique, et des individus par rapport à la sphère politique », quatre points opposant les cercles influents du grand capital au président : « la politique internationale, le protectionnisme, les migrants et la réforme fiscale », le Muslim ban, etc.

L'auteur parle de « potentiel de barbarie sans précédent » et souligne aussi les potentialités des luttes et ce que révèle la campagne de Bernie Sanders, « c'est seulement en opposant une rationalité écosocialiste – la rationalité de la satisfaction des besoins humains réels, démocratiquement déterminés dans le respect de l'environnement – à la fausse rationalité partielle du capital qu'il est possible de faire barrage à Trump ».

Socialisation élargie, choix démocratiques non limités au « champ politique », autogestion généralisée, altermondialisation contre les replis nationalistes et la mondialisation capitaliste… « L'épreuve de force engagée aux Etats-Unis est de portée planétaire », mais encore faut-il ne pas chausser des lunettes au prisme étriqué du « national ».

Syrie. Contre le campisme, le choix de certain-e-s (nombreuses et nombreuses) de préférer une barbarie à une autre (lire par exemple, Gilbert Achcar : Symptômes morbides. La rechute du soulèvement arabe),de soutenir la dictature de Bachar el-Assad comme un moindre mal – voire pour certain-e-s comme une expression émancipatrice. Ziad Majed revient sur cette révolution orpheline, sur les atermoiements et les indifférences, l'impérialisme et l'anti-impérialisme, la guerre contre les pauvres, le ciblage confessionnel, les diversions par la « théorie du complot », les conspirationnistes et leurs lectures rendant invisibles « les Syriens et les Syriennes qui luttent pour leur libération ». Dans un cas comme l'autre, il s'agit toujours de refuser l'existence et la légitimité des populations syriennes, de les placer en rang secondaire par rapport à d'autres intérêts. Il faut aussi souligner ce qui relève du négationnisme concernant les crimes du pouvoir, de l'armée russe ou des milices iraniennes (ce qui ne dédouane évidement pas les crimes des groupes islamistes dont Daesh).

Syrien-ne-s invisibilisé-e-s, luttes déniées, « le regard porté sur les Syriens les dépossède de leur humanité ».

Sans m'y attarder, je signale le texte de Bruno Bauraind et Anne Dufresne : le projet de loi Peeters et la marchandisation du temps, la déclinaison dans l'Etat belge de la « Loi travail ». Je m'étonne toujours de l'absence de réponses coordonnées, au delà des frontières nationales, aux projets néo-libéraux. Comment peut-on espérer construire des réponses crédibles et majoritaires dans un périmètre plus restreint que celui qui imprime les choix politiques et les modalités de fonctionnement du système capitaliste ? Comment peut-on s'opposer à la coordination capitaliste en en restant à la division « nationale » des forces de travail… sans oublier la division sexuée et « raciale » ?

Pierre Cours-Salies revient sur les analyses de Pierre Naville, « Une discussion à poursuivre : travail, automation et liberté »

L'auteur analyse « la dépendance entre les hommes et les femmes à l'égard du travail », les voies de l'auto-organisation, les possibles moyens de dépassement du rapport salarial capitaliste, les « automatismes ».

Il souligne notre besoin d'une analyse décapante des nouvelles techniques de production – « y compris cette mise en forme des savoir-faire de secrétaires qualifiées transformées en logiciels dans nos ordinateurs » -, reprenant ainsi un fil bien présent chez Karl Marx (voir par exemple, le travail et l'émancipation, textes choisis, présentés et commentés par Antoine Artous) et chez Pierre Naville .
Automatismes, consignes de travail et injonctions contradictoires, intellect général, besoin de formation générale et de culture commune, place du contrôle et de l'entretien, absorption du travail vivant, rapports de travail…

Pierre Cours-Salies souligne les immenses retards pris dans la réflexion et les réponses du mouvement ouvrier – entre autres, sur la baisse radicale du temps de travail contraint, les potentialités liées à l'automation, les possibilités de réorganisation du travail et les nouveaux rapports sociaux, la production d'effets de démarchandisation, la création de gratuité et de services pour toustes…

Il parle de résistance, de construction de repères communs aux exploité-e-s et aux opprimé-e-s au delà de leurs divers statuts.

Pierre Naville soulignait trois points toujours d'actualité :

« Les transformations des moyens de production mettent à l'ordre du jour une baisse massive du temps contraint par les tâches sociales de la production salariée »

« Ces tâches appellent des méthodes collectives permettant complémentarité et auto-éducation dans des tâches de production et de services organisées de façon coopérative »

« le rapport au temps et aux droits créant une égalité entre les êtres humains ne se séparent pas des instances de discussion ».

Il convient bien de reprendre un fil conducteur de la lutte des classes : « la place décisive du droit au travail et à la réduction massive du temps contraint ».

Le dernier texte abordé est celui de Pierre-Yves Cadalen : L'action politique à l'ère du terminable. Entre temps sociaux et temps historiques.
« Un temps historique, venu de la dynamique du capitalisme, semble avoir unifié l'histoire de l'humanité, créé un seul univers mental, tendu les esprits et les actions vers l'accumulation comme seul mode d'existence. Il est une part de vérité dans cette affirmation. Mais la fusion des temps historiques, battant aux rythmes de l'accumulation économique et de la possibilité du changement politique, n'a pas abattu les murs entre temps sociaux. L'inconciliabilité de ces temps – en tant que représentations du temps – qui rythment tel ou tel groupe, telle force sociale dominante ou dominée, et cette pluralité des rapports aux actions menées n'ont pas disparu. Elles conservent une prégnance sensible dans l'espace comme dans le temps. »

L'auteur revient sur la tripartition de Fernand Braudel, la très longue durée ou le temps écologique, le temps de l'économie et le temps court des événements politiques.

Aujourd'hui, l'anthropocène (lire par exemple : Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz : L'événement anthropocène. La Terre, l'histoire et nous) et « la montée à la surface de cette longue durée relève d'un défi immense à l'analyse sociale – et, in fine, à l'action politique ».

Pierre-Yves Cadalen aborde, entre autres, l'articulation de ce temps écologique avec la diversité des temps sociaux, les rapports « culturellement » différenciés à l'espace-temps, ce temps nouveau que nos inerties n'intègrent pas, la permanence des représentations imaginaires.

Il choisit d'illustrer ses propos par des exemples pris en Bolivie sur les effets actuels des changements climatiques, l'urbanisation « entre intégration capitaliste et exode rural », les défis de l'Etat plurinational, « la puissance d'homogénéisation des désirs qu'implique la progression du capital », les contradictions entre les logiques liées au court terme et les possibles à long terme. L'auteur développe sur « L'inertie des temps sociaux face au temps historique », les conflictualités et les différenciations des temps sociaux, les paradigmes spatio-temporels incommensurables, les dimensions construites des horizons indigénistes et les ponts possibles avec la pensée socialiste, le temps social dominant, les divisions socio-politiques induites par l'hétérogénéité des temps, les impacts de la logique consumériste…

Il interroge sur les communs et les communautés à construire, sur les capacités relatives des gouvernements à « produire des effets de rupture », sur l'écologie : « Diffus et global, c'est peu dire que l'écologie interroge per se l'articulation entre niveaux de décision et perceptions sociales du temps et de l'espace. Sans doute le sens profond du global se trouve-t-il dans l'analyse, au niveau d'espaces donnés, de ces perceptions différenciées et des effets perceptibles du temps historique, aujourd'hui le temps écologique ».

Nous sommes bien entré-e-s dans « l'ère du terminable » : « toutes les durées se précipitent soudainement à la surface autrefois réservée au seul temps court ». Et cette redéfinition des temporalités nous impose aussi de « repenser la spatialité », l'interdépendance des espaces, les rapports entre le système d'accumulation et le temps écologique, l'autonomie des temps sociaux dans les nouvelles contraintes environnementales et climatiques, le « gouvernement écologique »

Le titre de cette est extrait du dernier paragraphe de l'auteur.

Je n'oublie pas la belle rubrique culture et les textes proposés par Gilles Bounoure.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Un temps historique, venu de la dynamique du capitalisme, semble avoir unifié l’histoire de l’humanité, créé un seul univers mental, tendu les esprits et les actions vers l’accumulation comme seul mode d’existence. Il est une part de vérité dans cette affirmation. Mais la fusion des temps historiques, battant aux rythmes de l’accumulation économique et de la possibilité du changement politique, n’a pas abattu les murs entre temps sociaux. L’inconciliabilité de ces temps – en tant que représentations du temps – qui rythment tel ou tel groupe, telle force sociale dominante ou dominée, et cette pluralité des rapports aux actions menées n’ont pas disparu. Elles conservent une prégnance sensible dans l’espace comme dans le temps.
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Diffus et global, c’est peu dire que l’écologie interroge per se l’articulation entre niveaux de décision et perceptions sociales du temps et de l’espace. Sans doute le sens profond du global se trouve-t-il dans l’analyse, au niveau d’espaces donnés, de ces perceptions différenciées et des effets perceptibles du temps historique, aujourd’hui le temps écologique
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Ces tâches appellent des méthodes collectives permettant complémentarité et auto-éducation dans des tâches de production et de services organisées de façon coopérative
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Les transformations des moyens de production mettent à l’ordre du jour une baisse massive du temps contraint par les tâches sociales de la production salariée
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c’est seulement en opposant une rationalité écosocialiste – la rationalité de la satisfaction des besoins humains réels, démocratiquement déterminés dans le respect de l’environnement – à la fausse rationalité partielle du capital qu’il est possible de faire barrage à Trump
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