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EAN : 9782954323718
160 pages
BAMBULE (08/11/2013)
4/5   2 notes
Résumé :
Des hommes divorcés, perchés en haut d’une grue, qui se disent lésés par une justice qui leur confisquerait leurs enfants ; des associations défendant les hommes battus et criant à la manipulation des chiffres sur les violences conjugales ; des groupes de parole destinés à des hommes en perte de repères et en quête d’une nouvelle identité masculine.

« Droits des pères », « violences et discriminations à l’encontre des hommes », « crise de la masculi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pirouettes rhétoriques, concepts farfelus, inversion des rôles, travestissement des réalités, et toujours le refus de l'égalité

Voici un petit livre qui mériterait une très large diffusion. Bien écrit, bien argumenté, sans simplisme ni évitement de questions dérangeantes, les auteur-e-s nous proposent des analyses et des contre-arguments face aux écrits et actions des masculinistes, de ceux qui refusent l'égalité réelle entre les êtres humains. Ces masculinistes entendent défendre leurs privilèges de dominants, les privilèges des hommes, dans les rapports sociaux de sexe (système de genre, patriarcat).

« le texte se découpe en quatre parties. Nous commençons par une mise en contexte, au travers de laquelle nous tentons une définition du masculinisme et retraçons l'histoire de ce mouvement en présentant ses principaux acteurs. Ensuite, nous décortiquons les thèmes favoris des masculinistes : « les pères bafoués » et « les violences subies par les hommes ». Enfin, nous abordons la question de la prétendue « crise de la masculinité ». »

Les bases politiques et théoriques des auteur-e-s sont issues du féminisme radical et matérialisme (voir par exemple : Questions Féministes 1977 1980 : réédition des 8 numéros, Editions Syllepse 2012, des apports du black feminism (voir par exemple : Anthologie du féminisme africain-américain, 1975-2000, textes choisis et présentés par Elsa Dorlin, Editions L'Harmattan 2008, et du féminisme dit post-colonial (voir par exemple Les Cahiers du CEDREF : Théories féministes et queers décoloniales : interventions Chicanas et Latinas états-uniennes, Coordonné par Paola Bacchetta et Jules Falquet avec Norma Alarcon, Université de Paris Diderot – Editions iXe, Paris 2011.
La « différence des sexes », les assignations genrées sont des constructions sociales. La bi-catégorisation masque un continuum des sexes (voir par exemple : Anne Fausto-Sterling « Corps en tous genres. La dualité des sexes à l'épreuve de la science, La Découverte, Institut Émilie du Châtelet 2012.
Les termes « homme » ou « femme » doivent donc être compris, comme des nominations unilatérales d'êtres humains socialisés, ou construits comme « homme » ou « femme ».

Dans le premier chapitre « le masculinisme, qu'est-ce que c'est ? », les auteur-e-s analysent « cette forme aiguë ‘d'androcentrisme' », cette mouvance réactionnaire, la contestation de la légitimité du combat des femmes contre l'oppression et pour l'égalité des droits et l'égalité réelle. La questions du divorce et des ses enjeux (pension alimentaire, garde des enfants…) est souvent au centre des actions des masculinistes.

Dans le second chapitre, « Que cache la « cause » des pères ? », les auteur-e-s analysent les arguments des « pères en lutte » contre la prétendue justice « matriarcale », en soulignant entre autre, que dans « 79% des divorces et 84% des séparations, c'est à la demande des deux parents que la résidence des enfants est fixée la plupart du temps… chez la mère ».

Tout en soulignant que « les enfants n'ont pas besoin, par nature, d'un père et d'une mère biologiques. Par contre, ils ont besoin d'amour et d'attention de la part d'adultes bienveillant-e-s », la garde alternée et la « co-parentalité » sont discutées, dont le partage des taches et le souci de ses taches. Sont aussi traités les litiges sur les pensions alimentaires, les écarts de revenus, les investissements asymétriques, l'emprise sur l'autre « avec la garde alternée, il est quasi impossible de s'extraire de l'emprise de son ex-conjoint, ou de refaire sereinement sa vie », le mythe des « nouveaux pères » et derrière les rares exceptions, les réalités de la domination masculine. Je souligne la qualité des chapitres sur le prétendu « syndrome d'aliénation parental » et les mères manipulatrices, la remise en cause des femmes à disposer de leur corps.

Dans le troisième chapitre, les auteur-e-s reviennent sur les réalités des violences « masculines » (car il s'agit très majoritairement de violences exercées par les hommes et pas d'abstraites violences « domestiques » ou conjugales »), sur les argumentaires des masculinistes autour des « Hommes battus, femmes violentes ? ». Si dans nos sociétés les rapports sociaux sont violents, si les femmes ne sont pas « par nature » non-violentes, si « la domination masculine et la culture virile produisent la croyance selon laquelle les garçons possèdent une agressivité innée et qu'il faut même les encourager à la cultiver (« c'est bon pour la confiance en soi »). Les filles, quant à elles, disposeraient d'autres « armes » telles que la douceur, la sensibilité, l'empathie… », la rhétorique des masculinistes cachent mal les réalités : « l'inégalité persistante des rapports sociaux de sexe et la prévalence des violences masculines ». Il n'y a pas de « coresponsabilité » de la violence au sein de rapports sociaux asymétriques. Et réagir contre la violence des hommes relève de l'autodéfense nécessaire.

Parmi, les violences, les auteur-e-s analysent particulièrement les viols (« le viol reste un crime sexiste »), qui ne sont pas des « accidents isolés » et dont la fonction est de consolider les hiérarchies, entre hommes et femmes, et parfois entre hommes. « environ 92% des victimes de viol sont des femmes, et 96% des personnes mises en cause sont des hommes ».

Les auteur-e-s ajoutent « il faut sans cesse rappeler l'ampleur et la banalité des violences sexuelles qui fonctionnent comme un moyen puissant de coercition et de punition des femmes, de toutes les femmes ». Les hommes n'ont pas de besoins sexuels irrépressibles, il n'existe ni trop plein de testostérone, ni de testicules prêtes à éclater. « le viol c'est de la violence, pas de la sexualité ».

Dans le quatrième chapitre « Des hommes en crise ? » et au delà des analyses pertinentes sur les présentations des masculinistes, sur leur refus de renoncer à leurs privilèges, les auteur-e-s soulignent que « le terme même d'identité pose problème ». Et, ajoutent « nous ne croyons pas qu'en développant, contre le modèle du masculin viril, une multitude de masculinités différentes, même « positives », la hiérarchie des classes de sexe et l'oppression des femmes disparaîtront ». C'est bien, la virilité et le système de genre qu'il faut défaire.

« Après avoir été légèrement ébranlés par les critiques féministes, les hommes sont simplement en train de renouveler et réaffirmer leur position de pouvoir », ou du moins d'essayer en s'appuyant, encore et toujours, sur la naturalisation des rapports sociaux, et la négation du pouvoir et des violences systémiques qu'ils exercent sur les femmes. J'espère qu'au delà des quelques thèmes que j'ai abordé, cette note sera une incitation, un prélude à la lecture du livre et aux débats.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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J'ai été assez déçue par ce livre, j'en attendais plus: pour moi il manque de fait concrets, de statistiques, de méta-analyses que l'on puisse poser comme des preuves en réponse à une idéologie masculiniste. Il y a bien quelques statistiques, mais de manière assez anecdotique.
De plus il a une attaque, basse, contre une autrice, et pour avoir lu se livre, elle ne méritait vraiment pas ça.
L'ensemble du livre est assez théorique, plutôt bien dans l'ensemble, mais il ne propose pas vraiment de réponse concrète à répondre aux mascu.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
79% des divorces et 84% des séparations, c’est à la demande des deux parents que la résidence des enfants est fixée la plupart du temps… chez la mère
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il faut rappeler que le viol est le crime le moins signalé, et qu'il est dans bien des cas déqualifié en agression sexuelle.
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"Dans la très grande majorité des divorces (85%), le juge entérine un accord des parents à la fois sur la résidence et sur le montant et les modalités de la pension alimentaire [...]. Il reste ainsi 10% des divorces où le juge a dû trancher un désaccord persistant [...]. Le conflit porte probablement plus sur le montant de la pension que sur son principe: le parent chez qui est fixé la résidence demande une pension dont le montant est jugé trop élevé par l'autre (9% des couples divorçant"."
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Mais on peut noter que même lorsqu'il est commis contre des hommes, le viol reste un crime sexiste. L'objectif des agresseurs est en effet de déshonorer leurs victimes masculines, en les traitant "comme des femmes". Soumis et pénétrés, les hommes violés sont "abaissés" au rang de femmes. Et en perdant leur statut d'homme, ces derniers sont susceptibles dans certains contextes d'être rejetés par leur communauté, en tant que "mâles féminisés".
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il faut sans cesse rappeler l’ampleur et la banalité des violences sexuelles qui fonctionnent comme un moyen puissant de coercition et de punition des femmes, de toutes les femmes
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