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Le Temps des Cerises (01/01/2011)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Tracts, affiches et déclarations du groupe de Paris du mouvement surréaliste, 1970-2010, présentés par Guy Girard.

Il y a une trentaine d’années ont été rassemblés et publiés les tracts et les déclarations collectives que fit le Mouvement surréalistes de 1922 à 1969. Ce présent volume rassemble les interventions publiques faites de 1970 à 2010 par ceux qui, après la mort d’André Breton et la crise de 1969 qui vit la dislocation du groupe rassemblé aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Non le mouvement surréaliste n'est pas mort. S'il n'a plus une très grande visibilité, il n'en reste pas moins que l'insoumission poétique, l'union de l'utopie, du rêve et de la révolte se poursuit contre les abjections quotidiennes. « C'est dans la réduction de tout être, chose ou acte en marchandise, que se révèle, chaque jour plus visible, l'obscénité contemporaine. Rien ne saurait plus la masquer et le retour des fausses pudeurs de l'ordre moral ne fait qu'avilir un peu plus sa grimace. »

Le recueil nous propose des tracts et déclarations collectives. La publication de ces textes et des dessins, collages et autres graphismes, est un réel bonheur, une protestation contre l'ordre des choses, animée de « la merveille de leurs châteaux hantés de rêves et de désirs »

Contrairement à une réduction de « spécialistes » de l'art du siècle passé, l'objectif des surréalistes n'était pas de réconcilier art et vie,« mais de changer la vie (Rimbaud) et transformer le monde (Marx), une tâche révolutionnaire pour laquelle l'art est un des plus puissants leviers, en tant que ferment de négativité, principe de refus de la réalité, aiguille magnétisée tournée toujours vers l'écart absolu. »

Comment ne pas partager : « Quand la quête poétique éclaire le lieu et la formule du projet révolutionnaire, sa langue retrouvée, inventée, avec tous ses excès s'énonce de l'un à l'autre pour que la vie portée dans leur révolte prenne corps de ce poème multiple où, de l'un à l'autre se développe, en réciprocité, la trame des rapports individuels et collectif. »

Cependant des formules imagées jettent un regard pessimiste sur la réalité, en gommant les aspects rugueux et multiples des faire contemporains, et trouvent en nous même bien des résonances : « Épuisé, l'homme ne songe pas même qu'il a un autre choix que celui de son panier de sédatifs : vêtements x ou lessive L, crack ou neuroleptique, piercing ou bodybuilding, crocodile ou aile au vêtement, baladeur ou téléphone mobile à l'oreille, pour qu'entre l'autre et lui n'existe aucune confusion possible. le mur transparent de la soumission au système, qui empêche l'autre de passer et met potentiellement chacun en vitrine, est toujours là. Peu de signes de révolte et une étonnante capacité à avaler du bruit. » Mais nommer cela « servitude volontaire » c'est ne pas prendre en compte, compte le souligne Daniel Bensaid ( le spectacle , stade ultime du fétichisme de la marchandise. Marx, Marcuse, Debord, Lefebvre, Braudillard, Editions Lignes, Paris 2011) que « Dans l'État moderne, au contraire, la domination impersonnelle – et non plus la servitude – s'enracine dans l'objectivation des rapports sociaux chosifiés. ».

De cette domination impersonnelle, enracinée dans l'exploitation, il n'est pas donc pas possible de s'évader en masse, quelque soit les tentatives individuelles de contournement de la réalité et les tentations de « l'exil, l'exode, l'évasion, vers des lignes de fuite ».

Il ne s'agit pas ici d'un simple rappel historique ou d'une réinscription individuelle dans un collectif prégnant. « Autrement dit, si l'émancipation de chacun est la condition de l 'émancipation de tous, l'émancipation n'est pas pour autant un plaisir solitaire. Et si l'on peut échapper à la servitude volontaire en chassant le tyran de sa tête, on ne peut briser assujettissement involontaire au despotisme du capital que par la lutte des classes. »

Plus inquiétant, à mes yeux est le texte « Pour en finir avec le spectre de dieu ». Cette conception blasphématoire de la poésie me semble non dégagée d'une vision très religieuse, malgré l'athéisme revendiqué. Quoiqu'en disent les auteurs, le spectre ou non de dieu, n'a de sens que pour des croyant-e-s. Je préfère, en mécréant, m'en tenir à la critique du rapport social et historique qu'est la religion. Et pour le dire, comme je l'indiquai dans une note récente : le combat pour la séparation de l'État des corps religieux ou de la religion me semble toujours d'actualité, de même que celui pour séparer de l'emprise de l'État, le libre droit des femmes à disposer d'elles-mêmes. Mais cela ne signifie pas qu'il faille arborer sa position athée ou “laïcarde” face aux croyant-e-s. Entendons nous bien, tout cela relève du domaine public pas de la sphère privée, mais transformer sa mécréance revendiquée en mépris, voire en hostilité, pour les croyances, me semble non seulement inutile mais contre-productif. Les débats peuvent être menés, en respectant les pratiques et les spiritualités des croyant-e-s, sans céder sur la critique de l'institutionnalisation étatique et para-étatique des religions ou des religieux, pour autant que les droits d'accès aux lieux de culte, l'égalité de traitement des jours les plus sacrés des un-e-s et des autres existent, que les privilèges du christianisme soient abolis, que la loi soit la même pour toutes et tous, que ce soit ici, en Alsace et en Moselle ou à Mayotte.

Je termine par un extrait du dépliant opposé à celui officiel de l'exposition « La révolution surréaliste » au Centre Beaubourg en 2002 : « Quelles que soient les marchandises culturelles et autres jongleries interactives qui se fabriquent aujourd'hui, il est grotesque d'y voir l'aboutissement d'un mouvement révolutionnaire qui n'a jamais défini ses buts suivant l'activité esthétique de ses poètes ou de ses peintres mais selon l'exigence de liberté et d'imagination subversive que les uns et les autres exalteront aux fins de mettre à bas la domination capitaliste. »
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Épuisé, l’homme ne songe pas même qu’il a un autre choix que celui de son panier de sédatifs : vêtements x ou lessive L, crack ou neuroleptique, piercing ou bodybuilding, crocodile ou aile au vêtement, baladeur ou téléphone mobile à l’oreille, pour qu’entre l’autre et lui n’existe aucune confusion possible. Le mur transparent de la soumission au système, qui empêche l’autre de passer et met potentiellement chacun en vitrine, est toujours là. Peu de signes de révolte et une étonnante capacité à avaler du bruit.
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Quelles que soient les marchandises culturelles et autres jongleries interactives qui se fabriquent aujourd’hui, il est grotesque d’y voir l’aboutissement d’un mouvement révolutionnaire qui n’a jamais défini ses buts suivant l’activité esthétique de ses poètes ou de ses peintres mais selon l’exigence de liberté et d’imagination subversive que les uns et les autres exalteront aux fins de mettre à bas la domination capitaliste
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Autrement dit, si l’émancipation de chacun est la condition de l ’émancipation de tous, l’émancipation n’est pas pour autant un plaisir solitaire. Et si l’on peut échapper à la servitude volontaire en chassant le tyran de sa tête, on ne peut briser assujettissement involontaire au despotisme du capital que par la lutte des classes.
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Quand la quête poétique éclaire le lieu et la formule du projet révolutionnaire, sa langue retrouvée, inventée, avec tous ses excès s’énonce de l’un à l’autre pour que la vie portée dans leur révolte prenne corps de ce poème multiple où, de l’un à l’autre se développe, en réciprocité, la trame des rapports individuels et collectif.
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C’est dans la réduction de tout être, chose ou acte en marchandise, que se révèle, chaque jour plus visible, l’obscénité contemporaine. Rien ne saurait plus la masquer et le retour des fausses pudeurs de l’ordre moral ne fait qu’avilir un peu plus sa grimace.
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