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3,6

sur 841 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après trois ans de relation conjugale toxique, Clémence a enfin trouvé la force de s'enfuir. Mais, seule face à son désarroi et à son total manque de confiance en elle, saura-t-elle échapper durablement et définitivement à l'emprise qui continue à saper sa volonté, à lui faire douter de ses capacités, et à la plonger dans une dépression noire et suicidaire ? Ne serait-il pas plus simple de revenir auprès de cet homme, qui pourtant la terrorise et la réduit à néant ?


Le récit est une plongée dans la tête d'une femme sous emprise, démolie à petit feu par la perversité narcissique de son conjoint, et désormais enfermée dans un processus d'auto-destruction qui continue à la broyer psychiquement malgré la prise de distance physique. Piégé à ses côtés dans un huis-clos oppressant où le danger est autant intérieur qu'extérieur, le lecteur se met à appréhender, aussi bien l'effondrement de cette femme au bout du rouleau, que la réapparition de son prédateur. Tandis que l'écriture sèche et dépouillée tend sans répit le fil narratif à la limite du point de rupture, l'on se retrouve en apnée dans un labyrinthe psychologique tout à fait cauchemardesque, dont l'issue réservera quelque surprise.


J'ai retrouvé avec plaisir le style et la manière de Sandrine Collette, si experte à nous embarquer dans la noirceur explosive de désespoirs extrêmes, et dans le rythme effréné de traques infernales. Point n'est besoin d'aller chercher très loin pour trouver l'enfer : il brûle dans l'intimité de la violence conjugale, et dans la solitude de victimes convaincues de leur insignifiance méprisable et coupable. Ce livre incarne leur terreur et leur tourment dans un récit vertigineux aux allures de cyclone psychologique. Coup de coeur.

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Marre des week-ends interminables qui se ressemblent tous ? Envie de pimenter votre vie de couple ? Pourquoi se contenter d'une soirée raclette devant un feu de cheminée alors que d'autres ont des idées bien plus attractives et originales.
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Sandrine Collette nous livre les secrets de la chasse à la gazelle. Ladite gazelle étant une jeune femme vêtue en tout et pour tout d'une petite culotte blanche et d'une montre, car le jeu en pleine forêt dense se déroule de minuit à quatre heures du matin, et le chasseur un homme séduisant, bien sous tous rapports. C'est simple, tout le monde l'adore.
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Mais allez donc savoir pourquoi, Clémence se lasse de ce que lui fait subir le manipulateur qu'elle aimait à la folie, et récroproquement d'après ce qu'il disait.
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Alors elle part. Après deux tentatives ratées, la troisième semble être la bonne, mais la peur la tenaille sans discontinuer. Elle sait qu'il la recherche.
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Elle-même ignore si quelque part au fond d'elle, elle ne souhaite pas qu'il la retrouve.
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C'est donc un roman sur l'emprise que nous sert l'auteure cette fois.Tout y est bien détaillé, l'appréhension, la terreur, mais aussi le doute, l'espoir.
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À qui se fier quand tous les êtres chers de notre passé, famille, amis, ne sont plus là parce que quand on est amoureux, on vit dans une bulle, surtout quand l'une des deux personnes fait tout pour nous en convaincre ?
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Alors une fois partie, Clémence fait tout pour être transparente, de toute façon personne ne peut s'intéresser à elle, depuis le temps qu'il lui serine et lui "prouve" qu'elle n'est rien.
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Elle n'est qu'une ombre parmi les vivants, souhaitant à la fois être à l'abri de tous les regards et désirant par-dessus tout qu'on la remarque, qu'elle compte enfin.
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L'auteure a parfaitement adapté son style au roman. J'ai retrouvé sa magnifique plume, des phrases à couper le souffle entremêlées fort habilement à d'autres plus percutantes selon le contexte.
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J'ai bien aimé les personnages, sans pour autant avoir de gros coup de coeur pour aucun d'eux mais c'est sans importance, le récit se suffit à lui-même.
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Un excellent roman, qui nous plonge encore une fois dans un univers très différent de ceux des autres livres de S.C.
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Sandrine Collette sait décidément parfaitement se renouveler d'un écrit à l'autre, tout en gardant plus ou moins le même schéma, et c'est assez rare.
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Clémence a réussi. Elle est là, dans sa maison de rien avec son minuscule jardin. L'impression d'être passée très près, trop près, mais passée quand même. Une nouvelle ville, un nouveau travail et cette angoisse lourde, puante, invivable.

Trois ans sous l'emprise d'un homme. Il était le prédateur, elle était la proie. Elle était capable de courir jusqu'à l'extrême limite, sur le fil ténu qui sépare un être vivant de la mort.

Clémence doit se reconstruire et nous suivons ce parcours avec elle. Ses pensées, ses actes, sa nouvelle vie.

Son collègue et son voisin Gabriel vont l'aider, chacun à sa manière. le premier sait, le second se doute.

Personne ne peut comprendre les ruminations de Clémence, son chagrin, sa peur et sa colère aussi. Ses traumatismes de l'enfance reviennent en force mais est-ce la réalité ?

J'ai aimé cette lecture. Je ne peux pas vous dire si c'est la réalité ou la vérité car je ne sais pas ce qu'il se passe dans les émotions d'une femme violentée. Pourtant j'ai côtoyé ces femmes pendant deux ans dans le cadre de mon travail pour des mises à l'abri en urgence.

Mais je ne sais pas. Personne ne peut savoir. Personne ne peut juger. On ne peut même pas comprendre. Juste accompagner.

Alors, rentrer dans les pensées intimes de Clémence, directement, l'angoisse dans le ventre et la suivre dans cette survie était peut être une explication… Ou pas.
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Il faut se méfier de l'eau qui dort, même s'il y a des poissons rouges....
On ne présente plus Sandrine Collette, elle est attendue par ses fans (dont je fais partie, je l'avoue) chaque début d'année avec son nouveau roman.
Et toujours la même question, où va-t-elle nous emmener cette fois ?
Pas besoin de faire de valise, on reste dans l'hexagone, je ne sais pas si c'est à cause des mesures sanitaires, en tout cas, pas besoin de passeport cette fois-ci.
Comme souvent, son récit est un huis clos... enfin, un huis clos un peu spécial puisque le lecteur est à l'intérieur... d'une jeune femme.
En effet, l'histoire, que nous conte ici Sandrine, est centrée sur Clémence, une jeune trentenaire, qui vient de prendre une décision qu'elle ne pensait jamais pouvoir prendre. Elle vient de quitter son compagnon.
Ce roman, que l'on vit donc, la plupart du temps, dans la tête de cette femme qui nous apparaît si fragile, psychologiquement et physiquement, nous raconte le pourquoi et le comment elle en est arrivée là.
Ceux qui connaissent le travail de la romancière, savent qu'il faut s'attendre à du noir, chez elle, s'il y du soleil, il est étouffant ou caché par d'épais nuages. Chez elle, les sourires sont rares ou crispés. Autant vous le dire tout de suite, attendez-vous à avoir mal au ventre, la terrible angoisse du lecteur, l'insoutenable suspense. Une atmosphère amplifiée par une narration faite de phrases courtes.
Vous savez, comme dans ces films d'épouvante,  la porte qui grince, le vent dans les volets, l'ombre qu'on devine, le sursaut au moindre bruit. Ces pincements quand vous n'en pouvez plus et vos ongles s'en souviennent, avouez ?
Parce que le mal rôde...
Avec le personnage de ce livre, vous allez trembler.
Vous allez peut-être même crier : Non ! Ne fais pas ça....
Je vous le dis tout de suite, c'est peine perdue, vous n'influerez pas sur le récit.
Alors, vous n'aurez qu'à tourner les pages pour savoir.
Diabolique, Sandrine, une fois de plus...
Un thriller efficace, mais pouvait-on en douter.
Ah, et comme disait Bourvil dans son célèbre sketch, dans l'eau il y a du fer.... (seul ceux qui ont lu peuvent comprendre)
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Je le commente dans la foulée, presque dans l'urgence. Je suis encore sous l'effet de la plume de l'auteure qui toujours me bouleverse.
Dans ces orages-là, on retrouve Sandrine Collette dans un style très différent. J'avais été habituée à des ambiances de fin du monde et voici que je la lis dans un registre plus intime, très psychologique avec un style plus poétique.
On suit l'histoire de la fragile Clémence qui vient de fuir une relation toxique d'emprise avec Thomas, un manipulateur pervers et sadique. le gendre idéal qui se transforme en démon dans le huis-clos du couple. Un salaud.
Clémence n'en mène vraiment pas large et se rend compte que malgré sa nouvelle maison, son nouveau travail et sa nouvelle vie, elle reste très durement sous l'emprise de son ex, dans un état d'alerte et de stress permanent qui la ronge de l'intérieur. Elle n'a aucun répit, même si elle est partie et qu'il n'est physiquement plus là. Dans son esprit, il est toujours présent.
Elle est toute frêle et maigre mais aimerait être «grande et fort», pour se défendre ou espérer lui faire du mal.
Soutenue par sa très bonne amie Manon, elle sait qu'elle a bien fait, qu'il fallait absolument qu'elle parte, mais quelque part, elle s'en veut, le plaint presque. C'est un comportement typique des victimes d'emprise psychologique.
C'est un cheminement intérieur que nous donne à suivre Sandrine Collette. On est comme plongée dans la psyché de Clémence, on a un accès total à ses pensées, ses tergiversations, ses doutes et surtout son angoisse, et c'est quelque chose que j'adore dans les romans. C'est presque pour cette raison que j'en lis, je suis fascinée par la richesse de l'esprit humain, ce qui se passe dans les têtes, qui n'est jamais ni blanc, ni noir. Sandrine Collette réalise cet exercice avec finesse et délicatesse, le portrait de Clémence est remarquable.
On n'est pas dans de la noirceur gratuite, contrairement à d'autres de ces romans. Je peux même dire qu'il y a un peu de tendresse et d'humanité, que Clémence trouve dans son jardin en friche, dans le sourire des clients de sa boulangerie, dans la contemplation des poissons rouges, qui illustrent par ailleurs joliment la couverture du livre. Elle se rattache aux petites choses dans sa nouvelle solitude. Heureusement, elle arrive à construire des amitiés malgré sa grande méfiance envers les autres.
Bien que fictif, ce livre, au delà de ces qualités littéraires, fait avancer la cause féministe en dénonçant les violences faites aux femmes. Je ne dis pas qu'il apporte des solutions pour autant, on est d'accord !
Pour aller plus loin sur le triste thème de l'emprise dans le couple, je vous suggère les lectures passionnantes de deux romans la deuxième femme de Louise Mey et à trop aimer de Alissa Wenz.
Vous l'aurez compris, ce roman est pour moi un coup de coeur !
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Nuit noire, dans une épaisse forêt, la traque a commencé, l'hallali est proche car la bête est acculée. Une partie de chasse en guise de prologue pour le nouveau roman de Sandrine Collette ? Pourquoi pas, mais avec cette auteure spécialiste des thrillers haletants, il faut s'attendre à quelque chose d'un peu plus original, voilà pourquoi la proie ici n'est autre que Clémence, 30 ans, qui tente d'échapper aux violences de Thomas, son conjoint depuis 3 ans.

Après nous avoir entraînés dans des univers d'apocalypse, l'auteure nous ramène ici dans un roman très intimiste et très actuel où elle nous décrit par le menu le combat d'une jeune femme pour survivre après s'être extirpée d'une relation conjugale toxique. Bien sûr, Sandrine Collette n'a pas dérogé à une de ses habitudes, elle mise beaucoup sur l'omniprésence de la nature dans ses scénarios, de la puissance maléfique de la forêt du début, elle passe au cocon protecteur du jardin. le parallèle établi entre Clémence qui tente de se reconstruire et le demi-poisson rouge, mutilé mais vivant, qui nage dans son bassin, est tout simplement magnifique.
de sa plume sèche,acérée et addictive, si caractéristique de ses écrits, elle narre les difficultés rencontrées pour échapper à l'emprise d'un manipulateur qui a su vous isoler de tous vos amis, qui vous a persuadé que sans lui, vous n'êtes rien du tout. Comme si elle parlait d'un sevrage tabagique, elle décrit les petites victoires et les moments où la rechute est si proche. L'intensité dramatique est tellement forte que j'ai fini la lecture en apnée tant j'avais peur pour l'héroïne.
Après ces différentes périodes de confinement, le sujet est encore plus d'actualité. Sandrine Collette en a fait un roman puissant auquel j'accorde un 20/20.
Clémence, un beau prénom, si doux, aux effluves de pardon...
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Parfois la fuite, quand elle est possible, reste la seule option pour survivre à l'horreur. Pour la seconde fois, Clémence a puisé la force et le courage de quitter son compagnon, un pervers narcissique particulièrement retors. Son nouveau refuge est une maison de poupée avec un minuscule jardin dans lequel elle peut s'oxygéner quand l'angoisse devient trop forte.
Trois longues années de tortures psychologiques ont dangereusement ébranlé la santé mentale de la jeune femme, qui isolée de ses proches n'a pu trouver aucune échappatoire à son bourreau.
Alors, tant bien que mal, Clémence tente de tourner la page en s'abrutissant de travail dans la boulangerie où elle a retrouvé du travail. Epaulée par un collègue compréhensif et un voisin empathique au vécu douloureux, elle tente d'oublier un passé que se rappelle constamment à elle, l'obsédant, la paralysant, la dévorant.
Alors, quand son ancien tortionnaire refait surface, Clémence va tout faire pour se libérer de son emprise. Une confrontation explosive qui ne sera pas sans danger pour l'un comme pour l'autre !

Huis clos psychologique asphyxiant sous haute tension permanente, ce drame domestique d'une noirceur absolue nous entraîne dans l'arantèle d'une relation toxique.
Avec force de détails intimes et explicites, l'auteure nous plonge dans l'univers mental torturé et disloqué de la victime de manière tellement réaliste, que l'on a parfois l'impression de violer l'intimité de cette dernière.
Ces orages-là est une roman coup de poing cruel et dérangeant, qui ne peut manquer de bousculer, déstabiliser, tétaniser et révolter son lecteur !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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C'est avec son dernier livre que je fais connaissance avec la plume de Sandrine Colette, en format audio. Un format que je voulais tester depuis quelques années, même si j'avais déjà écouté des extraits, c'est le premier que je termine.

Au début, j'ai été assez déstabilisée par la voix de la narratrice, Marie Bouvet, que je trouvais monocorde, basse et finalement sa voix et le ton utilisé sont, bien contraire, raccord à l'intrigue. Elle arrive à donner vie au personnage, à faire éclore ses sentiments pour que l'on s'imprègne du livre.

Sandrine Colette, use de la thématique de la violence subie par les femmes, mais en la prenant à contresens, puisqu'elle le fait par le biais de la reconstruction. J'ai d'ailleurs trouvé cela très intéressant, car il ne suffit pas de fuir ces relations toxiques, pour que tout rentre dans l'ordre. Il faut souvent des mois, des années, pour s'extraire de la peur, du manque de confiance et commencer à se reconstruire.

La plume de l'auteure est concise et incisive et ne s'embarrasse pas de longues descriptions, ce qui rend le sujet encore plus réel, palpable. le phrasé court, aurait pu entraîner une cassure dans la fluidité du récit, or, il n'en est rien, cela donne au contraire un certain dynamisme, une tonalité où l'angoisse et les interrogations du personnage prennent une dimension où la redondance, parfois, met le doigt sur la peur viscérale qui continue à la poursuivre malgré sa fuite. Clémence a quitté Thomas, elle s'est échappé des griffes d'un manipulateur, pervers, mais elle continue de le voir, de le sentir. Elle sent qu'il l'épie, elle sait qu'il va la retrouver… L'obsession est aussi destructrice que la relation toxique. Entre la plume de Sandrine Colette et la voix de Marie Bouvet, cette tension est palpable et donne toute sa dimension à cette histoire.

On pourrait parfois penser que Clémence ressasse sa douleur, sa peur, mais il faut avoir à l'esprit que sortir d'une relation toxique ne se fait pas du jour au lendemain, que c'est une reconstruction et je dirais même une nouvelle construction. Ce genre de relation toxique, détruit tout ce qui fait que l'on est, pour devenir une autre personne.

Suis-je sortie de cette expérience convaincue ? J'ai toujours hésité à me lancer dans ce format, mais ayant mille choses à faire, je me suis dit que c'était un bon moyen pour continuer à « lire ». J'ai apprécié l'écoute de ce livre, et c'est la narration qui lui donne tout son sel. En revanche, impossible de faire autre chose, et cette sensation de passivité, m'a vraiment dérangé.

Pour se faire un réel avis, il faut que j'en écoute d'autres. J'en ai d'ailleurs deux autres en attente, dans des genres totalement différents. Certains genres doivent se prêter plus volontiers à l'audio, je ne sais pas. Mais je vous en parlerais.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Il est de ces auteurs-là comme des très bons vins, rares et à déguster. Il est de Ces orages-là la même impression qui rend ce roman précieux.

Sandrine Collette n'est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Son précédent roman, Et toujours les forêts, fut bardé de prix, donc celui du grand prix RTL-Lire. Il revisitait un concept post-apocalyptique en arrivant à le réinventer à la sauce Collette.

Ce nouveau livre n'a pas grand point commun avec son prédécesseur, nouvelle réinvention d'un thème qu'on penserait usé. Les romans psychologiques ont abusé des victimes de relations toxiques, au point de donner l'impression de lire des livres photocopiés.

Même si Ces orages-là empruntent ce terrain-là, le texte sort très vite du lot. Parce qu'il est inclassable, entre roman noir et récit intimiste. Par la grâce de cette écriture-là aussi, à nulle autre pareille.

Clémence est le genre de personnages qui s'imprime en vous. Vous la garderez à l'esprit et dans le coeur, tant son histoire, ses fragilités et son combat sont touchants au possible.

C'est un cas pourtant presque tristement « banal » de femme écrasée par son conjoint, dont la flamme intérieure est peu à peu éteinte par la manipulation et la violence psychologique (et parfois physique) de ce qui faut bien appeler un tortionnaire, bien sous tous rapports.

Une femme qui tente de se sortir de l'étau, seule, à se battre contre elle-même, à se violenter pour s'en extraire.

Avec cette écrivaine-là, les choses ne sont pas faites à moitié (sauf avec les poissons. Vous comprendrez l'allusion et le lien avec la couverture en le lisant). Certaines scènes sortent vraiment du quotidien d'un couple.

Imaginez-vous dans la tête de Clémence. Dans son esprit, au plus profond, touchant du doigt ses pensées et doutes les plus intimes.

En matière de plongée dans la psyché d'un personnage, c'est une expérience singulière, tant Sandrine Collette creuse au plus loin des ténébreux souvenirs et sombres réflexions de Clémence.

Ce rapport au plus proche des ressentis est tout simplement bouleversant. L'empathie ressentie est immense. Par les émotions, et en les analysant, l'auteure arrive à décortiquer un processus mental complexe et nous aide à comprendre. Avant de nous le faire littéralement ressentir dans notre chair.

Chère Sandrine Collette, immense Sandrine Collette, unique. Son écriture, sublime, est un cadeau humaniste. La noirceur de son propos donne du sens à l'humain, dans ce qu'il a de pire ou de meilleur, de plus vil ou de plus beau.

Merveilleuse et incomparable plume, que l'écrivaine façonne de livre en livre. Chaque phrase, chaque mot est pensé pour toucher. Quitte à aller au combat contre les mots (maux), pour en ressortir toujours en magnifique vainqueur.

Il n'y a qu'à voir la manière dont elle joue cette fois-ci avec les traits d'union, qui deviennent désunion. Je n'ai jamais lu ça, cette façon de les utiliser pour que le lecteur termine lui-même certaines phrases ; encore une autre manière de l'impliquer totalement dans la vie de Clémence.

Ce récit n'est pas du genre à accumuler les rebondissements, pas du style à surjouer les événements. le personnage pourrait exister, son histoire aussi. L'exceptionnel vient de cette écriture et de cette identification au personnage, même si elle peut penser différemment de nous. du grand art, toujours au plus près des émotions, provocant des réactions qui risquent de vous surprendre vous-même.

Ce roman est à part dans la bibliographie de l'écrivaine. Elle qui décrit souvent les grands espaces, qui met toujours la nature au premier plan ; protagoniste principal. Cette fois-ci c'est l'inverse, c'est de la nature humaine-même dont il s'agit, encore plus qu'à l'habitude.

Ces orages-là vont vous électriser. Enflammer vos sens et vos émotions. Sandrine Collette s'approprie l'histoire d'une relation profondément toxique pour décrire ses conséquences de l'intérieur, au plus juste, au plus humain. A travers une plume qui ne ressemble à aucune autre, belle et touchante à en pleurer.
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Décidément j'aime vraiment écouter un livre au lieu de le lire, ce qui libère les mains et permet une approche différente du texte. Je n'avais lu que Les larmes noires sur la terre de cette auteure. Je l'avais apprécié mais les dystopies ne sont pas mon genre de prédilection et j'avais très envie de découvrir un autre roman de Sandrine Collette. C'est chose faite avec cet excellent ouvrage lu par Marie Bouvet d'une manière très convaincante et agréable. Cette comédienne excelle à nous transmettre les émotions ressenties par Clémence, l'héroïne. Ses changements de ton permettent de suivre facilement lorsqu'un autre personnage parle, nous nous sentons complètement immergés dans la tête de Clémence. Les différentes plages sont séparées par quelques notes de piano très agréables, elles durent entre quinze et vingt minutes en moyenne, ce qui permet de stopper et reprendre la lecture de manière très pratique. J'ai essayé cette formule par curiosité et j'ai été immédiatement séduite par les audio-livres. Merci à Netgalley et Audiolib pour ces très belles découvertes…. et toutes celles à venir.

Clémence est une jeune boulangère, elle s'installe dans une nouvelle maison plutôt moche, avec un jardin en fouillis. Son habitation est à l'image de sa vie : à moité en ruine et pleine de désordre. Elle vient de fuir Thomas après trois ans d'une relation très toxique. le plus souvent il ne la maltraitait pas physiquement, quoique, mais il avait une terrible emprise sur elle. C'est un pervers narcissique, même si le mot n'est jamais prononcé. Il a réussi à isoler complètement sa compagne, la couper de toutes ses relations, lui faire perdre toute estime d'elle-même et pour finir l'obliger à jouer à son jeu préféré, à savoir la poursuivre à moitié nue dans la forêt. Il a fallu à Clémence beaucoup de courage pour pouvoir enfin partir, chercher une autre boulangerie et une autre maison. Toutefois elle ne se sent pas libre, Thomas la hante et vit encore complètement dans sa tête, mais peu à peu elle va émerger grâce à Manon, sa fidèle amie, Flo son nouveau collègue et Gabriel son voisin. Toutefois cette renaissance n'est pas linéaire, Clémence oscille sans cesse entre espoir et renoncement, jusqu'au dernier chapitre totalement inattendu.

Sandrine Collette traite ce thème si actuel de manière tout à fait convaincante. Dans ce roman sombre et effrayant, elle sait nous transmettre les émotions de Clémence et de Gabriel, lui aussi brisé par un moment d'inattention et qui veut désormais être présent pour aider les autres. Clémence peine à faire confiance et ses soupçons casseront sa relation avec son voisin, même s'ils continuent de se voir. Elle l'utilise quelque peu, l'envahit si elle a besoin de lui mais n'hésite pas à l'accuser du pire dès qu'elle va mieux. Elle n'est pas un personnage tout blanc, mais en nuances de gris, comme on l'est tous. Clémence se sent surtout complètement transparente et insignifiante, sa vie n'a pas d'importance en fait.

Cette histoire concerne de nombreuses femmes et montre l'ampleur des dégâts de la violence psychologique. C'est un livre vraiment percutant et qui traite ce sujet sans faux semblants ni complaisance à travers le personnage de Clémence, brisée et en route vers sa renaissance. On est immergé peu à peu dans son quotidien, la noirceur s'en révèle petit à petit. L'auteure sait vraiment nous faire partager les ressentis et les émotions de son héroïne et aussi son ambivalence. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman dont l'écriture brute s'accorde si bien à son sujet, il vaut vraiment la peine d'être lu.

#cesorageslà #NetGalleyFrance
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