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3,96

sur 1133 notes
C'est mon deuxième rendez-vous avec Sandrine Collette et ma première impression est confirmée, j'aime beaucoup le style et le rythme imprimés à ses romans.
Avec ces six fourmis blanches le parti pris narratif proposé va être celui d'alterner deux histoires un chapitre sur deux, Lou et Mathias, deux histoires distinctes que l'on devine pourtant susceptibles de se croiser à un moment ou à un autre.
Deux histoires dramatiques cela va de soi et dont le point commun tient avant tout au contexte.
Il y a bien sûr des personnages bien dessinés, ni héros, ni anti-héros, des gens "normaux" qui nous ressemblent, des personnages qui vont être confrontés au caprice d'un destin qu'ils ne maîtrisent pas, à la peur, à eux-mêmes, car à un moment tout peut basculer sans préavis et pulvériser leurs plus belles certitudes sur ce qu'ils croient être.
Difficile de parler de ce roman sans dévoiler le plan de l'auteur et ce qui va nous bluffer, car le scénario est diablement subtil et efficace, chapeau bas, je ne l'avais pas vu venir, je n'en dirai donc rien pour garder le suspense intact.
Par contre je peux dire sans trahir que le véritable acteur de ce roman est la montagne, mais pas celle des cartes postales, non.
Il s'agit de celle, impitoyable dont on nous dit qu'on ne doit pas l'affronter sans préparation car le temps peut-être changeant, car la neige peut être traîtresse et le froid tuer.
Un vrai bon thriller, du suspense, un style brillant, n'hésitez pas ça se lit tout seul.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Denoël pour cette escapade hivernale..

Le soleil offre ses premiers rayons dans un ciel limpide. le jardin vert pâle tranche avec la blancheur des montagnes. L'Albanie, un pays qu'ils ne connaissaient pas du tout. Mais un organisme de tourisme leur a offert un trekking et Elias et Lou ont de suite accepté. En compagnie d'un autre jeune couple, Arielle et Lucas et deux hommes, Marc et Etienne. Ils se réjouissent tous à l'idée de cette randonnée dans ces hautes montagnes enneigées, pouvoir dormir à la belle étoile et se sentir libres. Direction Valbona, à l'hôtel où ils doivent retrouver leur guide. Vigan, un homme grand, robuste et impénétrable, se présente à eux. le départ est donné pour ce qui devait être une agréable balade dans ce pays inconnu. Mais, bien vite, les choses se compliquent, le temps se dégrade petit à petit, les sacs pèsent lourd sur ces épaules si frêles et un sentiment étrange et oppressant les habite...
Gravissant la montagne, une chèvre judicieusement choisie parmi un troupeau marchant à ses côtés, Mathias s'apprête à sacrifier cette bête au nom de la nature, des Dieux et des esprits. Appelé par les paysans, parfois un village entier, il est le seul sacrificateur à qui l'on implore de conjurer le mauvais sort...

Enfilez vos moufles, votre bonnet et votre anorak les plus chauds, chaussez votre meilleure paire de chaussures de marche et forgez-vous un moral d'acier car l'ascension risque d'être éprouvante...
Dans son nouveau roman, Sandrine Collette nous emmène au coeur de ces hauts sommets enneigés et glacials. L'on part pourtant en toute tranquillité et pleins de confiance sur ces sentiers. Mais, faut-il croire que les mauvais esprits rôdent encore ou que la chance a tourné ? Pour un trekking qui se voulait convivial et enrichissant, même s'ils en ressortiront inévitablement grandis et enrichis, aussi bien sur le monde qui les entoure que sur leur propre capacité, Lou, Elias et leurs compagnons de voyage ne sont guère au bout de leurs surprises. L'auteur réussit à créer une ambiance oppressante et redoutable, la tension est palpable et va crescendo. L'on est emporté dans le tourbillon de ces pages et l'on est soufflé par ce scénario implacable. Alternant le récit entre Mathias et Lou, ce roman, construit habilement, nous saisit et nous frigorifie de par sa noirceur et cette nature si hostile et si inhospitalière.

Six fourmis blanches... cinq fourmis blanches...
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Sublime, ce roman commence (et termine ?) par un sacrifice, histoire de nous faire comprendre que la montagne que nous nous apprêtons à pénétrer, sur les traces des six fourmis blanches éponymes, n'est pas la montagne des skieurs en goguette qui jettent leur argent par les fenêtres de chalets de luxe, buvant du champagne pour accompagner leur raclette. La montagne que Sandrine Colette va nous conter ici, c'est celle des loups et des superstitions, des disparitions et des mystères, celle des temps ancestraux que les croyances en le diable continuent de propager sur les chemins de randonnée, et même les chemins plus détournés. le mauvais esprit, le sort, le mal que l'on tente de tuer à la racine, mais qui repousse toujours, semé par les murmures du vent et des rumeurs, les on-dits, les « il était une fois ». Et les hommes. Sauf que cette histoire n'est pas un conte, et qu'elle n'a pas l'air de pouvoir bien finir…


Dès les premières pages, la plume habile, belle et confortable de Sandrine Colette nous happe pour ne plus nous lâcher. A chaque chapitre elle alterne la narration de Mathias puis de Lou, et tout s'enchaine avec délice. Mathias est « sorcier » sacrificateur, payé pour « offrir » ou sacrifier des chèvres aux mauvais esprits de la montagne lors des fêtes familiales, afin qu'ils laissent les habitants tranquilles. Lou, quant à elle, fait partie des six randonneurs, les six « fourmis », qui testent une nouvelle piste de montagne pour touristes en Albanie, avec leur guide Vigan. Mais très vite, leur aventure se transforme en épreuve lorsqu'une tempête de neige inattendue éclate, les déviant de leur chemin, mettant leurs forces à mal, leurs vivres à zéro, et leurs chances de survie en péril. Leurs chances s'amenuisent encore lorsqu'ils semblent traqués par le diable en personne. le décompte morbide des fourmis, que l'on pressentait devoir subir depuis le départ, démarre lorsque les deux histoires se percutent de plein fouet dans une avalanche de mésaventures potentiellement mortelles. Glacés, mais bourrés de l'adrénaline des personnages qui coule dans nos propres veines, nous tentons de secouer notre effroi et nos engelures pour que tout le monde s'en sorte. Mais hélas…


Je ne suis pas une groupie. le fait que tout le monde aime une auteure me donne plutôt envie de fuir par crainte que, pour être consensuelle, son oeuvre ne soit banale, ou simplement par peur d'être déçue. Pour ajouter à mon scepticisme, j'avais lu Des Noeuds d'acier à sa sortie, mais j'étais loin d'être subjuguée : je m'étais dit que ce livre ressemblait un premier roman un peu maladroit, bancal, dont la narration m'avait semblé moins naturelle, plus maladroite, ou quelque chose dans l'histoire moins crédible. Mais force est de constater qu'ici je suis entrée dans l'histoire, et au coeur des personnages, dès les tout premiers mots, les tout premiers pas. le rythme et le ton sont d'une justesse implacable. J'ai été Mathias autant que les six fourmis. Je me suis attachée à chaque personnage et j'ai fait mienne chacune de leurs émotions contradictoires. J'ai aimé Mathias jusqu'à ses derniers mots, ses dernières forces et jusque dans ses silences et ses soupirs. J'ai été gelée avec les fourmis, affamée, engourdie, effrayée, j'ai paniqué, mentalement crié, bouffé du flocon à m'en dégouter, et saigné. J'ai été courageuse aussi, j'ai achevé ma lecture lessivée, en jurant de ne jamais plus remettre les pieds en montagne. Mais avec une furieuse envie d'une bonne rasade d'eau-de-vie - de celles qui vous fouettent le sang et vous remettent les idées en place ! Coup de coeur autant pour l'ambiance, les personnages, la construction classique mais redoutablement efficace en l'espèce, et même la plume, plus qu'immersive malgré une grammaire qui m'a agacée au début. J'ai vécu ce livre et je vous le recommande, surtout en cette saison !


« Nous sommes tous partie prenante de cette aventure qui va virer à l'enfer. »
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Costa Croisères Hiver vous propose deux balades dont vous ne reviendrez pas !

Vous vous sentez l'âme d'un Edmund Hillary, ce trek hivernal en groupe restreint devrait marquer durablement les esprits.
Vous ne concevez pas de vous évader sans revenir l'esprit apaisé, repu de souvenirs touchants fondamentalement associés à la bouleversante quiétude des lieux. J'ai. le sacrificateur. Fort d'une expérience enviée par les plus grands, il saura vous imprégner de son savoir-faire et pourquoi pas, susciter des vocations dans le métier. Toute candidature issue de quelque refuge pour animaux que ce soit sera immédiatement rejetée pour des raisons évidentes d'équilibre mental à moins que le lancer de chèvres en milieu hostile ne constitue secrètement l'un de vos passe-temps favoris...

Quoi qu'il en soit, vous allez en bouffer de la poudreuse, jusqu'au dégoût.
La montagne, ça vous gagne. Mais parfois, c'est elle qui décroche la timballe.
Ne jamais rien prendre pour acquis si ce n'est son incapacité à lutter face à la toute puissance d'une nature bougonne qui se serait levée du versant gauche.

Glaçant, percutant et sans décrochage notoire, ce qui est toujours préférable en montagne, ce Six Fourmis Blanches trace son blanc sillon – qui aurait parfois tendance à tirer sur le vermillon, j'aime pas balancer mais quand même - à grands coups de piolets méthodiquement dosés et assurés.

Deux récits concomitants narrés à la première personne, l'immersion en terre inconnue fonctionne à plein, à l'instar des déboires de tous nos candidats à la récompense ultime, la survie, que l'on prend dans la tronche comme autant d'avalanches d'emmerdes semblant ne jamais vouloir s'arrêter.

Si la trajectoire mortelle de Lou et de ses acolytes trekkers est plutôt convenue, le monde féérique de Mathias et son petit lexique du sacrificateur pour les nuls passionne durablement.
On frémit tout en s'intruisant, j'en redemande.

Collette fait monter le récit en température - et l'on s'étonnera des avalanches, m'enfin...- jusqu'au dénouement final particulièrement réussi, une fois n'est pas coutume dans le genre.
Au sortir d'une telle lecture, il sera vital de respecter les divers paliers de décompression au risque d'éprouver pour les sommets une aversion sincère et durable, pour le plus grand plaisir des chèvres, cependant...

Un Vent de Cendres m'avait laissé de glace, Six Fourmis Blanches m'a réchauffé le coeur, comme quoi...
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Imaginez que vous gagnez un voyage pour un trek de trois jours dans les belles montagnes neigeuses d'Albanie.
Imaginez que vous êtes parmi un groupe de six randonneurs plutôt joyeux, avec un guide beau gosse pour vous accompagner.
Alléchant non ?
C'est ce qu'ils ont cru au départ...

Après Des noeuds d'acier que j'avais beaucoup aimé, Sandrine Collette a réussi à me surprendre encore plus avec ce roman époustouflant.
Dès le départ, le ton est donné : on a affaire à un paysage glacial où le Mal semble régner.
D'un côté nous avons Mathias, un sacrificateur respecté et connu pour apaiser les mauvais esprits des montagnes en leur offrant des sacrifices. de l'autre, nous avons Lou, une jeune femme partie avec son compagnon Elias faire cette fameuse randonnée.
J'ai beaucoup aimé ce groupe avec ces personnages si différents les uns des autres. Mais surtout, il y a en permanence cette présence maléfique dans la montagne, qui semble suivre notre petit groupe.

La tension monte au fil des pages, que ce soit du côté de Mathias aussi bien que chez les randonneurs. le cauchemar s'installe et l'enthousiasme général du groupe retombe pour laisser place au stress et à la survie.
Les descriptions de ce paysage blanc, de son climat, des conditions physique des personnages mêlées à leurs états d'âme font progressivement monter l'adrénaline du lecteur.
Ce roman se dévore ! On a du suspense, de la tension et des surprises. J'étais captivée par cette histoire jusqu'à la dernière page. Bref, un livre qu'on ne peut pas lâcher si on l'a commencé. J'ai adoré !

Je remercie bien chaleureusement Babelio et les éditions Denoël qui m'ont envoyé ce livre grâce à l'opération de Masse critique. J'ai reçu ce roman avec un petit marque-page et une carte sympathique me souhaitant une bonne lecture. Et je confirme que la lecture a vraiment été excellente !
Un très bon roman à ne pas rater !
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J'avais envie d'un livre exceptionnel, pour lequel 5 étoiles auraient pu me sembler insuffisantes et j'ai jeté mon dévolu sur Six fourmis blanches de Sandrine Collette.
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Elle ne m'avait jamais déçue auparavant, aussi bien avec Des noeuds d'acier qu'avec Un vent de cendres, et je m'attendais à un niveau comparable sur celui-ci.
Eh bien laissez-moi vous dire que je l'ai trouvé encore meilleur et si j'utilisais le terme coup de coeur, il aurait été de mise.
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Deux narrateurs, Mathias et Lou, qui racontent leur histoire à la première personne du singulier et au présent. Personnellement, j'aime beaucoup quand le récit s'y prête, ce qui est le cas pour celui-ci.
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Nous sommes en Albanie, Mathias est un sacrificateur. Il serait doté d'un don et son intervention est sollicitée pour tous les événements se passant au village, mariages, anniversaires, naissances, fêtes diverses et variées, la liste est longue et aucun habitant ni aucune famille n'organise quoi que ce soit sans que Mathias ait procédé au sacrifice qui éloignera le mauvais sort. Je vous fais grâce des détails, mais au départ, je ne dirais pas qu'il m'était très sympathique, vous vous en doutez.
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Mais quand on est placé sur un piédestal, il faut bien faire attention de ne pas en tomber.
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En parallèle, nous faisons la connaissance de Lou et de son sompagnon, Élias, qui ont gagné un week-end de trekking. Pour les accompagner dans cette aventure, Arielle et son mari Lucas, ainsi que deux célibataires, Marc et Étienne.
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C'est une grande première pour l'organisme qui a mis le séjour en place, puisque tous les participants sont débutants, pas vraiment sportifs, ne connaissent pas la montagne. Pour les guider dans ce périple, Vigan, un peu consterné de constater que le groupe n'est constitué que d'une brochette de profanes.
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Mais le temps est magnifique, les jeunes pleins d'enthousiasme, et aucune raison que cette randonnée ne se déroule pas sous les meilleurs auspices. Mais bon, c'est la montagne, et rien n'est jamais figé...
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Ces deux histoires en apparence parallèles vont bien entendu finir par se croiser, défiant toutes les règles de la géométrie.
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Alors que puis-je dire de plus, sinon que ce livre m'a littéralement scotchée, envoûtée par la plume de Sandrine Collette. J'ai traversé certains passages en apnée, empoignée par un suspense à la limite du soutenable au point d'en oublier de respirer. Et je vous assure que je n'exagère pas du tout. Arrivée à la chute, j'étais comme vidée.
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Un livre que je recommande à 200 %, et celui-là pas moyen que je l'oublie.
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Ils sont jeunes, enthousiastes. Gagner un trek pour une randonnée en montagne cela rend léger, aventureux.

Il est fort et ténébreux, Matthias est sacrificateur dans ces villages de montagne d'Albanie ; une sorte de sorcier que les paysans craignent. Ils leur doivent la tranquillité, la paix avec les esprits, avec le destin.

Pour ce groupe de jeunes touristes, six petites fourmis blanches, la montagne a un goût de poésie, de neige scintillante, de flocons qui chantent et d'aventure partagée. Plus tard ils pourront raconter aux copains, ranger cette parenthèse lumineuse dans la boite à souvenirs.

Pour Matthias, le sacrificateur de chèvres, la montagne est coléreuse, elle domine, elle décide. Le vent rugit, la neige crache, les crevasses sont des mâchoires, les falaises déchirent.

Deux trajectoires se confondent dans une tempête de neige, où le mal qui rôde est prêt à fondre sur eux. Il hante ces montagnes, il est éternel, il est promesse de ténèbres, de souffrances ou d'oubli.

À moins que ce ne soient les hommes qui incarnent ce mal…

Où est le bien, où est le mal ?

Un thriller sur la couleur du destin : « il n'y a pas de raison pour que les choses adviennent », sur ces moments où la vie bascule, où les petites fourmis blanches ne peuvent rien, juste glisser dans ses mâchoires glaciales.

La couverture du livre est très belle : cette cordée fragile et minuscule sous la lune énorme et l'ombre blanche de la montagne. Comme Sisyphe, on dirait que ces fourmis roulent la lune jusqu'au sommet de l'enfer blanc.

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Enfin les vacances, le grand air à la montagne, ce vent doux et léger, ce blanc de neige pénétrant !
J'en ai rêvé tant et tant, j'inspire profondément ce ciel pur, d'un bleu profond. Relaxation.

Crac ! Zip ! Ahhhh ! … Silence

J'ai entendu trois bruits ! Mais qu'est-ce donc ? Qui va là ?
Même les oiseaux et les loups ne s'aventurent pas si haut. Un craquement de branches est peu probable, je ne distingue qu'un manteau laiteux à perte de vue.
Le diable ? Mais nan !

Sapristi ! Pas moyen d'être peinarde, même à deux mille cinq cents mètres d'altitude !

J'étais tranquille et sereine, v'là-t'y pas qu'y a un groupe tout droit sorti d'un escape game à la mode de chez eux qui semble en vouloir à ma petite condition.

Quel bazar y m'ont fichu en plus dans mes affaires, le sac à dos éventré, plus rien à manger.
Me voilà bien ! Moi qui voulais de l'aventure, je vais être servie. Et l'aut' là qui me guide, avec son air aimable des mauvais jours, il me regarde la tronche en biais. Et avec toutes ces molécules qui s'agitent dans l'air, je commence à être frigorifiée en plus d'avoir la pétoche.

Bon zalors, ce n'est pas vraiment ça. Faut pas se fier à mes résumés, car je n'en fais jamais.
Allez, j'arrête d'écrire de la bêtise.

Si vous voulez savoir de quoi ça cause, je vous invite à lire la quatrième de couverture, que je n'ai pas lue.

Six fourmis blanches est ma première lecture de Sandrine Collette.
C'est pas mal et plutôt bien écrit. J'ai surtout aimé la construction simultanée offrant un duo surprenant et improbable, en me confrontant à quelques frissons. Sandrine Collette nous propose un roman à deux voix que tout oppose, où toutes les voies sont hostiles.
Mathias ouvre le bal des fourmis, suivi par Lou. Les deux protagonistes aux antipodes sont intéressants. J'ai nettement préféré lire Mathias, l'homme inquiétant et ténébreux tout droit sorti d'un conte pour enfants pas sages. Mathias, l'invulnérable poussé dans ses retranchements…

« Je crie, je siffle, mais il est trop loin, dans des songes que je préfère ne pas connaître, et il faut que je lui pose une main sur l'épaule pour qu'enfin il revienne en sursautant, et qu'il braque sur moi ce regard qui devrait me faire fuir, ce regard blanc et vide des aveugles et des fous. »

J'ai également été touchée par le thème, au-delà de l'aspect purement thriller, l'écrivaine nous dessine une montagne sauvage et intensément périlleuse.

« On ne vaut pas grand-chose face à la nature, ses déchaînements incompréhensibles, et notre réflexion stupide de chercher une explication »

L'autrice semble avoir l'habitude de placer la nature en premier rôle. Elle fait de cette actrice sa complice d'écriture. Ici, le résultat est réussi. Les fourmis sont sans rappeler la petitesse de l'humain face aux changements climatiques. Bien que la fourmi ait la capacité de porter jusqu'à soixante fois son poids, contrairement à l'humain, l'image reste forte et parlante. La couleur blanche qui lui est associée marque sa faible ressource face à l'immensité neigeuse qui la dévore petit à petit.

« Comment meurt-on de faim ? Au fond, je n'en ai pas idée. Je viens d'un pays où cela n'existe pas. »

Pour illustrer le mystère de son récit, la romancière a choisi l'Albanie. Un Pays lointain peu connu du grand public, pour baroudeurs avertis à la recherche d'expéditions et grands espaces.

« Nous avons les pieds sur terre, mais tout ce qui est au-dessus baigne dans le ciel. Il est là, tout près, il nous entoure et nous enveloppe. Nous avons les mains dedans, nous le respirons chaque seconde. »

J'ai beaucoup moins adhéré au rythme à l'américaine, entre poursuites et jeux de piste. Bof, ce n'est pas ma tasse de café. J'eusse préféré un regard plus discret sur les épouvantables et suspectes circonstances qui ébranlent l'histoire. L'effet boule de neige pilotant la cascade ne trouve pas toujours mon adhésion.

En revanche, j'ai aimé le dénouement très inattendu et pourtant j'ai l'habitude de découvrir les résolutions d'un suspense tenu au chaud dans une ambiance glaciale.
Je m'attendais également à une chute vertigineuse, en considération de la hauteur insufflée par ce récit. Malheureusement, la toute fin ne m'a pas emballée. Je ne suis pas restée agrippée à mes rideaux duveteux. C'est dommage car la surprise avant terme était particulièrement soignée.

Malgré ces quelques réserves, Six fourmis blanches est un bon livre, livrant une belle ode à la nature en rappelant à quel point l'humain est vulnérable.

« Devant l'immensité des éléments, dans des situations extrêmes, nous ne sommes plus rien. »


Lu en octobre 2021
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La montagne, ça vous gagne ! On connait tous ce slogan, mais là en l'occurrence c'est Lou et Elias qui ont gagné la montagne, sous la forme d'un trek de trois jours en Albanie, en compagnie d'un autre couple (Arielle et Lucas) auxquels se joindront également Marc et Etienne. Tous sont des randonneurs débutants, et seront accompagnés par un guide chevronné, Vigan. Celui-ci n'est pas forcément ravi à la perspective d'encadrer ce groupe de néophytes, mais la randonnée débute néanmoins dans la joie et la bonne humeur pour les participants. C'est Lou qui va nous chroniquer l'évolution de leur périple.

Dans une autre vallée, Mathias officie comme sacrificateur officiel, lors d'occasions comme des mariages, des naissances, ou toute sorte d'évènements familiaux ou locaux. Il est chargé de prédire le bon déroulement (ou pas) de ces festivités, et de mettre tous les atouts au service de ses commanditaires. Pour cela il se sert d'osselets, mais surtout de chèvres... J'avoue que quand j'ai lu ce qu'il en fait, j'ai été assez choquée, et étonnée qu'une de mes babelamies (elle se reconnaîtra !) ait apprécié l'histoire ! Mais effectivement, cet aspect n'est pas développé de façon trop choquante, et la suite m'a vite scotchée, j'ai donc passé outre.

Les narrations de ces deux personnages alternent, on suit deux histoires parallèlement. Et bien vite, les choses vont mal tourner pour tout le monde, mais pas pour les mêmes raisons... La montagne et sa météo si rapidement changeante vont prendre l'ascendant et transformer la randonnée de Lou et de ses compagnons en marche forcée pour leur survie. Quant à Mathias, un nouvel apprenti va lui donner bien du fil à retordre.
Si vous cherchez les fourmis, vous serez déçus, pas l'ombre d'un insecte dans ce livre ! Cependant le titre est bien trouvé...

Comme j'ai déjà lu plusieurs titres de Sandrine Collette, celui-ci n'a pas été une révélation, je me doutais bien que j'allais aimer. En plus j'avais lu les retours de Nicola et Eric (@CasusBelli), auxquels je fais pleinement confiance puisque nous avons souvent des ressentis similaires pour tout ce qui est "mauvais genre". Je suis donc partie en Albanie, certaine que cette balade me ferai vivre des moments trépidants. Et j'en ai eu tout mon saoul, de la trépidance et du souffle court, à suivre ces pieds nickelés de la rando, avec leur guide bogoss mais qui ne semble pas toujours très fiable. J'ai moins apprécié la compagnie de Mathias, sans doute à cause d'un aspect un peu rebutant de son travail, mais ensuite je l'ai accompagné sans plus de réticence dans sa fuite. Mais pourquoi fuit-il, et devant qui ? Il vous faudra lire le roman pour avoir des réponses ! Et un conseil : laissez votre esprit cartésien à la maison, parce que dans ces montagnes-là, les esprits rôdent, et le surnaturel y fera quelques petites incursions, mais je n'en dirai pas plus.

Un très bon moment, Sandrine Collette reste une de mes auteures favorites , même si "Six fourmis blanches" ne sera pas mon préféré parmi sa production. le rythme est soutenu, même si parfois les marches dans la neige peuvent paraître un peu longues. La narration en alternance est un procédé couramment employé, mais que personnellement j'apprécie parce qu'il apporte un regain d'intérêt à chaque fin de chapitre. Je ne peux que vous conseiller cette lecture, et vous renvoie aux excellentes critiques de mes amis précédemment cités, ainsi qu'à celles de Marina53 et d'Antyrya, qui vous livreront d'autres points de vue que le mien.
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D'un côté il y a Mathias, le sacrificateur, celui qui offre aux esprits de la montagne des chèvres minutieusement choisies, afin d'apaiser leur courroux et d'attirer leur clémence. Il officie pour chaque mariage, chaque naissance dans un pays encore très largement superstitieux. Il est le mage de la montagne, le passeur entre les hommes et les dieux, celui qui possède le don. Il est craint et respecté à la fois, même par le vieux Carche, le chef d'un clan mafieux qui règne sur la région…

De l'autre côté, il y a la pétillante Lou, une jeune paysagiste de 25 ans, venue passer des vacances tous frais payés avec Elias, son amoureux. Un organisme de tourisme leur offre un trekking dans les montagnes d'Albanie afin de tester leur nouveau programme. Accompagnés de quatre autres touristes et de leur guide, le petit groupe s'élance à l'assaut des sommets, sans se douter qu'une terrible menace plane sur eux et que la balade au grand air va bientôt se transformer en lutte pour sa survie…

Comme toujours avec Sandrine Collette, le suspense et la tension sont au rendez-vous ! Dès les premières pages, le ton est donné. le roman s'ouvre sur un sacrifice installant très vite un malaise chez le lecteur, malaise qui ne va faire que croître au fil des pages… le climat superstitieux et surnaturel qui règne dans l'histoire de Mathias, contamine peu à peu celle de Lou. Son apparente normalité se délite peu à peu pour laisser place à la peur et au règne de puissances supérieures implacables.

Au fur et à mesure que la randonnée avance, la montagne prend vie et devient un personnage à part entière du roman… Derrière sa majesté et sa magnificence se cache un tempérament tumultueux et impitoyable. Les paysages époustouflants cachent en réalité des pièges mortels pour les randonneurs égarés et le froid cinglant détient le pouvoir de faire perdre la tête aux plus vulnérables… Très vite, l'enthousiasme du groupe fait place à l'horreur.

Tout le talent de Sandrine Collette réside dans sa capacité à rendre le récit vivant et à créer une atmosphère oppressante, au réalisme convaincant. Elle capture ses personnages, mais aussi son lecteur, dans une spirale infernale qui nous laisse tremblants et déboussolés. le froid, la faim, la violence et la peur montent crescendo dans ce thriller à couper le souffle, impossible à lâcher !

L'écriture est simple, mais terriblement précise et efficace. Les phrases sont courtes, ciselées et créent un rythme de plus en plus rapide et angoissant. Sandrine Collette est une véritable conteuse et le prouve à nouveau avec « Six fourmis blanches ». Un récit implacable et foudroyant à lire absolument !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Denoël pour ce partenariat réussi !


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