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Dominique Corbasson (Illustrateur)
EAN : 9782361561833
Le Monde (18/09/2014)
3.81/5   32 notes
Résumé :
Ici, on vit dans des voitures. Une ville de voitures – vieilles, cabossées, ringardes, où la société parque ses miséreux.
On l’appelle La Casse. Coincée dans une vallée, fermée d’un côté par un barrage hydraulique, de l’autre par une grille longue de quatre cents mètres.
C’est là que Jo atterrit, après une longue dégringolade : divorce, chômage, solitude, misère. A bout de forces, la jeune femme se voit attribuer son nouveau logement, une Peugeot 306 g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je tiens à commencer cette petite chronique en adressant un énorme merci à Sandrine Collette pour ce livre.
C'est lors d'une rencontre avec l'auteure dans les locaux de Babelio autour de son dernier livre Juste après la vague, que j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec elle. C'est précisément pendant la séance de dédicace que je lui ai parlé d'Une brume si légère, ce petit livre que je ne parvenais pas à dénicher. Ayant beaucoup aimé le roman Les larmes noires sur la terre, je voulais connaître cette courte histoire avec laquelle il a pris sa source.
J'étais très surprise que Sandrine Collette me réponde qu'il devait sûrement lui en rester quelques-uns et elle m'a fait noter mon adresse sur son marque-pages...
Imaginez ma joie lorsque j'ai découvert cette belle surprise peu après dans ma boîte aux lettres! Ma joie a été décuplée lorsque j'ai vu qu'elle avait pris le temps de me l'envoyer personnellement, en me faisant une belle dédicace!
Je ne m'attendais pas à autant de générosité... je n'ai pas eu l'occasion de la remercier alors je le fais ici, car dans un sens, c'est grâce à Babelio que j'ai pu faire cette belle rencontre.
Alors merci infiniment, je l'ai bien reçu et énormément apprécié!
Voilà pour la petite anecdote autour de ce livre.

Cette nouvelle fait partie de la troisième saison de la collection Les petits polars.
On y rencontre Jo, une femme seule qui débarque dans une ville de misère, une ville casse destinée aux plus pauvres. Ils logent dans de vieilles voitures qui ne servent plus.
Installée dans sa Peugeot de fortune, Jo a la chance de tomber sur des voisines avec qui elle va pouvoir lier une amitié.
J'étais contente de retrouver le personnage d'Ada, cette femme sans âge découverte dans Les larmes noires sur la terre.
Dans cette courte histoire, on réalise que dans ce monde de misère l'amour n'a pas sa place et peut être très dangereux.
L'apparition de Nathan, un surveillant du camp ne laisse pas Jo indifférente. Mais celui-ci reste sous l'oeil vigilant de son compagnon de patrouille Aristote.
L'auteure alterne les points de vue entre Jo et Aristote, ce qui permet un rythme dynamique à l'histoire.
On en apprend assez sur l'ancienne vie de Jo, mais très peu sur cet environnement hostile (que l'on connaît mieux dans le roman).
Cette nouvelle permet de connaître l'histoire de Jo, qui n'est autre que l'ancienne « locataire » de l'épave dans laquelle sera plus tard Moe, le personnage principal dans Les larmes noires sur la terre.
Ce petit livre est illustré par Dominique Corbasson. Les dessins restent assez sommaires. Ce sont des croquis rapides qui semblent être réalisés au fusain.
Une courte biographie de l'auteure et de la dessinatrice sont en fin d'ouvrage, avec également une petite note sur l'association de la SNCF et le Monde pour cette immersion dans l'univers du noir.

Pour ceux qui seraient intéressés, cette nouvelle existe aussi en littérature audio libre sur internet:

http://www.audiolitterature.com/une-brume-si-legere-de-sandrine-collette/
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Toujours plongée dans mon marathon Sandrine Collette, j'allais me jeter sur Les larmes noires sur la terre, quand mon ami Anty m'a dit qu'il valait mieux en lire le préquel, une courte nouvelle ayant pour titre Une brume si légère.
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J'ai bien failli passer à côté, n'ayant acquis que les romans.
Ni une ni deux, je me précipite donc dans la lecture de cette petite histoire très bien tournée, comme d'habitude avec cette auteure.
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Elle nous parle tout d'abord de carcasses de voitures qui atterrissent dans une casse, jusqu'ici c'est tristounet, mais rien de bien extraordinaire, me direz-vous.
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Sauf que quelqu'un a eu la "lumineuse" idée de trier les voitures pour que certaines servent de logements aux plus défavorisés.
Et voilà que cette espèce de ville en dehors de la ville émerge, avec des rues, des "quartiers", et bien entendu, des habitants.
Lesquels doivent travailler aux champs pour avoir de quoi subvenir à leurs maigres besoins.
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La fatalité peut s'abattre sur n'importe qui, et c'est dans cet endroit que se retrouve Jo, suite à un divorce qui l'a menée à la misère.
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Mais ce n'est pas un "bidonville" comme les autres, si tant est que l'image puisse sembler réjouissante à quiconque. Celui-ci est gardé en permanence par des matons, et gare à qui tente d'en sortir.
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Dans son malheur, Jo a la chance de tomber dans une rue où les "voisines" sont sympas et solidaires et surtout où il y a comme une "maman", Ada, qui soigne les corps et les coeurs.
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À propos de coeur, justement, une histoire d'amour réussit à poindre de ce cloaque, mais ce n'est pas vraiment permis non plus.
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Je ne vous en dirai pas plus, d'autant que la 4e raconte largement l'histoire.
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C'est un récit à deux voix, celle de Jo et celle d'Aristote, garde qui fait équipe avec un certain Nathan. Les chapitres s'alternent et s'articulent harmonieusement, et on n'en fait qu'une bouchée.
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Je ne m'attendais pas trop à aimer cet univers et je me suis trompée. J'ai maintenant très envie de me plonger dans Les larmes noires sur la terre pour retrouver les personnages de la nouvelle, notamment Ada, et cette ambiance très particulière qui a su me séduire..
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Jo et Victor se sont séparés. Jo a été licenciée, et ce fut la descente aux enfers... Jo s'échoue à la Casse, où les voitures sont recyclées en logements pour SDF.
Aristote observe Nathan, un des gardiens de la Casse. Y aurait-il quelque chose entre Jo et Nathan ? Mais que l'on soit gardien ou pensionnaire, on ne peut pas quitter la Casse...

Comme dans Et toujours les Forêts, l'autrice nous invite dans un monde post-apocalyptique, un monde sombre où la misère broie les relations entre humains. C'est bien écrit, et cela se lit facilement.
Pour ne pas déflorer le sujet, je n'en écrirai pas beaucoup plus, sinon pour dire que cette lecture m'a déçu... Déçu, car je suis resté sur ma faim : le contexte, l'environnement, la psychologie des personnages, leurs relations, auraient pu être plus développés. En résumé, il y a là matière à écrire un roman, et on est frustré par le format court de la nouvelle.

NB : dans mon édition numérique, Une brume si légère est suivie du prologue de Juste après la vague, dont je ne dirai rien, sauf que le lecteur est également plongé dans l'après apocalypse...


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Le 02 février prochain, Sandrine Collette va publier son cinquième roman : Les larmes noires sur la terre.
Les plus curieux, en regardant le résumé, auront lu qu'il s'agirait de l'histoire de Moe, jeune femme logée avec son bébé dans une ville pour miséreux faîte de carcasses de voitures, un lieu surnommé "la Casse". Sa résidence ? Une peugeot 306. Ses voisines et amies dans cet univers futuriste ? Jaja, Marie-Thé, Nini, Poule et surtout Ada.
 
Si j'évoque ici son prochain livre, ça n'a rien d'un hasard. Parce que ce monde, Sandrine Collette l'avait déjà créé comme cadre de sa nouvelle Une brume si légère, publié avec la troisième édition des petits polars le monde / SNCF, en septembre 2014, c'est à dire entre Un vent de cendres et Six fourmis blanches. Sur les deux couvertures, on peut d'ailleurs distinguer un cimetière de voitures, ville d'un nouveau genre. Un univers que l'auteur a probablement eu besoin de développer tant il y avait matière.
 
L'héroïne d'Une brume si légère se prénomme quant à elle Jo. Elle était dessinatrice, vivait à Paris avec son mari Victor, banquier. Mais elle va tout perdre. Divorce, chômage, dettes : elle ne peut plus rembourser son emprunt et se retrouve à la rue. L'auteur insiste d'ailleurs : Nul n'est à l'abri de la précarité. Elle sera emmenée à la Casse et se verra attribuer son nouveau logement : Une peugeot 306 grise, exactement comme son homologue dans le futur roman. Mais ce ne sont pas les mêmes femmes : Jo n'a pas d'enfant et est plus âgée que Moe.
 
On ne sait pas grand chose de cette ville faîte de tôle et d'acier. Elle a été créée pour loger presque dix mille pauvres dont la société souhaitait se débarrasser ("Que les pauvres aillent s'entretuer loin de nous !" ). Elle est composée de carrés numérotés, comme des parcelles cadastrales. On a sorti les véhicules usagés de leur circuit de démolition ( broyage, déchiquetage, "empilements de couleurs fracassées" ), principalement les plus volumineux, afin de leur offrir une nouvelle utilité et de les convertir en domiciles pour miséreux. On y retrouve des hommes, des femmes et même des enfants.
"La préhistoire, version Mad Max ou pire."
"Bon dieu, cet endroit c'était un bidonville, un vrai, au coeur de notre pays bien civilisé, au XXIe siècle."
Un monde au bord d'une rivière, où l'on travaille dans les champs pour soixante centimes de l'heure, avec un seul commerce. La crasse règne, les odeurs sont nauséabondes, les rats sont partout. Le troc est le principal moyen d'échange. Et les viols y sont nombreux.
 
Dans son malheur, Jo est bien tombée. Son quartier n'est composé que de femmes qui l'accueillent chaleureusement : Catherine, Virginie, Marthe et la vieille Ada, herboriste qui soigne et avorte, un pilier pour cette communauté qu'on retrouvera donc dans le roman à venir.
"Elle est notre mère à toutes, la gardienne de notre humanité et de notre paix."
Et Jo sera également la protégée du gardien Nathan, ex-militaire reconverti en surveilllant. C'est une nouvelle à deux voix, qui alterne entre les points de vue de Jo et d'Aristote, qui patrouille avec Nathan, représentants d'une mafia locale dont on ne sait quasiment rien. Une courte histoire qui rappelle quelque peu Meurtres pour rédemption de Karine Giébel pour sa noirceur et pour sa romance interdite entre un geôlier et une prisonnière, même si les rôles ne sont pas aussi tranchés ici.
 
J'aurais d'abord pensé à une oeuvre à part pour la romancière. Comme dans des noeuds d'acier il est question de vivre en autarcie, de cultiver la terre, mais c'est principalement un récit d'anticipation dans un cadre cette fois davantage urbain. En outre, les phrases sont plus longues qu'à l'accoutumée et je n'y ai pas vraiment perçu "la patte" de l'auteur.
Je la retrouverai cependant peut être dans Les larmes noires sur la terre. Avec Une brume si légère, cet univers riche n'a été qu'esquissé et il ne demandait en effet qu'à être approfondi.
 
Un dernier petit mot sur les illustrations, au nombre d'une dizaine : Elles sont de Dominique Corbasson ( les soeurs Corbi, Parisienne ) et représentent des personnages dessinés très sommairement, longilignes. Je ne les ai pas beaucoup appréciées, mais je n'ai rien d'un expert en la matière.
 
 
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Et voilà je me retrouve pour la troisième fois dans une casse.
La première c'est parce que j'avais lu ce texte une première fois en 2014 dans Les Petits Polars du Monde, mais comme j'ai une mémoire de Dory, je ne rappelais plus du titre. En fait j'ai fait confiance à ma mémoire visuelle de la couverture, et celle-ci je ne la connaissais pas. Et du coup j'ai relu l'histoire
La seconde c'est quand j'ai ouvert ma liseuse et que j'ai commencé à lire cette histoire.
Un jour, Jo a débarqué dans cette cité de misère où les vieilles voitures à la casse servent de logements pour les plus pauvres. Elle était seule, sans travail ni projet. Ada et les autres filles l'ont aidée à s'installer dans une Peugeot grise sans âge. C'est là qu'elle s'est mise à pleurer. Puis Nathan est apparu, toujours accompagné d'Aristote, et la situation est devenue très compliquée.
Tiens ça me rappelle quelque chose, du déjà lu en effet, mais comment résister au mots de Sandrine Collette. A peine les premières phrases avalées que déjà je suis (re)prise dans cette engrenage infernale qui va mener notre héroïne à la rue. Elle qui avait tout pour réussir dans sa première vie, un mari, un boulot extra et puis c'est chute. Un simple divorce, une dépression, la picole, la perte de son boulot, le chômage qui s'éternise, la perte des repères sociaux, la solitude et enfin la misère. Une misère crasse, de celle que la société rejette. Et puis la chute vertigineuse jusqu'à la déchéance. Et là vous êtes mis au rebut.
Hasard ou ironie, la Casse est construite comme ces villages de vacances qui s'étalent le long d'une route ovale, avec des dizaines de petites rues desservant des bungalows serrés les uns contre les autres à deux pas de la plage.
Sauf qu'ici, c'est dans des voitures qu'on vit. Oui, une ville de voitures – vieilles, cabossées, ringardes. Une ville de miséreux. […]
Combien sont-ils aujourd'hui, peut-être huit ou neuf mille personnes, qui vivent là sur des sièges éventrés des Renault hors d'usage, dans les coffres ouverts prolongés par une tôle ou une bâche pour gagner un peu d'espace.
Vous vous retrouvez dans un bidonville où plutôt une jungle semi-urbaine. Un endroit hors du monde où les parias vivent en secret sur les décombres de la société post-industrielle.


Cela fait huit mois que je suis arrivée à la Casse. Un parcours presque classique pour les gens comme moi qui, de catastrophe en dégringolade, n'ont plus leur place dans une société qui ne veut pas s'embarrasser de ses pauvres. Ici, j'y suis venue comme à l'alcool, par erreur et par fatigue, alors que je savais qu'il ne fallait pas ; alors que je connaissais les rumeurs, j'avais vu un ou deux reportages – pour ce que les journalistes, systématiquement refoulés, arrivaient à savoir. Une ville de misère tenue par cette étrange mafia locale, un lieu sans retour : que les pauvres aillent s'entretuer loin de nous !
En moins de 50 pages, Sandrine Colette nous emmène loin, très loin de notre quotidien bien rangé. Loin mais si proche à la fois. Dans cette casse où l'on entasse les rebuts de la société. Là où on les enferme pour ne plus les voir, là où on les concentre ! Une ségrégation des plus faibles organisée.
Il y eut ce temps où les carcasses de voitures hors d'usage étaient emportées par les camions des ferrailleurs, détruites à coups de barres de métal ou de blocs de béton. Sur la route on croisait parfois ces convois insolites, ces empilements de couleurs fracassées, sanglées sur des plateaux ou serrées dans des bennes rouillées à force d'essuyer les chocs des voitures jetées là. […]
Je ne sais pas qui a eu l'idée de cette nouvelle filière de recyclage mais un jour, on a sorti des dizaines de milliers de voitures de la chaîne. Pas n'importe lesquelles : les plus grosses. Les citadines ou les sportives filaient toujours tout droit à la casse mais les berlines, les camionnettes et les breaks étaient chassés avec fureur. C'est une sorte de seconde vie qu'on leur offrait, à ces automobiles embouties, boîte ou moteur cassés : une vache de nouvelle chance sur cales, côte à côte dans un alignement impeccable, comme des maisonnettes aux peintures cloquées.
Tout cela, nous le savions. Mais nous le pensions marginal – ou cela nous arrangeait de le croire.


Et puis il y a aussi cette micro société qui se réorganise. Dans cette communauté des laissés pour compte, des milices d'hommes ont droit de vie et de morts sur les autres, c'est clairement un retours à la féodalité. Et là aussi les plus fort impose leur loi et bien souvent ce sont les femmes qui trinquent. Victime une nouvelle fois comme si la déchéance ne suffisait pas.
Chargée du sac à dos dans lequel j'avais enfoui mes dernières affaires, et de la poche donnée par le gardien, j'ai erré une demi-heure avant de trouver la place 2167. Bon Dieu, cet endroit, c'était un bidonville, un vrai, au coeur de notre pays bien civilisé, au XXIe siècle. […] Et ça, c'était ma nouvelle ville. La préhistoire, version Mad Max ou pire.


En 50 pages, Sandrine Collette nous offre un fable, celle de notre monde qui va droit dans le mur. Celle de cette société où sur-consumérisme et mondialisation mettent des tas de personnes sur le carreau dans une indifférence assez flippante.
Tout cela, nous le savions. Mais nous le pensions marginal – ou cela nous arrangeait de le croire. […] d'une certaine façon, nous admettions que c'était mérité, et même si c'était trop facile, nous pensions tout bas qu'ils n'avaient qu'à travailler. / Jusqu'au jour où nous en étions


Une brume si légère est un conte urbain et contemporain où notre humanité ne ressortira pas grandi où pourtant derrière Une brume si légère on pourrait entrevoir un monde nouveau fait d'entraide, de solidarité et d'amour. Pour autant certain conte ne tolère pas une happy end.
Je ne peux que vous conseiller vivement cette lecture que j'ai adoré. Ce sont 48 pages d'une folle intensité emplies d'émotions
Ah oui j'allais oublier :
Une brume si légère a aussi été adaptée en fiction radiophonique.
Et à n'en pas douté cette nouvelle-ci a servi de base de travail à notre autrice car la troisième fois où je suis allée à la casse, c'est aussi avec Sandrine Collette dans son somptueux roman, Les Larmes noires sur la terre dont je vous recommande fortement aussi la lecture.
Bref vous l'aurez compris le conseil est simple : lisez ou écoutez Sandrine Collette, c'est simple, non ? !!!
Lien : https://collectifpolar.com/2..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Bon Dieu, cet endroit, c’était un bidonville, un vrai, au cœur de notre pays bien civilisé, au XXIe siècle. Partout, des gens désœuvrés fumaient, discutaient, attendaient, adossés aux voitures. De vieilles casseroles chauffaient ici et là sur des feux de bois. Le sol n’était qu’un champ de terre à force d’être piétiné par des milliers de pieds qui tournaient en rond, des enfants faisaient la sieste sur les banquettes des voitures. Et ça, c’était ma nouvelle ville. La préhistoire, version Mad Max ou pire.
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[...] de notre côté ils n’ont besoin que d’une chose, être certains que n’importe quel ordre sera exécuté dans la fraction de seconde, sans hésitation et sans jugement. Le militaire, il n’y a pas mieux pour ça.
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Ici, j’y suis venue comme à l’alcool, par erreur et par fatigue, alors que je savais qu’il ne fallait pas; [...]
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Je ne sais pas qui a eu l’idée de cette nouvelle filière de recyclage mais un jour, on a sorti des dizaines de milliers de voitures de la chaîne. Pas n’importe lesquelles : les plus grosses. Les citadines ou les sportives filaient toujours tout droit à la casse mais les berlines, les camionnettes et les breaks étaient chassés avec fureur. C’est une sorte de seconde vie qu’on leur offrait, à ces automobiles embouties, boîte ou moteur cassés : une vache de nouvelle chance sur cales, côte à côte dans un alignement impeccable, comme des maisonnettes aux peintures cloquées. Tout cela, nous le savions. Mais nous le pensions marginal – ou cela nous arrangeait de le croire.
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Cela fait huit mois que je suis arrivée à la Casse. Un parcours presque classique pour les gens comme moi qui, de catastrophe en dégringolade, n’ont plus leur place dans une société qui ne veut pas s’embarrasser de ses pauvres. Ici, j’y suis venue comme à l’alcool, par erreur et par fatigue, alors que je savais qu’il ne fallait pas ; alors que je connaissais les rumeurs, j’avais vu un ou deux reportages – pour ce que les journalistes, systématiquement refoulés, arrivaient à savoir. Une ville de misère tenue par cette étrange mafia locale, un lieu sans retour : que les pauvres aillent s’entretuer loin de nous !
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Vidéo de Sandrine Collette
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