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Citations sur Le christianisme n'existe pas encore (11)

Le rapport du chrétien au temps ? Il s'exerce avant tout dans la /patience/. Anti-vertu par excellence à notre époque impatiente qui veut tout et tout de suite et où l'accélération prodigieuse du temps entraîne les individus et les sociétés dans une frénésie sans précédent. Ce "contre-la-montre" permanent mène les individus jusqu'au stade de l'abattement quand le désir, complètement essoufflé, entraîne la "fatigue d'être soi". C'est pourquoi la patience est une manière de vivre qui est, de nos jours, de la plus haute importance ! Elle permet de "prendre soin" du temps, de percevoir dans l'accélération du temps, des /moments de grâce/, c'est-à-dire ces moments que nous accueillons parce qu'ils nous sont offerts pour vivre. On pourrait dire que la patience, c'est la forme "ordinaire" de la foi, l’espérance pour tous les jours. (p160-161)
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Mais pourquoi avons-nous substitué au christianisme comme expérience de la Voie un christianisme d'appartenance ? La réponse est assez simple : un christianisme d'appartenance vend de l'identité; mieux, il vend de l'assurance (autrefois l'assurance vie» du salut, aujourd'hui l'assurance des gens de valeur) alors qu'un christianisme d'expérience ne cesse jamais d'inviter au risque de la foi.
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Pourquoi le christianisme est-il de moins en moins parlant? Pour une raison qui n'apparait de prime abord: notre rapport au temps est devenu imperméable à l'événement. L'individu post-moderne ne rencontre plus l'événement de parole mais s'évertue à produire de « l'événementiel », cette dégénérescence de l'événement réduit à une production et à une prévision, négation même de l'événement. La preuve que l'événement nous dérange ? Nos replis identitaires et nos valeurs-refuges qui justifient une véritable obsession actuelle pour la sécurité de l'entre-soi. Même la parole est formatée, taillée en éléments de langages, slogans disponibles, prêts à l’emploi pour marquer les esprits, faire le buzz.
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Il est vrai que les valeurs ne peuvent être évaluées que par des gens qui valent! Le discours qui les promeut mesure ainsi les comportements humains à l'aune de représentations du bien (comme la «tolérance» ou la «solidarité») qui assurent un certain ordre des choses. Il n'est pas anodin que notre société marchande se satisfasse très bien d'un discours de valeurs. lesquelles, comme leurs homonymes monétaires, finissent par devenir des abstractions. Travers tout occidental que celui de la réification progressive de dynamiques agissantes en concepts abstraits: aimer s'appauvrit en amour, libérer en liberté et sauver en salut. Michel de Certeau voit juste quand il écrit: «Discours fabriqués et commercialisés, puisque le travail et la communication conditionnent la production des "valeurs".»
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Cela signifie encore que la parole chrétienne n'est pas orientée vers ce qui est définitif (comme ce qu'on appelle le «Jugement dernier » ou même le terme pour chacun que constitue la mort) mais ce qui est ultime, à savoir l'accueil de l'Evangile comme nouveau barème des valeurs qui juge, à chaque moment de l'histoire, du présent afin de le rendre à lui-même: une présence à un présent. Une présence au don d'exister. C'est cela le temps qui compte.
de cette présence, la modernité souffre de son absence. Pourquoi? Parce qu'elle a choisi de privilégier un rapport particulier au monde: celui de l'utilité. Il lui faut donc régler sa vision sur ce qui peut être calculé, mesuré, évalué, saisi. Dans cette optique technicienne, la perception a intérêt à se renforcer contre l'imprévisible, qui est le mode d'apparition de l'insaisissable.
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Il est vrai que les croyants s'arrangent assez bien avec l'idée de l'existence d'un Dieu (moins engageante que de croire en sa parole) comme il est vrai également que les athées ou les incroyants trouvent assez confortable leur croyance en la non-existence de Dieu. Il semblerait la bondieuserie, du fait de l'intérêt qu'elle porte à l'utilité de la croyance pour dissoudre la déception provoquée par l'Évangile, ait fini par avoir raison de la foi. (Notons aussi, au passage, que le projet de la modernité philosophique et scientifique fut aussi d'avoir raison de la foi, de faire rendre raison à la folie de la foi...) Ce qui revient à avancer ceci: le malheur du christianisme d'appartenance est la du sens même de croire. Autrement dit, le chrétien ne semble plus très bien savoir ce qu'il entend croire; d'autant qu'il est pris entre un conservatisme qui sait qu'il croit et un progressisme qui croit qu'il sait. Je pourrais formuler ainsi la thèse principale de ces réflexions: le christianisme n'existe pas encore parce qu'il ne croit pas en... la foi !
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Si l'-isme du mot «christianisme» est ce qui le plombe, «Christ » par lequel il commence devrait le sauver. Pourtant, ici encore, la confusion risque de demeurer entre un christianisme d'appartenance qui ne demande au Christ que d'être son fondateur et un christianisme d'expérience pour qui le Christ est celui qui nous précède sur le chemin d'une vie nouvelle. Faut-il encore rappeler que le Christ n'est pas le fondateur du christianisme et que les apôtres ignoraient faire partie d'une nouvelle religion? Si le Christ n'est pas le fondateur du christianisme, il en est la fondation vivante en même temps qu'il en est l'horizon indépassable.
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L'amitié ou l'amour nous apprennent que la fidélité à l'événement qui les a fait naître n'est pas de conservation mais d'invention. En ce sens, il faut penser que l'amour réitère le passé plus qu'il ne le conserve.
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Il faut penser que l'amitié dont j'aime un ami n'existe pas encore dans toute sa vérité puisqu'elle attend l'avènement d'une rencontre qui la rendra à nouveau possible. Du coup, c'est la rencontre à venir qui donne aux amis de mieux comprendre encore comment leur amitié était déjà inscrite dans leur toute première rencontre. Néanmoins, l'avenir de leur amitié ne leur apprendra jamais pourquoi elle a été un jour possible mais seulement comment elle peut encore l'être à nouveau.
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Si autrefois la religion était le lieu majeur de la valorisation narcissique du moi (même quand ce moi était obligé de confesser ses péchés... mais c'était pour ressortir en état de grâce!), aujourd'hui elle fait påle figure devant les «fabriques»> actuelles du renforcement du moi.
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