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Robert Davreu (Traducteur)
EAN : 9782264027696
140 pages
10-18 (20/08/1999)
3.39/5   82 notes
Résumé :
Ez, Reynolds et Jason, trois immigrants jamaïcains, sont " hommes de ménage " dans des Toilettes Messieurs, situées dans le centre de Londres.
L'endroit est fréquenté essentiellement par des homosexuels, qui en ont fait un lieu de rendez-vous très actif. La réputation de l'établissement public se dégrade de jour en jour. Décidant de réagir, la municipalité charge Ez, Reynolds et Jason de se débarrasser des indésirables. Les conséquences seront plutôt inatten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je remercie ce hasard, si précieux aux belles découvertes, qui m'a fait trouver ce livre au titre aussi simple qu' évocateur;
Le livre est court, mais qu'aurait-il besoin de s'éterniser? Les trois héros nous sont vite présentés, et nous goûtons à leurs échanges (je dirais presque que nous les entendons) dans ce patois de Kingston. Comment, à cet instant, ne pas songer à Bob Marley, man?
Le récit, au travers du regard et des réactions du trio de la Jamaïque, nous donne un aperçu assez morne de ces furtives liaisons homosexuelles dans les toilettes publiques.
Reynolds, Jason et Ez vont se retrouver devant un dilemme posé par une municipalité aussi hypocrite que dépourvue d'imagination... au trio de sortir les marrons du feu...
Comment le trio, réduit à duo après le départ de Jason, va-il pouvoir trouver la solution qui contentera tout le monde?
... Et même si le livre est bref, Collins Warwick n'en oublie pas pour autant les femmes et la famille qui donnent à cette histoire un relief encore davantage humain et apaisant.



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Reynolds et Jason le rasta, deux jamaïcains installés à Londres, entretiennent et surveillent des toilettes publiques pour homme en plein centre de la capitale. La fréquentation étant fleurissante, un troisième larron, Ez, jamaïcain également, est embauché par la ville. Les choses se corsent lorsque la municipalité (par l'intermédiaire d'une sympathique responsable au maintien très britannique), émue par une série de plaintes, enjoint les trois hommes d'agir pour éloigner enfin de ces toilettes les homosexuels qui ont fait, de longue date, un lieu de rendez-vous largement réputé. En cas d'échec, la menace est explicite : les toilettes fermeront.

Jason ne comprend rien au comportement très pulsionnel de ces hommes, parfois pères de famille, qui se livrent à ces relations fugitives et anonymes. Jason et Reynolds les appellent "reptiles" car ils sont froids, muets et fuyants lorsqu'ils sont débusqués. Ez se met rapidement au diapason. Pour Jason, tous les blancs sont des reptiles en puissance, et tous les reptiles sont des blancs. Jusqu'au jour où une vision l'ébranle : le deuxième homme à sortir d'une cabine évacuée en urgence par un premier reptile se trouve avoir la peau aussi foncée que la sienne. Nos trois lascars mettent tout de même en place un stratagème à la limite de la légalité et parviennent à éloigner les homos... mais leur emploi n'en sera pas moins menacé pour autant.

Belle réussite que ce court roman (140 pages en édition de poche) qui mêle intelligemment antagonismes culturels et sexuels, en pointant au passage l'absurdité à vouloir gérer un service public comme une entreprise privée... même si c'est pour Collins un moyen pas très honnête de suggérer qu'un service public géré par le public ne peut pas bien fonctionner.

Warwick Collins est né en Afrique du Sud en 1948 mais s'est installé très tôt en Angleterre en suivant ses parents. C'est un touche-à-tout de talent : étudiant en biologie, ingénieur par passion pour la navigation, romancier, il se mêle également de politique : plutôt de centre gauche (au pays de Tony Blair, on sait ce que ça veut dire), il est à peine trentenaire lorsqu'il est appelé à participer à un à un think tank conservateur sur les privatisations. Ses convictions quant au "moins d'Etat et plus de marché" sont connues et se déclinent néanmoins avec astuce dans la chute de ce remarquable opuscule vespasien. Chute dont la justification ne résisterait certes pas à quelques remarques évidentes et de bon sens... mais il n'est pas possible d'en dire plus sans dévoiler cette pirouette finale.

L'écriture de Collins est fluide, bien équilibrée, et la description de la petite communauté Jamaïcaine (les trois hommes et leurs épouses) respire l'authenticité. Très bonne traduction de Robert Davreu, qui a bien fait de conserver tous les "man" qui ponctuent la plupart des savoureux dialogues entre Jamaïcains.
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Ce très court roman est construit comme une petite fable bien percutante.
On y pense le racisme sous une forme plurielle, les jamaïcains face aux anglais, les jamaïcains chrétiens face aux rastas, les homosexuels face à la société, les hommes face aux femmes, les enfants face à leurs parents.

L'auteur raconte en huis-clos les aléas du métier de monsieur pipi dans une toilette publique.
C'est très caustique et très drôle tout en amenant une étonnante profondeur.
Recontextualiser l'oeuvre et réfléchir sur ce que signifiait être homosexuel dans les années 90 permet de mieux comprendre le courage de l'auteur voire sa subversion.
Bref.
Frais et puissant (comme un bon café! 🙄😬)
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Une histoire pour le moins originale, mais qui m'aura laissé un tout petit peu perplexe.

Prendre trois immigrants et les faire travailler dans un lieu plus que dépravant et les contrôler comme des pantins.
Prendre des hommes mariés ou non, qui se retrouvent dans des toilettes publiques à faire des choses pas très catholiques sous l'oeil choqué d'un immigrant qui n'aura de choix que de s'habituer à cela…

Prendre un immigrant marié en Angleterre avec deux femmes…

Prendre un père immigrant qui s'inquiète pour son fils travaillant dans un lieu un peu trop gay à son goût (même si lui fait pour ainsi dire, la même chose).

Faire en sorte que la mauvaise réputation des toilettes messieurs ou travaillent ces immigrants se fasse oublier mais continuer à faire du chiffre à la demande de la municipalité…
Virer un de ces immigrants (qui en passant, rentre dans son pays avec ses deux femmes) parce que « les toilettes messieurs » ça ne fait plus assez de chiffres depuis la mauvaise réputation envolée…

Menacer de fermer la pissotière (les toilettes hein) et donc supprimer encore deux postes occupés par des immigrants parce que, ce fichu chiffre d'affaire baisse encore… Une idée vite, vite, vite, vite… Devenir propriétaire symbolique de la pissotière et la faire tourner pour renflouer les poches cette fois (mais plus de réputation, plus de sous-sous).

Que faire… ? Un seul mot ! TOLÉRANCE ! Accepter le retour de ces hommes qui faisaient belle réputation d'antan et leur offrir même la possibilité de le faire sans aucun scrupule… Et en se protégeant… ben oui, offrez-leur des préservatifs (histoire de gagner encore plus…)

Entre temps, se rendre compte que deux sur trois des immigrants ne parlent jamais de leur travail avec leur(s) femme(s)… Espionner son propre fils à son lieu de travail…

Je spoile pas mal ici, mais j'ai trouvé que ça, pour vous parler de cette courte histoire qui semble nous faire comprendre que sans tolérance, on arrive à rien… voila comment deux immigrants en sont venus à retourner aux sources de la tolérance envers la différence pour faire tourner leur petite affaire… même si l'histoire ne s'arrête pas là… Warwick Collins nous offre de sa jolie plume avec un brin d'humour, des mots justes et bien pensés.
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Dans ces périodes troublées que nous traversons, j'aimerai vous parler d'un livre que j'ai particulièrement aimé : La pissotière de Warwick Collins, je vous rassure tout de suite, je ne suis pas tombé dans un délire scatologique. Il s'agit là d'un cour roman qui met en scène trois personnages, trois jamaïcains, personnels de ménage qui gagnent leurs vies ne nettoyant les toilettes messieurs situés en plein centre de Londres .Tout irait pour le mieux si cet endroit n'était pas un lieu de rendez-vous pour des homosexuels, très actifs. La réputation de l'endroit se dégrade et la municipalité tiens à mettre de l'ordre. Voila le décor est planté, et au fil des pages Warwick Collins dépeint avec beaucoup de pudeur, de retenues ce lieu de rencontre sans jamais tomber dans le voyeurisme, ni la mauvaise blague .Il s'agit là d'un roman social, juste et cette fable moderne donne à réfléchir sur le racisme sous toutes ses formes. . Un roman, un récit emplit de subtilité à mettre entre toutes les mains.

La Pissotière
Warwick Collins
Domaine étranger
10/18

Vincent MARTORELL
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait un flot irrégulier de clients qui descendaient les marches, franchissaient les tourniquets dans un bruit de ferraille, gagnaient les urinoirs. Il s'habituait aux délimitations de l'espace, aux silence des carrelages, aux bruits de pas épisodiques des hommes qui s'approchaient des urinoirs, puis s'arrêtaient, puis s'en retournaient franchir les tourniquets. Au bout d'un moment, le flot des hommes qui allaient et venaient se mit à lui rappeler l'eau dans son inconstance incessante.
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Au temple ce dimanche-là, le pasteur Davies prêcha dans un froid sévère :
- Ainsi je vous dis : « qui doit s’occuper du péché de son frère? » Car n’est-ce pas le Christ qui a dit «avant d’ôter la pailler dans l’œil de ton frère, ôte la poutre qui se trouve dans le tien »? Un vrai chrétien doit examiner sa propre vie d’abord, avant de s’occuper des péchés des autres.
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Aux Toilettes Messieurs, Reynolds, Jason et lui étaient les habitants d'une république à part. Dans les discussions entre eux, leur patois prenait de plus en plus souvent le dessus. Plus qu'un moyen de communication entre eux, c'était un lien qui excluait les autres. Par l'accent, ils parvenaient à éloigner la frontière de la compréhension des autres.
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- T' as utilisé le bâton aujourd'hui, man?
- Ai secoué une cage. L'en est sorti deux reptiles, filant dans le courant.
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En descendant l'escalier, certains hommes semblaient flotter dans un état de transe somnambulique. La plupart n'avaient qu'un seul but - se soulager et regagner la lumière du jour. Dans la salle souterraine, le temps lui-même paraissait suspendu.
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