Commençons par une évidence: ce livre est une bible pour les amateurs d'affiches... et les autres! Sélectionnées et réparties chronologiquement, elles ont toutes une histoire à nous raconter. D'ailleurs chacune est accompagnée d'un texte explicatif sur le contexte historique, la création, l'artiste, la structure et le message de l'affiche.
Des premières publicités aux affiches de propagande, des affiches de film, des affiches pour des événements comme les JO, l'exposition universelle, affiches de spectacles, de cabarets...
Quelques unes au hasard, même sans l'image, vous les reconnaîtrez:
- L'Oncle Sam qui vous pointe du doigt en disant: "I want you for the US army enlist NOW"
- l'affiche "Manoukian": "des libérateurs? la libération par l'armée du crime!
- l'affiche avec le visage du Che, découpé sur fond d'Amérique du Sud...
Et ce ne sont que les plus connues!
A savourer comme un livre sur l'histoire de l'art, avec les styles artistiques et les références historiques complémentaires.
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En février 1944, vingt-trois résistants sont fusillés à Paris; ils font partie du même réseau constitué essentiellement d'étrangers, animé par un poète arménien, Missak Manouchian. (...)
Dix membres du réseau ont été retenus pour figurer sur cette affiche, dont leur chef. Chacun est identifié par sa photographie accompagnée de son nom, de son pays d'origine et du nombre d'attentats dont il est accusé. La composition est très simple: une flèche orientée vers le bas, comme un fléau venu du ciel, à laquelle répondent quelques photographies d'horreurs commises - déraillements, explosions- auxquelles s'ajoute une dernière photographie qui montre l'arsenal censé avoir été trouvé lors de l'arrestation.
Sans doute pour rendre l'affcihe plus efficace, ses auteurs n'ont pas utilisé de photographies de type "identité judiciaire" (...) celles qui tendent à caricaturer les prévenus en bandits fichés de face et de profil et qui, souvent d'ailleurs, produisent l'effet inverse en suscitant la compassion.
Ici, les photographies montrent des personnes ordinaires telles qu'elles se présentent dans la vie normale (...).
En même temps c'est une invitation à se méfier de tout le monde. (...)
Par qui les photos des membres du groupe Manouchian ont-elles été prises? (...) Tout laisse à penser que ces photographies ont été prises le même jour; peut-être celui de leur arrestation, peu de temps avant que l'exécution ne sacralise les identités.
En 1967, à la mort du "Che", la question ne se pose pas, c'est l'âge de la légende.
Réalisée cette année-là, cette affiche fait partie de la mémoire collective. Hommage rendu par Cuba à ce compagnon qui n'a peut-être pas reçu tous les concours souhaitables.
Le visage s'inscrit dans une découpe de l'Amérique du Sud et les trois lettres CHE se suffisent à elles-mêmes.
Difficile de faire plus expressif avec deux couleurs, le noir et le rouge imprimés sur fond blanc.
Guillaume Erner reçoit Jean-Marie Colombani