Apres ‘
la tresse' dont une des protagonistes, Smita, était native, de sa belle prose si fluide, Leatitia Colombani nous ramène en Inde qui est le théâtre des aventures humaines de Léna, Nantaise, sa nouvelle héroïne venue ici panser ses blessures face à la mer qui pourtant manque l'absorber et dont la vie, sauve, est due à une énigmatique enfant solitaire et matinale qui face aux vagues, tient…un cerf-volant.
Le cerf-volant.
Toute l'Inde est la qui défile sous nos yeux occidentaux, nimbée de la caniculaire lumière aveuglante dans laquelle l'autrice trempe sa plume très bien taillée pour nous trimballer à l'envi à travers ces plages et ruelles sur-animées où grouillent et fourmillent la vie et le peuple autochtone que son héroïne est venue éclairer sinon de son savoir (ce serait prétentieux), au moins de son énergie, de sa détermination et de sa pugnacité à aider à s'émanciper par l'éducation, comme une forme de renaissance pour elle qui a perdu le sens de la vie après un deuil que l'on apprendra accablant.
Quand ce n'est la mer qui l'absorbe, c'est la marée humaine qui l'engloutit à moins que n'apparaisse, ange gardien de papier tendu …
le cerf-volant maîtrisé par cette si charismatique petite fille énigmatique dont l'histoire saura l'émouvoir au plus profond.
Tel un phare dans la tempête qui dirige le marin égaré vers le rivage,
le cerf-volant guide Léna vers ce qui deviendra sa mission en ce pays où les us ancestraux continuent à régir les coutumes actuelles qui font régner inégalités et injustices : Elle enseignera, dû-t-elle créer l'école.
Il sera alors question des castes et du paradoxe indien qui maintient leur existence dans le pays de Ghandi, des dangers quotidiens encourus par les jeunes femmes (du viol jusqu'à l'asservissement sexuel dans des quartiers glauques connus de tous), d'autodéfense organisée pour y échapper, de mariage forcé mais aussi de résilience et de reconstruction pour une exilée volontaire qui va troquer sa confortable banlieue Nantaise contre un village incroyablement pauvre pour renaître à la vie.
Si ce roman m'est apparu moins original que ‘
les victorieuses' et ‘
la tresse' dont il est comme une suite, plus stéréotypé voire construit autour des clichés habituels sur l'Inde, il reste néanmoins un beau moment de lecture, ne serait-ce que par la grâce de son écriture fluide et de ses courts paragraphes qui allègent un propos qui aurait pu être traité de façon plus plombante.
Un bémol : l'utilisation trop répétée de mots indiens et le parti pris appuyé d'expliciter systématiquement les us et coutumes du pays donnent un peu trop souvent un côté ‘guide du routard' au roman comme si la volonté de montrer que l'on s'est bien imprégné de son sujet en amont de son écriture primait parfois sur la spontanéité de l'ouvrage.
Beau moment de lecture cependant !!!