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EAN : 9782702120750
186 pages
Calmann-Lévy (01/04/1994)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Béloni, qui tient un bistrot à Saint-Junien, près de Limoges, est un monde à lui tout seul. Contrebandier d'occasion, séducteur sans pareil, psychanalyste à ses heures, ce Basque conquis par le Limousin est le gourou et le chef de meute d'une équipe d'adolescents prolongés qui le suivraient au bout du monde. Entrez chez lui et vous ferez connaissance avec quelques gaillards déchaînés et bon enfant, aussi ardents sur les terrains de rugby que rapides à siffler une fi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Anecdotes savoureuses, ton léger et formules croquignolesques nous content, au mitan des années soixante, les vertus de la jeunesse, de l'amitié, du sport et de la littérature. Béloni, pourrait être l'entraineur de l'équipe de rugby de Saint Junien, dans les environs de Limoges. Il l'est, mais il est beaucoup plus. Il est l'autorité, le décideur, le chef. Mais aussi le psy, le modèle, le phare et pourquoi pas le sorcier. L'arbitre des élégances et (surtout) des coups tordus. Il est le pilier. Celui de l'équipe et du bar qu'il anime comme l'agora du village.
Ce roman a trente ans, les quelques rides et points de suture des personnages qu'il décrit mais il reste formidablement drôle, juvénile et passionnant. Emouvant également dans sa conclusion.
N'hésitez pas à (re)découvrir ce petit bijou où le rugby de jadis, celui des clochers et des troisièmes mi-temps, règne en maître. Vous y croiserez Antoine Blondin (la filiation littéraire de l'auteur semble évidente) et les frères Camberrabero (qui se souvient encore d'où se trouve La Voulte). Vous y apercevrez les prémices de l'irruption de l'argent (les Américains, déjà eux !), et vous remémorerez les bals du samedi soir. Il n'y manque que Roger Couderc saluant « un coup de pied de rouge-gorge » avant de se remettre à crier « allez les petits ».
Souvenirs, souvenirs…
« Ah, les premiers accords du premier slow, quand ils surprennent tout le monde, les filles occupées à une valse ou à un rock avec la copine, les garçons à boire un gorgeon, la bousculade pour arriver en tête là où tout à l'heure on a aperçu un paquet, et, si le paquet a déjà été emballé, le tour de piste, vraiment à la queue leu leu, les yeux écarquillés dans la pénombre pour tâcher de deviner si celle-là, des fois, ou celle-là à côté. Non ? Bon tant pis. Et les regards mauvais jetés aux malins, aux professionnels du samedi soir, faciles, dominateurs, une main dans le dos de leur partenaire, l'autre dans la poche, les mecs à qui on ne la fait pas, ceux qui obtiennent d'un mouvement de la tête, d'un signe de l'index, l'assentiment d'une ténébreuse que n'ont pas décidée les prières à genoux de futurs maris trompés. »
Vous hésitez encore ? Ouvrez le livre, négligez le préambule (vous y reviendrez après car il en vaut la peine) et donnez vous la peine de lire la première phrase du premier chapitre (L'assemblée générale)…
«Oui ou non Bourdinet avait-il posé la main sur la cuisse de la Présidente ?... » Pour une introduction, c'est une introduction réussie, non ? Ensuite, le ballon sortira dans les pieds du numéro huit et vous pourrez attaquer côté ouvert ou côté fermé. A vous de voir. Bon match !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ah, les premiers accords du premier slow, quand ils surprennent tout le monde, les filles occupées à une valse ou à un rock avec la copine, les garçons à boire un gorgeon, la bousculade pour arriver en tête là où tout à l'heure on a aperçu un paquet, et, si le paquet a déjà été emballé, le tour de piste, vraiment à la queue leu leu, les yeux écarquillés dans la pénombre pour tâcher de deviner si celle-là, des fois, ou celle-là à côté. Non ? Bon tant pis. Et les regards mauvais jetés aux malins, aux professionnels du samedi soir, faciles, dominateurs, une main dans le dos de leur partenaire, l'autre dans la poche, les mecs à qui on ne la fait pas, ceux qui obtiennent d'un mouvement de la tête, d'un signe de l'index, l'assentiment d'une ténébreuse que n'ont pas décidée les prières à genoux de futurs maris trompés.
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Ils ne pouvaient pas rater le match contre Aurillac. L'événement. Même la presse nationale en parlait. Quant aux quotidiens locaux, c'était à celui qui oserait le titre le plus emphatique, l'image la plus poignante : "La garde allait peut-être mourir mais elle ne se rendrait pas", "Saint-Junien attendait ça depuis le début du siècle", "Le vent de l'histoire allait enfin souffler sur les sapins du Chalet".
Il a soufflé juste ce qu'il fallait pour faire passer le ballon entre les poteaux, l'arbitre ayant eu l'idée saugrenue de nous accorder d'entrée une pénalité en bonne position. Après, il a cédé, le vent, à des sautes d'humeur qui nous ont mis dans l'embarras... Trois à zéro, c'était une lucarne ouverte sur le bonheur, mais la muraille aurillacoise nous parlait de malédiction. Faute d'y mettre la manière, faute d'ajouter à notre jeu cette touche de panache dont nous parlions, avant les matches, avec le sourire mélancolique du pauvre devant un yacht, nous nous sommes comportés avec une vaillance de pioupious...
Enfin bref, notre mince avance, nous l'avons conservée jusqu'au bout, nous avons gagné, nous nous sommes qualifiés. Décrire la liesse qui s'est emparée du stade serait vain. Jusqu'à l'arbitre qui a failli être porté en triomphe. Il avait eu la bonne idée de refuser un essai aux Auvergnats à deux minutes de la fin. Ah le brave homme, s'étaient écriés quatre pépés, spécialistes de la sortie délicate de ce qu'ils appelaient les corbeaux, ah le brave homme, et ils avaient entrepris de le hisser sur leurs épaules, exercice auquel ils avaient rapidement renoncé, par manque d'habitude et de peur de créer un précédent. Ils tenaient à leur réputation.
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L'avant veille du match à la sortie de Saint-Junien... Ligne blanche, phares non allumés, vitesse excessive, la totale. Un coup de sifflet rageur m'a surpris la main dans le sac ...
_ Alors, on gagne dimanche, hein ?... Vous vous êtes bien entrainés hein, Béloni a l'air confiant.
Les gendarmes m'entouraient, un automobiliste interpellé juste avant moi a cru bon de préciser que vu l'heure, ça l'arrangerait que ça aille un peu plus vite...
La tournure des événements m'a incité à les gratter là où ça les démangeait, bien sûr que nous allions gagner, on était au complet, Béloni n'avait rien négligé. Ils ont arrêté la circulation... Au moment où je démarrais, il m'a rattrapé :
_ Ah dis donc, au fait, fais gaffe quand même aux lignes blanches, tu sais, y a des flics qui sont cons des fois, et puis mets tes phares, tu verras mieux, et quand tu auras le temps, change tes pneus, ils sont complètement lisses. Et n'oublies pas ton clignotant quand tu t'engages sur la chaussée. Allez à dimanche, hein !
Satisfait de s'être ainsi adonné à la prévention, il s'est retourné, un vilain sourire aux lèvres, vers le contrevenant à qui tant de conseils judicieux avaient rendu espoir. Il ne connaissait pas Chaisemartin et sa définition de ce métier qu'il exerçait avec passion : la gendarmerie, c'est comme le pastaga, une dose de prévention, quatre doses de répression.
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On peut diviser les joueurs de rugby en deux catégories : les avants et les trois-quarts.
Les avants sont assez ou très grands, assez ou très costauds, parfois gros. D'instinct grégaire, ils aiment les choses simples et les idées carrées. On les appelle les avants, les gros, les mules (ou mulets), à l'occasion les boeufs.
Les trois-quarts sont en principe plutôt élégants. Leur tempérament individualiste et taquin agace parfois les avants qui les aiment bien, malgré tout. On les appelle les trois-quarts, les gazelles; les danseuses quand ils énervent vraiment les avants.
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Belle soirée, pas grandiose, mais belle soirée. Les chants commençaient à s'élever d'un coin du bar, les commandes à pleuvoir, les rires à éclater, les bras trouvaient des épaules, les coudes des côtes, les verres s'entrechoquaient, les défis fleurissaient, les aveux sourdaient, les blagues retentissaient, les billets défilaient, le tiroir-caisse cliquetait...
Notre univers manquait de souffle, il s'arrêtait là, devant ce comptoir assailli par une faune rigolarde aux ambitions modestes, nous misions sur l'alcool et nos amis pour nous donner la force et l'envie de renverser les montagnes, pour nous faire croire, au moins l'espace d'une nuit, que nous étions heureux. Les aubes n'étaient jamais navrantes. L'ivresse estompée, il restait l'amitié, le plaisir de n'avoir pas été raisonnables, l'envie de l'être moins encore. Il nous restait aussi les souvenirs et tous ces souvenirs futurs qu'il faudrait d'abord vivre, ces souvenirs si chers au coeur des vieux rugbymen que nous serions un jour.
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Video de Jean Colombier (1) Voir plusAjouter une vidéo

[Jean Colombier]
Entretien avec Jean COLOMBIER, à propos de son livre "Les frères Romance" (aux éditions Calmann Levy), qui relate une relation entre deux frères, et qui a eu le prix Renaudot.Il parle de son livre, qui a un côté autobiographique, des personnages et du lieu de l'intrigue.
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