Dans le cadre dans mon travail où j'ai l'opportunité de découvrir des livres anciens, j'ai eu entre les mains l'édition originale des "Mémoires de Sarah Barnum". Et tout en préparant une fiche de présentation pour cet ouvrage, j'appris qu'il fut un pamphlet des plus acerbes envers l'une des plus grandes comédiennes de la fin du XIXème,
Sarah Bernhardt. Piquée de curiosité et ne connaissant que cette grande figure du théâtre français par des éloges et par les célèbres affiches d'
Alfons Mucha, j'ai eu très envie de le lire. Malheureusement, il s'est vendu trop vite et je n'ai pu le faire. Je me vois encore, la mine attristée derrière mon comptoir, le voir partir dans le sac d'un client heureux... Il faut vraiment que j'arrête de scénariser mes souvenirs. Bref ! Je me suis contentée de lire quelques articles sur le sujet. Puis les mois passent et voilà, avec surprise, que je suis sélectionnée pour un ouvrage reprenant une partie du récit de son célèbre voyage aux Etats-Unis par celle qui est connue comme sa plus grande détractrice,
Marie Colombier.
Et que vous dire que j'ai dévoré cet ouvrage très vite. Dans un style agréable, teinté d'une ironie mordante,
Marie Colombier est la narratrice de ce texte et nous relate les premiers pas de
Sarah Bernhardt sur les terres américaines. Rapidement, l'autrice met face à l'image glorieuse qui entoure la comédienne, un portrait quelque peu salé (caprice de célébrité, désirant être adulée, besoin d'être entourée d'un semblant de "cour" etc...). Mais cela n'empêche pas pour autant de lire aussi une certaine admiration de sa part face au talent artistique et son époustouflant jeu dramatique sur les planches.
Le regard critique de l'autrice ne se porte seulement sur
Sarah Bernhardt, mais aussi sur la société américaine puritaine. Son statut de comédienne, mère célibataire, femme émancipée, les moeurs européennes vues comme légères et d'un mauvais oeil et bien d'autres jugements marquèrent son arrivée, sur le Nouveau-Continent. Elle fut vue telle une vile tentatrice qui n'apporterait que décadence et perversion dans la bonne société américaine. Mais comme souligne l'autrice, ces détracteurs n'empêcha pas à
Sarah Bernhardt de connaître un succès colossal aux Etats-Unis. D'ailleurs, celle-ci ne se gêna pas de les mettre face à leur propre hypocrisie avec des répliques bien salées.
Conclusion:
"
La parisienne sulfureuse" a ce petit côté "presse people" prêt à vous divulguer ce qui se passe dans les coulisses, à vous donner les derniers petits détails croustillants sur la célébrité visée, voire à dévoiler ses petits secrets honteux.
Au-delà des petites piques adressées à
Sarah Bernhardt qui sont loin d'être féroces ( au contraire de son second ouvrage " Les Mémoires de Sarah Barnum" ),
Marie Colombier nous offre un très bon témoignage des premiers pas de la comédienne en Amérique. Et celui-ci est d'ailleurs enrichi d'un portrait critique de la haute société américaine puritaine qui sous réserve de se vouloir être irréprochable, fait preuve d'une belle hypocrisie dans leurs jugements.