L'histoire de l'auteur est toute simple, comme d'ailleurs son écriture. Elle est naturelle, transparente, modeste, engagée.
le parcours du petit enfant issu d'une famille presque pauvre qui observe et essaie de comprendre les sociétés qui l'entourent. La sienne, enfermée dans ses certitudes presque racistes ; celle des autres ; celle que son entourage appelait les «Arabes» ou plus largement les «ratons, «, les «melons», «le tronc de figuier», toujours «sales et méchants», «fainéants et ne comprenant que la trique»
La découverte de la réalité de cet apartheid qui ne disait pas son nom et qui n'en existait pas moins, va se faire graduellement, lentement mais sûrement grâce, entre autres et surtout à des syndicalistes engagés dans la lutte sociale puis politique, Algériens d'origine européenne et Algériens «Arabes». Grâce, aussi, à la fréquentation de la rédaction d'Alger Républicain et à la lecture de la presse progressiste.
Il y a le récit de l'engagement, sans conditions et décidé, dans la lutte , côtoyant ainsi des combattants illustres dont Maillot, Alleg, Inal, Briki, Salort, Yveton, Guerroudj, Castel, Zamoum, Hadj Benalla
Les attentats
l'arrestation en novembre 56
La torture
et onze prisons dont sept en France, toutes avec ses brimades et ses tortures physiques ou morales. Mais aussi, l'amitié de militants prestigieux emprisonnés, parfois condamnés à mort, le soutien des «frères», une fraternité à nulle autre pareille, une solidarité sans faille, un nationalisme sans peur, les grèves de la faim. L'Indépendance, enfin
mais libéré seulement en mai 1962 avec des militants tunisiens et marocains («Les (15) étrangers» se trouvant à Toul «ne font pas partie du lot» libéré en avril, leur avait-on dit !)...
L'Algérie, le retour
et les retrouvailles avec sa vraie famille, celle de toujours : l'Algérie qu'il ne quittera plus. Quel parcours. Aucun doute sur l'issue victorieuse de l'engagement et du combat, simple, difficile, douloureux mais «juste». le reste est une autre histoire (avec cette remarque un peu amère que l'on retrouve d'ailleurs chez la plupart des Algériens d'origine européenne, ayant souffert pour que leur pays soit libre : Pour acquérir la nationalité algérienne, il fallait adresser une demande au ministre de la Justice
alors que, peut-être, le «Sanglier», un des plus cruels de leurs bourreaux serai t toujours en vie
en Algérie. Peut-être même avec une attestation de moudjahid. Qui sait ?
). Une autre histoire, une autre vie, consacrée à des études supérieures, à l'édification et au redressement de l'économie de l'Algérie ... Puis une retraite amplement méritée
toujours chez lui, en Algérie.
Avis : Les Mémoires des Algériens d'origine européenne ayant participé à la Guerre d'Algérie, en dehors des informations apportées intéressantes pour les historiens et les sociologues... et les jeunes générations mal formées ou peu informées sur les réalités réelles historico-politiques du pays, sont toujours plus qu'émouvantes. de plus, vous aurez droit à des petites (ou grandes) « révélations» sur les (rares, heureusement) comportements égoïstes ou égocentriques de certains. Dommage, il y a énormément de coquilles dans le texte. A corriger dans l'édition prochaine !
Commenter  J’apprécie         130
«Si l'homme ne vit pas librement dans son pays, appelle cet homme un mort et son pays un tombeau» (Devise du journal de détenus politiques Algériens à la maison d'arrêt de Rouen, «Assir El Hor», «le Détenu libre», p. 239)
«Je ne voulais pas m'occuper de politique ; et c'est bien la politique qui était venue à moi» (p 56)