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Critique de Mespetitescritiqueslitteraires


Quelle réaction, quelle pensée, quelle attitude avoir lorsqu'au soir d'un des plus beaux jours de sa vie, la femme que l'on aime disparaît après avoir prononcé, devant une assemblée émue, le "Oui" que l'on rêve éternel, sincère, entier? Lorsque Joy s'évanouit dans la nature, Guillaume est fou d'inquiétude. Alors, dès qu'il apprend que Joy avait minutieusement préparé sa fuite, il sombre dans les affres de l'incompréhension, du doute et se perd dans les conjectures les plus folles. Personne ne semble comprendre ni même être en mesure de l'aider. Mais lorsque le prêtre qui les a unis accepte de lui dévoiler la vérité, c'est désormais la honte qui s'abat sur Guillaume. Honte pour avoir douté de l'amour de sa femme, honte pour s'être posé cette question, pourtant si légitime : "Est-ce la femme de ma vie ou la pire erreur de ma vie?"
Bruno Combes m'était totalement inconnu mais le titre de ce livre a tout de suite attiré mon attention. Son message sibyllin nous laisse entrapercevoir les tourments des personnages. Dès les premières pages, l'auteur ne nous ménage pas. Joy est bel et bien décidée à s'enfuir, sans un mot, sans un regard pour Guillaume qu'elle a épousé quelques heures plus tôt. Mais le lecteur ne peut la juger, tant la détresse de la jeune mariée est palpable. Bruno Combes sait mettre les mots sur les sentiments contradictoires de son héroïne. Il la nimbe de mystères, ne dévoile son passé que par bribes, comme s'il voulait à tout prix lui éviter de remuer trop de souvenirs douloureux. Alors, le lecteur se retrouve plongé dans les mêmes interrogations que celles de Guillaume. Car, force est de constater que ce jeune homme amoureux ne connaît pas plus le passé de sa femme. Hôtesse de l'air, elle a quitté le Brésil suite à un différent familial. Tout espoir de réconciliation avec ses parents semble envolé. Sa seule famille ne se résume donc qu'à Guillaume et à Paulo, son petit frère resté au Brésil. Mais parfois, le passé rattrape le présent. Les milliers de kilomètres parcourus ne représentent, au fond, qu'une dérisoire frontière. le retour sur la terre natale est donc inévitable et Joy se voit confronter à sa vie d'avant, à ses peurs, à ses traumas… Cependant, un espoir demeure : celui d'être plus forte face à la triste réalité de la vie dans les favelas et à la violence des parrains de la mafia brésilienne. Car le passé ne s'efface pas, il s'apprivoise…
L'histoire, bien que sans grande originalité, est bien construite. Mais la vraie réussite de ce livre se situe plutôt dans l'empathie dont Bruno Combes fait preuve envers ses personnages. Il parvient à dévoiler leurs sentiments, à mettre en exergue leurs contradictions, leurs certitudes, leurs doutes… Il nous donne à voir ici le poids de l'enfance, du passé et parfois, l'impossible résilience.
"Nous sommes ce que le passé a fait de nous : le fruit de notre éducation et de notre vécu. Nous avons beau lutter, tout au long de notre existence, nous replongeons toujours au plus profond de nos errances d'enfant. Telles des âmes perdues, nous recherchons l'impossible oubli, celui qui ferait de nous des êtres vierges, lisses et aptes au bonheur."
Mais ici, il est avant tout question de présence : présence de l'être aimé, présence de l'ami sur qui l'on peut compter, présence d'une soeur qui se mettra en danger pour sauver son frère. Mais qu'est-ce que la présence si ce n'est une absence comblée? Ce livre montre parfaitement bien cette ambivalence.
"De là où je serai, je me retournerai. Un jour, j'aurai cent ans! Seras-tu là à contempler le même passé? […] Un jour, j'aurai cent ans! Les mains tremblantes de nos blessures, celles qui ont fait que je t'ai tant aimée. Un jour, j'aurai cent ans! Seras-tu là, blottie à mes côtés?"
Alors, même si les ficelles sont un peu grosses, même si la fin est un brin trop rapide et difficilement crédible, il est tout de même agréable de se laisser emporter dans le style de Bruno Combes, simple, frais et tout en rondeur. Certes, ce deuxième roman ne remportera le prix Goncourt mais est-il pour autant sans saveur? Bien au contraire, il se laisse lire avec plaisir et aura réussi, l'espace de quelques heures, à offrir de jolis instants d'émotion, comme le souhaite si ardemment l'auteur.
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