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EAN : 9782841460120
105 pages
Syros (30/11/-1)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Un enfant raconte comment il a été enlevé avec tous les autres enfants de son village par des soldats, comment il a été acheté par un vieux colonel, comment il vit aujourd'hui, chaînes aux pieds, enfermé dans une grande villa de Khartoum, la capitale du Soudan.
Un jeune homme raconte comment il a quitté son village pour chercher du travail à Kay-Jacmel, un port à Haïti. Comment il s'est fait " embobiner " par un type qui lui offrait un " bon " travail dans u... >Voir plus
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Comme coordinateur d'Amnesty International pour le sud de la flandre-occidentale à l'époque, j'ai eu le privilège de rencontrer Marie Agnès Combesque, grande spécialiste des droits de l'homme, à une réunion, peu après la parution de son ouvrage "Esclave aujourd'hui : Entre guerre et misère", qu'elle m'a gentiment dédicacé, le 10 septembre 1994, dans son style bien à elle de combattante infatigable contre l'injustice : "Pour Jean-Pierre, ce livre écrit avec la rage au coeur. Luttons ! , M.A.C."

L'auteure, journaliste (entre autres pour Le Monde Diplomatique), chargée de cours à l'université d'Evry-Val d'Essonne, pendant un temps professeure à l'université de Middlebury dans le Vermont, US, responsable de la collection "J'accuse", qui "propose de révéler les barbaries, les crimes, les injustices, perpétrés par les hommes contre des hommes aujourd'hui ", et dans laquelle le présent opus est sorti. À même pas 60 ans, sa production de livres sur les droits de l'homme est considérable. Citons : "Le silence et la haine. Racisme, de l'injure au meurtre" ; "Tous les humains ont les mêmes droits. La Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 racontée aux enfants" et sa fascinante biographie : "Martin Luther King Jr. Un homme et son rêve". Tous des livres dont on devrait rendre obligatoire la lecture au Front National et autres mouvements de l'extrême droite xénophobe et raciste.

Le petit livre de Marie Agnès Combesque, en nombre de pages s'entend, bien sûr, (seulement 105) avec de nombreuses illustrations originales de Nicolas Wintz, se compose de 2 histoires d'esclavage modernes : "Razzia chez les Dinka", situé au Soudan et "L'enfer du Batey" , situé à Saint-Domingue en Amérique Centrale.

Le petit héros de la première histoire est un "Nameless" : "On ne m'appelle pas. Je ne m'appelle pas. Je n'ai pas de nom, pas de passé, pas de famille..." Avec cette toute petite première phrase, l'auteure réussit parfaitement à annoncer la couleur. Il s'agit d'un pauvre gosse, acheté pour une bouchée de pain par un déplaisant vieillard qui l'emploie de façon abjecte comme esclave de moins que rien, mais à tout faire. Il fut acheté dans un bled perdu après un passage courageux de l'armée soudanaise, qui a tué tous ceux qui n'offraientt aucune utilité, volé tout ce qui pourrait leur servir et mis le feu aux cabanes. Les survivants ont été embarqués pour être vendus à la capitale Khartoum. Ceci est notamment le cas de la toute jeune Sonyor cependant enceinte, acheté le même jour sur le marché aux esclaves à Safaha, chargée de cuisiner, nettoyer et....de faire plaisir au maître, le soir dans son lit ! Nameless, à force de se faire tout petit, a peur qu'il ne puisse plus jamais se redresser. Il est vrai aussi que les chaînes fixées à ses chevilles, ne lui y aident pas beaucoup.

La seconde histoire retrace le parcours pitoyable d'un "Nameless" haïtien, acheté et vendu comme "bracero" (manoeuvre) pour travailler dans les plantations de canne à sucre en République dominicaine comme une bête de somme dans des conditions épouvantables, pour 5 dollars par semaine, payés en bons échangeables dans l'unique épicerie du coin appartenant - comme par hasard - à la compagnie qui l'employait. C'est sur son lit d'hôpital, que ce "sans nom" brisé a raconté son calvaire à l'auteure.

Comme dame engagée et motivée, Marie Agnès Combesque ne se limite pas à ces 2 nouvelles. Au contraire, elle a réussi le tour de force de faire l'historique et le point de l'esclavage en tout justes 25 pages ! Un condensé tellement bien conçu et écrit qu'il doit faire le bonheur, j'imagine, du corps enseignant, dont beaucoup de membres se plaignent des difficultés qu'elles et ils éprouvent à motiver les très jeunes de nos jours. L'énumération des faits essentiels est illustré par plusieurs citations de l'écrivain américain, James Ross Mellon (1846-1934), un pionnier de la lutte antiesclavagiste et d'extraits de son oeuvre monumentale "Paroles d'esclaves les jours de fouet". Certainement que ce banquier, comme beaucoup d'entre nous d'ailleurs, a lu "La Case de l'oncle Tom" d'Harriet Beecher Stowe, paru lorsqu'il avait 6 ans, ce qui l'a avantageusement inspiré ! le livre qui a été le plus vendu au monde au XIXième siècle (après la Bible).

Sur le Soudan, je n'ai rien lu qui mérite une recommandation particulière, en revanche, sur Haïti, j'ai plusieurs ouvrages intéressants à signaler : d'abord le très littéraire "Les comédiens" du grand Graham Greene de 1966, situé lors de la "glorieuse" dictature de François Duvalier, surnommé Papa-Doc (1907-1971) ,et sa milice paramilitaire, les "Tontons Macoute" ; de l'écrivain new-yorkais, Ralph Pezzullo "Plunging into Haiti" ( se plongeant à Haïti) de 2001 sur l'effort du président Kennedy de rétablir l'ex-prêtre Jean-Bertrand Aristide au pouvoir en 1993 et d'Anne-Marie Colomé "Haïti chérie ou le rêve confisqué" de 1994. de ce dernier ouvrage, j'ai l'intention de rédiger une chronique.
Graham Greene a écrit lui-même le scénario qui a servi de base au réalisateur Peter Glenville pour son film à succès avec le même titre et avec dans les rôles principaux un comme toujours impressionnant Richard Burton et une convaincante Liz Taylor, en 1967.
Et je suis encore toujours fâché sur la compagnie norvégienne de croisières d'avoir programmé, en 1992, un petit tour dans les Caraïbes avec escale à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, mais dont le bateau a été "bifurqué" vers une île minuscule privée sans le moindre intérêt. La visite d'Haïti ne pouvant se faire pour des "raisons d'instabilité politique", comme si cela était nouveau !

Après lecture de cet opus de Marie Agnès Combesque, je comprends mieux la "fermeté" de sa dédicace précitée !

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