SchrummSchrumm ou l'excursion dominicale aux sables mouvants

Incroyable et étrange livre qu'il m'a été donné de lire. Quelques recherches sur internet, les résultats sont tous les mêmes : oeuvre originale et une des plus importantes de son auteur, Fernand Combet.

Une aventure étrange dans un pays "magique au régime totalitaire" où tout est millimétré, pesé, réglementé, dirigé. Une machination, un système qui fait de vous un pion à la solde de la Direction de Malentendu.

Rien n'échappe aux sbires qui dirigent le pays de Malentendu.
Vous vous y rendez pour une seule chose : l'excursion vers les Sables Mouvants. Mais vous ne savez pas quand vous partirez. Cela fait partie du plan, et le plan, vous ne le connaissez pas.

Pour notre excursionniste SchrummSchrumm, les choses sont un peu différentes. Il n'a pas abandonné sa pensée, sa réflexion, et il se pose bien des questions au sujet de ces excursions. Trop de choses bizarres se passent ici, on le surveille, on le teste, on cherche à le déstabiliser. Et quand il a une explication à fournir sur tel ou tel évènement mystérieux dont il a été témoin, on lui fait vite comprendre qu'il a tort, à coup de démonstrations et de stratagèmes improbables, de mises en scène douteuses, d'explications irrationnelles. Mais il ne se laisse pas faire, il veut savoir, il ne fera pas partie des "moutons" qui entrent dans le rang sans réfléchir.

Un livre intriguant, dérangeant, pas forcément facile au début, mais une fois entré dedans, impossible de le lâcher, il faut savoir où va SchrummSchrumm, où nous mènera l'excursion, et quel est le fin mot de cette histoire.

Contrairement à son héros, ce ne sont pas les sables mouvants qui menacent Fernand Combet, mais un péril tout aussi dévorant : l'oubli. Heureusement, de l'oubli, on peut s'en tirer. Il suffit pour cela d'un éditeur audacieux, et de lecteurs curieux. Saluons donc les éditions Verticales pour s'être penchées sur cet écrivain marginal, auteur de quatre livres seulement, dont aucun n'avait été réédité. Lors de sa publication, en 1966, SchrummSchrumm ou l'excursion dominicale aux Sables Mouvants (le titre, déjà !) avait pourtant été salué par la critique. Considéré par Jean-Jacques Pauvert comme le meilleur livre de son catalogue, il connaissait depuis un fragile succès d'estime. Mais, au fond, la discrétion est peut-être ce qui convient le mieux à ce roman réfractaire à toute mode – un de ces livres à glisser de main en main, un peu en contrebande.
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