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Critique de alouett


Eva vit dans un manoir isolé. Cette superbe femme très charismatique passe ses jours en compagnie d'Yves, son frère jumeau. Ce dernier l'assiste au quotidien puisqu'Eva est gravement handicapée, elle a perdu l'usage de ses jambes dans un accident de voiture. Yves l'aide, la soigne, recueille ses confidences et subit ses courroux. Car le plus difficile pour lui est certainement de se confronter au caractère acariâtre de sa soeur.

Aussi, lorsqu'une étrangère se présente à leur porte pour demander l'hospitalité à la suite d'une panne de voiture, Yves la met en garde. Surtout, qu'elle ne dérange pas Eva ! le besoin de solitude et de calme de cette dernière est réel et nul ne saurait prévoir sa réaction si quelque chose venait changer ses habitudes. Et si Neige, l'étrangère, venait à croiser sa soeur par mégarde, Yves lui demande aussi de se protéger car les bizarreries de sa soeur ont toujours été néfastes à ceux qui ont croisés l'infirme.

Mais les situations auxquelles Neige est confrontée vont au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginer. Dans cet huis-clos malsain qui, de l'apparente étrangère naïve ou de la fratrie démoniaque, tirera son épingle du jeu ?

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Vous avez sans doute constaté qu'à l'occasion du dernier mois de l'année 2013, kbd a fait le choix de rendre hommage aux auteurs qui nous sont chers et malheureusement disparus dans les dernières années : Didier Comès, Sergio Toppi, Fred, Moebius et Keiji Nakazawa.

Ces rétrospectives furent pour moi l'occasion de prendre ou de reprendre des titres de Didier Comès que je connais malheureusement trop peu. La relecture d'un Silence qui me subjugue toujours autant ou celle de Dix de der qui nous plonge dans l'enfer des tranchées de la « der des Ders ». Découvrir ensuite La Belette qui siégeait dans ma bibliothèque depuis plus de dix ans ou cette fascinante Eva. J'aurais mis plus de quinze jours à accoucher de cet article, trop vigilante au fait de trouver les mots justes pour parler de cet album… trop en difficulté pour écrire compte tenu de la période délicate que je traverse depuis quelques mois (raison pour laquelle je suis aussi beaucoup moins présente qu'avant sur la blogosphère), mais c'est une autre histoire.

Didier Comès livre une nouvelle fois un thriller qui captive le lecteur. Son trait s'étire, s'appesantit sur les regards ou la commissure des lèvres pincées d'Eva, autant de détails qui n'échappent pas au lecteur et le mette sur le qui-vive. On sent qu'un drame est proche, on n'en devine pas pour autant la teneur ni les contours exacts. Ce qui est certain, c'est qu'Eva et Yves ont des expressions étranges qui renforcent sans cesse l'impression que l'on est en présence d'un couple d'hôtes maléfiques. le penchant malsain qu'ils ont pour une certaine forme de voyeurisme dégage pourtant beaucoup de sensualité et les passages où apparaissent les courbes harmonieuses du corps dénudé de l'étrangère sont des instants où le temps semble comme suspendu. C'est finalement une lutte psychologique entre deux femmes à laquelle nous assistons : l'une survit grâce à des acquis d'un passé depuis longtemps révolu tandis que la seconde défend sa vie, peu importe le prix à payer. A l'instar du yin et du yang, ces deux femmes se complètent parfaitement. Leurs places respectives ne sont pas pour autant figées dans une catégorie ou dans l'autre et il n'est pas rare de les voir régulièrement franchir la fine frontière qui sépare ces deux catégories. Qui manipule qui ? Telle est la question que l'on se posera jusqu'à la fin de l'album.

Les dessins de Didier Comès sont d'une noirceur impressionnante. Comme il l'avait déjà fait dans d'autres albums (Dix de Der, Silence…), il utilise sa plume pour créer une ambiance dont on s'imprègne parfaitement. J'ai souvent pensé aux univers et atmosphères qu'Alfred Hitchcock était parvenu à développer à l'écran. Les mêmes sensations m'ont parcouru durant cette lecture ponctuée par de nombreux passages silencieux durant lesquels on sent un frisson glacé nous parcourir l'échine. Une fois encore, la manière dont l'auteur emploie ses aplats de noir pour forcer au contraste, accentuer les tensions et jouer sur la luminosité. Ce contraste entre le noir et le blanc vient d'ailleurs rappeler cet antagonisme entre les deux femmes, l'une blonde et l'autre brune…
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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