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Critique de alouett


Septembre 1985.

Ambre rentre chez elle après avoir arpenté le globe en tant que photographe de guerre. Blessée à l'oeil pendant son dernier reportage en Afghanistan, elle doit quitter le métier.

Cette retraite prématurée la conduit donc à revenir dans la maison familiale, un havre de paix perdu au milieu de nulle part. Là, dans les Ardennes, elle s'apaise et retrouve le calme de son enfance.

Les voix qu'elle entend, les hallucinations visuelles dont elle est l'objet sont autant de faits étranges qui ne semblent pas l'inquiéter le moins du monde.

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Ce personnage d'Ambre s'inscrit dans la lignée des femmes au caractère bien trempé que Comès construit. A l'instar d'Eva ou de la sorcière de Silence, l'auteur a témoigné tout au long de sa carrière de l'attrait qu'il pouvait avoir pour ce genre de femmes. Il parvient à transmettre son étrange fascination au lecteur. On tente de trouver une place dans les univers inquiétants auxquels il donne corps. Ses jeux d'ombre et de lumière servent à merveille un propos assez froid. Pourtant, je ne suis pas grande amatrice de ce dernier. L'emploi excessif de points d'exclamation a tendance, à la longue, à m'exaspérer et me donne l'impression que le jeu des échanges est poussé à l'extrême, comme théâtralisé. Les personnages perdent parfois en crédibilité, il m'est difficile de matérialiser leur timbre de voix pour cette raison. Cela affecte le plaisir ressenti pendant la lecture. Point de vue totalement personnel et subjectif au demeurant.

Chaque album de Comès a sa particularité pourtant, une fois n'est pas coutume, les similitudes avec La maison où rêve les arbres m'a déçue bien que cet album-ci m'ait plu davantage. J'y ai retrouvé une finesse dans la façon de traiter la souffrance psychique et l'abnégation de sa folie. Là, dans sa solitude, le personnage principal se confronte à ses fantômes, certains seront plus concrets que d'autres.

L'ambiance graphique quant à elle est plus saisissante. Les nombreux passages muets qui jalonnent l'album incitent le lecteur à s'immiscer dans l'huis-clos, à observer les événements via de multiples angles de vue. le dessin de Didier Comès est une nouvelle fois vecteur de sons et de ressentis divers : angoisse, inquiétude, chaleur… on sent que l'auteur maîtrise totalement son sujet ainsi que le décor qu'il y associe. le fait est que les Ardennes est une région qu'il connaît bien. Comme dans une bonne partie des ouvrages qui ont précédé L'arbre-coeur, Comès reproduit ici ses paysages de prédilection. Silence (1980), La Belette (1983), Eva (1985) faisaient déjà évoluer des personnages fictifs sur ce même décor désertique, dépeignant une campagne rude où les rapports humains sont presque dénués de toute convivialité. Les albums ultérieurs de Comès continueront à s'articuler autour de ce point d'ancrage (La maison où rêvent les arbres, Dix de Der…). de même, l'artiste se plaît à inventer des huis-clos et à malaxer sournoisement la tension qui en découle. Faits inexpliqués, rapports atypiques de l'homme avec la nature, retournements de situation inattendus, présence de personnalités aussi austères que mystérieuses…
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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