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sur 332 notes
Silence "l'idiot du village", l'innocent à travers lequel se révèlent la méchanceté et la bêtise des autres. Au-delà de ses souffrances, des injustices et du mépris il découvrira la vérité sur ses origines, la magie, la sorcellerie, et la grâce de l'amour. Un album à la beauté sombre et violente. Percutant et envoûtant. Une lecture qui marque.
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Beausonge, un nom bien doux et poétique pour un petit village retiré des Ardennes dans lequel on ne peut pas dire qu'il fasse bon vivre. C'est dans ce cadre, pas du tout enchanteur, que vit l'innocent du village, prénommé Silence en raison de son mutisme. Innocent est bien l'adjectif qui le qualifie le mieux. Doux, gentil, le coeur sur la main, il ne connait ni la colère, ni la haine, ni la vengeance.

Cette particularité va profiter à Abel Mauvy son «maître», personnage mauvais, violent, abject et libidineux. Ce sinistre personnage fait travailler Silence comme un forçat, le « prête » à des voisins et se moque de lui tout en s'en méfiant. D'une potentielle fonction de journalier, Silence est devenu son esclave, sa chose. Face à Abel Mauvy, le Thénardier de Hugo passerait presque pour un enfant de coeur.

Mutique en apparence, Silence entre plus facilement en communion avec la nature et les animaux qu'avec les hommes. La façon dont il est traité par Mauvy n'y est sans doute pas étrangère. Mais le vent perpétuel qui vient fouetter chaque page va apporter comme un souffle nouveau dans la vie et dans le coeur de Silence. Ce vent complice s'emporte et dans son sillon lève le voile sombre trop violemment et perfidement jeté sur de terribles secrets. Existe-t-il plus grand secret que celui des origines ? Même les secrets les plus noirs finissent par être mis au grand jour et parfois la fin est signe de renouveau…

L'univers de la sorcellerie avec ses rites et secrets est très finement abordé à travers deux personnages. Celui de la sorcière, le personnage féminin subtilement complexe et essentiel au déroulement de cette histoire. Mais aussi celui de « la mouche » mi rebouteux, mi sorcier qui ne se déplace jamais sans un aéropage nauséabond d'insectes autour de lui d'où son surnom. le traitement de ces deux personnages est particulièrement réaliste et convaincant en dépit de leurs dons surnaturels. Ils auront chacun un rôle à jouer dans le devenir de Silence.

Après la préface signée Henri Gougaud, ouvrir cette bande dessinée signifie s'embarquer dans un univers à la noirceur saisissante sans espoir de l'abandonner avant d'en avoir tourné la dernière page. le dessin en noir et blanc n'altère en rien notre plaisir mais l'amplifie au contraire tant le trait est abouti. Nous sommes confrontés à de véritables personnages aux aspects différents, aux expressions faciales adaptées à chacune des émotions ressenties; cela est assez rare et mérite d'être souligné à mon sens. Il y a dans la bande dessinée beaucoup trop de personnages mono expressifs voire pas expressifs, caractéristique rédhibitoire pour moi.

Enfin, des dialogues riches et percutants appuient cette histoire au point d'y retrouver l'intensité dramatique propre à un roman. La façon de matérialiser les pensées « simplistes » de Silence est également parfaite. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à qualifier Silence de roman graphique, terme à la mode mais qui prend tout son sens ici. Didier Comès, nos routes vont à nouveau se croiser, il le faut.

Coup de coeur total en ce qui me concerne, Silence, il faut absolument en parler !
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Silence est un jeune homme muet et simple d'esprit. Il est fort, mais possède la mentalité d'un enfant. Profondément gentil, il ne connait ni la malice, ni la méchanceté. Habitant dans le village de Beausonge, Silence travaille pour un fermier méchant et avare, Abel Mauvy. Mais Abel et les autres habitants du village profitent de sa force, de sa gentillesse et de sa naïveté. le village possède un sombre secret et les villageois craignent que sous l'apparente naïveté du pauvre Silence se cache un être doté de pouvoirs maléfiques, comme cette sorcière qui vit au fond des bois et dont le jeune homme va bientôt faire la connaissance...

Après une belle préface d'Henri Gougaud encensant à la fois l'auteur et son oeuvre, me voici donc plongée dans cette histoire aux graphismes particuliers. Seuls le noir et le blanc sont utilisés, le coup de crayon est grossier mais pertinent et donne vie aux dialogues de cette histoire, créant une ambiance malsaine tout à fait appropriée. Car on est très rapidement aspirés dans la vie de Silence, qui est tellement innocent qu'il ne se rend pas compte du mal que les autres lui font. Au fur et à mesure, l'histoire prend de l'ampleur et, tout en conservant cette douce poésie qu'on ressent dès les premières bulles, l'intrigue se révèle noire et pleine de révélations plus sombres et malsaines les unes que les autres. Mêlée de fantastique, de magie, de croyances populaires, l'histoire de Silence ne peut pas laisser le lecteur de marbre face à la cruauté du genre humain. En tous cas, moi, j'ai adoré. Je recommande cet album, pour sa poésie, et pour sa beauté aussi bien narrative que graphique.
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« Silence » est considéré comme un des meilleurs titres de Comès, auteur réputé pour son ton sombre. Ne connaissant pas l'auteur, je me suis dit que ce serait la porte d'entrée idéale dans son univers.
J'ai vu de ci de là « Silence » qualifié de chef d'oeuvre, d'ouvrage ambitieux et exigeant. Je n'irai pas jusque-là. « Silence » n'est pas, selon moi, un chef d'oeuvre mais simplement une très bonne B.D, un divertissement de haut niveau. Et c'est tant mieux. J'ai passé un très bon moment de lecture.

J'ai beaucoup aimé le mélange de fantastique et de chronique rurale qui fonctionne très bien. A travers des décors bien plantés et une galerie de personnages très réussie, l'auteur parvient à immerger pleinement le lecteur dans la vie de ce petit village. Les rapports entre les protagonistes sont bien dépeints ainsi que l'ambiance de la petite commune encore traumatisée par la seconde Guerre Mondiale et encore pétrie de superstitions. le surnaturel se marie très bien avec cet aspect réaliste sans le dénaturer. « Silence » relève clairement du fantastique tout en étant très crédible. Il y a des imperfections, des maladresses mais on ne s'ennuie pas une seconde, le récit est très prenant.

Cette première lecture de Comès ne restera pas la seule, je compte bien découvrir d'autres ouvrages de cet auteur.
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Beausonge est un petit village des Ardennes. Silence est un jeune garçon attardé, muet de naissance, aux ordres de son maître, le personnage le plus puissant du village, Abel Mauvy. Ame d'enfant dans le corps d'un homme, il ne voit ni ne comprend la méchanceté et l'injustice, regardant le monde de son regard naïf. Mais Beausonge n'est pas un village parfait et ses habitants ont des choses à se reprocher, des choses à propos de Silence. C'est la Sorcière qui le sait, et qui attend un signe. Un signe indiquant que Silence est prêt à apprendre la vérité, à apprendre l'amour, et son corolaire : la haine.

Je lis assez peu de bandes-dessinées. La première qui m'aie vraiment marquée était signée D. Comès : il s'agissait de L'ombre du corbeau. Depuis, j'ai du lire quasiment tous ses albums, et dans mon trio de tête des oeuvres de cet auteur, L'ombre du corbeau côtoie La belette (je crois que c'est celui-ci mon préféré) et Silence.
Dans ces deux derniers ouvrages, Comès prend soin de nous immerger dans l'ambiance des petits villages, matinés d'histoires d'amours qui tournent mal, de vengeance, de vengeance et d'amour, le tout mis en relief, en ombres et lumières, par les dessins chargés et les aplats blancs et noirs.
Ce sont souvent les simples, les purs et les naïfs, les isolés, les différents que met en scène Comès. Dans son oeuvre, les femmes sont souvent mystérieuses, et gardiennes des secrets et de la connaissance. Elles sont souvent sorcières également. Elles sont tellement belles, majestueuses, parfois impressionnantes, sous la plume de Comès.
Silence de Comès est un livre très poétique, qui nous nous amène à suivre une histoire dont on sait qu'elle ne peut bien finir mais qui nous porte quand même vers la lumière. A découvrir absolument.
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Entre 1978 et 1997, le mensuel A suivre fut le fer de lance d'une bande dessinée d'auteur, à une époque où elle n'était pas très répandue. de plus, il publiait en noir et blanc, dans un paysage majoritairement dominé par la couleur.
Des auteurs (Tardi, Pratt...) ont marqué son histoire, mais sans doute aucun comme Comès, de son vrai nom Dieter Hermann. Silence est une des ses oeuvres phares, mettant en scène un personnage sourd muet (en l'occurrence Silence), souffre douleur de son maître, le notable Abel Maury.
Le récit nous conte l'émancipation de ce personnage rabaissé, par l'initiation et la magie, grâce à une femme que le village nomme la Sorcière.

Le charme de ce récit tient, pour moi, au fait de donner la parole à un personnage qui n'est même pas un anti-héros, mais qui se classerait plutôt dans la catégorie des invisibles, des sans voix. Émouvant, Silence ne peut que susciter la sympathie tant il semble incarner la bonté même. Par ailleurs l'atmosphère rurale de cette région d'Ardenne, un peu hors du temps, est extrêmement bien rendue, avec ce village que l'on sent lourd de secrets inavouables et cette lenteur du temps qui n'en finit pas de passer. La touche de fantastique, incarnée par la Sorcière, évite de sombrer dans un réalisme trop pesant. le tout est servit par un excellent dessin de Comès, tout en aplats de noir et blanc, parfois à la limite de l'abstraction (notamment dans les décors)

Définitivement Silence est un classique de la bande dessinée et représente une bonne entrée en matière pour appréhender ce qu'était l'esprit du mensuel A suivre.
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Beausonge : un bien joli nom pour un village ! Pourtant l'ambiance qui règne dans ce petit village des Ardennes est bien éloignée de la promesse formulée : méfiance, avidité, superstitions, ... autant de mots correspondants aux villageois courbés sur les labeurs de la ferme ! L'existence y semble rude, figée par le temps, emmurée dans un terrible secret.

C'est là que vit Silence, insensible à la cruauté des autres, les normaux, prenant leurs moqueries pour de gentilles attentions. Bon et naïf, Silence "appartient" à Abel Mauvy, un homme avare et cruel qui profite du jeune homme pour faire tourner son exploitation à bon compte. Afin d'assurer son emprise sur le hameau, il n'hésite pas à prêter Silence à ses voisins pour les travaux des champs.

Communiquant difficilement avec les hommes, Silence est plus à l'aise avec les animaux et la nature : la forêt et la nuit lui semblent plus accueillantes. C'est au hasard de ces expéditions nocturnes qu'il rencontrera la Sorcière, tenue à l'écart du village et décidée à faire de Silence l'instrument de sa vengeance.

Jouant en noir et blanc dans un graphisme remarquable, Comès met en place une atmosphère sombre et inquiétante : tout autour de Silence, le village semble s'être ligué et taire un mystérieux passé. Une époque révolue dont quelques traces subsistent et qui semble liée aux origines du jeune homme.

Sous le trait de l'auteur, les paysages ardennais se transforment en lieux pesants, travail et quotidien y sont des supplices sans fin. Les superstitions et la cupidité viennent encore ajouter à l'obscurité ambiante.

De même, les personnages apparaissent crevant de réalisme, sublimes dans leurs pires défauts. le dessin est implacable, n'admettant aucune faiblesse, ni pitié. Tout au long du récit, les émotions et les sentiments dépassent les cases. Par le jeu des contrastes, volontiers ironique, ce sont les héros "différents", meurtris par l'existence et rejetés du monde, qui semblent détenir bonté et compassion.

Émouvante par le destin du héros qu'elle présente, Silence est une bande dessinée fascinante et ses qualités sont nombreuses : tant par les protagonistes mis en scène, que par le décor habilement reconstitué ou encore par le message sur la différence et l'acceptation de l'autre qu'elle véhicule. Un album superbe de noirceur, rehaussée de fantastique et de poésie : des pages à découvrir absolument !
Lien : http://nahe-lit.blogspot.com..
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Des dessins somptueux qui, en noir et blanc, mettent la couleur en lumière. le scénario peut parfois paraître un peu mièvre, très baba, il s'en dégage cependant une puissance rare. Un doigt accusateur appuie là où ça fait mal. Tout en simplicité, comme quoi...
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Magnifique roman graphique de Comès.
Il y a "quelques" années, on disait encore B.D. en parlant de tels ouvrages. Mais peu importe le nom qu'on lui donne, ce livre, car c'en est un avant tout, est superbe pour tous ceux qui aiment le beau et l'intelligent.
Ici, le dessin artistique se transforme en histoire fantastique. Comès et son Silence nous envoûte. On retourne dans une époque où le temps semble suspendu. La nature est le personnage principal de toutes les histoires de Comès, Silence ne fait pas exception.
Un jeune garçon muet, un village plein de non-dits, une sorcière qui sait tout mais ne dit rien... Silence ! le mystère est à l'oeuvre, la magie opère et le monde onirique de Comès nous enveloppe, alors laissons parler notre âme d'enfant...

Lien : http://www.babelio.com/liste..
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Silence est un jeune homme muet, vivant dans un village ardennais appelé Beausonge. Innocent et naïf, il ne connaît ni le mal ni la haine. le fermier chez qui il vit est un homme mauvais, qui le fait travailler durement et le punit de ses maladresses avec grande cruauté. Un noir secret plane sur le village, lié aux origines de Silence, et que la "sorcière", une femme aveugle et bizarre, va bientôt faire éclater au grand jour, en enseignant au jeune muet son passé, la magie et surtout, la vengeance.

Cette bande dessinée de Comès est une belle découverte. Les illustrations en noir et blanc, au trait fin et original, et les dialogues bien menés, nous faisant parfaitement percevoir les caractères particuliers de chacun et les situations en quelques bulles, nous font tourner les pages avidement, dans l'attente de la suite et du dénouement. Comment tout cela va-t-il se terminer ? Est-ce que l'innocence saura vaincre la cruauté pouilleuse de cette campagne si familière ? La tension monte au fil des planches, de nouveaux personnages dans les chapitres finaux retendent l'intrigue, et la fin, logique et bien menée, soulage le lecteur et le libère.

Un moment fort sympathique que cette lecture, qui nous confronte à un autre style de BD, moins commun que d'autres, à la narration et au dessin moins convenus. Merci à Ellane pour cette découverte agréable !
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