AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cricri124


Quelle belle surprise que ce livre! Je croyais m'embarquer dans un polar classique et j'ai été plongée dans une formidable odyssée humaine : celle d'un village de Normandie, Vrainville rassemblé autour de SON entreprise, les ateliers Cybelle, une fabrique de lingerie. Cette entreprise familiale est le fleuron et la fierté de la région, et le poumon du village. La plupart des femmes du village y travaillent. Mais les temps changent. Les dirigeants de l'entreprise aussi. La solidarité des débuts s'effrite. Mondialisation, crise économique, délocalisation, chômage, harcèlement, s'inscrivent comme une résignation. Pourtant, les chuchotements et les murmures grondent. Comment faire renaitre la solidarité d'antan ? Comment faire reculer la marche inéluctable de la fermeture? Comment attirer la lumière sur eux ? Ce qu'il leur faudrait, c'est un mort…. soupire une ouvrière désabusée.

La grande force de ce livre est de nous immerger littéralement dans la vie des habitants de ce village, qui s'articule autour d'un personnage central et majeur : les ateliers Cybelle. Une saga familiale sur 3 générations qui déploie ses ramifications autour d'une infinie palette d'émotions humaines: courage, générosité, égoïsme, mesquinerie, cupidité, amitié, trahison, honte, lâcheté, etc, etc… Bref, la vie tout simplement.

A mi parcours, l'enquête policière reprend le devant de la scène. C'est le temps des secrets qui refont surface, des combats, des mensonges, des espoirs, des désillusions … des morts. Je reconnais que mon intérêt s'est un peu émoussé dans cette partie qui est très inégale et pas toujours crédible. Mais j'étais déjà embarquée avec les habitants de ce village. Alors, j'ai continué avec plaisir ma route avec eux.

La construction est intéressante. Point de suspens en tant que tel puisque la plupart du temps, l'auteur annonce ce qui va se passer en début du chapitre, comme s'il racontait un fait divers. Pourtant, même s'il s'est effectivement inspiré de l'histoire des ouvrières des usines Lejaby, il s'agit bel et bien d'une fiction. Il utilise le temps, en jonglant entre le passé et présent, pour maintenir notre intérêt. Et, par un magistral chassé croisé de personnages, il nous révèle petit à petit les interactions entre eux, et surtout sur les conséquences de leur choix.

Dans ce récit qui navigue entre critique sociale et roman policier, nos actes, notre destin, et ce que nous en faisons, tambourinent comme un clapotis sourd. Si l'histoire s'ouvre sur une épigraphe des Rita Mistsouko : "On est responsable du feu qu'on a allumé", ce n'est pas anodin. Feu de joie, brasier ou bucher, les choix que nous faisons sont les braises incandescentes qui palpitent au coeur de ce livre et de nos vies.
Commenter  J’apprécie          511



Ont apprécié cette critique (43)voir plus




{* *}