Les ronds dans l'eau

Commère : personne curieuse et bavarde...
Et là je pouffe comme un ouf car s'il est bien un terme à ne pas lui accoler, c'est bien d'être cancanier.

Quel rapport entre un truand rangé des bagnoles et un gentil serveur, tendance dépressive.
A priori, aucun. Et pourtant...
Ah si, une malheureuse concordance géographique, objet de dommages collatéraux de magnitude 12,4 sur l'échelle de Richter. Charles Francis pour les intimes.

Les ronds dans l'eau est de ces bouquins à tiroirs qui n'en finissent pas de surprendre.
Mélangeant habilement les genres, et tout particulièrement le corsé et l'obscur, il est, de fait, difficilement catalogable.

Hervé Commère, comme il est souvent d'usage, décrit deux trajectoires concomitantes qui finiront fatalement par se percuter pour n'en faire plus qu'une. Et là j'ai envie de faire tut, tut, tut. Si le procédé commence à dater, la résultante de cette croisée des chemins est d'une originalité inventive et salutaire. Plutôt que de s'appuyer sur des ressorts déjà usités du temps d'Érode, Commère réinvente le genre en réorientant et reboostant un récit qui n'en demandait pas tant.

La grande force de l'auteur réside en cette faculté quasi immédiate d'accrocher à travers les portraits de deux personnages aussi dissemblables que l'eau et le feu.
L'un aura dangereusement brûlé la chandelle par les deux bouts alors que l'autre sombre dans un marasme journalier semblant ne jamais vouloir décliner. Un chagrin d'amour à l'écho persistant.
A ce propos, Commère décrit à merveille une télé-réalité débilitante et rien que pour cette justesse de ton, ce bouquin vaut déjà le coup.

Les ronds dans l'eau devrait vous éclabousser de toute sa classe stylistique et narrative.
Singulier et racé, il se déguste posément en vous laissant en bouche la sensation durable d'avoir savouré un millésime d'exception.

Jacques un jeune retraité sexagénaire, truand à l'ancienne, a accumulé quelques années derrière les barreaux et un sacré palmarès à son actif dont le vol d'une toile de maître au pays de Sinatra avec quelques fripouilles "anonymes" ;
et
Yvan, un jeune serveur à la dérive qui ne se remet pas de sa séparation avec Gaëlle une jolie écervelée qui le nargue dans une émission de téléréalité en dévoilant des détails intimes ;
vont croiser leurs routes morts ou vifs pour le meilleur et pour le pire...

Un thriller façon page turner rondement mené par une plume fluide et mixé par une main verte qui sème des bonnes et des mauvaises graines qui se croisent dans les remous. On rajoute des lettres de déclaration d'amour à l'eau de rose, un bouquet des fleurs de cimetières - en hommage à (la) Vérité - pour parfumer le tout. Et on balance quelques scènes épineuses pour le coté pimenté.
Une recette alchimique à la Commère, j'en reprends une louche !

Hervé Commère surfe dans les bonnes vagues du thriller français... Pas par hasard.

Le titre est une métaphore dont on aura la clef en fin de roman. Une succession de méprises entraîne Yvan en prison et bien au-delà parce qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment, en Bretagne région bien connue de l'auteur. Yvan est la victime d'une bande d'anti-héros sur le retour, un cold case quasi mafieux de 40 ans d'âge. Tout un programme très bien mené pour ce second roman deux fois primé d'Hervé Commère qui en a publié quatre. Un super thriller à la française comme je les aime où l'on se dit que les protagonistes pourraient bien être de nos voisins ou de notre famille …

J'ai aimé ce bouquin parce qu'il sort le lecteur des polars ordinaires, bien construits, sans vraie surprise. Les rebondissements sont très présents, deux histoires en parallèle, des personnages intéressants, des descriptions qui font vibrer avec eux. Pas trop de scènes sanglantes malgré des faits d'une violence indéniable. J'ai aimé de roman parce que la construction est originale, l'écriture spéciale… Un auteur à découvrir.

Un récit à deux voix : celles de Jacques et Yvan. Jacques est un truand paisiblement retraité dont le forfait le plus mémorable (mais impuni) fut la participation au vol d'un tableau de Manet quarante ans plus tôt. Yvan est un barman tranquille qui découvre horrifié sur les écrans son ex-petite amie, prête à tout pour remporter un jeu de TV réalité. Peu de chances que les chemins de ces deux-là se croisent un jour ? Et pourtant...
Après quelques pages de doutes - mais que suis-je venue faire dans cette histoire de truands des années 70 ? - j'ai vite adhéré à ce policier hors du commun. On se laisse captiver par les aventures ô combien tumultueuses d'Yvan, l'intrigue prend des virages tellement inattendus qu'on n'essaie même pas de deviner la suite, et encore moins la fin, on avance à un rythme frénétique par pur plaisir de se faire balader, surprendre.
Un polar rennais efficace et vraiment plaisant, avec des accents réjouissants de Boileau-Narcejac...

A part cette impression que l'auteur ne savait pas trop comment terminer son histoire, je dois bien reconnaître que ce livre est difficile à quitter une fois entamé, un vrai page-turner. Cela dit, fondamentalement, on n'y apprend rien, rien sur aucun univers ou aucune idée ou thèse ou quoi que ce soit. A peine quelques petites réflexions qui sont autant de sentier battus et rebattus.
Divertissant et prenant, voilà c'est ça ni plus ni moins.

Belle intrigue et beaucoup de suspens avec "Les ronds dans l'eau".

Je suis convaincue par le style de l'auteur. Il m'a emmenée, j'ai bien rebondi comme un caillou lisse au fil de l'eau.

J'ai particulièrement savouré les descriptions relatives au protagoniste Yvan, aux pensées morbides et détachées de la réalité. Rares sont les auteurs qui dépeignent aussi bien la dépression.

Bravo.

Lu en avril 2019.

Une bonne lecture, difficilement classable en fait, un roman noir mais pas que,une quête peut être vers la vérité, l ondulation d un rond dans l eau très certainement.
Sans être une révélation j ai passé un très bon moment à chercher la petite bête même si certaines choses me paraissent peut être un peu bizarre mais bon c est le jeu.
Les personnages sans être forcément attachants ont un petit quelque chose. Il ne m a pas manqué grand chose pour que ce soit excellent mais voila il,m à manque le frisson et le truc qui m aurait fait halluciné. Voilà ça n a pas été le cas.
En tout cas une très belle écriture , fluide légère et très agréable

Après avoir eu la chance de rencontrer Hervé Commère grâce au site Babelio lors de la sortie de son dernier et brillant roman ‘Imagine le reste', j'ai entamé la lecture de ses oeuvres précédentes.
Fidèle à son thème de prédilection, à savoir l'importance du hasard dans la vie quotidienne, Hervé Commère nous livre un chassé-croisé dont il a le secret entre divers personnages parfaitement campés : Un vieux truand retraité et paranoïaque, un serveur de café lâché par son amie qu'il retrouve bizarrement vedette d'un jeu de télé-réalité, une jeune journaliste qui force la porte du vieux truand pour écrire sa biographie un peu contre son gré…
Tous les ingrédients sont là pour développer un ouvrage d'une grande intelligence, captivant et hors norme. La finesse de l'intrigue m'empêche d'en dire plus.
Hervé Commère ne se définit pas lui-même comme un écrivain de romans policiers. En cela, il a entièrement raison. Son propos va bien au-delà. A l'instar d'un Pierre Lemaitre, il brode une littérature qui bouscule les genres établis et il s'impose comme un écrivain avec lequel il faudra compter. Les éditions Fleuve Noir ont trouvé là un auteur de très grande valeur dont on reparlera (sa grande simplicité et sa modestie naturelle m'incite à appuyer un peu ses mérites, mais ils sont réels).

Michelangelo 2014

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..

C'est un plaisir de voir qu'il existe de jeunes auteurs français avec autant de talent et de maîtrise. Pour moi Hervé Commère est une des bonnes surprises de l'année : une bonne intrigue, de l'humour, la dose d'hémoglobine qu'il faut et l'art de vous prendre à la gorge pour ne plus vous lâcher... Merci à l'auteur pour ces vrais moments de plaisir de lecture.