Un été avec
Montaigne, ce fut en 2012 sur France Inter, où
Antoine Compagnon, à une heure de grande écoute, proposa une quarantaine de brefs passages des Essais et des explications et commentaires, devenus dans ce recueil des chapitres de trois pages environ. La majorité des passages proviennent du Livre III (le seul que j'aie lu)(le livre I en est au dixième chapitre, gardons espoir).
Bref, rien d'insurmontable pour le novice.
Pour un novice, justement, je conseille cette agréable balade dans l'univers de
Montaigne, pas exhaustive évidemment, et demandant cependant quelque concentration. Chaque passage choisi des Essais (Livre de Poche, La pochothèque, 2001) est présenté sans fards (il eût été dommage de se priver de la langue de l'auteur), puis ensuite "traduit" pour faciliter les choses. Sans oublier un aperçu de la vie de l'auteur, et parfois une application personnelle.
Bien sûr je ne vais pas me plaindre que
Montaigne soit ainsi rendu accessible, j'espère de tout coeur que ce petit volume sera lu, et surtout qu'il conduira à la découverte de l'oeuvre complète. Après ma lecture de Comment vivre? de Susan Bakewell, il s'est agi de "fiches révisions" plutôt que de découvertes proprement dites.
Une réflexion ô combien d'actualité:
"Quand un homme public ment une fois, il n'est plus jamais cru; il a choisi un expédient contre la durée; il a donc fait un mauvais calcul.
Selon
Montaigne, la sincérité, la fidélité à sa parole, est une conduite bien plus payante. Si l'on n'est pas poussé à l'honnêteté par conviction morale, alors la raison pratique devrait y inciter."
Où j'apprends que negotium, le négoce, est la négation de l'otium, le loisir;
Au lecteur :"C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée : je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein."(...) Si c'eût été pour rechercher les faveurs du monde, je me fusse paré de beautés empruntés. je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c'est moi que je peins."
"Ces deux commerces [l'amour et l'amitié] sont fortuits, et dépendants d'autrui : l'un est ennuyeux par sa rareté, l'autre se flétrit avec l'âge: ainsi ils n'eussent pas assez pourvu au besoin de ma vie. Celui des livres, qui est le troisième; est bien plus sûr et plus à nous. Il cède aux premiers, les autres avantage : mais il a pour sa part la constance et facilité de son service." (III, 3)
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