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Les exploits du professeur Chall... tome 3 sur 5
EAN : 978B005Q2W5NM
(27/09/2011)
3.24/5   25 notes
Résumé :
Après avoir affronté les périples et les terribles dangers de l’expédition qui l’a conduit, lui et ses amis, au cœur du Monde perdu, le bouillant Professeur Challenger se trouve maintenant confronté à un nouveau mystère qui va ébranler toutes ses certitudes scientifiques. En effet, sa fille, Enid Challenger, et son ami le journaliste Ed Malone, vont l’entraîner cette fois dans le milieu du spiritisme et des mystères de l’au-delà…
Et voilà bien un défi à la me... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je remercie Babelio et les éditions Okno pour cette belle découverte.

Arthur Conan Doyle n'a pas vraiment besoin de prouver qu'il était un homme exceptionnel en plus d'un conteur hors-pair.
Converti au spiritisme et ayant consacré des dizaines d'ouvrages à cette philosophie spiritualiste, il s'est certainement beaucoup amusé à l'écriture d' « Au pays des brumes ».

Dans ce récit paru en 1926, le spiritisme est encore assez méconnu et Conan Doyle se sert du personnage du Professeur Challenger pour ouvrir la discussion sur ce sujet, source de scepticisme et de discorde.

Il décrit comment sont considérés les « messagers » de l'au-delà, traités comme des charlatans, malhonnêtes, imposteurs maboules qui cherchaient à arnaquer l'audience. Poursuivis par la police à une certaine époque, les adeptes de cette doctrine devaient se réunir en cachette.

Son style est toujours aussi magnétique. Il dépeint des personnages très humains, comme des réflexes de notre essence. Lorsqu'il évoque les ectoplasmes, la télékinésie et la psychométrie, nous sentons les vibrations personnelles qui l'animent personnellement.

L'écrivain anglais est de ces auteurs qui entendent les voix interdites, silencieuses. le son et l'emphase qu'il porte à certains éléments sont tout aussi important que les mots qu'il choisit.

L'auteur poursuit son exploration des replis de l'âme en jetant un point de vue caustique sur le scepticisme scientifique.

Le postulat que je retiens : « l'intelligence se développe au détriment de l'esprit »

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Edward Mallone et Enid Challenger, deux journalistes, décident d'écrire un article sur le spiritisme. Et c'est avec un esprit ouvert et objectivité qu'ils réalisent leur enquête dans la vieille Angleterre auprès des médiums et qu'ils assistent à des réunions spiritistes.

Dans ce roman Arthur Conan Doyle nous pousse à nous interroger sur le monde de l'au-delà, ou plus spécifiquement sur l'existence du spiritisme ; c'est-à-dire sur l'existence possible d'un phénomène qui permettrait de « connecter » les êtres humains défunts aux vivants, avec comme intermédiaire, comme outil de communication, le médium. Mais cependant avec un parti pris notoire de l'auteur en faveur de l'existence d'un tel phénomène ; Arthur Conan Doyle ayant en effet choisi son camp, car pour ceux qui ne le sauraient pas il était un adepte convaincu des pratiques du spiritisme. Cette vision « pro-spiritisme » sera contrebalancée par la présence du professeur Challenger, un zoologiste à l'esprit rationnel, aussi célèbre qu'irascible, le sceptique par excellence, et père d'Enid la jeune journaliste.
Néanmoins plus qu'un roman sur l'existence d'ectoplasmes, Au pays des brumes est un roman qui donne un éclairage intéressant sur la façon dont le spiritisme était perçu à l'époque en Angleterre, c'est-à-dire dans les années vingt, car il retrace le débat intellectuel qui fit alors rage entre les sceptiques et les convaincus. Il est aussi intéressant de voir les figures qui prirent partis pour un camp ou pour l'autre, ainsi que l'absence de lois spécifiques qui obligea la justice à recourir à deux décrets très anciens, l'un contre la sorcellerie qui remontait à George II (mais il était devenu par trop désuet et absurde, il n'était plus invoqué que comme accessoire) et l'autre réprimant le vagabondage et datant de 1824. Ce dernier avait pour but de contrôler les gitans et les romanichels sur les routes, et ses auteurs n'avaient jamais pensé qu'il pourrait servir contre les médiums…Ainsi « Toute personne exerçant le métier de diseur de bonne aventure ou employant des procédés subtils pour tromper et abuser un sujet de Sa Majesté sera jugée pour vagabondage, etc. »
Un pays où la loi avait ainsi une vision criminelle des individus qui faisaient commerce de « don » de médium car jugés purs charlatans. En effet la loi ne reconnaissait nulle part les pouvoirs surnaturels quels qu'ils soient, et la revendication de tels pouvoirs qui s'exerçaient contre de l'argent constituait un crime en soi.
Par les nombreuses séances de spiritisme auxquelles assistent les deux principaux protagonistes, deux journalistes eux-mêmes tout d'abord sceptiques mais à l'esprit ouvert, on entre de plein pied dans un monde qui nous est fermé si l'on n'a pas eu l'envie ni la curiosité d'y entrer. On apprend alors que la possibilité d'établir une connexion entre les vivants et les morts serait une question de sphère, en sachant que le monde serait entouré de sept sphères, avec l'idée que la septième sphère, autrement appelée le septième ciel, serait le lieu où se trouve le Christ. Un lieu où « Tout le monde y monte à la fin. Vous, moi, tout le monde… »
De ces séances émergent aussi des messages. Des messages apaisants pour les communs des mortels. Ainsi il ne faut pas avoir peur de la mort car il y a une vie dans l'au-delà. L'esprit s'y élargit, élargit ses vues jusqu'à tendre vers un credo universel qui inclut seulement la fraternité des hommes et la paternité de Dieu. Les esprits illuminent quotidiennement des milliers de vies par le réconfort qu'ils apportent ; et de dire alors que le spiritisme ne s'oppose pas à la religion, mais qu'au contraire il ne ferait que confirmer l'existence de Dieu. Mais dans ce roman il y a également en filigrane des questionnements sur ce que nous avons fait de ce monde et sur la façon de vivre sa religion avec une très jolie phrase à ce sujet : « Toutes les religions sont bonnes si elles vous rendent meilleurs. »

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Étonnée des notes, étoiles que l'on donne à l'oeuvre (oui, nous sommes assez prétentieux pour penser pouvoir juger un tel écrivain), je me suis plongée dans le monde du spiritisme. Beaucoup de personnes ont avancé le fait que cette aventure était une propagande pour ce mouvement et ont stoppé la lecture.

Pour ma part, il me semble que c'est l'arbre qui cache une bien plus intéressante forêt.

Nous nous trouvons face à Malone, ami de Challenger et Enid, fille de Challenger qui font une enquête sur les sectes et les nouvelles églises émergentes. le professeur, lui, ne peut que rire de ces fous qui pensent qu'il existe une vie après la mort. Pour l'homme de science, ce sont aussi des charlatans sans scrupules. C'est l'esprit ouvert, malgré tout rationnel que nos deux journalistes farfouillent dans la vieille Angleterre.

L'écriture de Sir Conan Doyle est de son époque, si vous aimez la simplicité et la conjugaison simple, passé votre chemin. J'ai apprécié les apartés qu'il fait avec son lecteur, un procédé que l'on voit moins aujourd'hui. Si l'histoire est dans le mode science-fiction (et oui, ce fut sa classification de genre) elle est aussi un récit philosophique, théologique et une critique de la société dans laquelle l'auteur évoluait. Il sait de quoi il parle, car en tant que médecin, il a côtoyé les bas fonds, les bourgeois ainsi que les nobles.

Après l'avoir lu ainsi qu'analysé... comment peut on lire cette histoire en n'en contemplant que sa surface ? Dès les deux premiers chapitres, on met la lumière sur l'ouverture d'esprit et l'analyse des choses dont l'humain devrait se pourvoir. Deux mondes s'affrontent (enfin, c'est à chaque fois des duels, si vous lisez le livre vous comprendrez vite ce que je veux dire) : Les matérialistes qui sont sûrs qu'il n'existe pas de vie après trépas et les spirites qui pensent que la conscience survie après la mort.

Cela pourrait expliquer pourquoi les lecteurs se sont arrêtés à cette dimension-là... sauf qu'à bien y regarder, on se trouve aussi face à l'image d'une société qui stagne, qui ne s'appuie que sur ses propres certitudes sans chercher plus loin. L'image du doute que l'on trouve dans les personnages de Malone et Enid (et pas qu'eux d'ailleurs) véhicule l'idée que l'on ne peut évoluer qu'en posant des questions sans aucune certitude de vérité statique, bien au contraire.

Le professeur Challenger représente l'homme que l'on écoute, que l'on craint, un pair du royaume. Lorsqu'il affirme quelque chose, on n'approuve sa parole. C'est justement ce que reproche l'auteur. Il stigmatise l'immobilisme d'un pays, d'une société à travers le professeur. On ne réfléchit plus. On ne cherche pas à comprendre l'autre ou la nouvelle possibilité. On reste immobile sur ses acquis. le conflit entre la science et le spiritisme n'est qu'un prétexte pour la critique.

Cela va ? vous tenez bon ? Vous ne vous ennuyez pas ? Je vous laisse deux minutes pour aller boire un verre d'eau. Il est dit que le lecteur du net ne tient pas plus de 250 caractères dans les messages et qu'il lui faut des images... pas de bol ^-^ Continuons !

Malone et Enid représentent donc la curiosité, l'envie de découvrir, d'aller plus loin que ce que l'on sait déjà. Il faut reconnaître qu'ils sont dubitatifs au début... et franchement c'est génial, car automatiquement, vous avez un débat qui s'ouvre entre des personnages venant de castes sociales très différentes. Les points de vue se tiennent parfaitement et vous obligent à réfléchir. L'auteur aurait pu faire de Malone un converti au spiritisme tout de suite. Cependant, en faisant cela, Sir Conan Doyle s'ôtait la possibilité de mettre en lumière chaque avis totalement recevable.

Un dialogue m'a subjugué (en fait, pas qu'un !) le voici :

[Le monde de la science est à la base de notre matérialisme. Il nous a aidés à nous procurer le confort ; la question est de savoir si ce confort nous sert à quelque chose. Mais par ailleurs, le monde scientifique s'est comporté pour nous comme une véritable malédiction, il est surnommé le progrès, et il nous a communiqué l'impression fausse que nous progressons, alors qu'au contraire nous sommes en pleine régression.]

Humm un certain Albert Einstein pensait ainsi également. Vous vous rendez bien compte que nous ne sommes plus dans du spiritisme, mais bien dans un questionnement du bien et du mal qu'engendre le "Progrès", selon son utilisation (tiens... pourrait-on parler de la bombe atomique ?? ah bah non... le livre fut écrit en 1926). Il faut savoir que la suite du dialogue est passionnante, car il admet qu'on a besoin de ce progrès et les deux parties se retrouvent à philosopher sur ce qui pourrait être la mission de l'Homme sur cette terre. Peut-on rejeter la science et ses bienfaits parce que le matérialisme en fait un produit de richesse ? Perd-on son humanité en oubliant l'essentiel de notre existence, ses valeurs ?

Je ne vais pas tout vous décortiquer, car ce n'est plus un article que je vais écrire mais bien un nouveau roman.

Sir Conan Doyle n'est pas méchant avec l'église, il lui trouve juste trop de similitudes avec le matérialisme. On ne sort pas du Dogme. On le suit à la lettre, à la virgule près. Cela est ainsi et pas autrement. Pourtant, des débats théologiques palpitants et endiablés (oui, j'ai osé niark niark niark) se révèlent dans cette oeuvre. J'ai même appris des choses sur la religion catholique.

Tout est critique d'un monde figé dans ce livre. Les médias possédés par des hommes qui décident de ce que l'on doit penser en fonction de leurs propres intérêts. Ils font taire les avis contraires, tournent en ridicule ce qui ne va pas dans leur sens, manipulent la populace crédule ou sans recul, binaire (tout est blanc ou noir), lui fait croire qu'elle a pensé par elle-même. La justice et la police y passent aussi. Les lois et les convictions qui les animent sont désuètes et d'une autre époque.

Nous ne sommes pas, à mon avis dans l'apologie du spiritisme, même si l'auteur en fut un adepte, mais bien dans une réflexion sur la société et l'Homme.

J'ai trouvé très intelligent de la part de l'auteur de montrer à travers l'extrémisme buté du Professeur Challenger, que le monde ne pouvait pas évoluer, la société ne pouvait pas aller mieux si l'on n'acceptait pas de communiquer et d'écouter les arguments de autres... sans tenir compte de leurs origines sociales ou ethnique. C'est assez terrible que ce personnage garde son extrémisme. Il n'a rien compris à l'importance de ses choix. il reste dans des certitudes. Il s'y cloisonne.

Alors oui... l'histoire est basée sur du spiritisme, des fantômes, des pouvoirs, des guerres d'influences également... Seulement ce n'est pas que cela, c'est aussi un magnifique questionnement sur la société, qui résonne avec force aujourd'hui encore en 2020.

Serions-nous tous des matérialistes incapables d'évoluer et forts de nos certitudes ?
(sujet de philo, vous avez deux heures pour plancher)

Merci de m'avoir lu jusqu'au bout... et si vous avez vu autre chose dans ce livre... venez en discuter tranquillement ^-^

Ouvrons le champs des possibles.
Lien : http://alvyane.e-monsite.com..
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Comme beaucoup, j'ai découvert Arthur Conan Doyle grâce à ses livres mettant en scène le célèbre détective Sherlock Holmes.
Au pays des brumes" porte sur le mouvement spirite très en vogue dans l'Angleterre de l'époque.

Le Professeur Challenger nous est présenté comme le protagoniste du roman, mais nous ne le voyons que très brièvement dans les premiers chapitres et dans la dernière partie du livre où lors de la confrontation finale, il représentera le matérialiste terre à terre, se jugeant comme un scientifique à l'esprit rationnel face au spiritisme.
Malone (le véritable protagoniste) et Enid (fille du Professeur Challenger) sont journalistes et rencontrent divers interlocuteurs du mouvement pour évaluer si ce sont des imposteurs usant de tours de passe-passe ou s'ils disposent vraiment d'un don pour communiquer avec les esprits. Malgré son scepticisme, Malone fera preuve d'ouverture d'esprit et assistera à plusieurs réunions de spirites afin de se forger sa propre opinion sur le sujet.

J'ai presque regretté de m'être renseigné pendant ma lecture sur Arthur Conan Doyle et d'avoir découvert qu'il était un fervent partisan et défenseur du spiritisme laissant imaginer que son récit pourrait manquer d'objectivité. En effet, Malone et Enid d'abord dubitatifs se laisseront peu à peu convaincre de l'existence d'esprits et du sérieux du spiritisme au fur et à mesure qu'ils se retrouveront face à des preuves concrètes.
Alors que le Pr Challenger est un opposant total et ne veut rien avoir à faire avec ces pratiques, les deux personnages représentent une sorte d'équilibre entre les deux pensées, car ils sont suffisamment lucides et de bonne foi pour accepter qu'il y a une vérité dans ce qu'ils ont vu et entendu tout en admettant que les duperies sont bel et bien présentes. D'ailleurs, l'auteur souligne bien dans son récit l'existence de charlatans dépourvus de dons et ne voulant que soutirant de l'argent aux plus crédules, ce qui contribue à ruiner la réputation de vrais médiums et du mouvement.

Le souci qui s'est posé pendant ma lecture est que n'étant moi-même pas convaincue par le spiritisme, j'ai eu du mal à accrocher à l'atmosphère générale et certains passages m'ont même un peu dérangée. Par exemple, Malone se retrouve à un moment en conversation avec Monsieur Linden, un médium pour lui proposer de réaliser une séance avec le Professeur Challenger. Celui-ci accepte, mais uniquement s'il peut réussir à le "convertir".
C'est pourquoi, je pense que ce livre est largement plus appréciable si on omet le fait qu'Arthur Conan Doyle était pratiquant du mouvement et en le prenant comme une lecture surnaturelle teintée d'humour, d'ironie et de réflexions intéressantes sur la société.
Ainsi, on soulève des thématiques intéressantes comme la façon dont ce mouvement était vu d'un mauvais oeil par l'église chrétienne ou le conflit opposant les partisans du spiritisme et les matérialistes sceptiques refusant de donner une chance de croire ce qui sort de leur cadre de compréhension.
A travers certains personnages de son histoire, l'auteur nous a livré quelques tirades philosophiques pleines de sens et poussant à la remise en question de notre société comme le passage où Malone déplore que les humains ont souvent utilisé le progrès et la science pour détruire plutôt que pour engendrer des résultats positifs.
En passant au-delà des arguments cités plus hauts, "Au pays des brumes" aborde ainsi un sujet passionnant et plus rare, le traite de manière réaliste en le dépeignant tel qu'il était ressenti à l'époque. le livre est également très bien rédigé et se lit facilement.
Pour finir, je remercie Babelio et les éditions OKNO pour l'envoi de ce livre lors d'une masse critique.
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A près avoir refermé ce roman, la première réflexion que je me suis faite c'est que Sir Arthur Conan Doyle a mis beaucoup de lui entre ses pages. Sous des airs divertissants, c'est en fait un livre très personnel.
Je savais que l'auteur avait lui-même été un farouche supporter du mouvement spiritualiste – duquel il s'était probablement rapproché après avoir subi de nombreuses pertes parmi ses proches – et cette lecture est venue confirmer que c'était pour lui bien plus qu'un simple hobby.
Bien qu'ayant été éduqué dans de écoles catholiques et se définissant comme agnostique, Sir Arthur Conan Doyle s'est intéressé de près au spiritualisme – qui, aux Etats-Unis et en Angleterre était considéré comme un mouvement religieux à part entière et a connu son apogée entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe – et a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Les notes de fin d'ouvrage explicitent le fait que ce roman est directement issu de ses recherches et expériences personnelles, ce qui lui donne une valeur toute particulière.

Bien que « Au pays des brumes » soit présenté comme « une nouvelle aventure du Pr Challenger », ce dernier n'est finalement qu'un personnage secondaire incarnant le camp des sceptiques et détracteurs du spiritualisme. Doté d'un fort caractère et d'une personnalité marquée, il a pour habitude de parler fort et de dire tout haut ce qu'il pense, quelles qu'en soient les conséquences pour son entourage. Personne n'est à l'abri de ses débordements, pas même sa chère fille Enid. Scientifique respecté, il s'oppose férocement à l'idée que les spiritualistes puissent être dans le vrai, pour lui tout n'est que tromperie et poudre aux yeux.
Le véritable personnage principal n'est autre que Malone. Présenté comme un ami proche de Challenger, il est très lié à la fille de celui-ci. C'est d'ailleurs les services d'Enid qu'il s'adjoint lorsqu'il décide de passer outre son scepticisme pour enquêter objectivement sur le milieu du spiritualisme. Son approche honnête et professionnelle lui permet d'accéder sans difficulté aux réunions d'habitude réservées aux initiés, et donc de prendre ses informations directement à la source, auprès de spécialistes et de figures du mouvement.
Il devient donc le témoin privilégié de phénomènes surprenants qui ébranlent rapidement ses croyances et lui ouvrent les portes d'une toute nouvelle réalité.

Ce livre de Sir Arthur Conan Doyle est intéressant par bien des aspects.
J'ai tout d'abord été happée par la plume de l'auteur dés les premières pages. Son écriture est prenante, vivante et chaleureuse, et ses personnages hauts en couleur. Je pense personnellement qu'il a mis beaucoup de lui-même dans la création du Professeur Challenger et de Malone, chacun d'eux le représentant à une période de sa vie et de son cheminement par rapport au spiritualisme.
Certains passages sont drôles, d'autres donnent quelques frissons, d'autres encore font réfléchir… On ne s'ennuie pas!
J'ai également beaucoup apprécié que Conan Doyle présente des faits établis et vérifiés dans ce qui se révèle être un véritable plaidoyer en faveur du spiritualisme. Même s'il a modifié certains noms en les intégrant à son récit, beaucoup de personnes citées ont réellement existé et ont été des pionnières et des piliers du milieu, que ce soit en Angleterre ou en France ( entre autres ). Que l'on adhère ou pas aux principes du mouvement, on ne peut qu'être intéressé par l'aspect historique des choses. Personnellement je dois avouer que ça m'a donné envie d'approfondir le sujet ( qui m'intéresse déjà pas mal à la base ).
En dehors de l'implication très personnelle de l'auteur et du côté réaliste des choses, ce roman est un livre très divertissant. On prend plaisir à suivre les aventures de Malone parmi les spiritualistes, à découvrir une galerie de personnages tous très différents aux histoires captivantes, et à frémir devant l'évocation de faits surnaturels.
Le seul petit point négatif que j'ai relevé est que, de par sa construction, « Au pays des brumes » ressemble finalement plus à un recueil de nouvelles mettant en scène les mêmes personnages qu'à un véritable roman fluide et cohérent de A à Z. Mais ça ne gène en rien le plaisir pris lors de la lecture.


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
– Est-ce qu’il appelle cela la fin du monde ?
– Non, une nouvelle naissance du monde. Naîtra alors le vrai monde, le monde conforme aux désirs de Dieu.
– C’est un message épouvantable. Mais qu’est-ce qui ne vas pas ? Pourquoi un jugement aussi terrible serait-il prononcé ?
– Le matérialisme, le formalisme rigide des Églises, l’altération de tous les mouvements de l’esprit, la négation de l’Invisible, le scepticisme méprisant qui accueille cette nouvelle révélation… Telles sont, selon lui, les causes.
– Mais le monde a été sûrement pire auparavant !
– Mais jamais avec autant d’atouts. Jamais avec l’éducation, le savoir, la soi-disant civilisation qui auraient dû mener l’homme sur des plans supérieurs. Regarde comme tout a été dévié vers le mal. Nous avons conquis la science de l’aéronautique : nous nous en servons pour bombarder des villes. Nous avons appris à naviguer sous l’eau : nous en profitons pour massacrer des marins. Nous maîtrisons les produits chimiques : c’est pour en faire des explosifs ou des gaz 226 asphyxiants. Tout va de mal en pis. Actuellement, chaque nation sur la terre recherche secrètement comment elle peut le mieux empoisonner les autres. Est-ce que Dieu a créé la planète pour cette fin, et est-il vraisemblable qu’il tolérera une pareille dégradation ?
– Est-ce que c’est toi ou Miromar qui parle maintenant ?
- Ma foi, j’ai beaucoup médité là-dessus, et toutes mes pensées s’accordent avec ses conclusions. J’ai lu un message spirituel écrit par Charles Mason : « Pour un homme comme pour une nation, le danger commence à partir du moment où l’intelligence se développe au détriment de l’esprit. » N’est-ce pas exactement l’état actuel du monde ?
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Le Pr Challenger n’avait pas l’amitié facile. SI vous vouliez devenir son ami, vous deviez consentir à être aussi son protégé. Il n’admettait pas d’égaux. Mais en tant que patron il était superbe. Avec son air jupitérien, sa colossale condescendance, son sourire amusé, son allure générale d’un dieu qui visitait les mortels, il pouvait se montrer d’une amabilité accablante. Mais en retour il exigeait certaines qualités. La stupidité le dégoûtait. La laideur physique le rebutait. L’indépendance lui faisait horreur.
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-Estimez vous que la poésie est une bonne chose ?
-Bien sûr !
-Et pourtant Poe était un ivrogne, Coleridge s'adonnait aux stupéfiants, Byron était un viveur, et Verlaine un dégénéré.
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-Dans la nuit vous êtes passée dans l'au-delà ,madame.
-Passée? Vous voulez dire que je suis morte?
-Au bout d'un silence prolongé, un cri sauvage retentit :
-Non,non,non!C'est un rêve!Un cauchemar!Réveillez-moi!Réveillez-moi!Comment pourrais-je être morte?Je n'étais pas prête à mourir!Jamais je n'avais pensé que je mourrais! Si je suis morte ,pourquoi ne suis-je pas au ciel ou en enfer ? Quelle est cette chambre? Cette chambre est une vraie chambre!
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– Estimez-vous que la poésie est une bonne chose ?
– Bien sûr !
– Et pourtant Poe était un ivrogne, Coleridge s’adonnait aux stupéfiants, Byron était un viveur, et Verlaine un dégénéré. Il faut toujours séparer l’homme de son art. Le génie doit payer une rançon parce que le génie réside dans l’instabilité d’un tempérament.
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