AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Syl


Le pensionnaire en traitement

« – Mais que dois-je faire ?
– Voilà. Je loue une maison. Je la meuble. Je paie les domestiques. Je me charge de toutes les dépenses. Tout ce que vous aurez à faire consistera à être assis sur un fauteuil dans votre cabinet de consultations. Vous aurez de l'argent de poche et tout ce dont vous aurez besoin. Puis, vous me versez les trois quarts de vos honoraires et vous gardez le quatrième quart pour vous… »

Il est difficile pour Watson de rapporter dans le détail les enquêtes de Holmes car il ne voudrait pas que les lecteurs trouvent ses écrits confus. Que mettre en avant dans ses chroniques ? Simplement les faits concrets ou la tortuosité des brillantes analyses du détective ? Bien souvent les deux se combinent, et alors, le dilemme devient épineux.
C'est ce qu'il explique avant d'entamer son récit, une histoire bien surréaliste qui trouve un dénouement beaucoup moins fantaisiste.

Nous sommes en octobre, il fait froid, il pleut, et les deux amis pour passer le temps discourent sur « les pensées exprimées ». L'expression des sourcils peut en dire plus long que les mots avec la langue… En cela, Holmes est champion !
Après s'être dégourdis les jambes dans les ruelles sombres de Londres, à observer et à décrypter la physionomie des passants, ils retournent à Baker Street où ils reçoivent le docteur Perçy Trevelyan, venu sur la requête de son employeur. le jeune homme, la trentaine un peu défraîchie, commence à raconter nerveusement les raisons de sa présence avant de les prier de l'accompagner à Brook Street…

Sans fortune pour continuer ses études sur les maladies nerveuses, et sans fonds pour ouvrir son propre cabinet, Trevelyan avait accepté la surprenante proposition de Mr. Blessington, une personne étrange mais sympathique, qui lui offrait le gite et le couvert, rémunération comprise, pour s'occuper de lui, en plus de la possibilité d'accueillir une clientèle extérieure. Depuis deux ans, le vieil homme (que Trevelyan appelle le pensionnaire en traitement) et lui avaient instauré une petite routine qui n'avait rien de déplaisante, et le cabinet avait acquis une belle clientèle. Mais ce n'est que récemment que tout s'était grippé lorsque Blessington s'était aperçu qu'un intrus était rentré dans sa chambre. Très nerveux et craignant pour sa vie, il lui avait alors demandé d'aller chercher Sherlock Holmes sur le champ, ce que Trevelyan s'était aussitôt empressé de faire, très décontenancé par sa réaction excessive et inquiet pour sa santé.

Sans perdre de temps, Holmes, Watson et Trevelyan partent retrouver un Blessington toujours stressé mais peu enclin à répondre avec franchise aux questions de Holmes. On pourrait alors penser que Holmes s'est déplacé pour rien, sauf qu'en repartant de chez Blessington, il avait déjà élucidé une partie de l'affaire, une affaire mettant en cause deux Russes, un fils et un père, venus consulter pour un problème de catalepsie. Jusqu'au lendemain matin où Trevelyan le rappelle… Blessington s'était pendu dans sa chambre, dans le courant de la nuit.

« – Je suis dans l'impossibilité de vous conseiller si vous essayer de me mentir, dit-il.
– Mais je vous ai tout dit !
Holmes vira sur ses talons avec un geste de dégoût.
– Bonne nuit, docteur Trevelyan ! fit-il
– Et vous partez sans rien me dire ? s'écria Blessington d'une voix brisée.
– Je n'ai qu'un conseil à vous donner, monsieur : dites la vérité. »

Un suicide ? Bien sûr que non ! et en quelques explications, Holmes dénoue le noeud du problème.



(Chers lecteurs qui passaient par là, ne m'en veuillez pas… le billet est presque aussi long que la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle !)
L'intrigue n'a pas une trame théâtrale, ni une conclusion qui peut sembler un peu simple, mais l'intérêt de cette enquête, qui réside surtout dans son ambiance mystérieuse, son approche et sa progression, n'est pas « qui a tué qui ? », mais « pourquoi ? ». Dans la plupart des histoires, il y a toujours un crédule qui amène l'affaire et un rusé, un malfaiteur, qui la conclut. Celle-ci renvoie les personnages du drame quelques années en arrière, avec pour mobile du crime, la vengeance.
La nouvelle est parue en 1893 et a été éditée dans le recueil des mémoires. Une histoire que je vous recommande… encore !
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}