![]() | lrntv 25 juillet 2020
Diverses versions de chacune de ces huit remarques sont présentes de manière récurrente à travers toute son œuvre. En effet, tout au long de sa vie, Orwell, pour assurer son existence, écrit comme un forcené dans divers hebdomadaires des chroniques, des éditoriaux et des critiques de livres, se plagiant souvent lui-même d’un texte à l’autre. Il en résulte dans son œuvre une extraordinaire quantité de répétitions des idées auxquelles il tenait le plus (souvent mot pour mot). Des versions des remarques 1″ à 8" figurent à diverses reprises dans ses articles de presse et, comme il réécrivait ses articles sous forme d’essais mûris et achevés, et qu’il transposait des passages entiers de ses essais dans ses romans, tous se retrouvent dans ses essais et ses romans. […] Remarque 1″ : Le sentiment que le concept même de vérité objective disparaît du monde est terrifiant, et il doit l’être. Remarque 2″ : Les faits existent indépendamment de nous, et nous pouvons plus ou moins les découvrir. Remarque 3″ : Il faut sans cesse lutter pour effacer les distorsions qui affectent notre vision des faits et qui sont dues à notre personnalité aussi bien qu’aux diverses formes de préjugés et d’illusions sur soi dont tout observateur est nécessairement victime. Remarque 4″ : Certains problèmes moraux ne sont pas insolubles. Il est possible de voir l’immoralité innommable de certaines actions. Remarque 5″ : Il y a des vérités historiques objectives. Les faits historiques sont indépendants de ce que nous disons ou croyons qu’il est arrivé dans le passé. Remarque 6″ : Il existe un lien important entre politique et littérature. La littérature constitue un moyen de combattre un certain type de corruption du langage qui facilite la tâche de ceux qui cherchent à cacher la vérité. Les ennemis de la liberté intellectuelle cherchent donc à tenir la question « vrai ou faux ? » aussi loin à l’écart qu’ils le peuvent quand ils discutent aussi bien de politique que de littérature. Remarque 7″ : Le personnage principal de 1984 est le dernier être humain en Europe, le seul gardien qui reste de l’esprit humain. Un libéral est quelqu’un qui pense que l’esprit humain ne survivra qu’aussi longtemps que nous concevrons la vérité comme quelque chose qui est à découvrir, et non comme quelque chose que nous fabriquons selon les circonstances. La pire chose que nous puissions faire, ce n’est pas être cruel mais saper la capacité de quelqu’un à concevoir la vérité en ces termes. Remarque 8″ : La bonne prose est comme un carreau de fenêtre. Elle rend la vérité manifeste et intégralement visible. + Lire la suite |