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J'ai découvert la littérature antillaise à la Fac. C'est dire si ça remonte ! J'ai de suite été attirée par cette ambiance magique, associée à la réalité, faisant du petit monde insulaire un peuple évoluant entre onirisme et dure réalité de la vie.

Francis Sancher est mort, assassiné. Comme il est de coutume, une veillée funèbre s'organise. Mais qui est le défunt ? Visiblement, un écrivain, et peut-être même celui qui est en train d'écrire le livre. Mais pourquoi est-il venu dans cette petite communauté de Rivière au Sel ? Chacun y va de son récit, racontant le passé du mort et ce qu'il a apporté. Les points de vue, positifs et négatifs, s'enchevêtrent. Nous avons affaire à une vingtaine de personnes, une vingtaine de voix. On comprend dès lors le titre : les narrations sont comme le rhizome de la Mangrove.

Entre mystères et déceptions, le roman laisse découvrir une Guadeloupe certes luxuriante mais complexe : complexité de ses habitants, des moeurs, de la culture...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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C'est mon petit Théo qui m'a menée vers cette lecture. Je viens de lire, de la même auteure, avec lui « Rêves amers » qui nous a beaucoup plu et fait réfléchir sur la condition humaine, et subitement je me suis souvenue que dans les tréfonds de ma Pal un livre de Maryse Condé m'attendait depuis des années. J'ai des trésors incroyables dans ma Pal !


En cette veillée mortuaire, chacun tour à tour va prendre la parole en son for intérieur pour nous parler de Francis Sancher, retrouvé mort la face enfouie dans la boue grasse, pour évoquer leur rencontre et leur ressenti vis à vis du défunt. Certains l'ont aimé et beaucoup detesté.
On est étonné de la version de chacun et l'on se dit que définir une personne est un processus bien personnel et soumis aux interactions que chacun à avec l'autre. de plus, Francis Sancher incarne l'étranger par excellence, il est différent des îliens et dérange par sa pratique.
« Sans doute parce qu'il venait d'Ailleurs. D'Ailleurs. de l'autre côté de l'eau. Il n'était pas né dans notre île à ragots, livrée aux cyclones et aux ravages de la méchanceté du coeur des Nègres. »
Mais chercher l'autre c'est aussi se chercher soi-même et découvrir ainsi de quel bois on se croit fait.

C'est aussi à travers les révélations de chacun, toute une peinture de la société guadeloupéenne qui est brossée. On y découvre les anciennes rancoeurs contre l'esclavagisme, le racisme, la couleur de peau, la multiplicité des sangs mêlés et les différentes identités qui peuplent cette île.

Un roman choral d'une écriture très poétique, hautement colorée d'expressions créoles (et expliquées), et révélatrice des tensions internes de cette île papillon, richement décrite pour en évoquer la luxuriante nature.
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C'est une veillée funéraire, sans famille éplorée ni pleureuses. Pendant que les femmes prient, les hommes boivent du rhum. Au cours de la nuit les voisins, habitants de Rivière au sel racontent :

Francis Sancher est vient de Cuba, a parcouru l'Afrique. Il  a débarqué à la propriété Alexis, lieu abandonné, peut-être hanté, il ne cherche pas à se lier avec ses voisins, exerce une certaine fascination surtout sur les femmes.

Roman choral.  Chacun livre sa version de l'histoire de Francis Sancher, et en même temps, se raconte. Diverses personnalités composent cette société métissée. Aussi bien, le propriétaire de la pépinière qui a l'ambition d'exporter ses fleurs jusqu'à la cour de la Reine d'Angleterre, Sylvestre le "zindien", Léocadie l'institutrice, Désinor le travailleur haïtien exploité qui rêvait de New York, Cyrille, le conteur, Sonny le demeuré, Xantippe l'homme des bois, le sauvage, aussi bien que les intellectuels Emile Etienne l'historien, Lucien, le révolutionnaire....Et les femmes souvent mariées très jeunes, femmes délaissées ou mères déçues, secrètement (ou pas) amoureuses de Francis Sancher. On devine de lourds secrets de famille. l'histoire et la politique affleurent dans les récits.

Il en résulte un livre passionnant, riche, qui soulève différents thèmes : le racisme toujours présent même si les sangs sont mêlés et les couleurs de peau nuancées, la lutte des classes, déclassement de l'ancien béké qui s'est allié à une femme noire, zindiens parvenus, allers et retours en métropole, négritude ou créolisation?

Et décor naturel luxuriant aux flancs du volcan, cultures de canne ou de bananes....

Un véritable coup de coeur pour le style inimitable de l'écrivaine!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Challenge MULTI-DEFIS 2016
Item : Un livre d'outre mer (DOM / TOM)

Rivière au Sel, un matin. le cadavre de Francis Sancher est découvert. Lui qui fut la source de tant de ragots, de tant de calomnies, lui qui déchaina les passions, lui qui collectionna les ennemis plus que les amis repose désormais dans son cercueil. Autour de lui, les habitants veillent tout en se remémorant l'intrusion heureuse ou malheureuse que fut Francis Sancher dans leur vie. Autant de témoignages que de vaines tentatives de raconter cet homme mystérieux dont personne, au fond, ne savait rien mais qui, étrangement, initia en ces témoins un profond bouleversement.

Un roman chorale où les voix chantent une Guadeloupe marquée par l'esclavage, l'importance du sang et de la peau, le rejet de l'étranger et de la différence, les mariages sans amours, les espoirs comblés ou brisés, la politique et l'économie locale. Un roman végétal où la faune mais surtout la flore est omniprésente avec cette forêt dense où les destins se forgent.

Intriguant dans sa construction, envoûtant dans sa prose, "Traversée de la Mangrove" est une vraie belle découverte de l'oeuvre de Maryse Condé.
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Francis Sancher, un mystérieux étranger installé dans les environs du village de Rivière au Sel en Guadeloupe, est retrouvé mort, victime d'une rupture d'anévrisme. Dans ce roman, Maryse Condé analyse les différents ressentis des personnes ayant côtoyé cet homme, un pseudo écrivain, qui suscitait la méfiance, au point que les rumeurs les plus invraisemblables circulaient à son sujet…
Il s'agit du premier livre que je lis de la romancière. J'ai été subjuguée, comme envoûtée par son écriture, mêlant élégamment le français au créole, dans un style étonnant empreint d'une délicieuse fraîcheur et d'une grande spontanéité. Cette lecture m'a littéralement propulsée dans cet archipel des Caraïbes, ce papillon des îles aux couleurs chatoyantes et aux ailes déployées sur la mer.

Il est intéressant de voir avec quel détachement et quelle désinvolture la narratrice parle de la condition des Noirs, qualifiant les iliens de nègres (sic) et ceux établis en Métropole de négropolitains (sic). Visiblement, en Guadeloupe, le terme « nègre » ne revêt aucune connotation raciste, tout du moins lorsqu'il est employé par la population locale. le récit évoque, non pas une quelconque forme de racisme, mais plutôt une certaine défiance vis-à-vis des blancs et des étrangers. Par ailleurs, il retranscrit avec beaucoup de réalisme et de profondeur, les moeurs et les états d'âme des guadeloupéens, encore très fortement marqués, de nos jours, par les traditions et les croyances ancestrales.
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Excellent bouquin! On est plongé tout de suite dans l'atmosphère mystique du roman avec ses paysages luxuriants, ses personnages tourmentés et malheureux. L'écriture est percutante et suscite l'émotion comme toujours avec Maryse Condé.

Un roman assez complexe dans sa structure, un enchevêtrement de témoignages, qui n'est pas sans rappeler l'excellent Texaco de Patrick Chamoiseau publié un an plus tard. On est entre roman détective et fresque sociale de la Guadeloupe, mon île natale. le nombre de personnages m'a un peu désorienté cette fois, je n'ai pas accroché autant qu'avec la saga de Ségou et Tituba, moi sorcière.
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Le cadavre de Francis Sancher, ou bien Francisco Alvarez-Sanchez comme il avoue se nommer à Moïse, le facteur, est retrouvé dans la boue au milieu de la mangrove. Sa mort met en émoi le village de Rivière-au-Sel, sur Grande-Terre, Guadeloupe, où la vie de cet homme, venu de Cuba quelques années auparavant, a défrayé la chronique. le temps de la veillée funèbre voit se rassembler tous ceux qui l‘ont connu de près ou de loin. Les ragots circulent et ils sont nombreux tant le personnage était tissu de contradictions. Ange ou démon ? Chacun s'exprime tour à tour dans ce roman à multiples voix. Les nombreuses facettes de ce personnage nous sont révélées petit à petit, au travers de la vision toute personnelle que chacun a pu en avoir, mais le mystère demeure jusqu'au bout. Un roman pétri de poésie, qui se lit toutefois comme un véritable roman policier à énigmes. Par bonheur, et contrairement à nombre de ses autres romans, les expressions créoles font l'objet de notes en bas de page qui éclairent le lecteur égaré dans la touffeur caraïbe…
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Quelle échappée que Rivière-au-sel.
L'oeuvre s'ouvre sur la mort de Francis Sancher, un cubain qui échoue en Guadeloupe pour supporter au mieux un passé lourd de souffrance. Un passé mystérieux qui construit le personnage d'une manière énigmatique qui nous échappe. Mais cet homme, beau, froid, distant et tantôt bavard, tantôt muet, est la réunification d'un petit village victime des préjugés et des déchirements.
Chaque chapitre relate l'histoire d'un de ses habitants. Il y a les anciens amis de Francis, ses amis, ses femmes et ses ennemis. Maryse Condé par ce procédé rappelle au lecteur qu'il ne faut pas juger une personne à l'aide d'un seul regard. Il faut connaître son histoire, ses rapports, ses paroles. Il est donc très agréable de découvrir de différentes facettes ce personnage qui semble au premier abord sans émotion.
Mais ce qui est encore plus poignant et saisissant dans ce roman, c'est comment la mort d'un seul homme remet en cause la vie de plusieurs autres personnes. Toutes se souviennent de leur histoire avec le jeune homme. Ce qu'il leur a apporté ou ce qu'il leur a retiré. Ils se remémorent ses paroles et ses silences. Puis peu à peu en découle une réflexion personnelle qui changera à jamais leur vie.

Traversée de la Mangrove est beau. de part son écriture et son fond. Il permet un voyage dans la faune et la flore de la Guadeloupe, mais aussi un voyage en nous et de notre rapport avec les autres.
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Excellente lecture. le ton est très poétique. La description de la nature est vivante et onirique, on a l'impression effectivement de faire une traversée de la Mangrove à un rythme lent et apaisant au travers des différents personnages qui prennent tour à tour la parole. Il y a un lien fort entre l'environnement et leur vie. C'est d'une profondeur incroyable, il n' y a ni bons ni mauvais, juste des hommes et des femmes avec le poids et la beauté de la vie sur les épaules. Je suis vraiment saisie par ce constat ! On voit comment leurs vies s'entremêlent avec celle de Francis Sancher sur lequel subsiste le mystère : mais qui était-il ? Qu'était-il venu faire ici ? C'est à la fois complexe et claire. Un véritable opéra !!! Je le classe parmi mes livres préférés !
C'est onirique, magique, profond, empreint de sagesse et bien ancré dans l'âme humaine. Si un jour, je réussis à écrire une oeuvre pareille, je pourrais mourir en paix lol.
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Un homme est retrouvé mort peu après son installation dans un petit village.
Autour du cercueil, vingt personnes veillent le corps et racontent à tour de rôle ce qu'elles savent ou croient savoir, ce qu'elles pensent et ce qu'elles ont vécu lorsque l'homme était parmi elles.
L'espace d'une nuit, chacun se dévoile. Contradictoires ou complémentaires, les témoignages livreront quelques informations sur la mystérieuse dépouille, prétexte à diviser, prétexte à rassembler. Car le mystère est en effet l'objet du délit, en quelque sorte.
L'homme est étranger, il ne s'intègre pas au village et reste même à l'écart volontairement. Les bribes, comme distillées à chacun de ceux qui l'approchent de manière curieuse, agressive ou fortuite ne font que multiplier les interrogations concernant ses origines et ses desseins.
Le suspense est mené jusqu'à la fin où le mystère s'éclaircit à peine. Car si l'on apprend quelques détails sur l'inconnu, le plus important reste sa parole et ce qu'il avait à transmettre. Et en définitive : ce qu'il aura déclenché chez chacun individuellement.

Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2020/11/05/maryse-conde-traversee-de-la-mangrove/
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