Le recueil regroupe quelques textes sur les femmes et les filles du fameux mathématicien féministe de la fin du XVIIIème siècle (notamment ami d'Olympe de Gouges) Nicolas Condorcet :
Dans les extraits de "lettres d'un bourgeois de New Haven" (1787), il explique dans une argumentation bien de l'époque et parfaitement claire (il en est de même dans tous les autres textes) que l'intégration des femmes au droit de cité n'est que justice et que non seulement elles devraient pouvoir voter mais également pouvoir être élues, que les différences naturelles entre les sexes sont indéniables mais que pour tout le reste, c'est une question d'éducation.
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Sur l'admission des femmes au droit de cité" (1790) poursuit la thématique. Une petite citation au cas où vous n'auriez pas compris le bord du bonhomme : "Or, puisqu'il serait complètement absurde de borner à cette classe supérieure [celle des hommes très "éclairés"] le droit de cité, et la capacité d'être chargé de fonctions publiques, pourquoi en exclurait-on les femmes, plutôt que ceux des hommes qui sont inférieurs à un grand nombre de femmes ?" (p.41)
Il est ensuite question, dans les onze pages extraites du "premier mémoire" des "
cinq mémoires sur l'instruction publique" (1791), non seulement du droit à l'éducation des filles, mais en plus du droit à une instruction équivalente à celle des garçons. Il met en avant les nombreux avantages de la mixité à l'école (!!!) (autant financiers que moraux, culturels et scientifiques) Très beau plaidoyer !
Et enfin un texte d'à peine quinze pages divisé en cinq parties listant les cinq "Conseils à sa fille" (1794) : travailler pour s'assurer l'indépendance ; exercer son esprit et sa sensibilité avec les arts ; faire oeuvre d'une "bienfaisance éclairée par la raison, dirigée par la justice" ; conserver l'estime de soi ; être indulgent.
Ce que je trouve particulièrement touchant et puissant, c'est que ces conseils auraient vraisemblablement été les mêmes s'il s'était adressé à un fils (l'insistance sur le travail qui rend indépendant aurait peut-être été moindre, certes).
En résumé, un recueil court et efficace pour évoquer le statut de la femme et de la fille à l'époque révolutionnaire, et d'un point de vue masculin - ce qui n'est pas inintéressant - à l'heure où
Olympe de Gouges s'échinait à dénoncer leur situation et à défendre leurs droits.
Une lecture ou une étude d'un ou plusieurs textes accessible et profitable au lycée, notamment en Première (et pour tout type de lecteurs s'il s'agit d'une étude en classe), en lien avec le parcours "écrire et combattre pour l'égalité", en complément de la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges qui est au programme.