Botero dialogue avec Picasso

"je peins contre les tableaux qui comptent pour moi, mais aussi avec ce qui leur manque", résumait Picasso dans une formule lapidaire. Destructeur acharné des formes établies, il a mené sans discontinuer un dialogue tendu avec la grande tradition de la peinture. En rupture avec les procédés académiques, il a déployé une stratégie de transposition, de détournement et de dénaturation à l'égard de ses peintres de prédilection, tirant parfois leurs oeuvres du coté de l'ironie et du pastiche.

Les scènes de lupanard qui sont fréquentes dans sont oeuvres, comptent assurément parmi les compositions les plus complexes et les plus ambitieuses de Botero. elles lui permettent de catalyser en une seule images, tous les thèmes qio lui sont chers: le nu, le portrait, le groupe, la musique et la nature morte. Elles lui offrent également l'occasion de démontrer ses talents de praticien, dans sa manière d'orchestrer une scène à plusieurs figures et de créer des effets de perspective.

l'artiste crée un théâtre du monde, loin de toute préoccupation réaliste. il invente, tout en étant profondément ancré dans la réalité. il témoigne, il raconte mais jamais de façon purement littérale (à l'exception peut être de la série traitant des tortures infligées aux prisonniers irakiens par des militaires américains dans la prison d'Abu Grahib en 2005).

Avant tout passionné par la figure humaine, le grand sujet de son oeuvre, Botero a toujours multiplié les portraits et les autoportraits. dans un cas comme dans l'autre, la ressemblance ne l’intéresse pas. Tous les visages révèlent de l'imagination et de l'interprétation.

Fernando Botero s'est intéressé très tôt aux grands maitres de la peinture occidentale. Il réinterprète certains des plus grands chefs d’œuvre fortement ancrés dans notre mémoire collective et en livre une version personnelle au sens souvent détourné.