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3,63

sur 80 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tout d'abord un grand merci aux Editions Belfond et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Mrs Bridge de Evan S.Connell paru dans la collection vintage.
En premier lieu il est très important de rappeler que ce roman avec son pendant Mr Bridge est une oeuvre, parue en 1959," fondatrice de la littérature américaine d'après-guerre" (4ème de couverture).
Mrs Bridge , India pour les intimes, nous relate la vie d'une jeune femme qui ,après la mort de son père, épouse un jeune avocat promis à un bel avenir. Elle le suit bientôt à Kansas City où il ouvre son cabinet. Les années passent, les enfants naissent,école, réunion des parents d'élève, fréquentation des femmes du Country Club, l'entre deux- guerre .Mon Dieu, quel ennui ! Rien , il ne se passe rien .....j'ai bien cru que j'allais abandonner ma lecture mais heureusement j'étais mandatée et voilà tout à coup le déclic , à mi-livre le regard que Mrs Bridge porte sur le monde change ,oh pas brutalement je vous rassure mais petit à petit une rencontre,une amie , Grace Barron, juive et progressiste, une femme exilée venue d'Europe, un voyage en Europe avec son époux interrompu par l'invasion de la Pologne .Mrs Bridge en prenant des années, en voyant ses enfants grandir et prendre leur envol, prend soudain conscience du temps qui passe ... Qu'a t'elle fait , pour qui , comment, pourquoi, vers où va t'elle ? Que de questions souvent sans réponses.Un époux aimant mais trop absorbé par son travail et le désire de la combler financièrement , des enfants qui s'éloignent , l'âge et surtout l'ennui , les heures qui défilent et rien à faire, ne serait elle pas passée à côté de la vie ?
Un roman doux amer qui une fois terminé laisse 'un goût acre " en bouche , le deuxième volet de ce dytique vient aussi de paraître , le regard de Mr Bridge est certainement différent de celui de son épouse et ma curiosité me poussera sûrement à le découvrir .
Curieuse aussi de voir le film réalisé par James Ivory en 1990 avec Paul Newman et Joanne Woodward tiré de ces deux romans.
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Tout allait bien, semblait-il. Les jours, les semaines, les mois passaient, plus rapidement que dans l'enfance, mais sans qu'elle ressentit la moindre nervosité. Parfois, cependant, au coeur de la nuit, tandis qu'ils dormaient enlacés comme pour se rassurer l'un l'autre dans l'attente de l'aube, puis d'un autre jour, puis d'une autre nuit qui peut-être leur donnerait l'immortalité, Mrs. Bridge s'éveillait. Alors elle contemplait le plafond, ou le visage de son mari auquel le sommeil enlevait de sa force, et son expression se faisait inquiète, comme si elle prévoyait, pressentait quelque chose des grandes années à venir.

Oui voilà ce qu'est la vie de Mrs Bridge, après la lecture de Mr Bridge il y a quelques mois, publié 10 ans après Mrs Bridge, il me fallait connaître la version de Madame sur la vie de sa famille, à partir des années 1930 jusqu'au départ des enfants du nid, au début de la deuxième guerre mondiale.

J'avais trouvé globalement la lecture assez longue, répétitive sur le quotidien de cet avocat d'affaires, égoïste, obsédé par son travail, se reposant totalement sur sa femme, India, pour le bon fonctionnement de la maison et des enfants mais surtout parce que je me demandais pourquoi sa femme ne réagissait pas, qui était-elle vraiment ? Pas à travers le regard de son époux, mais dans sa tête, à quoi pensait-elle, était-elle heureuse ?

Pauvre femme de la middle-class américaine des années 30 : que de soucis à régler :

les enfants en particulier Douglas avec qui elle est en conflit permanent et qui mettra un peu de piquant et d'originalité, les filles : Ruth, jolie, indépendante, artiste, Carolyn, brillante mais le miroir de sa mère. Elle doit tout surveiller, contrôler : le linge, les sorties, les relations amicales et plus, envisager l'avenir de chacun et chacune. 
le mari : totalement indifférent à sa vie, à ses pensées, à ses aspirations et qui ramène tout à lui, son travail, ses préoccupations. C'est lui qui donne le tempo : même pendant un cyclone, il dîne, ne bouge pas et India attendra qu'il se lève pour se mettre à l'abri ..... Alors qu'elle voudrait tant retrouver les émois du début de leur union..... 
les domestiques, noirs dont Harriet (beaucoup plus présente dans Mr Bridge) : le racisme imprègne fortement le récit car même si elle ne pense pas faire de la ségrégation, elle n'accepterait pas de vivre dans une maison voisine d'une famille noire...
 que faire de ses journées : l'ennui, la solitude profonde, l'isolement malgré les relations du Country Club : quand le fait d'aller laver la voiture peut embellir une journée qui s'annonçait sombre !
Comme pour Mr Bridge, il ne se passe pas grand'chose, simplement une chronique sur une dizaine d'années de la vie d'une femme, de son existence qui se résume à peu de choses : elle en est consciente, se trouve ignorante, recherche toujours la perfection dans tout ce qu'elle fait mais surtout très attachée au regard des autres, sur ce que l'on peut penser d'elle, du rang à tenir, de la façon dont elle s'occupe de son foyer..... le vide sidéral d'une vie, de la conscience qu'elle en a mais de son refus à le changer.  Quand elle se trouve une passion elle l'abandonne très vite, ne se laissant aucune chance de prendre du plaisir.

Sa vie file, passe et elle le ressent ainsi : elle se raccroche à des souvenirs, à quelques amies mais qui vivent souvent le même désarroi qu'elle.

Ses réactions sont surprenantes parfois, les répliques sont sans appel, mais elle n'en a pas toujours conscience : elle est le fruit d'une éducation, du milieu où elle vit.

Lecture qui me laisse un goût amer sur la condition féminine à cette époque bien sûr mais qui reflète également  Kansas City dans le Missouri dans les années 1930 : instructif sur les relations humaines mais surtout sur cette femme qui ne s'avoue pas malheureuse mais qui ne peut dire qu'elle est heureuse : elle est l'image du bonheur, on la gâte (voiture etc...) mais sous le bonheur de surface, elle révèle ses souffrances et son ennui :

Elle célébrait ses propres anniversaires sans joie, avec résignation et un peu de doute : ils arrivaient et s'en retournaient comme ils le devaient (...) 30,35, 40, ils étaient tous venus lui rendre visite comme des parents à remontrances, et ils avaient tous disparu sans laisser de traces. Et maintenant, une fois de plus, elle attendait.....(p116)

Lecture agréable, comme pour Mr Bridge, récit constitué de petites chroniques, des chroniques de la vie de tous les jours de cette femme que l'on ne peut totalement aimer mais que l'on se prend à plaindre. J'ai eu envie à plusieurs occasions de la secouer, de la pousser dehors, de lui dire : vas-y bouge, ne te laisse pas faire, agis mais nous sommes en 1930 et la société américaine l'aurait jugée, écartée, mise au ban, et pour India il est impensable de ne pas être ce que les autres attendent d'elle !

A d'autres moments elle m'a exaspérée, agacée, par ses petites phrases assassines, sur ces prises de position, sur ses jugements.

Un travail de chroniqueur de la part de l'auteur sur une tranche de vie, en apparence heureuse mais qui se révèle bien triste. Une vision de la société américaine réaliste je pense, sans complaisance ni développement, simplement des événements familiaux. Je pense qu'il faut commencer par la lecture de Mrs Bridge en premier, puis Mr Bridge, cela me semble plus cohérent.
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Mrs Bridge a tout pour elle: un beau mari qui l'aime et la comble de cadeaux onéreux, trois beaux enfants si bien élevés, une domestique, une belle maison, une belle voiture, un beau manteau, de beaux amis... Les apparences sont sauves. Mrs Bridge traverse sa vie. Mrs Bridge se préoccupe surtout de la bonne éducation, du qu'en dira-t-on. Mrs Bridge s'ennuie un peu. Mrs Bridge est contrariée parfois, vraiment, un si beau voyage à Rome interrompu parce que les Allemands ont envahi la Pologne, quel dommage. Douglas rentre en retard parce qu'un camarade de classe l'a menacé avec un fusil, quel manque d'éducation, les voisins si bien sous tous les plans, si ouverts, assassinés par leur fils, quelle faute de goût, vraiment, et quelle mouche a donc piqué Douglas de construire une tour de détritus dans le terrain derrière la maison? Et que fait donc Ruth à New York?
Une ironie désabusée, un roman bien triste mais sans pathos, une vie qui passe, une femme corsetée dans un devoir, qui ne cherche qu'à sauver les apparences, avec tout de même, parfois, l'inanité de cette vie qui se révèle en éclairs trop brefs , vite éteints par la routine et les "obligations" quotidiennes.
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Il ne faut pas s'attendre à découvrir une vie trépidante de Mrs. Bridge. Certes, il y a eu ce voyage en Europe ou cette tornade évitée de justesse mais la plupart du temps il y est question d'un pudding raté, d'un peigne sale ou de serviettes pour les invités.

Mariée à un avocat très accaparé par son travail, India Bridge, mère de trois enfants, mène une existence tranquille et plutôt désoeuvrée d'une femme au foyer à Kansas City entre deux guerres. Peu sûre d'elle, pétrie de doutes, prisonnière de convenances et étouffée par son mari, Mrs Bridge en est consciente mais se laisse porter par cette vie confortable sans jamais faire d'écart. de courts chapitres sous forme d'anecdotes dressent un portrait de quelqu'un d'ordinaire, effacé mais assez attachant et plutôt sympathique.

C'est tantôt drôle, tantôt surprenant. L'écriture fluide mais un peu distante et empreinte d'ironie est un grand atout du roman. Ce n'est peut-être pas un chef d'oeuvre mais ce fut une lecture assez agréable. Faisant partie d'un diptyque, il serait intéressant de faire connaissance de Mr Bridge, ici peu présent.

Je remercie Babelio et les éditions Belfond pour cette découverte.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Sur la couverture de Mrs Bridge, il est écrit « roman vintage » et « Attention chef d'oeuvre »; de quoi se questionner un brin sur la nécessité d'apposer de telles étiquettes qui au final, s'avèrent assez réductrices.
La préface de Joshua Ferris en revanche s'avère bénéfique à la lecture car j'avoue avoir été quelque peu déroutée par la construction et la prose de ce roman paru en 1959. Composé de saynètes, le récit déroule le quotidien de Mrs Bridge, femme au foyer bien nantie, autour de laquelle évoluent son mari, avocat, ses enfants Ruth, Carolyn et Douglas, Hattie, la domestique noire, et un cercle d'amis restreints. L'auteur a choisi une écriture simple et sans parti pris pour décrire la classe moyenne et aisée des années 1930 à 1950 de Kansas City. C'est le point de vue de Mrs Bridge qu'il nous est donné de voir dans ce premier volet ; j'ai déjà entrepris le second avec Mr Bridge qui m'apparaît jusqu'à maintenant plus développé.
En conclusion, un bel instantané sur la condition féminine et l'évolution des moeurs à travers le XXe siècle.
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Evan Shelby Connell (1924-2013) né à Kansas City dans le Missouri est un écrivain, poète et nouvelliste américain. Après avoir interrompu des études de médecine il s'engage dans la Navy en 1943 pour devenir pilote. Son premier roman, Mrs. Bridge, paraît en 1959 et connaît un succès international immédiat. Dix ans plus tard, Mr. Bridge, second tableau du diptyque, fera de ces deux romans objets d'un véritable culte, une source d'inspiration pour de nombreux écrivains avant d'être adaptés au cinéma par James Ivory (1990) avec Paul Newman et Joanne Woodward dans le rôle des deux époux. Pour autant il mènera sa vie dans la discrétion, quasiment reclus. En 2009, il est nommé au Man Booker Prize pour l'ensemble de son oeuvre et reçoit, en 2010, le Robert Kirsch Award décerné par le Los Angeles Times. Ce roman vient d'être réédité.
Dans ce roman l'écrivain dresse le portrait d'une femme, de sa jeunesse et son mariage, jusqu'à l'envol de ses trois enfants partis vivre leur propre vie au début des années 1940. L'action se déroule à Kansas City.
Un sujet très banal mais qui justement, par cette banalité apparente, en fait un très bon roman car il touche tout le monde. Ici, on parle du quotidien des gens, de leur vie de tous les jours à cette époque. Certes, il s'agit de la classe bourgeoise et blanche de l'Amérique, l'époux est avocat et sa femme reste au foyer, « une digne mère de famille, membre du Country Club ». Evan S. Connell ne peint pas une fresque, il focalise sur une frange de la société et plus particulièrement sur une famille très traditionnelle, plus encore, en se concentrant sur la place de la femme/mère/épouse Mrs. Bridge au sein de cette société de la première partie du XXème siècle.
Je ne sais pas si Evan S. Connell avait déjà en tête quand il a écrit ce roman, d'en faire un second avec l'époux en sujet central, mais dans celui-ci il n'est qu'une ombre, toujours à son bureau, une absence néanmoins attentionnée envers son épouse et ses enfants mais une absence quand même. le roman traite de l'éducation des enfants, deux filles et un garçon, avec ses non-dits (éducation sexuelle) typiques de l'époque, de la manière dont ils vont grandir et s'émanciper, de l'étonnement induit causé à leur mère qui va découvrir que le monde change. Une femme toujours inquiète finalement car complètement déconnectée du monde réel, peu informée sur la crise économique ou la guerre en Europe, se reposant sur sa domestique pour le ménager et sans aucune idée des moyens financiers du ménage car la tâche en incombe à son mari exclusivement, passant son temps entre son Club, ses amies et les achats dans les magasins de la ville. de cette vie sans ombres nait un ennui diffus, « elle se sentait nerveuse et malheureuse », « Mrs. Bridge passait de longs moments à regarder dans le vide, oppressée par un sentiment d'attente. »
Le roman est découpé en chapitres extrêmement courts (117 !), parfois de moins d'une page, qui sont autant de scénettes s'enchainant les unes aux autres sans obligatoirement une logique autre que chronologique et s'achevant souvent sur une phrase en guise de chute évoquant les soaps à la télé (ne manquent que les éclats de rire préenregistrés). Un rythme particulièrement agréable, un ton dans l'écriture plus que plaisant grâce au regard bienveillant de l'écrivain pour son héroïne. Et ce qui me paraissait au début du roman comme un bouquin très sympathique mais sans plus, s'avère en réalité un portrait robot très réussi de la femme américaine (mais pas que) moyenne de cette époque de l'Histoire. C'est en cela que ce livre peut être qualifié de « classique » de la littérature.
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117 très courts chapitres pour découvrir la vie de Mrs BRIDGE, ses enfants, son mari, ses amies. La construction de ce roman est assez surprenante car au fil des pages il ne se passe rien de très extraordinaire dans le quotidien de cette Américaine, mais on se laisse entraîner dans ses réflexions sur ce monde qui bouge peut être trop vite pour elle. Ecrit par Evan S. CONNEL dans les années 50 et l'histoire se déroulant avant la deuxième guerre mondiale, il faut je pense le resituer dans son époque pour pouvoir l'apprécier et se plonger effectivement dans une "bulle" très vintage.
Mrs BRIDGE a un petit côté désuet et suranné avec des réflexions parfois drôles, notamment lors de son voyage en Europe avec son mari.
Merci à Babelio et aux éditions Belfont pour ce moment reposant de lecture.
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Avec ce roman, nous entrons dans l'intimité de Mrs. Bridge. S'il y a très peu de pages sur son enfance et son adolescence, la vie de l'épouse, de la mère au foyer constituent l'essentiel.
Nous sommes à Kansas City dans les années 1920-1930 lorsqu'elle se marie. Son époux avocat passe beaucoup de temps à son cabinet. Mrs. Bridge s'occupe tout naturellement de l'éducation de leurs trois enfants et veille au confort domestique. Les bonnes convenances et son manque de confiance font que Mrs. Bridge se noie facilement dans un verre d'eau. Incapable de prendre une décision par elle-même ou d'avoir un jugement, elle se range du côté des idées de son mari. Bien sûr, elle a des amies mais jamais elle ne se confierait à l'une d'entre elles. Que ce soit la lecture ou l'apprentissage d'une langue, elle a le don d'abandonner très vite tout ce qu'elle entreprend.
Les enfants grandissent et Mrs. Bridge s'ennuie de plus en plus souvent. Et par cette faille, les questions existentielles surgissent.

En 117 courts chapitres, l'auteur nous dépeint des situations de la vie de Mrs. Bridge. Alternant des scènes assez drôles (notamment avec ses enfants ou des personnes de la bonne société), ironiques mais également d'autres où l'on ressent ses angoisses.
Avec une écriture où l'observation est très fine, Evan S. Connell nous dresse un portrait très réussi de cette femme dans son contexte. Ce roman possède un charme suranné mais il sait également nous toucher et j'ai éprouvé de l'empathie pour Mrs.Bridge.

Merci à Babelio et à l'éditeur.

Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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"(...) certaines personnes, faisait remarquer l'auteur, passent en effleurant les années de leur existence et s'en vont s'enfoncer doucement dans une tombe paisible, ignorants de la vie jusqu'à la fin, sans avoir jamais su voir tout ce qu'elle a à offrir." En 117 brefs chapitres, Evan S. Connell illustre ce constat établi par Joseph Conrad dans l'un de ses livres. Ce roman écrit en 1959 raconte la vie de India Bridge, une mère de famille de la petite bourgeoisie dans les années 30 à Kansas City. L'enfance et le mariage sont rapidement évoqués avec un décalage dès la naissance : Mrs Bridge ne comprend pas comment ses parents ont pu lui donner un prénom si exotique, si fantaisiste et donc si éloigné de sa nature profonde.

Mrs Bridge vit paisiblement, tièdement dans son pavillon de banlieue avec ses trois enfants dont elle ne comprend pas les réactions, et sa servante noire Harriet. Mr Bridge, sur lequel l'auteur à également écrit un roman éponyme, est très absent et travaille beaucoup pour assurer le bien être de sa famille. le quotidien de sa femme n'est que problèmes domestiques, discussions avec les voisines. Elle ne prend aucune décision, n'a aucun avis politiques et se conforme à ceux de son mari. C'est avec beaucoup d'humour et d'ironie que Evan S. Connell dresse le portrait de cette femme pour qui seules comptent les bonnes manières, la politesse et qui fait très attention aux apparences. L'ironie est parfois seulement présente dans le décalage entre le titre du chapitre et ce qui y est raconté.

Et malgré tout, c'est bien de l'empathie que l'on finit par ressentir pour cette femme. Evan S. Connell n'est jamais cruel avec son personnage. Mrs Bridge est d'ailleurs bien consciente qu'il y a plus à attendre de la vie : "Jamais elle ne devait oublier ce moment où elle avait failli appréhender le sens même de la vie, des étoiles et des planètes, oui, et l'envol de la terre." Mrs Bridge a des velléités d'ouverture d'esprit, elle veut apprendre l'espagnol, prend des cours de dessins. Mais le quotidien la rattrape toujours, la renvoie à sa morne existence.

La vie de Mrs Bridge aura passé sans qu'elle s'en rende compte, sans laisser de trace, sans évènements marquants. Enfermée dans le carcan des habitudes et de la bienséance, elle sera restée en dehors de la vie, à distance toujours. Subtilement, par petites touches, Evan S. Connell nous parle d'une époque où les femmes n'avaient aucun rôle social à jouer à part être de parfaites femmes d'intérieur et des mères attentives. Un beau et poignant portrait de femme qui donne très envie de lire le volume consacré à Mr Bridge.
Lien : https://plaisirsacultiver.wo..
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Un livre au verbe simple mais néanmoins porteur de réflexions sur la condition féminine dans les années 1940 aux Etats-Unis.
Est-ce ceci le miracle américain ou plutôt le mirage, pour ces familles. Nous avons ici une femme Madame BRIDGE, qui incarne la femme "modèle", Mais une femme [incapable de réfléchir, dénuée d'imagination et que tout sidère].
Est-ce ceci le paradigme de la femme? Et je pense que l'on peut extrapoler cette vie avec sa suite de chocs psychologiques à toutes les femmes de ce monde.

Un "pantin" avec des sentiments réprimés, une absence d'ambition, la peur de décevoir, bref, pour tout dire, un femme malheureuse!

Où l'on aperçoit seulement, maintenant, leur révolte afin de faire "exploser" ce carcan des conventions, du diktat des normes sociales...édictées par l'homme!

Agréable à lire, et à mettre sur la table de chevet des hommes...
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