Il fallait qu'elle récupère sa chienne et retrouve l'océan pour y affronter le courant, plonger sa pagaie le plus profond possible jusqu'à s' en épuiser le corps et l'esprit et repousser les fantômes qui la hantaient.
—Ah merde alors ! Tu travailles pour ce type ?
— Quel type ?
— Haller. Tu bosses pour lui. Tu bosses pour le diable.
— Vraiment, pourquoi tu dis ça ?
— Parce que c’est un avocat de la défense. Et pire encore : il est bon. Il fait acquitter des types qui ne devraient pas l’être. Il défait tout ce qu’on fait. Même que… Tu le connais d’où ?
— J’ai passé pas mal de temps dans les tribunaux ces trente dernières années. Et lui aussi.
Bosch savait d'expérience qu'un alibi, même légitime, est rarement à toute épreuve, et celui-là lui faisait l'effet d'une mise en scène.
Après, je file à la plage et la vie redeviendra belle. L'eau salée guérit tous les maux.
Bosch arriva en retard et dut se garer dans une allée du cimetière, un peu plus loin. Il avança prudemment entre les tombes en boitant et sa canne s’enfonçant dans le sol meuble, jusqu’à ce qu’il voie les gens rassemblés devant celle du vieil inspecteur John Jack Thompson.
Bosch pensait depuis toujours que partir de cette façon, en faisant ce qu’on aime, n’était pas une mauvaise chose.
- (...) Et là, j'ai entendu John Jack dire quelque chose qui ne m'a pas plu : "Des fois, les gens méritent ce qui leur arrive". Je ne dis pas que c'est toujours faux... J'ai travaillé sur des dossiers où, moi aussi, je l'ai pensé. Mais dans ce cas-là, il avait tort.
- Tout le monde compte ou personne.
- Voilà.
Les pages étaient essentiellement remplies d’études et de dessins au crayon représentant des durs, nombre d’entre eux avec des tatouages sur la figure et le cou. D’autres prisonniers, pensa-t-elle. Les portraits achevés étaient réussis et elle lui trouva du talent. Savoir qu’en dehors de son addiction à la drogue et de ses penchants pour le vol, il avait aussi cette autre dimension, le lui rendit plus humain. Personne, quelles que soit ses actions, ne mérite d’être abattu dans une voiture, mais il ne fait pas de mal non plus d’avoir une connexion avec la victime. Cela ajoute au feu sacré que l’inspecteur doit garder en lui par tous les moyens. (Le carnet de Hilton)
Il n'avait jamais éprouvé du plaisir à passer les menottes à un assassin. Non, c'était pour le fils de John Jack qu'il voulait être présent. Pour la victime. Le propre père de John Hilton ne s'était apparemment pas intéressé à celui qui l'avait tué, mais Bosch, lui, s'en souciait et voulait être là. Tout le monde compte ou personne. Ce n'était peut-être qu'une idée creuse pour Thompson. Mais pas pour Bosch.
Elle posa son sac à dos sur la chaise à sa droite et aperçut l'en-tête d'un des documents que rangeait Bosch : "Michael Haller, avocat au barreau".
- Ah merde alors ! Tu travailles pour ce type ?
- Qule type ?
- Haller. Tu bosses pour lui, tu bosses pour le diable.
- Vraiment ? Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que c'est un avocat de la défense. Et pire encore : il est bon. Il fait acquitter des types qui ne devraient pas l'être. Il défait tout ce qu'on a fait. Même que... Tu le connais d'où ?
- J'ai passé pas mal de temps dans des tribunaux ces trente dernières années. Et lui aussi.