Il avait maintenant presque soixante-dix ans et avait vu certaines des pires horreurs que les hommes peuvent se faire les uns aux autres, mais cette chose perpétuée il y avait plusieurs décennies de cela, bien avant qu'il y en ait eu conscience, le faisait vaciller.
Ils avaient alors dévié de la vérité ou s'en étaient volontairement écartés.
Tout le monde réagit. Les flingues sortirent et les gars des Special Ops se tournèrent vers la maison. Par l'espace étroit entre les deux SUV, Ballard vit la femme debout dans la partie dallée de l'allée. Elle était vêtue d'un peignoir trop grand...probablement celui de son mari...qui lui avait permis de dissimuler une arme de poing dans sa manche. Et maintenant elle la brandissait et hurlait :
- vous ne pouvez pas l'emmener !
Bosch avait déjà eu affaire à ce genre d’œillères, et s’était peut-être même rendu coupable de les porter lui-même lorsqu’il était aux Homicides du LAPD. Il avait vu de manière répétée la science prendre le pas sur le travail d’enquête dès que la médecine légale avait eu recours à l’ADN. L’ADN, c’était la panacée. La moindre correspondance transformait une investigation en une rue à sens unique où accuser devenait facile comme bonjour. Dès qu’ils avaient cru tenir leur coupable, Gustafson et Reyes avaient laissé tomber toutes les autres pistes.
Déçue, Ballard referma son ordinateur et s'appuya au dossier de sa chaise.
-Et merde, dit-elle
-as-tu revu dorsey depuis qu'on retiré du vivier a Crisps ? reprit Robinson
-Non, pourquoi? Je devrais?
Je te propose un marché. J’arrête de t’appeler « papa » si t’arrêtes de me dire d’aller faire dodo.
Sans ses néons et ses lumières scintillantes, Hollywood était bien différent, et Ballard le constatait nuit après nuit. N’y restaient plus que les proies et leurs prédateurs, et rien entre les deux. Alors que les nantis étaient confortablement installés derrière leurs portes fermées à double tour, ceux qui n’avaient rien erraient alentour. Ballard n’avait jamais oublié les mots d’un poète de la patrouille de nuit qui qualifiait ces derniers “d’amarantes humaines que chassent les vents du destin”.
Quand tu prends une affaire personnellement, ça te fout en colère. Et ça allume un feu en toi qui te donne le tranchant dont tu vas avoir besoin pour tenir la distance.
Olivias arrivait toujours à l'atteindre. Il lui avait pris quelque chose, tout comme d'autres hommes l'avaient fait dans le passé. Mais les autres avaient payé, d'une manière ou d'une autre - vengeance...ou justice, quel que soit le terme adéquat. Pas Olivias. Pour l'instant, il s'en était tiré avec une petite tâche à sa réputation, mais elle avait assez vite disparu. Que Ballard puisse se montrer plus futée que lui ou meilleure enquêtrice ne changeait rien à l'affaire- toujours, il aurait cette chose indicible qu'il lui avait prise.
Quand tu prends une affaire personnellement, ça te fout en colère. Et ça allume un feu en toi qui te donne le tranchant dont tu vas avoir besoin pour tenir la distance.