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Critique de NicSirkis


Ce livre balaye des tonnes de préjugés et son maître mot est: Who did the work?
L'auteur y démontre que de tous temps, depuis la préhistoire jusqu'à l'ère actuelle des nouvelles technologies, la "raison d'état" a confisqué les racines des découvertes, monopolisant les connaissances en volant les travaux élaborés pendant toute leur vie par une foule de savants polyvalents restés dans l'anonymat.
Dans un regrettable constat, Cooner rétablit les faits occultés car la production des savoirs a toujours été subordonnée à la recherche de profit. Il dénonce l'élitisme scientifique, le leurre de la neutralité des sciences, les conflits d'intérêt de l'économie de marché qui étouffent la démocratisation des savoirs, et cela depuis la nuit des temps, de l'homo-sapiens jusqu'au gaspillage et à la gabegie des labos de recherche.
Dans ce passionnant pavé découpé en longues périodes pluriséculaires, l'auteur réhabilite la moitié de l'humanité - les femmes - dont les vies sont plus souvent retenues dans les contes de fées que dans les livre d'Histoire. Connor démontre qu'à la naissance de l'humanité, chez les chasseurs-cueilleurs, même si les rôles étaient plutôt répartis entre les hommes à la chasse et les femmes à la cueillette, cette dernière activité avait une importance primordiale car la sélection des végétaux qu'elles choisissaient nécessitait déjà une observation, une expérimentation, un savoir qui allait vers l'aube de la première pharmacopée.
Tout au long de l'ouvrage, il nous rappelle comment le rôle des femmes a été perpétuellement dénigré, des sages-femmes par les obstétriciens, aux femmes revendiquant: "notre corps nous-mêmes", sans parler des horreurs abominables que subirent les "guérisseuses" aux plantes médicinales qui périrent sur des bûchers car soi-disant "sorcières" possédées par Satan.
Avec un immense respect, une patience infinie et magnifiquement argumentée, Connor ressuscite tous les métiers oubliés de ces travailleurs opiniâtres et autodidactes qui ont tiré leur époque vers le progrès et dont la postérité a englouti les efforts dans le mépris de l'oubli en laissant de grands savants usurper avec habilité le grain de leurs observations et le capital de leur vie d'expérience... Et on nous enseigne donc la géométrie de Thalès, le théorème de Pythagore, la République de Platon, la physique d'Aristote, en passant par Galilée, Newton, Darwin, vous connaissez le chapelet des prestigieux découvreurs!
Le résultat des courses est bien entendu qu'à défaut de naître une cuiller en argent entre les lèvres... mieux vaut, vue l'idéologie raciste fruit du colonialisme européen, naître blanc, homme, "caucasien", occidental, riche, c'est à dire du côté "dominant" révisionniste qui sut effacer les origines séculaires de découvertes en astronomie, architecture, algèbre, chirurgie, issues des civilisations chinoise, arabe, mésopotamienne, phénicienne, amérindienne, etc... ou tout simplement des couches plébéiennes peu honorables et donc indignes de l'intérêt de leur propre société.
Ce livre, paru en anglais en 2005 sous le titre: A People's History of Sciences - Miners, Midwifes and "Low Mechanicks" - Nation Books, New-York, est un bouquin à offrir à tous les adolescents qui bachotent, pour remettre à leur juste place tant d'idées reçues qui les intoxiquent!
Lien : http://chevre-feuille.fr
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