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Critique de MarcelP


Celui qui est au bout du rouleau c'est le capitaine Whalley, vieux loup de mer obligé de reprendre la navigation afin d'apporter un peu de réconfort financier à son unique fille, mal mariée.

Ce Père Goriot ultramarin, veuf inconsolable, qui voue un amour absolu à sa descendance, pilote dorénavant le Sofala, minable barcasse à vapeur pour l'exploitation de laquelle il a engagé ses propres fonds. Il espère pouvoir bientôt récupérer sa mise en prenant enfin une retraite bien méritée mais il doit composer avec un équipage gangrené par l'envie et la lâcheté. Le copropriétaire du rafiot, l'immonde Massy, abject pétochard huileux, n'aspire qu'à le spolier cependant que Sterne son second, piteux arriviste, guigne son poste, prêt à toutes les ignominies pour atteindre son but.

Son amitié avec le désabusé Van Wyk et la complicité muette qui le lie à son loyal maître d'équipage malais aident Whalley à supporter cette fin de carrière désastreuse. Mais notre noble vétéran cache un sombre secret...

Cette longue nouvelle à la chronologie génialement bousculée nous balade de Singapour à l'estuaire de Batu Beru : la langue conradienne y est comme toujours opulente. Qu'il évoque les rues poussiéreuses du Gibraltar de l'Extrême-Orient, les rives exubérantes de fleuves serpentins ou les jeux d'ombres de feuillages tropicaux, Conrad sollicite tous les sens du lecteur. Il sublime l'anodin et nos yeux se dessillent, nos narines palpitent, nos oreilles s'enchantent...

D'un matériau somme toute convenu, ce styliste aguerri modèle un récit haletant et dru. Un ravissement.
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