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Critique de Piatka


Ce court roman de Joseph Conrad écrit fin 1916, au coeur de la première guerre mondiale, est le récit d'une initiation, du passage à l'âge d'homme d'un jeune marin à l'occasion de son premier commandement d'un navire dans la région lointaine des mers d'Orient.
Rédigé à la première personne, et sous-titré Confession, il ne fait aucun doute qu'il est largement autobiographique, ce qui lui confère toute sa valeur, tant le témoignage est fort et évident à la fois, imprégné de l'expérience personnelle de l'auteur, ses forces mais aussi et surtout ses doutes et angoisses.

S'il n'était question dans ce roman que de péripéties maritimes, je suis certaine que je ne lui aurais pas attribué sans hésitation cinq étoiles. Bien sûr, un bateau et un jeune capitaine sont les points d'ancrage du récit, mais la ligne d'ombre, indécise et insaisissable en est paradoxalement le gouvernail, le fil rouge en quelque sorte, et c'est elle qui symbolise pour moi tout le talent narratif de Conrad, son originalité.
"Oui, on va de l'avant. Et le temps, lui aussi, va de l'avant — jusqu'au jour où l'on aperçoit devant soi une ligne d'ombre annonçant qu'il va falloir aussi laisser en arrière la région de la prime jeunesse."
Cette ligne virtuelle donc forme une frontière entre jeunesse et âge adulte, entre réalité et imaginaire aussi - Conrad flirte souvent avec le surnaturel mais sans s'y laisser aller vraiment.

Il règne à bord de ce court roman, une atmosphère singulière de confidence, d'émotion simple qui m'a touchée. Si j'ajoute que l'écriture est magnifique, vous aurez compris qu'il porte, pour moi, la marque du roman qui sort de l'ordinaire, de l'authentique chef d'oeuvre.

"Un navire arrivant du large et qui replie ses ailes blanches pour prendre du repos a quelque chose d'émouvant."
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