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"J'ai sorti la grand'voile
Et j'ai glissé sous le vent. Sous le vent!
Fais comme si je quittais la terre. J'ai trouvé mon étoile
Je l'ai suivie un instant
Sous le vent..." Céline Dion et Garou.

Larguez les amarres, nous avons le vent en poupe, embarquez avec Joseph Conrad sur le "Narcisse" qui quitte Bombay pour l'Angleterre, en passant par le Cap de Bonne espérance.
Ce ne sera pas une croisière de plaisance!

James Wait est marin et noir. Noir, pas fin saoul comme un marin en bordée. Il est noir, vraiment noir...
" Les blancheurs de ses dents et de ses yeux luisaient distinctement, mais sa figure...était noire."

James est le dernier matelot à bord, mais il est le premier à être malade.
Il tousse beaucoup et ne peut travailler, un moyen pour échapper aux corvées ?

Méfiance, indifférence ou compassion... Branle bas de combat.
Comment vont réagir les 17 membres de l'équipage, par rapport à la différence? Celle de la couleur de peau, de la maladie et du malheur d'autrui?

Il y a Singleton le vieux loup de mer, Craik le bagarreur, Donkin le râleur et tire-au-flanc...
Quelques-uns sont de vraies têtes de noeuds, certains tiennent la barre, d'autres gardent le cap, face au vent de travers... Il faut veiller au grain !
Car le bateau va essuyer une effroyable tempête !
Il y a aussi un chat... noir, à bord. L'animal peut-il conjurer le sort (ce matelot agonisant) ou va-t-il porter malheur, car un homme va mourir ?

Comment lutter contre la mort et la vaincre?
Parés à virer lof pour lof?
Un début de mutinerie, le rafiot prend l'eau, les rats quittent le navire?

J'ai un peu chaloupé, n'ayant pas le pied marin, sur les termes techniques et maritimes de l'auteur. Il était marin ( brevet de "capitaine au long cours" en 1886) avant de devenir écrivain, c'est son troisième roman.

"Ce sont les voiliers qui ont découvert le monde, et ils charrient, dans leurs sillages, bien des légendes".Olivier de Kersauson.
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Une voile blanche traverse l'Océan Indien tranchant la mer de son sillage. le bâtiment qui vagabonde à la croisée des flots et du ciel, parait infime, perdu au coeur de ces immensités. Et pourtant, cet agrégat de planches et de voiles est un monde à part entière, peuplé d'une foule disparate partageant les vices et les vertus de l'humanité. "Le Narcisse", c'est le nom de baptême de ce navire, quitte Bombay et se dirige vers l'Angleterre en contournant l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance. L'équipage est composé de marins expérimentés ayant déjà oeuvré sur ce bateau, mais aussi d'hommes ramassés sur les quais du port de Bombay. Deux nouveaux matelots se distinguent dès leur arrivée sur le pont : Donkin n'a aucun bagage et se montre fourbe et revendicatif ; James Wait est un grand noir à l'allure distinguée mais qui va tomber rapidement malade. La traversée va réserver de nombreuses épreuves aux marins et aux officiers. La mer se montrera ou trop calme, ou déchainée, à l'image de l'état d'esprit de l'équipage.

Amateurs d'aventure maritimes, de prose poétique et d'exégèse littéraire, prenez place à bord du Narcisse. Attention, le voyage s'annonce rude puisque le texte est dense, truffé de termes techniques, d'allégories à interpréter et d'envolées lyriques. Cela casse souvent le rythme du récit mais peu importe, puisque l'essentiel est de s'extasier au spectacle de la mer et de méditer sur la destinée de l'humanité.
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C'est du Hemingway avant l'heure...
Joseph Conrad fait partie des plus grands auteurs de la littérature anglaise. Né en Ukraine en 1857,il rentre en Pologne avec sa mère alors que son père est condamné à l'exil pour insurrection contre le tsar. Sa mère meurt d'une pneumonie, il a onze ans. Parti pour Marseille, il s'engage comme mousse et quatre plus tard, sa formation terminée, il rentre dans la marine marchande anglaise. En 1896, il met fin à sa carrière maritime, rentre en Angleterre et se consacre à l'écriture. « le nègre du Narcisse » parait en 1897, c'est son troisième roman et le premier récit maritime documenté par son expérience.
Alors que Baker, le second du navire le Narcisse, fait l'appel, il semble qu'il manque un matelot. Pendant que tout le monde part à sa recherche, on voit monter à bord un nègre d'une stature impressionnante : James Wait. Au complet, le bateau prend la mer du port de Bombay où il mouillait pour rentrer en Angleterre. Mais il ne faudra que quelques jours de mer pour que « le nègre du Narcisse » ne tombe malade et que la tension monte entre les marins aguerris...
Si l'histoire est courte, la lecture est dense. On navigue au milieu des plus belles lettres de la littérature anglaise de cette fin de XIXe siècle. L'auteur ne nous ménage pas avec son immense connaissance des termes maritimes et il nous embarque pour une aventure humaine où les caractères sont bien trempés. Conrad raconte ces hommes inspirés par leur courage et une bonne part d'inconscience qui sont prêts à jouer leur vie à pile ou face chaque jour de leur existence. C'est l'appel du large qui les animent.
Il écrit : « Aux hommes qu'a gratifiés d'un répit sa pitié dédaigneuse, l'immortelle mer confère en sa justice le plein et convoité privilège de ne reposer point. L'infinie sagesse de sa grâce leur refuse le loisir de méditer sur l'âcre et compliquée saveur de la vie, de peur qu'ils se rappellent – et regrettent peut-être – l'amertume inspiratrice de la coupe suprême si souvent offerte et si souvent reprise à leurs lèvres déjà roidies mais rebelles toujours. Ils doivent sans trêve justifier leur droit de vivre... » Voilà la parfaite illustration du style de l'auteur et de ses idées quant à son discours humaniste.
Le titre de ce roman n'a pas échappé à la censure odieuse et idiote de la cancel culture et a été changé en 2022 en : « Les enfants de la mer ».
Traduction de Robert D'Humières.
Editions Gallimard, le Livre de Poche, 256 pages.
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Je tiens Conrad pour un des plus grands auteurs. Il est, selon moi, la quintessence de l'écrivain au sens le plus noble du terme, déployant toujours un style remarquable de finesse allié à une fluidité totale, parvenant à donner vie à des personnages parfaitement ciselés. « le nègre du Narcisse » ne va pas démentir cette opinion, même si ce roman m'a moins plu que d'autres de l'auteur.

« le nègre du Narcisse » m'a moins séduite que les autres romans de Conrad que j'ai lus. Il faut dire que la barre était sacrément haute. Je considère notamment « le coeur des ténèbres » comme un des romans les plus immenses jamais écrits. Dans « le nègre du Narcisse », il m'a manqué un brin d'émotion pour emporter totalement mon adhésion. Mais, si mon enthousiasme est tempéré, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un très bon roman d'aventure maritime. Et que dire de l'écriture de Conrad si ce n'est qu'encore une fois elle m'a émerveillée. J'ai tout particulièrement été frappée par la partie du récit dans laquelle l'auteur narre la tempête essuyée par le Narcisse. Quel formidable épisode. Rarement une tempête aura été décrite avec tant de précision tout en étant lyrique. Cette partie du roman est terriblement immersive. Rien que pour ça, le roman vaut d'être lu. Et cette partie s'étend sur beaucoup de pages, pour le plus grand bonheur du lecteur. Quant aux personnages, ils sont encore une fois remarquablement composés.

« le nègre du Narcisse » n'est pas le meilleur roman de Conrad mais c'est tout de même une grande oeuvre que je recommande à tous les amateurs de récits maritimes.
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LE NEGRE DU NARCISSE de JOSEPH CONRAD
Bombay. Baker, le second du Narcisse va faire l'appel de l'équipage avant d'appareiller pendant que le capitaine finit de s'occuper du rôle. le dernier à embarquer est un Negre de haute stature. James Wait. Une fois en mer le capitaine Allistoun arpente la dunette toute la journée, jeune il fut harponneur sur un baleinier, il ne craint qu'un Dieu sans miséricorde. En mer, Waits s'avère malade et reste sur sa couchette toute la journée, il se plaint du bruit et dit qu'il va mourir. Curieusement l'équipage parle à voix basse en passant près de sa cabine, vole le cuisinier pour le nourrir et semble prendre soin de lui ( bien que certains l'auraient volontiers tué). Des tensions se font jour entre les officiers et l'équipage mené par Donkin qui professe des idées contestataires proches du communisme. Donkin se fera mater durement par Baker. Waits malgré la bienveillance marquée par les hommes ne montre aucune reconnaissance se montrant souvent désagréable. Après avoir navigué sans problèmes le Narcisse va se retrouver pris dans une violente tempête qui va mettre hommes et navire à l'épreuve tandis que Waits ne quitte pas sa cabine.
Pas le plus connu des Conrad mais un des plus intéressants dont le personnage central est James Waits qui, tout en restant dans son coin et se taisant est le coeur du roman, celui sur lequel tout se cristallise, un peu comme Monsieur OUINE dans le livre de Bernanos. Nommer le navire Narcisse est loin d'être neutre et laisse la part belle à bien des interprétations. Dans un univers que Conrad affectionne, la mer, on retrouve par moment les accents du grand Lord Jim et la description de la tempête qui couche le Narcisse et oblige les hommes à ramper dans les coursives est un moment d'anthologie.
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Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je sois amené peu ou prou à défendre la mémoire de Conrad que je déteste cordialement pour au moins deux raisons dont une que j'ai relatée ici. Pascal Praud de CNews vient d'annoncer que les éditions Autrement, qui éditent entre autres le Nègre deuNarcisse viennent de le rebaptiser sous l'influence du wokisme américain, en Les Enfants de la peur.
J'ai quelques livres édités par Autrement, je vais les extraire de ma bibliothèque et mettre le feu dedans dès que j'en aurai l'occasion. Ca tombe bien, j'ai du petit bois à évacuer. Ca fera un feu magnifique ..
. Au passage ce nouveau titre existe déjà pour une oeuvre publiée par un autre éditeur qui n'a rien à voir. Ils se débrouilleront avec leur plagiat.. le mot nègre est remplacé dans le texte par le mot noir.
Moi qui reviens des Antilles, le mot nègre n'a rien d'insultant comme le prétend l'éditeur que je ne nommerai plus, il est courant d'entendre Ti nèg. On infantilise ainsi les gens qui bien sûr sont suffisamment idiots pour ne pas conceptualiser. Si on ramène l'histoire à ce qu'elle ne fut pas mais qu'on voudrait qu'elle soit, alors on a tout faux..
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Le troisième roman de Joseph Conrad narre le périlleux voyage de retour, du port de Bombay aux quais fuligineux de la cité londonienne du voilier le Narcisse. le périple est émaillé de deux dangers majeurs qui menacent un navire en de telles occasions : une tempête effroyable et un début de mutinerie. Les problèmes semblent débuter à l'arrivée d'un nouveau matelot, James Wait, un homme noir à la respiration catarrheuse. L'homme se fait immédiatement porter pâle, se dit mourant, passe la traversée, dans le poste d'équipage. Ses compagnons d'infortune se voient la proie d'une fascination inexplicable, entrainés qu'ils sont par un esprit de corps et par des sentiments humanitaires face à cet être mystérieux et lui prodiguent des soins dévoués comme s'il eut été une statuette vaudou en son antre. Craik l'entoure de sa sollicitude inquiète, Donkin, tire-au-flanc fomenteur de révolte y reconnait un bon compagnon de flemmardise, Podmore, le cuistot du bord, sorte de fou de Dieu voit dans cet homme noir une âme damnée qu'il est de son devoir de sauver des flammes de l'enfer. Seul Singleton, un vieux loup de mer, échappe à l'envoutement général, reste en retrait, et lorsqu'il s'exprime ses mots on la force et la certitude de l'arrêt du destin. Quoi qu'il en soit l'arrivée du bateau se fera attendre tant que ce "Wait" demeurera à son bord.

Ce premier roman maritime de Joseph Conrad possède déjà de belles qualités. On y trouve un certain accent homérique, de saisissantes descriptions, une ambiance lourde de potentialités inquiétantes et une connaissance des étranges ressorts humains. On est un peu médusé devant un certain regard qu'on qualifierai de nos jours de franchement raciste : le nègre du "narcisse" est un être assez abject, impudent, manipulateur et qui ne brille ni par le courage ni par l'entrain à travailler pour la communauté.
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Dans ce court roman, Joseph Conrad opte pour une structure simple et linéaire, telle la traversée contée, lui qui est plutôt coutumier des narrations complexes, des ellipses, des retours. le narrateur est un "nous", parfois un "je" qui observe avec minutie la vie quotidienne à bord d'un grand voilier et les caractères trempés. le titre péjoratif est au final pertinent, car James Wait constitue le centre, le prisme à travers lequel les autres vont projeter leurs illusions, rancoeurs et regrets. Une scène épique de tempête contraste avec une scène triste de paie chez le commis. L'équilibre entre les grandeurs et les petitesses humaines en font l'une des plus belles oeuvres de Conrad..
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Ce titre est construit comme une antithèse : le "nègre", c'est le personnage un peu mystérieux de James Wait, un homme noir qui, pour sa première apparition, n'est d'abord qu'un regard et que des dents blanches qui brillent, son visage étant dissimulé dans l'ombre de la nuit. Narcisse, c'est le nom du navire sur lequel ont embarqué les personnages qui y servent comme marins. Or, ce navire est quasiment personnifié, avec ses humeurs et ses volontés propres. le narcisse est aussi une fleur blanche - d'où l'antithèse, qui, d'après la mythologie et les métamorphoses - les Métamorphoses, est originaire d'un jeune homme d'une grande beauté mort de se contempler dans le miroir des eaux d'une rivière. Ce navire est effectivement beau, brillant, lustré, son capitaine y tient et s'y mire, c'est sa fierté, la prunelle de ses yeux pour continuer la métaphore.
L'opposition se poursuit dans le domaine spirituel : le cuisinier du bateau évoque la noirceur de l'âme de Wait, damné car pêcheur, menteur, paresseux... face à la clarté des élus.
Dommage que cette opposition ne soit pas plus creusée, mais, surtout, que les personnages soient trop effleurées. Ainsi, on doute jusqu'au bout sur Wait : ment-il en se disant mourant pour être dispensé de son labeur, ou l'est-il vraiment ? Comme si l'auteur hésitait entre un pur récit de navigation et de tempête, une analyse socio-politique des rapports de classe sur le bateau, une étude des moeurs des marins, ou un texte plus allégorique.
Un avis un peu mitigé donc, car le personnage principal n'est pas à la hauteur des promesses du titre.
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Ce livre est un témoignage précieux d'un monde disparu, supplanté à la fin du XIXe siècle par les bateaux à vapeur: celui des grands voiliers marchands. Conrad nous embarque sur le Narcisse de Bombay à Londres, de l'Océan indien à l'Océan atlantique, entre tempête apocalyptique et calme plat mortel. L'aspect documentaire est remarquable. le vocabulaire iodé du marin: gaillard d'arrière, écoutille, lisse, épontilles, beaupré, guindeau, manchon d'écubier, vergues ou dunette, pique la langue du lecteur et le fait tanguer au rythme de la houle. Plus qu'un roman d'aventure, "Le Nègre du Narcisse" est une ode aux hommes de mer. Conrad excelle dans des descriptions à couper le souffle et dans de magnifiques portraits de personnages des micro-sociétés qu'étaient ces navires: le vieux marins, le cuisinier, le bosco (le second, figuré par le personnage magnifique de Baker), le charpentier, le capitaine bien sûr.
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