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Critique de MarcelP


Symphonie maritime en 5 mouvements (chapitres), le Nègre du "Narcisse" suit, de Bombay à Londres, le périple d'un voilier et de ses hommes.

Dans le premier mouvement, largo, un mystérieux narrateur, dont nous ne saurons jamais rien si ce n'est qu'il fait partie de l'équipage, nous présente succinctement celui-ci. Les hommes embarquent et le navire prend la mer.

Le deuxième mouvement, allegro non troppo, passe en revue l'équipage bigarré du "Narcisse" : Singleton le vieux loup de mer, sage illettré, côtoie Craik dit "Belfast", viril, bagarreur et sensible à la fois, l'ignoble tire-au-flanc Donkin, méprisable suborneur dont la lâcheté n'a d'égal que la cruauté et Jimmy Wait, unique noir de ce microcosme, géant dédaigneux et dolent qui porte en lui les stigmates d'une mort prochaine. Sitôt en mer, il tombe malade et est contraint de rester confiné.

Tout se déchaine, allegro assai ou agitato mais espressivo, dans le troisième mouvement. Une tempête, et quelle! Conrad nous offre l'un des plus prodigieux déchaînement météorologique de la littérature. le lecteur, comme les marins du Narcisse, se retrouve cul par-dessus tête et boit la tasse, pris dans un maelström d'images et de mots.

Dans le quatrième mouvement, véritable Dies iræ, le glas sonne : le capitaine Allistoun et son second Baker échappe de peu à une mutinerie et la mort frappe.

Enfin, en un adagietto rassérénant, les hommes arrivent à destination : c'est l'heure des adieux définitifs ou provisoires et du retour à la trivialité.

Dans cette peinture allégorique d'un vaisseau-monde, il faut savoir faire abstraction du vocabulaire technique manié avec compétence par Conrad (qui fut marin avant que d'être écrivain). Son jargon nautique freine la lecture et a condamné le profane que je suis à y faire de nombreuses impasses. Il n'empêche, ce poème au long cours nous embarque : ses morceaux de bravoure (le monstrueux coup de tabac, l'agonie d'un homme, la froide autorité d'un chef et la mer, "la mer, toujours recommencée !") nous impriment durablement la rétine et l'âme.

" L'air immense ouvre et referme (ce) livre"...
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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