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Robert d' Humières (Autre)Maurice-Paul Gautier (Autre)
EAN : 9782070250417
168 pages
Gallimard (11/02/1983)
3.96/5   109 notes
Résumé :
Jamais, de mémoire de vieux marin, un bateau n'avait essuyé pareille tempête que le Narcisse entre Bombay et South Foreland. La tornade les avait tenus en agonie pendant... il ne savait plus combien de jours. Le temps s'arrête dans ces cas-là. L'équipage à court de vivres et d'eau renvoyait abois pour abois aux vents et à la mer monstrueuse, de bons matelots courageux à la besogne, prompts à obéir, mais aussi à écouter les paroles empoisonnées du premier bon à rien ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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"J'ai sorti la grand'voile
Et j'ai glissé sous le vent. Sous le vent!
Fais comme si je quittais la terre. J'ai trouvé mon étoile
Je l'ai suivie un instant
Sous le vent..." Céline Dion et Garou.

Larguez les amarres, nous avons le vent en poupe, embarquez avec Joseph Conrad sur le "Narcisse" qui quitte Bombay pour l'Angleterre, en passant par le Cap de Bonne espérance.
Ce ne sera pas une croisière de plaisance!

James Wait est marin et noir. Noir, pas fin saoul comme un marin en bordée. Il est noir, vraiment noir...
" Les blancheurs de ses dents et de ses yeux luisaient distinctement, mais sa figure...était noire."

James est le dernier matelot à bord, mais il est le premier à être malade.
Il tousse beaucoup et ne peut travailler, un moyen pour échapper aux corvées ?

Méfiance, indifférence ou compassion... Branle bas de combat.
Comment vont réagir les 17 membres de l'équipage, par rapport à la différence? Celle de la couleur de peau, de la maladie et du malheur d'autrui?

Il y a Singleton le vieux loup de mer, Craik le bagarreur, Donkin le râleur et tire-au-flanc...
Quelques-uns sont de vraies têtes de noeuds, certains tiennent la barre, d'autres gardent le cap, face au vent de travers... Il faut veiller au grain !
Car le bateau va essuyer une effroyable tempête !
Il y a aussi un chat... noir, à bord. L'animal peut-il conjurer le sort (ce matelot agonisant) ou va-t-il porter malheur, car un homme va mourir ?

Comment lutter contre la mort et la vaincre?
Parés à virer lof pour lof?
Un début de mutinerie, le rafiot prend l'eau, les rats quittent le navire?

J'ai un peu chaloupé, n'ayant pas le pied marin, sur les termes techniques et maritimes de l'auteur. Il était marin ( brevet de "capitaine au long cours" en 1886) avant de devenir écrivain, c'est son troisième roman.

"Ce sont les voiliers qui ont découvert le monde, et ils charrient, dans leurs sillages, bien des légendes".Olivier de Kersauson.
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C'est du Hemingway avant l'heure...
Joseph Conrad fait partie des plus grands auteurs de la littérature anglaise. Né en Ukraine en 1857,il rentre en Pologne avec sa mère alors que son père est condamné à l'exil pour insurrection contre le tsar. Sa mère meurt d'une pneumonie, il a onze ans. Parti pour Marseille, il s'engage comme mousse et quatre plus tard, sa formation terminée, il rentre dans la marine marchande anglaise. En 1896, il met fin à sa carrière maritime, rentre en Angleterre et se consacre à l'écriture. « le nègre du Narcisse » parait en 1897, c'est son troisième roman et le premier récit maritime documenté par son expérience.
Alors que Baker, le second du navire le Narcisse, fait l'appel, il semble qu'il manque un matelot. Pendant que tout le monde part à sa recherche, on voit monter à bord un nègre d'une stature impressionnante : James Wait. Au complet, le bateau prend la mer du port de Bombay où il mouillait pour rentrer en Angleterre. Mais il ne faudra que quelques jours de mer pour que « le nègre du Narcisse » ne tombe malade et que la tension monte entre les marins aguerris...
Si l'histoire est courte, la lecture est dense. On navigue au milieu des plus belles lettres de la littérature anglaise de cette fin de XIXe siècle. L'auteur ne nous ménage pas avec son immense connaissance des termes maritimes et il nous embarque pour une aventure humaine où les caractères sont bien trempés. Conrad raconte ces hommes inspirés par leur courage et une bonne part d'inconscience qui sont prêts à jouer leur vie à pile ou face chaque jour de leur existence. C'est l'appel du large qui les animent.
Il écrit : « Aux hommes qu'a gratifiés d'un répit sa pitié dédaigneuse, l'immortelle mer confère en sa justice le plein et convoité privilège de ne reposer point. L'infinie sagesse de sa grâce leur refuse le loisir de méditer sur l'âcre et compliquée saveur de la vie, de peur qu'ils se rappellent – et regrettent peut-être – l'amertume inspiratrice de la coupe suprême si souvent offerte et si souvent reprise à leurs lèvres déjà roidies mais rebelles toujours. Ils doivent sans trêve justifier leur droit de vivre... » Voilà la parfaite illustration du style de l'auteur et de ses idées quant à son discours humaniste.
Le titre de ce roman n'a pas échappé à la censure odieuse et idiote de la cancel culture et a été changé en 2022 en : « Les enfants de la mer ».
Traduction de Robert D'Humières.
Editions Gallimard, le Livre de Poche, 256 pages.
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Une voile blanche traverse l'Océan Indien tranchant la mer de son sillage. le bâtiment qui vagabonde à la croisée des flots et du ciel, parait infime, perdu au coeur de ces immensités. Et pourtant, cet agrégat de planches et de voiles est un monde à part entière, peuplé d'une foule disparate partageant les vices et les vertus de l'humanité. "Le Narcisse", c'est le nom de baptême de ce navire, quitte Bombay et se dirige vers l'Angleterre en contournant l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance. L'équipage est composé de marins expérimentés ayant déjà oeuvré sur ce bateau, mais aussi d'hommes ramassés sur les quais du port de Bombay. Deux nouveaux matelots se distinguent dès leur arrivée sur le pont : Donkin n'a aucun bagage et se montre fourbe et revendicatif ; James Wait est un grand noir à l'allure distinguée mais qui va tomber rapidement malade. La traversée va réserver de nombreuses épreuves aux marins et aux officiers. La mer se montrera ou trop calme, ou déchainée, à l'image de l'état d'esprit de l'équipage.

Amateurs d'aventure maritimes, de prose poétique et d'exégèse littéraire, prenez place à bord du Narcisse. Attention, le voyage s'annonce rude puisque le texte est dense, truffé de termes techniques, d'allégories à interpréter et d'envolées lyriques. Cela casse souvent le rythme du récit mais peu importe, puisque l'essentiel est de s'extasier au spectacle de la mer et de méditer sur la destinée de l'humanité.
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Je tiens Conrad pour un des plus grands auteurs. Il est, selon moi, la quintessence de l'écrivain au sens le plus noble du terme, déployant toujours un style remarquable de finesse allié à une fluidité totale, parvenant à donner vie à des personnages parfaitement ciselés. « le nègre du Narcisse » ne va pas démentir cette opinion, même si ce roman m'a moins plu que d'autres de l'auteur.

« le nègre du Narcisse » m'a moins séduite que les autres romans de Conrad que j'ai lus. Il faut dire que la barre était sacrément haute. Je considère notamment « le coeur des ténèbres » comme un des romans les plus immenses jamais écrits. Dans « le nègre du Narcisse », il m'a manqué un brin d'émotion pour emporter totalement mon adhésion. Mais, si mon enthousiasme est tempéré, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un très bon roman d'aventure maritime. Et que dire de l'écriture de Conrad si ce n'est qu'encore une fois elle m'a émerveillée. J'ai tout particulièrement été frappée par la partie du récit dans laquelle l'auteur narre la tempête essuyée par le Narcisse. Quel formidable épisode. Rarement une tempête aura été décrite avec tant de précision tout en étant lyrique. Cette partie du roman est terriblement immersive. Rien que pour ça, le roman vaut d'être lu. Et cette partie s'étend sur beaucoup de pages, pour le plus grand bonheur du lecteur. Quant aux personnages, ils sont encore une fois remarquablement composés.

« le nègre du Narcisse » n'est pas le meilleur roman de Conrad mais c'est tout de même une grande oeuvre que je recommande à tous les amateurs de récits maritimes.
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LE NEGRE DU NARCISSE de JOSEPH CONRAD
Bombay. Baker, le second du Narcisse va faire l'appel de l'équipage avant d'appareiller pendant que le capitaine finit de s'occuper du rôle. le dernier à embarquer est un Negre de haute stature. James Wait. Une fois en mer le capitaine Allistoun arpente la dunette toute la journée, jeune il fut harponneur sur un baleinier, il ne craint qu'un Dieu sans miséricorde. En mer, Waits s'avère malade et reste sur sa couchette toute la journée, il se plaint du bruit et dit qu'il va mourir. Curieusement l'équipage parle à voix basse en passant près de sa cabine, vole le cuisinier pour le nourrir et semble prendre soin de lui ( bien que certains l'auraient volontiers tué). Des tensions se font jour entre les officiers et l'équipage mené par Donkin qui professe des idées contestataires proches du communisme. Donkin se fera mater durement par Baker. Waits malgré la bienveillance marquée par les hommes ne montre aucune reconnaissance se montrant souvent désagréable. Après avoir navigué sans problèmes le Narcisse va se retrouver pris dans une violente tempête qui va mettre hommes et navire à l'épreuve tandis que Waits ne quitte pas sa cabine.
Pas le plus connu des Conrad mais un des plus intéressants dont le personnage central est James Waits qui, tout en restant dans son coin et se taisant est le coeur du roman, celui sur lequel tout se cristallise, un peu comme Monsieur OUINE dans le livre de Bernanos. Nommer le navire Narcisse est loin d'être neutre et laisse la part belle à bien des interprétations. Dans un univers que Conrad affectionne, la mer, on retrouve par moment les accents du grand Lord Jim et la description de la tempête qui couche le Narcisse et oblige les hommes à ramper dans les coursives est un moment d'anthologie.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Le voyage avait commencé et le navire, fragment détaché de la terre, continuait solitaire et rapide comme une petite planète. Alentour, les abîmes du ciel et de la mer joignaient leurs inaccessibles frontières. Une immense solitude circulaire se déplaçait avec le navire, toujours changeante et toujours semblable, à jamais monotone et à jamais majestueuse. (...) Le navire avait son propre avenir ; il vivait de la vie de ces êtres qui foulaient ses ponts ; pareil à cette terre qui avait livré à la mer, il portait un poids insupportable de regrets et d'espoir.
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Un froid soleil luisait sur les crinières blanches des brisants noirs. Sous la forte haleine des grains d'ouest, le navire, voilure allégée, se couchait lentement, obstiné mais docile. Il dériva de ci de là, peinant à l'effort acharné de se frayer sa route, à travers l'invisible violence des vents. Il plongea tête la première, dans l'ombre des creux lisses...
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Le ciel bas sur l'horizon se teinta des délicates couleurs rose et jaune pareilles à l'intérieur d'un coquillage rare. Et plus haut, où luisait un éclat de perle, apparut un petit nuage noir tel un fragment oublié de la nuit serti en une bordure d'or étincelant. Les rayons lumineux voletaient à la crête des vagues. Tous les regards se tournaient vers l'est. Le soleil inonda les visages las.
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Le vieux Singleton, le plus âgé des marins brevetés du navire, était assis à l'écart sur le pont sous les lampes, torse nu, sa puissante poitrine et ses énormes biceps entièrement couverts de tatouages, comme un chef cannibale. Entre les dessins bleu et rouge, sa peau blanche luisait comme du satin ; son dos nu s'appuyait à une flasque du beaupré, et il tenait un livre à bout de bras, devant son grand visage hâlé. Avec ses lunettes et sa barbe blanche vénérable, il avait l'air d'un patriarche sauvage et instruit, incarnation d'une sagesse primitive sereine dans le tohu-bohu blasphématoire du monde.
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La terre sombre s'étendait solitaire au milieu des eaux comme un puissant navire étoilé de lumières vigilantes - un navire portant la charge de millions de vies - un navire chargé de scories et de joyaux, d'or et d'acier. Ce vaisseau se dressait immense et fort, gardien de traditions sans prix et de souffrances innombrables, rempart de glorieux souvenirs et de vils oublis, d'ignobles vertus et d'éclatantes transgressions. Quel grand navire !
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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