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André Gide (Traducteur)
EAN : 9782070364169
153 pages
Gallimard (12/07/1973)
  Existe en édition audio
3.78/5   454 notes
Résumé :
Le vapeur Nan-Shan vogue sur la mer de Chine avec sa cargaison de coolies. Le capitaine MacWhirr, esprit héroïque et borné, son jeune second Jukes, homme de bonne volonté mais encore friable, et l'excellent chef mécanicien Salomon Rout, exercent à son bord les principales fonctions. Ils vont affronter la terrifiante épreuve d'un typhon. Ils y survivront, de même que le navire, l'équipage et les coolies ; mais tous auront été transformés par de surhumaines difficulté... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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Le Nan-Shan chargé, est en route vers le port de Fu-Chau en mer de Chine, et à bord 200 coolies chinois qui rentre chez eux dans la région de Fo-kien après quelques années de travail dans les colonies tropicales, quand éclate le mauvais temps. le capitaine du navire MacWhirr, un irlandais de Belfast, homme timide sans caractéristiques particulières est aux commandes du récit, comme du navire. Un homme apparemment ennuyeux et taciturne, qui est toujours étonné qu'on puisse trouver des sujets de conversation avec les autres et vu le contenu des lettres écrites jadis à ses parents et actuellement à sa femme, il semble qu'il n'a pas grand chose à dire dans la vie. Un homme ignorant aussi aux maux de la Vie , qui semblent ne pas l'avoir effleuré jusqu'à présent. Mais voilà cette fois-ci il est en Mer de Chine, en pleine saison de typhons avec 200 chinois à bord et des seconds moins taciturnes et plus belliqueux que lui , seul à bord à décider de leur destin. Une fois la tempête éclatée, les donnes vont changer…….

C'est ma première lecture de Joseph Conrad. Je suis restée admirative de son anglais raffiné, ici foisonnant de termes marins, et de ses jeux de mots qui y rajoutent du peps et un zeste d'humour discret au texte. Bien qu'il n'ai appris l'anglais qu'à vingt-un ans étant d'origine polonais, sa prose n'a rien à envier aux grands écrivains anglais de sa génération.

Une lecture que je dois à la discussion sur le billet de bobfutur sur ce même livre, concernant la traduction d'André Gide trop littéraire qui a déplu à l'ami babeliote. Personnellement le temps d'une lecture j'ai pleinement vécu cette tempête et sa férocité, avec le capitaine et son second Jukes. Et au final ce MacWhirr peu apprécié par sa famille et ses subordonnés m'a bien plue , car c'est lui qui avec son calme, son caractère taciturne, sa logique et son attention méticuleux aux détails sauvera et le bateau et l'équipage et les passagers. La connotation politique du texte avec la présence des coolies, qui ici aussi grâce au bon sens de MacWhirr s'en sortiront sans trop de pertes est une autre richesse de l'histoire. Bref une nouvelle à découvrir, espérant que vous tombiez sur la bonne traduction.
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André Gide, traducteur de cette version (folio simple), écrivait :
« Nul n'avait plus sauvagement vécu, que Conrad; nul ensuite, n'avait soumis la vie à une aussi patiente, consciente et savante transmutation d'art. »
Une cargaison de biographies, forcément, existe sur ce géant. J'imagine qu'en cherchant un peu, on pourrait préciser la ou lesquelles lire, tant sa vie est semblable à un grand roman.
(suggestions bienvenues)
Cette vie dont il a fait le matériau principal de son oeuvre, confirmant qu'il ne faut pas chercher bien loin hors de soi pour trouver de bonnes histoires à raconter, surtout quand on s'engage dans la marine marchande…
Ce « Typhon » est bien inspiré d'une histoire vraie, comme Conrad l'explique clairement dans ces « notes de l'auteur », absentes dans cette édition, mais publiée dans la version recueil, dont la lecture précise l'intention de l'auteur :
« De même que dans la plupart de mes ouvrages, ce ne sont pas les évènements eux-mêmes sur lesquels j'insiste ; mais l'effet qu'ils font sur les personnages »
« Cette affaire, dont l'intérêt ne résidait pas, cela va sans dire, dans le mauvais temps, mais dans l'extraordinaire complication que créait, dans la vie du navire, à un moment d'exceptionnel gros temps, l'élément humain qui se trouvait au-dessous du pont »
« La difficulté financière de l'affaire, qui présentait aussi un élément humain, avait été résolue par un esprit beaucoup trop simple pour que pût le troubler quoi que ce fût au monde »
Et enfin à propos de son personnage principal :
« MacWhirr… avec son esprit littéral et son indomptable tempérament… est le produit de vingt années d'existence. Ma propre existence. L'invention consciente a eu fort peu de part à sa création. S'il est vrai que le capitaine Macwhirr n'a jamais marché ni respiré sur terre… je puis assurer à mes lecteurs qu'il est parfaitement authentique. »
C'est après avoir lu tout ceci que j'ai réellement pu apprécier cette histoire; il m'apparait donc nécessaire de recopier ces lignes pour ceux qui, de par la version lue, seraient passés à côté, bousculés aussi peut-être par cette traduction d'André Gide qui semble manquer de discrétion… apparement trop « littéraire » par rapport au texte original (je fais confiance à des babéliotes avisés), la version de François Maspero serait bien meilleure…
Un jour, peut-être, au détour d'un bouquiniste… pour ne pas finir noyé dans sa baignoire… la famille haïe enfermée dans le placard…
…donc une note assez basse avant tout pour la traduction…
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"Typhon" (Typhoon) est une longue nouvelle publiée en 1903 par un certain Teodor Josef Konrad Korzeniowski (né en 1857 en Ukraine, ses parents appartenant à la vieille noblesse polonaise) dont la vie prit un tour "aventureux" - dans le mauvais sens du terme - dès ses 17 ans (où le voila à Marseille en jeune inadapté social ET flambeur... ). Bref, il lui faut "rapido" gagner sa vie, prendre un métier : et le voilà qui prend celui de naviguer... Passager puis mousse puis steward puis contrebandier (à 19 ans) puis matelot puis lieutenant (passe son examen de "second mate") puis Second puis exceptionnellement Capitaine (il a 31 ans)... A ses 32 ans, lors d'une longue escale à Londres (été 1889), il se met à écrire... Il a 37 ans quand son premier roman est accepté et publié l'année suivante évidemment en langue anglaise : "Almayer's Folly" (1895). Ainsi, "Joseph Conrad" (Quel magnifique pseudonyme... ) est né ! Drôle d'oiseau, Anglais adoptif se forgeant une bizarre identité professionnelle et artistique composite... Y a -t-il une vie avant l'écriture ? Dans le cas de J. C. la réponse est plus qu'affirmative... Elle est déterminante ! L'oeuvre déborde... Les romans et "longues nouvelles" s'enchaînent...
Jusqu'à ce "Taïfounn" (Pardon : "Typhoon") dont pas mal de lecteurs visiblement attendaient les secousses bien surlignées... Hé hé... Il n'en sera rien : plongée dans la "banale" extériorité des comportements ... McWhirr, le Capitaine mutique obstiné comme le pinceau d'un phare, porteur d'un système de valeurs que l'on découvre au fil du récit... Jukes, son Second qui n'en mène pas large mais doit bien sûr obéir au "Pacha"... Rout, le chef mécanicien : "un type capable" (Comme McWhirr diagnotique bien !)... ou encore ce premier lieutenant minable (le "coward" des westerns, genre de type à vous assassiner son "hôte" Jesse James dans le dos...) ... ou ce Bosco (maître d'équipage) difforme aux bras de singe... Physionomies et caractères extérieurs taillés - comme on dit (donc clicheton) - "à coups de serpe" vous en diront ici plus long sur l'intériorité des "acteurs" du drame en cours... que n'importe quelle laborieuse approche psychologisante ! (Imaginez un auteur français contemporain "à la mode" sur une affaire pareille...).
Bref, pas de suspense à gros sabots ! Pas d'envolées lyriques sur "la surpuissance des éléments", pas de grands seaux d'eau balancés en coulisse sur les personnages, de lances à incendie fonctionnant à pleine puissance derrière les décors en carton-pâte hollywoodiens (Je repense au fiasco artistique d'un film comme "La tempête" de Wolfgang Petersen... "Morceaux de bravoure" prévisibles comme les trous du gruyère... bref, qu'est-ce qu'on s'y emmerdait !).
Là, on garde son calme. On tient le coup. Le lâche est isolé (et frappé par le Cap' pour le calmer... ). L'équipage se terre mais on va le secouer. Les coolies chinois se battant dans l'entrepont pour récupérer leurs dollars patiemment amassés en leur existence de quasi-esclaves, argent luciférien sorti de leurs coffres éventrés : Jukes et le Bosco partent y mettre bon ordre. Pas facile. Autour, bien sûr, ça secoue sacrément (Nom de Dieu !). On a compris que l'essentiel se jouera dans le navire. Conrad s'offrira même le luxe d'une ELLIPSE avant la deuxième partie (la pire) du "Typhon" : gonflé , non ? Pas de chapitre surnuméraire entre le V et le VI, donc... "Le pire" sera résumé par la phrase finale du chapitre V ! C'est que, du surnuméraire, son vapeur n'en a rien à fiche... Le "Nan-Shan" DOIT continuer sa route... Les épouses McWhrirr et Rout - subsistant grâce aux vies dangereuses de leurs conjoints - sont dépeintes "là-bas" (actions parallèles dans leurs havres londoniens), dans l'ignorance totale des épreuves... Paisiblement assises au coin du feu.
La traduction de François Maspero est sans doute moins "classique" que celle d'André Gide mais la profusion des mots techniques propres à la marine marchande des premiers chapitres nous rend le tableau d'ensemble parfois "un rien embrumé"... (S'aider alors d'un dictionnaire Robert est le mieux !). Et le récit souffre un peu d'un certain manque de vision picturale de l'écrivain : le lecteur a parfois bien du mal à se représenter dans l'espace le labyrinthe (Souvenons-nous que "Nostromo" était le nom du vaisseau spatial de l' "Alien" de Ridley Scott) qu'est l'intérieur de ce "vapeur" cerné par les hurlements du vent, la nuit d'encre parfois zébrée d'écume phosphorescente, les lames qui recouvrent et détruisent peu à peu les ponts...
La peur. Le sang-froid. La routine et quelques idées simples (à appliquer) qui sauvent du désastre. Rêvons un peu... En notre monde (re-)devenu fou de 2016, ne "nous" faudrait-il pas au fond (ou avant de toucher le fond) un McWhirr, "homme de terrain" au Q.I. forcément limité mais aux bons réflexes et sans le moindre attrait pour les blablas vertueux, les manoeuvres d'enfumage, les "stratégies" cyniques d'occupation de l'esprit des "masses" et autres agitations humaines inutiles... quand le Typhon nous prend durablement et que le Titanic-biosphère fonce tranquillement vers "son" iceberg, sans pouvoir changer de trajectoire ou paraître le moins du monde s'en inquiéter... ?
Quelques sentiments et "bons" réflexes humains qui - ensemble - forment notre instinct de conservation (individuel et collectif). Dans ce monde-ci, pas de blablas intiles. Pas d'insignifiance (Pardon, "sursignifiance" !) bien anecdotique et dûment surlignée à la Emmanuel Carrère... Bref, "pas de gras !" (comme dans les Simenon...). Bon, à moi il me plaît bien, ce "Typhon"... (phrase banale relevant de mon narcissisme lectoral parmi des millions de narcissismes lectoraux : "Z'ai aimé / Z'ai pôs aimé", qu'est-ce qu'on s'en fout, au fond !). Du coup, bah j' vas essayer de m' lire "TOUT" Conrad (disparu en 1924)... Oui, en "nos" temps de lecture de masse moutonnière des "Nouveautés" (?) : hé hé hé... Encore le passé, toujours le passé (dépassé, le passé ?)... On s'isole, on s'isole... eh bé tant pis ! Pt'être, moins de paons dans le passé... ? Des gens sérieux, des "types capables" ! (Bon, je plaisante, je plaisante... )
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Il faut se méfier de l'eau qui dort. Ceci est vrai lorsqu'on est dans l'oeil du typhon mais également du commandant du navire. Je ne l'ai pas trouvé stupide, il est juste ignorant de ce que la vie «peut comporter de perfidie, de violence et de terreur». Selon moi il ne réagit pas comme tout à chacun, il parle peu mais ce n'est pas pour autant qu'il ne cogite pas. Il a son raisonnement et je trouve qu'il voit et va à l'essentiel.
J'ai apprécié la description du paquebot _qui souffre autant que les hommes_ ainsi que la fureur des éléments. L'écriture rend très bien la violence qui se déchaîne pendant cette nuit de tempête.
«Mais le vent en fureur s'attaque à l'homme tel un ennemi personnel. Il essaie de lui saisir bras et jambes, de s'emparer de son esprit, il cherche à lui voler son âme.»
Ainsi chacun doit lutter contre ses peurs profondes, certains se révèleront avec plus ou moins de force, de courage ou de bêtise. L'importance de l'effet d'entraînement du groupe ou de la voix du leader, qui donne courage, est soulignée dans ce roman.
J'ai souri au clin d'oeil de l'auteur lorsqu'il évoque la femme de commandant, elle qui ne s'imagine pas passer toutes ses journées avec lui, ravie qu'il navigue sur les mers de Chine à prendre le soleil contre une bonne rémunération.
Une lecture dépaysante et bien agréable.
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En regardant machinalement ma bibliothèque mon regard s'est posé par hasard sur la tranche fine du livre de Conrad dont le nom de l'auteur et le titre sont frappés en larges lettres majuscules sur un fond blanc. Tranche kitsch qui m'a tout de suite transporté dans le garage de mon grand-père, à Marseille d'où je tirais pendant les vacances d'été, d'une large armoire en formica rouge, toutes sortes de bouquins, des Achille Talon aux Bob Morane, et que je lisais avidement pendant que mon père faisait la sieste qui précédait usuellement nos sorties à la plage. C'est dans ces odeurs mêlées d'huile de moteur, d'essence et d'outils graissés que je faisais doucement grincer les battants de ma caverne d'Ali Baba afin de ne pas réveiller l'endormi qui mettrait fin à mes projets.
C'est pourtant en l'ouvrant que le livre révélait toute la richesse de ses senteurs inoubliables de livre de poche des années 60 et l'anticipation de joyeuses promesses de bonheur et d'émotions, qui exercent encore sur moi une telle attraction que je ne peux m'empêcher d'aller y perdre de temps en temps mon visage pour me repaitre de ses nostalgiques émanations.
J'engageais donc ma lecture dans de bonnes dispositions en regardant la couverture représentant un bateau dans la tourmente au milieu d'un océan déchainé.
Et nous voila à bord du vapeur le Nan-Shan à peine sorti des chantiers et placé sous le commandement du capitaine Mac Whirr, un homme peu loquace qui économise autant les mots que le combustible et les temps de trajet. C'est un type pratico-pratique. Il convient que la ligne droite est toujours le chemin le plus rapide entre deux points et gare à celui qui voudra se placer en travers de son chemin. C'est dans cet état d'esprit qu'il va affronter la pire tempête de sa vie, de face et sans détour. Et de toute façon, s'il l'avait évité comment aurait-il pu être sûr que c'était réellement une tempête aussi terrible? Rien n'aurait pu le prouver!
Mais le chaos gagne rapidement le navire qui est projeté dans tout les sens, uniquement maintenu sur sa route par les mécaniciens qui assurent la propulsion du vaisseau. Les échanges sont rudes et sans ambages entre les membres d'équipage, chaque décision doit être prise rapidement et ne pas être discutée. On entend le pont et la coque craquer sous le poids des vagues qui déferlent sur le navire quand Juke, le second du capitaine lui annonce que la cargaison de "coolies", ces travailleurs pauvres chinois commence à s'échauffer sérieusement sous l'effet du tangage du bateau et que si aucune action n'est menée rapidement, ils risquent de se massacrer les uns les autres. le commandant doit donc agir sur plusieurs fronts; celui de la tempête, du commandement du navire et de celui des hommes.
J'ai été particulièrement choqué du vocabulaire utilisé pour décrire la population de chinois parfois associée à la bête, à la sauvagerie, à l'infériorité. En maugréant contre la vision que le monde occidental pouvait avoir sur les peuples colonisés au début du 20ème siècle, je me suis tout à coup rappelé que je vivais toujours au 21ème siècle et que le statut de marchandise n'avait pas abandonné tous les hommes.
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critiques presse (1)
LesEchos
08 août 2017
Dans la continuité des romans maritimes de l'auteur, « Typhon » raconte la terrible déferlante qui s'abat sur le « Nan-Shan », navire dirigé par l'obtus capitaine Mac Whirr sur la mer de Chine.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Juke était content, indiscutablement, de sentir à côté de lui son capitaine. Cela le soulageait, tout comme si cet homme, simplement, en s'amenant sur le pont, avait pris le plus lourd de la tempête sur ses épaules.
Tel est le prestige, le privilège et le poids du commandement.
Mais le capitaine Mac Whirr, lui, ne pouvait espérer de personne sur terre un soulagement analogue. Tel est l'isolement du commandement.
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Il avait cet air las et épuisé des navires qui s'en reviennent du bout du monde, et non sans cause, car dans son court voyage il avait été très loin, jusqu'à entrevoir même les côtes de l'Au-delà, de ce grand inconnu d'où jamais navire ne revint pour rendre à la poussière du continent les marins de son équipage.
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Un faible éclair tremblota tout autour comme sur les parois d'une caverne, d'une chambre de la mer secrète et noire, au pavement d'écume et de flots. Sa palpitation sinistre découvrit un instant la masse basse et déchiquetée des nuages, le profil allongé du Nan-Sham, et sur le pont, les sombres silhouettes des matelots à la tête baissée, surpris dans quelque élan, butés et comme pétrifiés. Puis les flottantes ténèbres se rabattirent. Et c'est alors enfin que la réelle chose arriva.
Ce fut je ne sais quoi de formidable et de prompt, pareil à l'éclatement soudain du grand vase de la Colère. L'explosion enveloppa le navire avec un jaillissement tel qu'il sembla que quelque immense digue venait d'être crevée à l'avant.
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Le capitaine Mac Whirr, un peu moins placidement que de coutume, s'efforçait de faire entrer dans sa boutonnière le bouton d'en haut de son ciré. L'ouragan qui met les flots en démence, qui fait sombrer les bateaux, et qui déracine les arbres, qui renverse les murailles et précipite l'oiseau de l'air contre le sol, l'ouragan avait rencontré sur sa route cet homme taciturne et son plus grand effort n'avait pu que lui arracher quelques mots. Avant que ke courroux renouvelé des tempêtes ne se jetât de nouveau sur le navire, le capitaine Mac Whirr fut réduit à déclarer, d'un ton comme contrarié :
- Ça m’ennuierait qu'il se perdît.
Cette contrariété lui fut épargnée.

(Traduit de l'anglais par André Gide)
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Jukes demeurait indifférent, insensibilisé, l'on eût dit, par la violence du cyclone, conscient uniquement de l'inanité de tout effort, de tout geste. Il tenait pour absorbante suffisamment l'occupation de préserver, de cuirasser son cœur tout gonflé de jeunesse, et éprouvait une répugnance invincible en face de toute autre forme d'activité. Ce n'était pas de l'épouvante, il le reconnaissait à ceci que, tout persuadé de ne plus voir la prochaine aube, cette idée pourtant le laissait très calme.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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