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EAN : 9782283028407
192 pages
Buchet-Chastel (20/08/2015)
2.83/5   9 notes
Résumé :
Marie ma mère, écoute ce qui surgit. Il n’y a pas d’image s’il n’y a pas de corps. Pas de corps s’il n’y a pas de mots. Pas de mots s’il n’y a pas de voix. Pas de voix s’il n’y a pas de souffle.’
Il peut arriver qu’il faille ré-ensevelir ses propres morts. Car il y a des morts négligés, comme il y a des individus négligés, qui souffrent au-dedans de nous et nous font souffrir en retour.
L’Atelier des morts, admirable tombeau, raconte une famille frança... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Décidément, sous leur couverture discrète, les éditions Buchet Chastel recèlent des trésors d'écriture et je tiens à les remercier, ainsi que Babélio, pour l'envoi de ce petit livre au contenu remarquable.

N'en déplaise aux amateurs de surnaturel, l'Ateliers des morts n'a pas de vocation ésotérique. Daniel Conrod y dresse le portrait choisi de cinq personnes de sa famille, pour un règlement de compte ou un hommage post-mortem. Une façon d'exorciser le passé en leur écrivant ce qui n'a pu leur dire de leur vivant. Soit parce qu'il n'a pas eu le courage de le faire, comme avec son père, soit parce qu'il ne les a pas ou trop peu connus, comme cet oncle mystérieux qui hante le vécu familial

Chaque chapitre est ainsi consacré à un mort :
- Son frère aîné décédé d'un cancer à 50 ans
- Sa mère, « la sainte », elle aussi emportée par un cancer alors qu'il était tout petit
- Son père, homme violent et honni, surnommé « l'ours » par sa seconde épouse
- Son oncle maternel, le prêtre obscur, collaborateur, espion et séducteur, dont le passé trouble est comme un abcès de honte et de non-dits dans la famille
- Sa demi-soeur prématurée qui ne vécut que 7 heures, oubliée de tous, mais pas de l'auteur qui a fait d'elle son âme soeur, son ange gardien, sa compagne de tous les instants, parce que « ni la mort ni la vie ne sont infranchissables ».

Bien sûr, notamment lors du premier portrait qui décrit sans fard les ravages du cancer en phase terminale, il faut avoir le coeur bien accroché pour parcourir ces pages, qui m'ont rappelé de bien pénibles moments. Mais c'est le pouvoir des mots et de l'écrivain de toucher, à partir d'une histoire qui semble personnelle, le propre vécu des lecteurs.

Si ce n'est le chapitre consacré à l'oncle, un peu poussif, qui aurait pu gagner en concision et en intensité par une reconstitution chronologique de son passé, ce livre se lit très vite, comme un témoignage et presque comme un roman. le style est très abouti, direct, assez fort pour traiter un tel sujet avec la distance nécessaire pour ne jamais sombrer dans le pathos.

A sa manière, Daniel Conrod met ainsi de l'ordre dans sa vie et ses sentiments. Il ré-enterre ses morts après avoir exprimé sa colère, son amour ou son incompréhension, preuve qu'il n'est jamais trop tard pour trouver l'apaisement.
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Une famille moyenne, près d'une ville moyenne, une famille française, le Jura, le siècle dernier. le narrateur (1952-….) écrit des lettres à ses morts. Jean-Marie (1936-1986) le frère ainé à qui il parle comme il n'a jamais pu lui parler : une famille française autour d'un gâteau d'anniversaire alors que la mort est déjà à l'oeuvre. Marie-Aimée (1908-1955), sa mère inconnue puisque disparue alors que lui, le petit dernier, n'avais pas trois ans, aimée et forcément idéalisée. Léon (1909-1988) le père, vite remarié, dieu des champs, diable de maison, décrit en quelques adjectifs : honnête et malheureux, atrabilaire et orgueilleux, injuste et pathétique, cruel et douloureux, un père mort et pourtant impossible à tuer.

René Jean-Marie (1913-1987) l'oncle prêtre appartenant à l'extrême droite française la plus radicale par haine des gens de peu, engagé dans l'armée allemande, collabo et escroc de la pire espèce qui finira ses jours tranquillement dans une maison de retraite, vieux monsieur respectable. Odile dite Iphigénie (1960-1960) lettre à la petite soeur qui n'aura pas vécu plus de huit heures, petite fille oubliée qui accompagnera le narrateur tout le long de sa vie.

Cinq lettres, cinq vies. « le vrai tombeau des morts c'est le coeur des vivants » écrivait Cocteau, en ouvrant son coeur Daniel Conrod élève un mausolée à la France du XXe siècle. Véritable livre d'Histoire minimaliste ce formidable petit roman à l'écriture épurée vous poursuivra longtemps.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai reçu "L'atelier des morts" de Daniel Conrod dans le cadre de la masse critique de Babelio et je l'ai le plus rapidement que j'ai pu, et pour ma part, ça a été une bonne lecture. Honnêtement, je suis tombé amoureuse de la plume de l'auteur qui est très belle, poétique même. En tout cas, elle donne envie de continuer la lecture du roman. Je n'avais jamais lu un livre comme celui-ci avant. le livre se découpe en "morts", ce ne sont pas des chapitres, mais le livre est divisé par les différentes histoires des morts de la famille du narrateur. On sent un narrateur qui veut se délier, se libérer du passé, des morts de sa famille pour pouvoir plus librement aujourd'hui. Enfin, ce n'est que mon avis après.
Par contre, je trouve qu'on ne s'attache pas à personne, le personnage principal est le narrateur, et finalement on ne sait rien de lui à part la vie des morts de sa famille. On ne s'attache pas aux morts - peut-être encore à la petite Odile, mais encore. Finalement, on suit tout cela d'assez loin, on est simple spectateur. Un défaut du livre qui m'empêche d'apprécier entièrement ce roman.
Mais pour moi, ce roman reste une bonne lecture, j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur ainsi que l'ambiance qui se dégage du roman !
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Quelle déception!
J'avais lu la faramineuse critique du matricule des anges et avais dit "j'achète!"
Mais le fait est que j'ai tenu jusqu'à la page 59 avant d'abandonner...
Le style est sans aucun intérêt, le thème non plus d'ailleurs, même s'il est vrai que j'ai déjà lu pas mal de romans de ce style, très exorcistes où l'on va chercher à faire le deuil de son père/sa mère/époux/épouse etc, là l'originalité c'est que le narrateur s'adresse un par un à tous les membres disparus de sa famille... Mais c'est d'un lassant!!!! Rien de vrai n'en ressort, en tout cas pas pour moi :-(
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Reçu dans le cadre d'une Masse Critique Babelio, j'ai trouvé ce petit livre-objet vraiment très agréable avec sa couverture intérieure rouge et sa mise en page sobre, il me semble parfaitement adapté au thème.
L'écriture de Daniel Conrod m'a énormément plu. Les jeux de répétitions, les rythmes des phrases, je me suis retrouvée bercée par ce roman-poème vraiment très beau.
À travers plusieurs lettres adressées à des morts de sa famille, le narrateur semble réaliser un chemin vers la compréhension de son "moi". Au final pourtant, nous ne saurons rien — ou presque — de lui et je dois avouer rester un brin frustrée après avoir refermé ce livre...
En bref, une lecture très agréable pour moi. Je remercie Babelio et les éditions Buchet Chastel pour cet envoi !

Lien : http://jeanneselene.blogspot..
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critiques presse (1)
Telerama
04 novembre 2015
La langue est vive, âpre et inspirée, le regard sans concession, le texte d'une violence parfois étourdissante.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Sur ton lit de mort je ne t’embrasse pas. Je te regarde fixement. Il me faut te le dire en face, je ne t’embrasserai pas, l’articuler d’une voix haute et claire. Etre face à toi l’homme que tu n’as jamais pensé que j’étais ni ne serais jamais. A tes yeux, sous tes yeux, je n’étais pas un homme, cela ne se pouvait pas. Jeanne me dit, tu n’embrasses pas ton père ? Je lui réponds, non je n’embrasse pas mon père. Elle dit, il t’aimait tu sais ! Je réponds, peut-être. Elle n’insiste pas. Je reste debout. Mon esprit s’échappe. La pensée insistante que je ne serais pas un homme selon toi… »
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Ce n’est pas le pardon que je suis venu t’apporter. Je ne suis le messager de personne. Je viens aujourd’hui, en cet instant, considérer le sombre état des choses qui fut le nôtre et repousser vers toi comme autant de pelletées de terre le chagrin, la violence, l’impuissance, les regrets, la honte, la vie dure, la vie lourde. Léon Fabien, mon père, je viens te rendre ce qui t’appartient.
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Sous ta plume, mon père est un jeune homme amoureux. Sous ta plume, ton destin n'est pas inscrit dans le marbre, comme il nous serait facile de le vouloir. Ni Léon Fabien ni toi n'étiez assignés. Vos deux histoires de vie auraient pu prendre un autre tour. Vous aviez tant confiance. Tant de choses semblaient possibles.
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La voix te manque. Derniers bruits de carnage au-dedans de toi. On galope on ferraille on brûle on saccage, il faudrait hurler maintenant, mais hurler, tu ne le peux pas, ta bouche est grande ouverte sur ce cri qui ne sort pas. Le souffle de ta parole maintenant enfermé dans la cage, bouclé embastillé, pitié, tu demandes pitié, c'est alors que tu tombes et te brises. Ton pyjama mouillé. Tu as fait pipi sur toi. On croit qu'un tyran ne meurt jamais ailleurs que dans son lit, que les ours sont immortels, que le père faillible ne doit pas s'en aller sans avoir été pardonné par le fils compatissant. On le croit. On se trompe.
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Les plus forts dans une famille sont toujours ceux qui font semblant d'oublier et finissent par y parvenir.
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