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Citations sur Beach music (65)

Mes larmes à moi semblaient être figées, gelées dans un glacier auquel je n'avais même pas accès à l'intérieur de moi. Quel genre d'homme étais-je pour ne même pas pleurer au chevet de ma mère mourante.
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" Je me dis alors qu'à la naissance, les hommes américain se voient allouer exactement autant de larmes que les femmes américaines. Mais parce qu'il nous est interdit de les verser, nous mourons beaucoup plus tôt que les femmes, d'une explosion du cœur, d'une poussée de tension, ou le foie rongé par l'alcool, parce que ce lac de chagrin que nous avons en nous ne peut pas s'évacuer. Nous les hommes, nous mourons d'avoir trop gardé les yeux secs."
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"Croyez-vous que vous seriez capable de jeter votre fille Leah dans un four crématoire, Jack ? Bien sûr que non. L'amour que vous lui portez est trop immense, exact ? Laissez-moi vous affamer pendant un an. Obtenir votre soumission par les coups. Tuer tous ceux que vous aimez et vous faire travailler jusqu'à tomber à terre. Vous humilier, mettre des poux plein vos cheveux et des asticots dans votre pain. Laissez-moi éprouver vos limites, trouver l'endroit à la frontière de votre âme où cesse la civilisation et commence la dépravation. C'est ce qu'ils m'ont fait Jack. A la fin de la guerre, j'aurais jeté le Messie en personne dans les flammes du crématoire, et je l'aurais fait pour un bol de soupe. Je serais capable d'y jeter aussi Ruth, Shyla, Martha, Sonia, mes fils, sans l'ombre d'une hésitation. Il est là, le truc, Jack. Il suffit de briser totalement un homme, et il est à vous, vous le possédez. Laissez-moi vous briser comme ils m'ont brisé, et je vous promets que vous jetteriez Leah au feu, que vous la pendriez haut et court, que vous la regarderiez être violée par une centaine de types avant d'avoir la gorge tranchée, et ses entrailles offertes aux chiens affamés dans la rue. Je vous choque. Je suis désolé. Je vous raconte ce que je sais.
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Je m'intéressai ensuite aux livres de poche dont pas un ne semblait avoir bougé de place. Cette pièce avait souvent servi de refuge pour fuir la discorde et la tristesse du rez-de-chaussée, et c'est là que j'étais tombé amoureux de ces livres et de leurs auteurs d'une manière que seuls connaissent et comprennent les lecteurs impénitents.
Pas une fois un bon film ne m'a affecté de façon radicale et définitive comme peut le faire un bon livre. La lecture avait le pouvoir de modifier pour toujours ma vison du monde. Un grand film changeait éventuellement ma perception des choses pendant un jour.
J'avais toujours classé ces livres par ordre alphabétique, d'Agee à Zola, et je les avais lus pour la sonorité des mots, pas pour les idées qu'ils épousaient.
"Salut Holden Caulfield, dis-je en tirant le livre de son étagère. rendez-vous au Waldorf, sous le pendule. Bonjour à Phoebe. Vous êtes un Prince Holden, un vrai de vrai".
Puis sortant "Look Homeward, Angel", je lus la superbe première page de Wolfe et me souvins qu'à seize ans, ces mêmes mots m'avaient enflammé par la beauté inhumaine de la langue à la façon d'une supplique, d'une incantation, d'un grand fleuve grondant dans l'obscurité.
"Salut Eugene, salut Ben Grant", dis-je tranquillement car je connaissais ces personnages aussi bien que les personnes que je rencontrais dans la vie. La littérature était le lieu où le monde faisait sens pour moi.
"Mes hommages, Jane Eyre. Salut, David Copperfield. Jake, la pêche est bonne en Espagne. Méfie-toi d'Osmond, Isabel Archer. Attention Natacha. Bon combat, Prince André. La neige, Ethan Frome. La lumière verte Gasby. Attention aux grands garçons, Piggy. ça ne m'est pas égal Miss Scarlett. Les bois de Birnam bougent, Lady McBeth. "
Ma rêverie fût interrompue par la voix de Leah.

- "A qui tu parles papa?"

- A mes livres dis-je. Ils sont toujours là. Je vais tous les emballer et les expédier à Rome pour toi.
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A mon arrivée à la maison, Maria dormait déjà et Leah s'était endormie dans mon lit. Son visage au repos m'emplit d'une telle bouffée de stupéfiante tendresse que je me demandais si tous les pères se repaissent avec autant de voracité du visage de leur enfant. J'avais inscrit dans ma mémoire le moindre trait, la moindre courbe de son profil; pour moi il s'agissait d'un texte secret à la beauté sans pareille.
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Jordan maintenait un équilibre en position presque accroupie, et j'entendis les cris d'encouragement de Capers et de Mike, sur la plage, tandis qu'une lame d'eau furieuse et blanche le propulsait, le portait, et le livrait aux sables blancs où il mit pied à terre avec la grâce délicate d'une femme pénétrant dans sa loge à l'opéra.
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J'enviais la qualité solitaire et retirée de la vie contemplative. J'admirais l'intransigeance de la discipline monastique, et dans un siècle qui me paraissait chaque année plus ridicule, je me disais que la solitude et la prière et la peuvreté constituaient peut être la réponse la plus éloquente à ces temps absurdes où l'aliénation était à la fois une pose et une philosophie...
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[ le narrateur parle de sa fille ]
Je priai pour que Leah eût la bonne fortune de tomber amoureuse d'un homme radicalement différent de moi, un homme qui serait moins torturé, en proie à un régiment moins fourni de démons, un homme qui aimerait le rire, les mots, et posséderait un peu de talent pour le bonheur et la joie.
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"Est-ce que Dieu te manque ?" demanda le prêtre. L'absolue simplicité de la question me prit par surprise.
"Pourquoi cette question, père ?
- Parce que tu étais un enfant très religieux autrefois.
- Je croyais aussi à la petite souris, à l'époque. Celle qui vient mettre une pièce sous l'oreiller. J'aime bien les preuves tangibles.
- Ta mère m'a dit que tu avais lâché le catholicisme.
- Exact, dis-je, agacé par la formulation, mais tentant de me reprendre. Ce qui ne veut pas dire que j'ai perdu le goût des paris et que je ne tente plus jamais ma chance au loto.
- C'est tout ce que représentait l'Eglise pour toi ? Un billet de loto ?
- Non, répondis-je. C'est aussi l'Inquisition. Franco. Le silence du pape pendant l'Holocauste. L'avortement. La contraception. Le célibat des prêtres.
- Je vois, dit le prêtre.
- Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
- Mais Dieu, dit-il. Que fais-tu de lui ?
- Nous sommes en pleine querelle d'amoureux, dis-je.
- Pourquoi ?
- Il a participé à la mort de ma femme. Pas réellement, bien sûr. Mais je trouve plus facile de lui en vouloir à lui qu'à moi.
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Aucune histoire ne se déroule en ligne droite. La géométrie de la vie humaine est trop imparfaite et complexe, trop déformée par le rire du temps et les stupéfiantes complications du destin pour admettre la ligne droite dans son système de lois.
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