Pat Conroy est devenu en deux titres «
le prince des Marées », adapté au cinéma avec Barbra Streisand dans un des rôles phares, et «
Beach Music », l'auteur de la saga contemporaine du Sud américain. La Caroline et ses paysages y tiennent un rôle prépondérant.
Pat Conroy s'attache aussi à des êtres fracassés par le destin qui, grâce à l'amitié, s'accommodent au pire avec leur passé et l'améliorent dans les meilleurs des cas. le narrateur du récit est Léo Kings, dit le Crapaud, laideron samaritain, élevé par une mère ancienne nonne qui après une enfance marquée par le suicide de son frère est devenu un chroniqueur estimé et un ami des plus loyaux. Est-il le héros du récit ? Difficile à dire tant les histoires des uns se mêlent aux histoires des autres. Léo ne serait rien sans ses parents atypiques et ses amis si différents ! Léo a toujours aidé les gens qui étaient hors-norme comme la magnifique Sheba et le ténébreux Trevor ou encore les orphelins rejetés par tous ou le fils de l'entraîneur noir de leur équipe sportive.
Ce roman foisonnant traverse également plusieurs décennies et n'a pas une chronologie linéaire ; le lecteur est donc quelques peu malmené entre tous ces personnages et ces époques.
Pat Conroy nous parle d'homosexualité, de pédophilie, de chasteté, du SIDA, de la détresse financière des malades du SIDA, de maladies psychiques, des changements climatiques, d'écologie, d'amitié, d'amour, de fraternité, de foi, d'hypocrisie religieuse, de lutte des classes, de racisme.. ;et j'en oublie certainement !
Même si je juge ce roman moins réussi que «
le prince des marées », car moins construit, partant dans trop de directions différentes, j'ai succombé aux charmes des personnages. Chacun d'entre eux est si riche qu'il pourrait alimenter à lui seul un roman. Celui qui règne tel un démon au-dessus du destin de tous, à savoir le père de Sheba et Trevor, est en revanche à peine amorcé. Dommage !
Le bilan de cette lecture est donc plutôt mitigé ; j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire mais ai été déçue qu'avec de si bons ingrédients, le goût en reste fade !
Alors que les pages sur San Francisco et sa baie sont magnifiques, la couverture du livre illustrant les bords de mer de la Caroline du Sud avec ses riches demeures bourgeoises est un repoussoir pour qui ne connaît pas l'auteur !