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Un mec intelligent, ce Benji. C'est un beau discours de 1819.
C'est une très belle synthèse. La liberté des Anciens (Athènes ) était surtout la possibilité d'un investissement politique ;
celle des Modernes, depuis la révolution française, fut la liberté individuelle, c'est une sphère privée que les individus exigent.... Mais il faut tout de même contrôler l'exécutif.
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J'ai écrit que je sentais l'auteur intelligent. L'intelligence est définie de bien des façons.
Pour moi, il s'agit surtout d'une qualité d'adaptation et/ou de synthèse.
Benjamin Constant fait une belle synthèse historique de la politique, si belle que je pourrais en faire un "schéma-bulles", vous savez, ces dessins "patates".
En gros, depuis l'Antiquité, les individus sont sortis de l'emprise du gouvernement grâce au commerce, qui génère du fric, donc de la puissance, par l'intermédiaire des communications... Grâce à quoi ? Grâce à un tout petit truc, l'invention de la boussole, oui, qui a permis la navigation de plus en plus loin, etc...
Lisez-le, c'est sympa... Bon, il y a bien quelques logorrhées ( deux "r" , h ) et c'est pour ça que j'ai retiré une étoile.
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Constant parle de Rousseau et Mably qui étaient contre la propriété privée : oh ! scandale pour Benjamin le libéral, naturellement à fond pour le commerce !
Il parle aussi de Montesquieu, qui semble l'avoir inspiré, et avait aussi une belle vision synthétique sur ce coup : pour Charles-Louis, les objectifs des puissants d'Athènes étaient les valeurs philosophiques, la vertu, et maintenant on ne parle plus que de "manufactures, commerce, finances..."
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Par delà le livre, je propose quelques remarques.

On en est toujours là, à la puissance de l'Argent.
L'Argent a libéré le serf de l'esclavage, et de la soumission au tyran, certes. En 1789 ( ? ), le serf est devenu citoyen, en 1848, l'esclave est devenu citoyen. C'est bien.
Cependant, Mittal plus fort que Sarko, les subprimes qui ruinent, les sanctions économiques qui évitent peut-être les guerres : où est l'Humain ??
Le dieu Argent a remplacé le vrai Dieu, et ça, c'est peut-être moins bien.
L'Argent va gonfler comme "La grenouille qui voulait , etc..."
"La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages ".
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Après l'explosion, soit ce sera super, soit on n'aura plus que nos yeux pour pleurer ... Mais nous, on verra ça de là haut... : )
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Bejamin compare la conception de la liberté chez les Anciens à celle des Modernes (son époque, 1819). Les Anciens étaient prêts à sacrifier leurs droits individuels s'ils exerçaient directement et collectivement le pouvoir (A nuancer pour Athènes, plus proche de notre conception). Les modernes eux entendent privilégier la liberté, le commerce et n'acceptent plus de se soumettre arbitrairement aux lois. le meilleur système sera alors un système représentatif à condition que les citoyens puissent contrôler leurs délégués, leur représentants. Le danger de ce système serait de se désintéresser de la chose politique et de favoriser l'égoïsme, d'accepter le pouvoir dès lors qu'il défend ses intérêts personnels. Ces inconvénients sont faibles selon Constant par rapport aux avantages et l'évolution est selon lui inéluctable. Il pense même que des auteurs comme Montesquieu, Rousseau et surtout Mably qui ont prôné la Vertu, les valeurs collectives ont favorisé les dérives révolutionnaires, ces principes tirés de l'Antiquité étant anachroniques au XVIII ème siècle. Les Anciens privilégiaient le collectif quand les modernes libéraux favorisent l'individu.
On ne peut faire abstraction de l'engagement de Constant pour les Libéraux auprès de Mme de Staël et du groupe de Coppet. Sa vision est certainement trop optimiste quand il évoque les "progrès intellectuels et moraux de l'espèce humaine" et surtout dans sa vision libérale pensant que le commerce sans barrières, en totale liberté améliorera la société (Quid de l'education offerte à tous et de la lutte contre la pauvreté)
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Ce discours de Constant démontre toutes les différences qu'il existe entre la conception de la démocratie à l'Antiquité et celle que nous avons aujourd'hui, poussés par des intérêts et des envies qui ont évolués.
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Fondamental pour comprendre l'antagonisme entre liberté politique et liberté individuelle (la première étant une liberté ancienne et la seconde une liberté propre au monde moderne). La pensée libéral de B.Constant aura une forte influence sur Tocqueville (Constant avait déjà pressenti sans le démontrer les dangers propres aux démocraties modernes et l'abandon de la liberté politique au profit de la liberté individuelle.) Ce texte nous met en garde contre le délaissement de cette précieuse liberté des anciens qui peut conduire à une nouvelle forme de despotisme (idée reprise et développée peu après par Tocqueville)
Très clair et concis. Hautement recommandé pour ceux qui s'intéressent à la philosophie politique et aux fondements du libéralisme.
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Dans cette oeuvrette (très actuelle), Monsieur Constant ne déguise point ses desseins, ardent défenseur du libéralisme et implacable pourfendeur de la tyrannie, toute sa logorrhée tend à démontrer par des sophismes et des assertions ne reposant sur rien, que la liberté, gardienne de l'indépendance individuelle, est « la destinée de l'espèce humaine »rien que ça. C'est que Constant a beaucoup lu, aussi bien Mably, que Condorcet ou Rousseau. Il a tiré de ses lectures la conclusion que son intérêt valait mieux qu'il préféra Condorcet à Rousseau, que dans le fond, sa propre personne valait mieux que celles des autres. Ce fieffé coquin qui n'aura eu de cesse de réclamer une place sous le directoire à laquelle il n'avait pas droit (car Suisse), qui ira jusqu'à envoyer à la guillotine sèche un notable importun, invite le contemporain à respecter la Loi, entendons par Loi, celle qui garantit la (et ses) propriété(s).

Ce n'est pas tant son parti pris qui choque, mais plutôt le fallacieux de ses arguments. Il prétend que les anciens, attachés à la liberté politique (une démocratie directe et donc chronophage) étaient privés de libertés individuelles car soumis à des normes plus strictes « la faculté de choisir son culte... aurait paru aux anciens un crime et un sacrilège » ; rien que ça. Mieux vaudrait donc zéro liberté politique contre la possibilité de choisir entre Bouddha et le christianisme. En somme mieux vaut avoir le droit de laisser la politique aux mains des propriétaires pourvu que l'on puisse prier son Dieu, sodomiser ses bêtes de somme, aduler Satan ou flétrir de sa verve impétueuse toute les religions dans une fièvre toute libertaire…

On aura compris, l'aïeul d'Attali, entend mener la vie dure à qui voudra remettre en cause la marche en avant du progrès. Rousseau et Mably ne sont pour lui que des arriérés encore tout pénétrés de juvéniles passions propres à ensemencer la tyrannie (Tyran étant le nom que portent indistinctement tous les ennemis de la glorieuse Liberté). de plus Rousseau est trop naïf de croire que la démocratie directe intéresse le peuple déjà tout occupé à ses désirs « tous veulent des jouissances » nous dit Notre Benjamin. Alors donnons-leur l'occasion de s'occuper de leurs bas désirs pourvu qu'ils laissent la politique à ceux qu'elle intéresse. le système représentatif est là pour cela, pour que vous jouissiez de vos sex-toys, du sport, de vos séries sponsorisées.
Aussi ce joyeux drille pour éviter que la farce soit complète, nous prévient-il qu'un système représentatif se doit d'être contrôlé ; il faut en plus de se gaver du dernier épisode de la série à la mode, vérifier que nos élus font bien ce pour quoi ils ont été élus, voilà là où réside la vertu du citoyen, lui que l'on a voué aux travaux forcés pour lui éviter d'avoir du temps pour comprendre et se mêler à la politique.

Voilà l'avenir de l'homme, « la destinée de l'espèce humaine » ; l'homme éternellement soumis à ses désirs a longtemps fait la guerre pour obtenir ce qu'il voulait avant de troquer la guerre pour le commerce « la guerre et le commerce ne sont que les deux moyens différents d'atteindre le même but » ; on est heureux d'apprendre que le commerce n'est qu'une guerre déguiser et que de facto nous vivons dans un état de guerre permanent, « le commerce est aujourd'hui l'état ordinaire, le but unique, la tendance universelle,la vie véritable des nations ». On comprendra dès lors mieux le poids financier et militaire de la Chine ou des Etats-Unis, promptes à guerroyer dès que leur commerce est affecté. Et ce commerce évidemment doit être libre car, paraphrasant presque Roland « l'intervention de l'autorité est toujours un dérangement et une gêne » ; il ne manquerait plus que soient instaurés des salaires minimum, des syndicats ! Constant et les libéraux imaginaient déjà la mondialisation fondée sur le commerce « le commerce a rapproché les nations et leur a donné des moeurs et des habitudes à peu près pareilles,…Les peuples sont compatriotes ». La guerre/le commerce, voilà ce qui unit le monde. C'est dans le texte.

On l'aura vu la liberté vu par Constant et nos libéraux patentés est une philosophie toute hédoniste, garante d'une guerre perpétuelle entre tous les acteurs sociaux. Liberté qui s'arrête là où commence l'empiétement de celle-ci. Et on aurait tort de s'y frotter. A ceux qui douteraient des bienfaits du libre-échange et de la démocratie représentative Constant nous livre une menace toute voilée : « Nous avons pour la défendre des moyens que les anciens n'avaient pas ». Constant taxait déjà Rousseau d'arriéré et on constate aujourd'hui que nos thuriféraires du libéralisme assimilent tous les anti-libéraux ou partisans d'une politique économique plus sociale à des utopistes (quand ils sont de gauche), des racistes, des fascistes, des ennemis du progrès ou pire des antisémites et autres apologues de la Corée du Nord (quand ils sont de Droite) qui tous voudraient une France rabougrie, repliée sur elle-même, refusant obstinément la mondialisation, cette oeuvre bienfaisante de la guerre/ commerce ! Il y aurait un monde en marche, factuel, émanant de lui-même, dont les inégalités seraient une composante accidentel, auxquelles toute intervention des Etats serait pire que le laisser faire. Appliquons doctement la maxime physiocrate de Turgot : « Laissez faire, laissez passer » voilà la logique libéral délivrée par Constant.




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E LIBERALISME POLITIQUE
" « le commerce guérit des préjugés destructeurs et c'est presque une règle générale que, partout où il y a des moeurs douces, il y a du commerce; et que partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces" (Montesquieu, de l'esprit des Lois).
En 1819, Benjamin Constant (1767-1830) prononce un discours traitant "De la liberté des anciens comparée à celles des modernes". Il démontre, de façon parfaitement claire, ce que le mot Liberté recouvre :
"Demandez-vous d'abord, Messieurs, ce que, de nos jours, un Anglais, un Français, un habitant des États-Unis de l'Amérique, entendent par le mot de liberté. C'est pour chacun le droit de n'être soumis qu'aux lois, de ne pouvoir être ni arrêté, ni détenu, ni mis à mort, ni maltraité d'aucune manière, par l'effet de la volonté arbitraire d'un ou de plusieurs individus: C'est pour chacun le droit de dire son opinion, de choisir son industrie, et de l'exercer, de disposer de sa propriété, d'en abuser même; d'aller, de venir sans en obtenir la permission, et sans rendre compte de ses motifs ou de ses démarches. C'est, pour chacun, le droit de se réunir à d'autres individus, soit pour conférer sur ses intérêts, soit pour professer le culte que lui et ses associés préfèrent, soit simplement pour remplir ses jours ou ses heures d'une manière plus conforme à 2 ses inclinations, à ses fantaisies. Enfin, c'est le droit, pour chacun, d'influer sur l'administration du Gouvernement, soit par la nomination de tous ou de certains fonctionnaires, soit par des représentations, des pétitions, des demandes, que l'autorité est plus ou moins obligée de prendre en considération.

Comparez maintenant à cette liberté celle des anciens. Celle-ci consistait à exercer collectivement, mais directement, plusieurs parties de la souveraineté toute entière, à délibérer, sur la place publique, de la guerre et de la paix, à conclure avec les étrangers des traités d'alliance, à voter les lois, à prononcer les jugements, à examiner les comptes, les actes, la gestion des magistrats, à les faire comparaître devant tout le peuple, à les mettre en accusation, à les condamner ou à les absoudre; mais en même temps que c'était là ce que les anciens nommaient liberté, ils admettaient comme compatible avec cette liberté collective l'assujettissement complet de l'individu à l'autorité de l'ensemble. Vous ne trouvez chez eux presque aucune des jouissances que nous venons de voir faisant partie de la liberté chez les modernes. Toutes les actions privées sont soumise à une surveillance sévère. Rien n'est accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions, ni sous celui de l'industrie, ni surtout sous le rapport de la religion. La faculté de choisir son culte, faculté que nous regardons comme l'un de nos droits les plus précieux, aurait paru aux anciens un crime et un sacrilège. Dans les choses qui nous semblent les plus utiles, l'autorité du corps social s'interpose et gêne la volonté des individus..."

On voit que cette analyse vaut toujours.
Cependant, les conclusions à tirer diffèrent de celles de B. Constant. le XXème siècle nous a démontré que l'espérance de Paix médiée par le Commerce n'empêchait aucun cataclysme. L'Europe dépérit dans un scepticisme amer concernant son Destin Historique. Les Etats-Nations reprennent vigoureusement les rênes. le Commerce participe à la Guerre.

Pourtant une question clairement posée et une réponse lumineuse nourrissent la pensée, modèlent l'action, définissent des étapes. Les sociétés humaines, par essence inconstantes dans leurs espérances, doivent plus espérer d'une Liberté Moderne que d'une Liberté Antique Churchill disait : "La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres". La démocratie libérale, quels que soient ses défauts, doit donc être défendue contre tout ce qui aspire à la faire plier.

Bref, à lire....
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Petit livre, issu d'un discours, présentant les libertés plutôt que La Liberté... de la Grèce antique jusqu'aux heures graves, contemporaines de l'auteur. Plus qu'une analyse comparative, il y a le souci de montrer les évolutions du concept en parallèle à celles de la pensée, de la société, de la civilisation. Il est douloureux de prendre conscience du temps qu'il faut à la société pour prendre la mesure, pour évaluer, pour apprivoiser, et ce, pour... changer...
Peut-on se passer de regarder dans le rétroviseur ? Cette lecture me prouve encore une fois que ce n'est pas raisonnable... Merci...
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