AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 106 notes
5
12 avis
4
14 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quel beau livre !
La quatrième de couverture commence ainsi : "Dans un village africain, une fillette heureuse cajole une chauve-souris. De jeunes garçons rapportent fièrement de la forêt le cadavre d'un beau singe au dos argenté."
Voilà : tout débute doucement, tranquillement. Tout est calme sous le soleil africain. Le décor est rapidement planté, les personnages sont présentés.
L'Afrique noire est belle, ses habitants sont pauvres et attachants. Les enfants jouent avec trois fois rien : "Olympe ne possédait ni lit, ni couverture, rien qu'une natte usée qu'elle ne retrouvait pas toujours. Elle n'avait pas de jouets, de ceux que l'on achète, mais elle en fabriquait beaucoup avec du fil de fer, du bois et des os."
Alors, quand les frères d'Olympe reviennent de la chasse avec un magnifique cadavre de singe, c'est en triomphe. Ils sont fiers, et il y a de quoi ! Un festin géant se prépare, les villageois et leurs voisins seront nourris pendant plusieurs jours. Une aubaine !
Et pourtant...
L'histoire se passe près du fleuve Ebola. Le lecteur sait le drame qui va se nouer. Il assiste impuissant à tout ce qui se passe. Il voudrait prévenir : "Non, ne mangez surtout pas !" Il voudrait avertir Olympe : "Laisse cette chauve-souris, ne la touche pas !"
C'est, pour moi, le tour de force de l'auteur : nous impliquer dans l'histoire, ne pas nous laisser spectateurs immobiles et muets.
La sorcellerie, l'animisme, les rituels, tiennent une place prépondérante dans le quotidien. Toutes sortes de croyances surprenantes donnent des couleurs à la vie, mais elles rendent la tâche difficile au personnel médical chargé de la prévention et du soin. C'est très beau, même si c'est assez désespérant.
Le sujet est grave, mais Paule Constant réussit à travers ses descriptions de la terre et de ses habitants à y mettre beaucoup de poésie, et même de l'humour. Son style est paradoxalement très léger, ce qui rend le contraste entre le fond et la forme d'autant plus saisissant.
Un roman sombre et lumineux à la fois, dont je recommande vivement la lecture.
Commenter  J’apprécie          450
C'est pas gai, c'est pas gai
Ils ont perdu leurs pirogues
En descendant l'Ebola
qui se perd dans le Madulé
oui mais encore ...
l'une s'appelait S'en fout la mort

Ah Docteur Désir qu'as-tu fais ?
Tu n'avais donc jamais
entendu cet air autrefois en vogue
Gare au Gorille ? Manque de pot
La plaie d'argent aura bon dos

Suite à la malédiction ...
bref : "Thomas vit, accrochés dans le mangrove, les pirogues des morts, brisées par les courants, qui paraissaient des ossements jetés en vrac sous les arbres. Sur les branches, des oiseaux de mer d'une blancheur étincelante formaient de gros bouquets éblouissants. Les arbres couverts d'oiseaux étaient, sur cette terre brûlante, sous le soleil de feu, comme enneigés. Thomas compris où allaient les morts" p.156

Je ne dévoile rien car la citation du chant III de l'enfer de Dante au début du bouquin ne laisse aucun doute sur la fin ... qui nous attend.

C'est l'histoire d'une petite fille rejetée par les grands, et rejetée par ses frères.
" Olympe pleurait. [...] Elle les suppliait : "Attendez-moi...", et elle entendait leurs rires" p.13
C'est l'histoire d'un village africain, une histoire de survie et de faim dans la Nature, tellement pleine de vie et par là-même remplie de morts. C'est une histoire faite de tellement d'histoires. de ces histoires qui peuplent l'Afrique, des histoires qui font la vie.

C'est aussi l'histoire d'Agrippine et de Virgile, c'est l'histoire des petites Soeurs et de primatologues. Pourquoi vont-ils tous en Afrique, où ils n'ont finalement rien à y faire ? Tous ces occidentaux qui tuent la vie pour ne pas mourir, ne voient-ils pas qu'il n'y aura pas de rencontre possible ? Je n'irai pas : trop peur dans le noir ! Tous ces bruits, toute cette vie ... Bzzz... Des moustiques ! Sssfff ... Des serpents ! Grrr... Des, ... des quoi ??? La vie ? Nooon, j'ai bien trop peur de mourir.

Sobre et très, très bien écrit. J'ai trouvé un grand intérêt à lire ce récit et sous cette construction de belle facture qui sait se faire oublier, qualité rare, suivre finalement de façon toute naturelle de multiples destins croisés. Suffisamment de poésie pour porter un beau regard sur ce qui m'est autrement très difficilement accessible. Un tout autre monde, riche de sa diversité.

Mon ressenti principal : trop repu, hélas, pour pouvoir communier très réellement. Ai-je vraiment entendu le mot faim ?
Commenter  J’apprécie          404
Malgré un palmarès honorable (Grand Prix du roman De l'Académie Française 1990, Prix Goncourt 1998), je ne connaissais pas Paule Constant, membre de l'Académie Goncourt depuis 2013. Je ne dois pas être la seule car une rapide recherche sur Babelio m'a montré que cette auteure n'avait qu'une petite trentaine de critiques à son actif. C'est lors d'une émission récente de la Grande Librairie que la verve et l'enthousiasme de François Busnel pour son dernier roman m'ont convaincue de découvrir "Des chauves-souris, des singes et des hommes". Aucun regret puisque ce livre au titre digne d'une fable de la Fontaine m'a totalement conquise.

Paule Constant nous entraine au Congo, au bord du fleuve Ebola, dans la tribu des Boutouls où Olympe, une fillette de sept ans trompe sa solitude en jouant avec une chauve-souris tombée d'un arbre. Au même moment, le groupe des garçons qui ne l'ont pas voulue dans leurs jeux, reviennent de la forêt avec le cadavre d'un gorille qu'ils disent avoir chassé et tué, un beau dos-argenté qui fera une excellente viande de brousse. Mais pourquoi après le gargantuesque repas, un mal mystérieux décime-t-il la tribu, en commençant par les petits frères d'Olympe ? Est-ce donc vrai qu'elle porte le mauvais oeil car elle a interrompu par sa naissance une longue lignée de garçons ? La sorcellerie réussira-t-elle a interrompre le sort ? D'autres personnages inattendus viendront croiser le chemin de la fillette, d'abord Agrippine, qui a fui sa vie en même temps que le confort européen pour se fondre dans une organisation humanitaire venue faire une campagne de vaccination. Médecin belge, elle va confronter ses idées à celle de Virgile, jeune sociologue et ethnologue à propos du réveil des maladies endémiques. La théorie va devenir rapidement réalité avec les rencontres, les contacts qu'ils soient entre humains ou avec les animaux et les échanges commerciaux.
Au passage, Paule Constant en profite pour évoquer l'intervention pas forcément glorieuse des "Blancs" sur le continent africain, qu'elle soit passée, principalement à travers l'époque coloniale, mais aussi actuelle avec la description d'une équipe de primatologues davantage préoccupée par la situation des gorilles que celle des populations locales. Je suis restée sous le charme de son écriture qui mêle, tel Baudelaire, la poésie et le macabre avec une élégance de "première de la classe", et cela dans la plus pure tradition du conte africain. Elle nous dépeint une Afrique vraie avec ses traditions, sa magie noire, opposée à une Europe qui agite le goupillon et le microscope, hésitant entre foi et science pour lutter contre les épidémies mais dont l'action des organisations humanitaires restent limitée par manque de moyens.
Le livre étant construit comme un véritable thriller, le responsable des morts successives n'apparait que dans la toute dernière phrase. Pourquoi alors lorsque l'auteure présente son roman dans une émission télévisée, aucun mystère n'est fait sur le sujet ? J'ai trouvé cela dommage, un peu comme si on dévoilait le coupable d'un roman policier lors de la campagne promotionnelle. Même si mon plaisir a été de ce fait un peu gâché, je ne peux qu'accorder un 20/20 à ce périple mortel.
Commenter  J’apprécie          342
Encöre une fois .. Merci à ma libraire ainsi qu'à la représentante de Gallimard pour m'avoir présenté ce livre.
Il est bien écrit , il se lit comme un conte ... Et pourtant a pour thème un sujet de santé publique ... La découverte du virus Ebola cette fièvre Hémorragique très contagieuse et mortelle.
Nous sommes au Congo , dans un petit village . Les garçons décident de partir chasser , fièrement, ils partent et ne veulent pas emmener la jeune Olympe , fillette qui dès le début est très attachante .... Elle va se trouver comme amies et activité les chauves souris ...
Les garçons rentreront avec un énorme Gorille qu'ils disent avoir tué .
Une odeur nauséabonde, de putréfaction envahi tout le village .
Le Chef confirmera que c'est de la viande de brousse .
Tous les villageois dégustèrent le repas.
Agrippine femme médecin en Afrique soigne les pathologies de la rivière Ebola arrive au dispensaire en pirogue.
Virgile quant à lui est sociologue et s'intéresse aux maladies endémiques.
Ils vont se retrouver ou des soeurs soignaient avec très peu de moyens, et dans la précarité la population .
Agrippine c'était apercue que les épidémies des singes précédaient celles des humains.
Les villageois tous malades , pris d'une fièvre hémorragique décédèrent .....conséquence de leur festin ... le Gorille avait été trouvé mort et n'avait pas été tué.
Malgre tout , l'histoire est contée et en parallèle , le quotidien d'Olympe , de ses Chauves Souris nous fait passer un excellent moment .
Une thématique intéressante est également celle des croyances animistes des africains. Ils pensent qu'un sort leur a été jeté.
De même toute la hiérarchie du village avec le chef .... Qui a dit de manger l'animal !!
Je vous recommande ce livre , vous passerez un excellent moment .

Commenter  J’apprécie          300
Ebola. Un nom qui évoquera pour les mieux informés une fièvre hémorragique transmise du singe à l'homme. Mais pour la plus grande masse d'entre nous, qui n'est jamais qu'une éponge absorbant sans discernement le flot d'informations déversées en continu par nos médias, un fléau de plus menaçant la planète.

Mais combien savent qu'Ebola est une rivière du Congo qui se jette dans le fleuve Madulé ? Que cette rivière a donné son nom à une calamité annoncée à grand renfort de sentence définitive contre un auditoire assoiffé de sensationnel, à condition que cela n'entame pas son confort.
Paule Constant en fait le sujet de son dernier roman, Des chauves-souris, des singes et des hommes. Elle en profite pour renouveler, comme elle a eu l'occasion de le faire dans ses précédents ouvrages traitant de l'Afrique, cette condamnation douce qu'elle adresse aux nations ex-colonisatrices de ce continent. Douce parce que son caractère n'est pas à la harangue. Mais aussi parce que ça peut lui donner plus d'impact. Qui écoute désormais celui qui blâme dans le concert d'auto flagellation à la mode de la cacophonie médiatique ambiante ?

Une chose est sûre, Paule Constant connaît l'Afrique. Pas comme une touriste qui l'a traversée en 4x4 climatisé, appareil photo autour du cou. Son vocabulaire n'est pas ceux qu'on trouve dans les guides touristiques. La chicotte n'y figure pas. La chicotte, elle a marqué quelques peaux noires. Elle est restée dans le vocabulaire africain comme le symbole d'une menace brandie à qui oublie la discipline.

De ce continent, elle connaît aussi l'histoire. Elle en a retenu une amertume à peine voilée. Elle sait que les armoires à pharmacie sont restées vides au départ des colons. Et quand ces derniers réapparaissent sous couvert de quelque action humanitaire, le choc des civilisations est encore plus évident. La nantie expose son succès devant la démunie.

Difficile alors de faire comprendre dans ces conditions que des comportements peuvent avoir des conséquences désastreuses dans un pays où ignorance rime avec croyance, où pour toute médecine il ne reste que le désenvoûtement pratiqué par l'indigène auto proclamé sorcier, drapé dans la peau du gorille, celui-là même qui a apporté la maladie, et qui a bien compris le profit qu'il pourrait tirer de la détresse de ses congénères. En Afrique plus qu'ailleurs, demain n'existe pas.

Paule Constant dresse un tableau sans grand espoir de ces peuplades livrées à la fatalité comme en témoignent les noms qu'elles donnent à leurs pirogues : S'en fout la mort, la volonté de Dieu, Confiance l'Afrique.
Sans grand espoir non plus pour la nature quand son exploitation est la seule source de revenu, quitte à la piller pour survivre. C'est la fibre écologique de Paule Constant qui se fait entendre. Les accusations entendues, bien que non prononcées, ne s'adressent pas à ceux qui vendent, mais bien à ceux qui achètent.
Il faut voir dans cet ouvrage une mise en garde. Car la sentence définitive annoncée semble avoir été assortie d'un sursis. Gare à la récidive.

Une chose est sûre, je me suis laissé prendre au sortilège de cette écriture douce-amère qui parle de l'Afrique sans faux semblant, avec l'humanité tranquille de ceux qui ne baissent pas les bras devant l'immensité de la tâche.
Commenter  J’apprécie          290
Olympe est triste, elle est trop petite pour jouer avec les garçons. Ils disent qu'elle n'est qu'un bébé qui pleurniche tout le temps.
Alors, quand ils partent en expédition dans la forêt, sans elle, elle se prépare sa propre excursion, et recueille un bébé chauve-souris auquel elle s'attache immédiatement.
C'est une bien piètre trouvaille comparée au cadavre du grand singe ramené par les garçons. Il y a bien longtemps que les femmes n'ont eu autant de viande à cuisiner. de quoi nourrir le village et ses environs et qu'importe l'odeur pestilentielle dégagée par la bête !
Tout le monde se régale ou fait semblant, et c'est le début d'une tragédie. le singe est mort du virus Ebola. La chauve-souris est un porteur sain du virus.
Un mal pernicieux se propage silencieusement au pied de la Montagne des nuages, et le long d'une rivière sur laquelle glisseront bientôt les pirogues funèbres.
La plupart l'ignorent superbement, d'autres en cherchent vainement l'explication dans la magie, la science ou la nature.

C'est avec poésie et humour que Paule Constant nous fait vivre ce conte déchirant de notre temps, dans un style dont la paradoxale légèreté parvient à nous faire partager tant de douloureuses péripéties.
L'écriture est belle, imagée, drôle parfois.
J'ai été pleinement conquise par cette lecture.


Commenter  J’apprécie          270

Paule Constant revenant sur le drame d'Ebola, écrit un récit qui tente d'exprimer les causes de ce drame venu d'un village africain du Congo, qualifié par certains d'un tsunami sanitaire, une épidémie vertigineuse appelée fièvre hémorragique avant de s'appeler Ebola pour la presse du monde entier.

On frémit quand Paule Constant rend compte des conditions dans lesquelles les vaccins arrivent à l'ONG d'Agrippine, blocage à la douane, restitution tardive des vaccins sans respect de la chaîne du froid , acheminement via le fleuve Ebola, sur des embarcations fragiles, pour qu'enfin les doses arrivent à destination. Agrippine découvre alors qu'il n'existe pas tout le matériel stérilisé nécessaire, pas de seringues.

Seul le découragement fait échos à ses efforts.

« Les chants désespérés sont les chants les plus beaux », le livre est ce chant, qui commence dans les bras d'Olympe, petite fille congolaise ( de Boende ) interdite de chasse, elle suivra un autre sentier et trouvera une chauve-souris et la bercera, comme une revanche, et nous franchissons dans l'insouciance la dixième page.

Puis les enfants apporteront le grand singe de la montagne des nuages, Îlot encore préservé entre les champs d'hévéas. Puis les premiers morts inexpliqués surgiront, de la nuit dans ce village où l'on ne parle que le boutoul, qu'aucune lampe ne vient éclairer la nuit, ni aucune parole contester la parole du chef, pour lequel une malédiction est à l'oeuvre.

Olympe est une fille, dans ce village qui manque de garçons, et cet animal , une chauve-souris la voilà la malédiction. Battue et rejetée elle sera recueillie par Agrippine, Olympe tombera malade.

Les primatologues en mission, singeront une mauvaise caricature de ce qu'il ne faut pas faire, une mascarade face à des hommes démunis, ils ne feront pas ce qui aurait pu limiter l'extension de la maladie, ils feront ce qu'il fallait faire pour démultiplier l'épidémie, donner à boire sans penser hygiène et se contaminer par suffisance et incompétence.


Faut-il laisser des docteurs Désir enfumer des hommes, et les pousser à s'offrir des séances de désenvoûtement, devant une peau de grand singe contaminée, si grande quelle suscite admiration, et pour le bon docteur Désir de quoi gagner beaucoup, bien plus qu'en vendant des objets de pacotille.

Paule Constant aura su aller au bout de son indignation. Demain ce continent exigera d'autres moyens que ceux de lambaréné, il faudra d'autres réflexes, d'autre Docteurs Virgile et de nouvelles Agrippine, il faudra combattre les croyances ancestrales et enseigner la médecine d'aujourd'hui, un sacré gap encore à franchir.

Le travail d'investigation est remarquable, j'y retrouve l'ambiance de mon passage éclair dans un dispensaire du Nigeria. le déroulement final de cette terrible épidémie est parfois un peu confus. le style ne m'a pas toujours convaincu, avec des lourdeurs inutiles, en effet la première partie est superbe, plus forte et beaucoup plus émouvante, que la dernière partie.

Sur un plan médical et pour notre compréhension de l'ampleur de cette catastrophe sanitaire le mieux est de faire un tour chez Wikipédia
Commenter  J’apprécie          220
Le titre invite au voyage en terre africaine mais la réalité s'annonce bien plus violente quand le contexte du virus Ebola brouille la carte postale du dépaysement.

Un petit village de cases, isolé sur la terre rouge en bord de fleuve, les échanges lents mais incessants par pirogues rudimentaires qui véhiculent l'invisible, des dispensaires de brousse dont les cimetières racontent l'histoire des épidémies passées, des médicaux européens porteurs de connaissance et d'expériences, dépositaires du savoir mais conscients de leur limites.

Le décor est planté et la narration confronte les points de vue, de la petite fille, bouc émissaire du malheur des siens, aux querelles des soignants et chercheurs dans la course aux soins et compréhension épidémiologique. Par petites touches de scènes de vie et de mort annoncée, la piste mortifère se dessine là où passe secrètement le virus.

L''Afrique me tente rarement en littérature. J'ai souvent du mal à m'intéresser aux destinées humaines dans ces sociétés claniques, fortement influencées de symbolisme et superstitions. le continent porte en lui des strates de violence par son histoire, ses conflits, la pauvreté de ses populations et les maladies endémiques. Mais j'ai été happée par le désastre annoncé, implacable dans sa chronologie.

L'auteur a su apporter une touche de légèreté par la beauté des paysages, en opposition avec la dramaturgie des scènes de vie. L'écriture est travaillée. Il faut la déguster sans urgence. Sa petite héroïne à la chauve-souris est une très belle image.

La lecture requière la langueur africaine pour suivre le fleuve et les pistes, comprendre les mentalités et le contexte médical dramatique.
Un livre original, sorte de thriller médical non dénué de poésie.
Commenter  J’apprécie          210
Voilà une lecture qui m'a été conseillée par une amie dans le cadre d'une rencontre sympathique de lectrices passionnées , on pouvait choisir autant de livres qu'on le souhaitait , livres présentés de façon charmante dans une grande valise en carton .
Déjà cette présentation m'a séduit et j'ai ajouté quelques livres à ma rassurante pile à lire , je ne sais si vous êtes comme moi , mais moi j'adore les PAL , un peu comme un écureuil qui trésorise ses noisettes pour l'automne , moi j'ai besoin de la présence de nombreux livres autour de moi .
Donc cette lecture , quand on m'a dit que ça parlait du virus Ebola , j'ai eu un mouvement de recul , ah non pas pour moi ce genre de lectures mais les avis étaient positifs et je l'ai emprunté ainsi que quelques autres .
Première chose que j'ai appris , c'est qu'Ebola , c'est le nom de la region où a commencé la propagation de cette mortelle fièvre hémorragique , sans doute en voulant me protéger de ces infos si horribles , j'avais occulté une partie des infos .
Ebola c'est l'endroit où vit une petite communauté africaine , un petit village à l'écart de la civilisation , où les superstitions sont encore bien présentes , oú l'écart entre les mentalités , les croyances des blancs et des noirs est un gouffre sans fin
On est au début de la propagation de la cruelle maladie , on a le nez dessus , aucun recul possible donc , on pense que c'est une forme de malaria , on n'a que des moyens dérisoires , les communications sont inexistantes , et le drame immense peut commencer , la propagation galopante de ce virus .
Pourquoi faut - il lire ce livre ?
Parce que même s'il évoque un sujet qui fait peur , l'écriture est poétique , très belle , l'auteur est une conteuse .
Et puis il y a ce rappel qui est nécessaire , sur les différences de mentalités entre l'Occident et les pays africains .
L'episode de la jeune accouchée africaine qui est sauvée de la mort est crucial , pour ses proches , elle est définitivement perdue , maudite , elle a subi une césarienne pour la sauver mais ne pourra plus enfanter , pire , elle revient dans son village sans le petit corps , le village ne pourra faire la cérémonie du deuil .
Oui les bonnes intentions n'ont pas toujours l'effet escompté , on a trop souvent tendance à l'oublier .
En résumé , une lecture agréable , trois étoiles car l'histoire m'a paru parfois un peu confuse , je le recommande malgré tout .
Commenter  J’apprécie          202
Voilà un roman qui m'a touchée parce que Paule Constant connaît bien l'Afrique et le milieu épidémiologique et qu'elle en parle en connaissance de cause.
"Des chauves-souris, des singes et des hommes" est un livre sur la période pré-pandémie Ebola au Congo. En d'autres termes, elle raconte l'origine d'une épidémie qui rappelle la période récente du Covid et les débats sur la vaccination.
C'est à partir de la vie quotidienne d'une petite fille dans un village animiste que l'histoire va se construire avec ses différents intervenants : les enfants, le docteur Désir, Agrippine, Virgile, les femmes missionnaires.

J'ai particulièrement aimé le début du livre avec Olympe la petite fille et Achille son frère aîné qui portent tous les deux les prénoms de mes arrière-grands-parents. Cela m'a émue d'autant plus que ces prénoms sont rares.
Pour se consoler de ne pas pouvoir jouer avec les garçons, Olympe cajole un bébé chauve-souris qu'elle a trouvée. Les garçons, de leur côté, ramènent d'une escapade en brousse, la dépouille d'un Gorille.
A ce moment, Ebola est le nom d'une rivière de la République démocratique du Congo.
Près de là, des religieuses missionnaires tentent de soigner avec peu de moyens les malades qui vont affluer dans leur petit hôpital de secours sous le regard de Virgile le jeune ethnologue. Agrippine, médecin responsable d'une campagne de vaccination viendra les rejoindre. Mais elle va vite constater que la situation sanitaire est difficilement explicable et donc difficilement contrôlable.
Paule Constant raconte la vie en Afrique avec respect et amour, c'est ce que l'on ressent dans son écriture.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Plumes féminines 2023
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (198) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}