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Critique de ladesiderienne


Malgré un palmarès honorable (Grand Prix du roman De l'Académie Française 1990, Prix Goncourt 1998), je ne connaissais pas Paule Constant, membre de l'Académie Goncourt depuis 2013. Je ne dois pas être la seule car une rapide recherche sur Babelio m'a montré que cette auteure n'avait qu'une petite trentaine de critiques à son actif. C'est lors d'une émission récente de la Grande Librairie que la verve et l'enthousiasme de François Busnel pour son dernier roman m'ont convaincue de découvrir "Des chauves-souris, des singes et des hommes". Aucun regret puisque ce livre au titre digne d'une fable de la Fontaine m'a totalement conquise.

Paule Constant nous entraine au Congo, au bord du fleuve Ebola, dans la tribu des Boutouls où Olympe, une fillette de sept ans trompe sa solitude en jouant avec une chauve-souris tombée d'un arbre. Au même moment, le groupe des garçons qui ne l'ont pas voulue dans leurs jeux, reviennent de la forêt avec le cadavre d'un gorille qu'ils disent avoir chassé et tué, un beau dos-argenté qui fera une excellente viande de brousse. Mais pourquoi après le gargantuesque repas, un mal mystérieux décime-t-il la tribu, en commençant par les petits frères d'Olympe ? Est-ce donc vrai qu'elle porte le mauvais oeil car elle a interrompu par sa naissance une longue lignée de garçons ? La sorcellerie réussira-t-elle a interrompre le sort ? D'autres personnages inattendus viendront croiser le chemin de la fillette, d'abord Agrippine, qui a fui sa vie en même temps que le confort européen pour se fondre dans une organisation humanitaire venue faire une campagne de vaccination. Médecin belge, elle va confronter ses idées à celle de Virgile, jeune sociologue et ethnologue à propos du réveil des maladies endémiques. La théorie va devenir rapidement réalité avec les rencontres, les contacts qu'ils soient entre humains ou avec les animaux et les échanges commerciaux.
Au passage, Paule Constant en profite pour évoquer l'intervention pas forcément glorieuse des "Blancs" sur le continent africain, qu'elle soit passée, principalement à travers l'époque coloniale, mais aussi actuelle avec la description d'une équipe de primatologues davantage préoccupée par la situation des gorilles que celle des populations locales. Je suis restée sous le charme de son écriture qui mêle, tel Baudelaire, la poésie et le macabre avec une élégance de "première de la classe", et cela dans la plus pure tradition du conte africain. Elle nous dépeint une Afrique vraie avec ses traditions, sa magie noire, opposée à une Europe qui agite le goupillon et le microscope, hésitant entre foi et science pour lutter contre les épidémies mais dont l'action des organisations humanitaires restent limitée par manque de moyens.
Le livre étant construit comme un véritable thriller, le responsable des morts successives n'apparait que dans la toute dernière phrase. Pourquoi alors lorsque l'auteure présente son roman dans une émission télévisée, aucun mystère n'est fait sur le sujet ? J'ai trouvé cela dommage, un peu comme si on dévoilait le coupable d'un roman policier lors de la campagne promotionnelle. Même si mon plaisir a été de ce fait un peu gâché, je ne peux qu'accorder un 20/20 à ce périple mortel.
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