Des grives à ventre roux se poursuivent, charmantes et cruelles. Elles s'interrompent de voltiger de branche en branche pour moduler quatre notes passionnées. L'instant d'après, elles sont à terre. Deux mâles se battent. Une femelle se précipite sur une larve, l'engloutit, puis se met à lisser soigneusement ses plumes. Elles n'ont point peur de l'homme à cheval qui les regarde...
Les deux combattants ont étalé, élevé et rabaissé l'éventail de leur queue. C'est tout un langage, que je sais déjà. Il prélude au combat. Les voici affrontés l'un à l'autre. C'est un duel qui pourrait être tragique. Heureusement, il y a dans le cerveau des bêtes beaucoup plus de bon sens qu'on n'en trouve chez les hommes.
Page 52-53
A la maison, c'est l'épluchage des pommes de terre, comme un critique épluche un texte. C'est la même corvée, mieux payée, plus utile, plus soigneusement faite, peut -être, et c'est la même irritation. J'aime les pommes de terre, et les critiques aiment les livres. Ni eux ni moi n'aimons à éplucher les uns ni les autres.
Page 60