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Michel Contat (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070496433
288 pages
Gallimard (15/11/1996)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Quatorze improvisations sur la mort de celui qui fut l'un des plus grand saxophonistes de jazz : Gilles Anquetil, Patrick Bard, Yves Buin, Jean- Claude Charles, Jerome Charyn, Max Genève, Michael Guinzburg, Jean-Claude Izzo, Jon A., Jackson, Thierry Jonquet, Bernard Meyet, Michel Le Bris, Jean-Bernard Pouy et Hervé Prudon.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si un livre devait être chroniqué dans cette rubrique, c'est bien ce recueil publié en 1996 à la Série Noire avec son bandeau jaune « Jazz et Polar ». Treize nouvelles, préfacées par notre confrère de Télérama, Michel Contat et écrites par des auteurs de polars, rendent hommage au génial saxophoniste, retrouvé mort à 34 ans dans l'East River en septembre 1970.

Chacun des auteurs décrit sa vision du musicien, de sa musique et de sa mort. Pour Gilles Anquetil : « L'été indien brûlait ses derniers feux. Lui seul le savait : il s'était porté disparu ». Certains parlent de son passage en France, comme soldat puis pour ses deux fameux concerts à la fondation Maeght. Comme Yves Buin « Ayler ne cachait plus le bla-bla mystique. Il pensait, faisait dans le lyrisme sacré et prosélyte. La seule violence qu'il se permettait et exprimait, c'était au travers de son saxo avec son gros son dans l'aigu et le suraigu ».

Albert_Ayler

J. Charyn met ses mots sur le free jazz d'Ayler « J'allai supplier les patrons de club parce qu'il allait bien trop loin avec son sax, comme s'il le faisait crisser vers Dieu, et il n'y avait que Dieu et une poignée de musiciens qui pouvaient vraiment l'écouter ». En toute fin, Michel le Bris qui fut rédacteur en chef de Jazz Hot revient sur le son d'Ayler : «Le vibrato […] c'est quand tu as le coeur qui déborde, ton âme qui se soulève. Que quelque chose passe à travers toi, que tu veux donner. » JC Izzo, qui s'en étonnera, retient d'Albert sa négritude et son amour des femmes.

JB Pouy fait le parallèle entre la peinture de le Tintoret et la musique d'Ayler, il lui fait dire après quelques libations « … look il disait, it's comme my music, I play saxophone as Tinetorette, look at ces coups de pinceaux, holy ghost, this guy is a bridge entre les temps… » Hervé Prudon, poète polar perdu, conclut « Quelqu'un l'a attrapé à bras-le-corps et l'a porté jusqu'au pont, et l'a jeté dans les eaux noires du fleuve. Fleuve aux effluves fauves vivifiant fort breuvage. ». Beaucoup évoquent aussi Coltrane, inspirateur, mentor. Ayler joua à son enterrement. Coltrane.

Laissons le Bris clore cet article : « Tu te souviens dans Meditations : The Father, the Son, and The Holy Ghost ? le père, c'était Coltrane, le fils, Phaorah Sanders. Et le Saint-Esprit, c'était Albert Ayler. Tu ne peux pas savoir comme al était fier quand Coltrane lui a expliqué çà.»

Et à la coda, un très court texte comme un chorus final de John Jackson.

Lien : https://www.lejazzophone.com..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Extrait de la nouvelle "Lettre aux morts" de Michael Ginzburg.

Rien ne commence dans l'innocence. Ni les histoires d'amour, ni les transactions commerciales... même pas la vie. Demandez-vous ce qu'il y a d'innocent dans le désir? Ce qu'il y a d'innocent dans les ronds de jambes et les sourires, la sueur et les soupirs, la douce malédiction poétique d'une étreinte enflammée, les cajoleries et les caresses, les soupirs et les larmes qui précèdent le soi-disant miracle de la vie? Rien. Qu'est-ce qu'il y a d'innocent dans la naissance? Rien. Quand on s'engage sur le toboggan glissant de l'utérus, on est déjà un ancien combattant. Neuf mois dans un ventre et on a déjà entendu plein de choses, tout ressenti, toute la palette de l'amour et du chagrin, le feu du désir, les cendres froides de la tristesse, le sucre de la joie... Ouais, naître, ce n'est pas du gâteau ; les foetus devraient avoir des boules antibruit dans les oreilles et un casque : toutes les tensions et les déchirures de la chair tendre, l'élasticité, les fragiles cellules qui éclatent tandis que la mère hurle... Sang et chaleur : souffrance, petit, souffrance - la souffrance en cadeau, la souffrance en héritage, la souffrance et le savoir, le savoir et la souffrance - le savoir est souffrance... Ouais, tu sais quand tu nais et, bon Dieu, ça fait mal... Et puis un géant monstrueux, en blouse blanche, avec plein de poils dans le nez - semblables aux buissons qui entourent l'entrée de la caverne de l'enfer éternel - te donne une claque sur les fesses et ta première goulée d'air doux et rance, qui sent le cuivre et le sang, ton premier souffle c'est un gémissement, un cri de désespoir :
- Seigneur, qu'est-ce que je fais ici ? Ici, parmi les morts, les morts-vivants? Cette race morte d'esprits errants dans l'erreur... ?
(...)
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Ils veulent tuer la musique. (...) Je rêve encore d'une musique faite de toutes les musiques. Je rêve de lambeaux de musique, de scories, de rebuts, de bouts de mélodie, de reliquats de rengaine, de restes incandescents. Oui, je rêve de mettre le feu à ce bazar de rythmes. Je suis un recycleur de petits riens. (...)
Pourquoi disent-ils que je suis le diable ? Je marche pour ne plus entendre leurs voix. Le seigneur est bon. Il me laisse crier.
Je n'ai jamais triché.
A la Fondation Maeght, Calder, Miró et Giacometti m'ont compris. L'homme qui marche, l'homme si frêle, si fragile, si pur, l'homme de Giacometti, c'est moi. (...) Ma musique est ma berceuse et ma course. Elle révolte les autres, moi, elle me sauve. J'ai raison. Je sais que j'ai raison. (...) Je joue l'amour, mais je sème la haine. Je n'y comprends rien à la haine. (...)
Pourquoi hurlaient à Pleyel ?
Cette question me tue. La réponse aussi. (...) Mon cri les a enragés, moi qui ne voulais que chanter la paix. Je deviens faible. J'étais si fort. Je ne savais les affronter qu'en les aimant.
J'étouffe dans ces rues. Où est le fleuve ? (...)
Maman je n'ai plus peur. Le fleuve est là.(...)
Ma musique ne va jamais s'envoler. Elle ne m'a pas englouti.
Je vais simplement m'effacer à la surface de l'eau. Avant de disparaitre je vais crier. Tu sais, ce cri silencieux et éternel.
Je ne te quitte pas, maman. Je vais ailleurs.
Au pays des fulgurances, des suraigus et de la bonté. Au pays où tout le monde est naïf. J'ai été fou. J'ai été bon aussi. Que l'eau est belle ! Je ne me tue pas. Je vais sauter dans le fleuve comme on saute dans la musique. Je n'appellerai personne à l'aide.
Regarde, maman, je nage.
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Cette musique était bien une perle que la grosse huître du monde avait sécrété autour d'un grain de sable humain qui blessait la chair. On y entendait, indicernables, la souffrance et la joie.( p.9 préface de Michel Contat)
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Tout corps placé dans un fauteuil à bascule subit une oscillation d'avant en arrière proportionnelle au volume de rhum avalé. (p.105 Le retour de Maître Misère de Jean-Claude Charles)
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Bébert de quoi j'Ayler. ( p.217 Tinetorette et Toquaille de Jean Bernard Pouy)
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Vidéo de Michel Contat
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Musique © Clara Dufourmantelle
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