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Critique de Levant


Michelangelo et le banquet des damnés, voilà un roman élaboré comme une recette avec les ingrédients phares qui allèchent le consommateur du 21ème siècle, le tout accommodé à la sauce ésotérique : enquête policière, renaissance italienne, Michel-Ange en "guest star" - juste pour écorcher l'oreille des puristes de notre belle langue - le Baphomet des Templiers et son côté hideux, tout cela dans un décor de dédales et souterrains. Séduction garantie pour le chaland moderne. L'écriture est agréable, le vocabulaire précis et recherché. L'auteur aurait toutefois pu nous épargner les paragraphes entiers dans la langue de Pline l'Ancien. Nos universités sont trop imaginaires pour en goûter l'à-propos.
Nous voilà donc en présence d'un thriller historico-fantastique. C'est plutôt bien mené, ça fonctionne, mais c'est quand même très factice. C'est du précuit pour la production cinématographie. J'entends déjà les effets sonores qui vont accompagner les "travellings" et vois les éclairages en clair-obscur qui vont susciter l'angoisse.
Toujours est-il que notre enquêteur - déjà récurrent puisqu'il avait pris du service dans Vinci et l'ange brisé du même auteur - se trouve confronté à quelques cadavres étêtés retrouvés en des lieux choisis après décollation. La tête étant offerte en cadeau séparé à qui l'on veut faire passer un message annonciateur des intentions du "serial killer". On connaîtra très vite ses motivations. C'est quand même un peu fumeux et tiré par les cheveux.
Nous avons à faire au prévôt Vittore, enquêteur renommé du lieu et du moment, auquel rien n'échappe et qui subjugue son entourage par son esprit de déduction. Soit. Le fin limier est assisté par sa police scientifique contemporaine; le légiste d'époque est de service. C'est là que l'accroche à l'histoire perd pied. Les méthodes et procédés deviennent anachroniques. On tombe alors dans le panneau des innombrables séries qui squattent nos chaînes de télévision avec des scenarii désormais aussi plats que nos écrans. Le suspens est phagocyté par les effets spéciaux. C'est cousu de fil blanc. On ne s'inquiète pour personne et l'énigme ne tient pas le rythme. Le prochain épisode de 52 minutes est déjà dans les cartons.
On s'interroge aussi sur la collusion de ces phénomènes historiques extraits de leur contexte pour la circonstance. Pourquoi le Baphomet des templiers ? Sans doute pour son côté légende énigmatique. Pourquoi Michel-Ange ? Qu'est-ce que l'implication de ce géant de l'art du quattrocento apporte à l'intrigue ? C'est artificiel au possible. On y perçoit le message subliminal de l'accroche publicitaire.
Cerise sur le gâteau, on n'échappe pas non plus au traditionnel retournement de comportement. L'ours mal léché imbuvable des premiers chapitres, le prévôt soi-même, finira amadoué, attendri, gagnant le cœur de qui on n'espérait pas. Le célibataire endurci succombe sur le tard aux sirènes de l'amour. Direction "happy end". Mais peut-être n'aurais-je pas dû le dire. Rassurez-vous le principal de l'intrigue n'est pas là. Mais quand même, notre Colombo du moyen-âge pourra désormais faire parler sa femme.
Au fait, que les puristes de la belle langue - la nôtre - se rassurent, je suis de leur côté. Mais avouez que dans le genre on est obligé de la jouer version Oncle Sam, branché et sur vitaminé. C'est lui qui nous a contaminés.
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