Une nouvelle fois,
Didier Convard nous fait plonger au coeur de la
Franc-maçonnerie. Cette fois, il situe l'intrigue quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale. Sept frères, membres de la même loge, se retrouvent, convoqués par leur ancien vénérable. Cette loge était impliquée dans la Résistance à l'occupant allemand et tous ses membres ont été arrêtés. Mais le mystère est que celui qui les convoque est mort lors de son arrestation.
Nous sommes introduits dans le huis-clos d'une loge où l'information est donnée à tous : le traître, celui qui a dénoncé la loge, est parmi les Sept. Chacun va devoir s'expliquer, expliquer son parcours devant le tribunal constitué de ses frères.
Les parcours et les argumentaires sont très différents, ils reprennent des thèmes déjà traites en littérature ou en BD, regroupant des situations réelles connues : le juif dont la famille sera déporté, l'homosexuel pourchassé par les nazis, l'imprimeur en charge de la réalisation des faux papiers du réseau ....
À chaque témoignage, on croit détenir le traître, mais cela rebondit dès le suivant ... Nous sommes dans le classique d'un huis-clos, comme
Agatha Christie pouvait les mettre en scène. Les auteurs nous plongent dans les méandres de l'âme humaine et dans la faiblesse des hommes, faiblesse devant la peur de la mort et de la torture mais aussi faiblesse face à l'appât du gain. Même chez les Franc-maçons il pouvait y avoir des traîtres, malgré leur humanisme, leur sens des valeurs et leur fraternité.
Didier Convard et
Jean-Christophe Camus présentent des éléments du cérémonial des réunions, les tenues. Ils choisissent le huis-clos qui se prête parfaitement à l'histoire tout en utilisant le procédé du flash-back. Les auteurs ont choisi des couleurs assez ternes parfois sombres en adéquation avec le thème de l'histoire. J'ai apprécié la diversité des plans proposé par
Hervé Boivin et le travail sur les visages de ces hommes durs mais justes.
Cette BD m'a rappelé d'autres oeuvres sur le thème de la
Franc-maçonnerie et de la trahison au sein de la Résistance. Je pense au film Marie Octobre de Julien Duvivier, sur fond de trahison pour une histoire d'argent. Je pense aussi au roman de
Christian Jacq,
le moine et le vénérable, qui réunit deux personnages que tout semble opposer, dans les geôles des nazis. ces deux découvriront que ce qui les réunit, c'est l'amour d l'humanité et la volonté d'un monde meilleur.