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EAN : 9782226403193
576 pages
Albin Michel (31/10/2018)
3.6/5   72 notes
Résumé :
À la pointe de la technologie, le Boston Memorial Hospital est réputé pour l'excellence et la fiabilité de ses praticiens. Jusqu'à un incident, fatal : le décès d'un patient lors d'une banale intervention.
Tout juste nommé chef des internes de chirurgie, Noah Rothauser est déterminé à prendre ses responsabilités pour préserver la réputation de son service. Mais avant, il lui faut faire toute la lumière sur ce drame : simple négligence médicale, mauvaise coord... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Abandonné ce roman à sa moitié parce que j'ai fait une indigestion de termes médicaux, d'univers médical, de termes techniques … Vous allez me dire qu'en prenant un thriller médical je savais ce que j'allais y trouver ? Certes … Mais pas à ce point, pas à toutes les pages , pas à toutes les lignes… Tout est une question de dosage. Je me suis sentie claustrophobe à tourner en rond dans cet hôpital Bostonien...
Moi qui râle lorsqu'un auteur ne fait pas son boulot de documentation, je suis ici, prise à mon propre piège. Robin Cook maitrise son sujet sur le bout de ses doigts [ lavés à la bétadine et gantés de latex !]. Rien à dire, il nous livre un roman impeccable pour qui aime l'immersion totale .
La deuxième raison qui m'a fait arrêter de tourner les pages, c'est que cela se passe aux USA, et leur système de santé étant complétement différent du notre, je ne me suis pas sentie impliquée et je n'ai pas eu envie de m'y "frotter" plus que ce que je ne sais déjà. Pas de sécurité sociale, des assurances toutes puissantes, des protocoles d'admission pour une opération complétement différents des nôtres , à quoi on rajoute le fait que d'un état à un autre , les USA offre tout un gouffre administratif aux malfrats, arnaqueurs , faussaires et… charlatans .
Je n'ai pas eu envie de "creuser" , d'observer avec amusement nos différences constatant un déficit d'attention et un ras le bol de ma part.
Un roman que je ne conseillerais qu'aux personnes travaillant dans la santé ou aux personnes ayant raté leur vocation, tant l'immersion est technique, froide , factuelle . Mais un auteur qui sait parfaitement de quoi il parle et qui en parle avec beaucoup de maestria.
Juste un roman qui n'est pas fait pour moi.
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J'ai lu quantité de romans signés Robin Cook, et j'ai donc l'habitude de son style qui utilise beaucoup de jargon médical, ce qui peut rebuter certains lecteurs. J'avoue que même pour moi qui suis un peu familiarisée avec ces termes, j'ai trouvé que cette fois il abusait un peu ! A la fin de ma lecture, je me suis dit que la prochaine fois je serai capable de m'auto-anesthésier tranquille ! de toute façon, maintenant on apprend avec des simulateurs, et pas seulement aux Etats-Unis (où se déroule l'histoire).

Tout se passe bien pour Noah au Boston Memorial Hospital, il vient d'être nommé chef des internes de chirurgie et est promis à une brillante carrière. Bon, c'est normal après tout, il passe sa vie à l'hôpital, il y a même sacrifié sa copine qui en avait marre de l'attendre, et il est toujours prêt à voler au secours des confrères en cas de besoin. Justement, Ava, une anesthésiste très compétente (et très agréable à regarder, évidemment !) est en difficulté : un de ses patients semble ne pas avoir supporté l'anesthésie, et Noah qui passait justement par là va tout tenter pour le sauver. Mince, ça ne suffit pas, le patient (employé très apprécié de l'hôpital, pas de bol), reste sur le carreau. Et ce n'est que le premier, et bien sûr chaque fois Noah et Ava vont se retrouver impliqués de près ou de loin dans ces circonstances tragiques.

Bon, ça leur laisse quand même un peu de temps pour mieux faire connaissance... D'ailleurs, j'ai trouvé ça étrange, mais Ava a tellement de temps libre qu'elle peut même se permettre de cumuler son taf à l'hôîtal avec un autre boulot de lobbyiste, bien plus lucratif, et pour lequel elle voyage souvent. Alors que Noah, interne en fin de cursus, n'a souvent que trois ou quatre heure pour dormir, et aucune vie sociale.

Rajoutez à tous ces ingrédients une mystérieuse agence de sécurité, des réseaux sociaux où l'on peut devenir qui l'on veut à volonté (vive l'anonymat), et un sens de l'éthique à géométrie variable, secouez bien et vous obtiendrez un roman certes intéressant, et même passionnant comme Robin Cook sait si bien en concocter depuis bien longtemps.

Mais voilà, peut-être que c'est justement là que le bât blesse pour moi : je crois que j'arrive un peu à saturation, j'ai fait le tour et je vois les ficelles (ainsi que les invraisemblances), je ne suis plus surprise.
Alors je donne quand même plus que la moyenne, parce que je suis certaine que de nombreux lecteurs y trouveront leur compte, mais moi je vais tourner la page Cook. A moins que ...?
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Un thriller médical américain, de l'action, du suspens, une lecture facile, mais trop d'invraisemblances à mon goût.

C'est l'histoire d'un chef interne de chirurgie trop passionné par son travail et d'une anesthésiste trop belle pour être vraie, avec des morts sur la table d'opération, des décès qui n'auraient pas dû arriver.

Pour apprécier ce roman, il faut d'abord une certaine tolérance aux termes médicaux. On sent que l'auteur est bien documenté, on a droit aux mots de plus de dix lettres, aux détails des rachianesthésies et des cholécystectomies. On endort, on intube et on charcute.

Un thriller pour ceux qui sont prêts à oublier les invraisemblances lorsque le suspens et la romance sont au rendez-vous. Comme dans les films d'action américains, les héros sont toujours beaux et ils finiront ensemble au lit. Ils sont tellement doués et indispensables qu'on pourrait tuer pour les protéger…

Finalement, l'auteur se permet un plaidoyer pour la transformation des études médicales qui ne m'a pas convaincue. Si de nombreuses améliorations aux méthodes pédagogiques seraient utiles (et sont d'ailleurs déjà en place dans plusieurs cursus), le remplacement de l'internat pas le travail sur simulateurs me semble oublier que les médecins doivent être capable de considérer leurs patients comme des personnes plutôt que des « cas ».

Un roman pour faire un tour en salle d'op sans douleurs…
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Je viens de terminer mon 30ème Robin Cook. « Charlatans » a été publié pour la première fois en 2017. Robin Cook est l'un de mes auteurs préférés, et je dirais même en tête de liste, dans les 5 premiers.

Cette nouvelle aventure tourne autour de deux personnages principaux : Ava London, anesthésiste et Noah, interne au BMH et qui devrait passer praticien à part entière l'année suivante.

Tous deux nourrissent une grande passion pour leur métier au point, pour Noah, de dépasser allègrement le nombre d'heures de travail.
Quand se produit un accident d'anesthésie provoquant le décès du patient, Noah fait tout ce qu'il peut pour défendre celle qui deviendra son amie -et même plus par la suite-, ce qui ne convient pas au DR Mason qui a sa part de responsabilité dans le drame. Il aimerait que ce soit Ava qui soit totalement reconnue coupable.

Mais voici qu'un deuxième puis un troisième décès se produisent au cours d'opérations en présence d'Ava qui a pratiqué l'anesthésie. Trois décès rapprochés c'est beaucoup, c'est trop.

Noah est confronté à la colère des grands « pontes » du BMH. Il se fait des ennemis, il est maladroit et s'enfonce encore un peu plus à chaque fois qu'il veut expliquer ou défendre son amie. Son amie ? Noah est pris de doutes. Ava est bizarre, est-elle réellement celle qu'il pense ?

Il démarre une enquête mais perd rapidement le contrôle de la situation. Il est suspendu du BMH. Sa vie est en danger, il se sent suivi, observé, traqué. Mais qui est réellement Ava ???

===

Ce roman est un page-turner. 660 pages que l'on tourne de plus en plus vite !
Petit reproche : beaucoup d'explications médicales dans le premier quart du roman, comme souvent dans les R. Cook mais ensuite, que du bonheur.

Je recommande ce roman aux inconditionnels de cet ancien chirurgien devenu un grand auteur.
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Charlatans est un thriller médical très bien construit dont le titre ne prendra véritablement son sens que dans les toutes dernières pages. L'action se déroule au Boston Memorial Hospital, un hôpital à la pointe de la technologie et réputé pour l'excellence et la fiabilité de ses praticiens.
Pourtant, le décès de plusieurs patients en salle d'opération va amener Noah Rothauser, tout juste nommé chef des internes en chirurgie, à enquêter pour faire toute la lumière sur ces drames. Dans ce cadre, il va se rapprocher d'Ava London, anesthésiste à la fois très compétente et très belle. Discrète et peu communicative avec ses collègues, Ava est en revanche très active sur les réseaux sociaux. Elle confie aussi à Noah qu'elle est consultante pour une entreprise de compléments alimentaires, activité qui lui procure une grande aisance financière.
C'est avec tous ces éléments, parfaitement dosés et instillés, que Robin Cook nous a concocté une intrigue médicale savoureuse. Un roman d'actualité également puisqu'une grande part est faite aux réseaux sociaux et au 100% numérique, ses avancées technologiques incontestables mais aussi ses possibles déviances.

Une lecture agréable, facile, avec juste ce qu'il faut de termes médicaux pour planter le décor, et que je recommande aux amateurs du genre.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
– Il paraît, dit Bruce, de nouveau très gêné. Désolé, c’est ma faute ! Je me suis présenté en retard aux admissions. Ça ira quand même ?

– Ça devrait aller, assura Connie avec un sourire rassurant, puis elle s’éloigna.

Quelques minutes plus tard, le rideau fut tiré par une jeune femme aux yeux bleu glacier et au visage bronzé. Elle portait un pyjama de bloc bleu avec une coiffe qui dissimulait complètement sa chevelure. Son sourire était agréable et franc. Elle expliqua qu’elle était la Dr Ava London, anesthésiste et praticienne au BMH, puis ajouta :

– C’est moi qui vais aider le Dr Mason ce matin, monsieur Vincent, pendant qu’il opérera votre hernie. Je suis contente de faire votre connaissance, vous savez, parce que j’ai entendu dire beaucoup de bien sur vous. Et il paraît que les charmants enfants en photo sur le tableau de la cafétéria sont les vôtres, c’est bien cela ?

– Je suis responsable du stationnement dans le centre médical, expliqua Bruce qui appréciait déjà cette anesthésiste aussi séduisante que sympathique. Mais je suis étonné de ne vous avoir jamais rencontrée. Vous êtes nouvelle, dans l’équipe ?

– Relativement nouvelle, dit Ava avec une petite moue amusée. Il y a bientôt cinq ans que je suis ici.

– Oh non, vous n’êtes pas nouvelle du tout ! s’exclama Bruce, un poil chagriné car il s’enorgueillissait de connaître à peu près tous les praticiens du BMH. Je suppose que vous n’utilisez pas le parking des médecins ?

– Voilà. Je n’en ai pas besoin, car j’ai la chance de pouvoir venir à pied au travail, dit Ava en attrapant la feuille de circulation de Bruce au bout du brancard. Je vis tout près d’ici, à Beacon Hill.

Constatant qu’il n’y avait pas de feuille d’examen de contrôle signée par l’interne de chirurgie des admissions, elle demanda à Bruce s’il savait pourquoi elle manquait.

– Martha Stanley a jugé que ce n’était pas la peine d’attendre l’interne. D’autant que l’assistant du Dr Mason a fait le bilan préopératoire tout récemment. Mais pour ne rien vous cacher, c’est ma faute. Je suis arrivé en retard, alors on a décidé de m’amener ici le plus vite possible.
Ava hocha la tête. L’assistant du Dr Mason, du fait qu’il avait terminé l’internat de chirurgie, était certainement plus qualifié que l’interne de première ou de deuxième année chargé d’examiner les patients aux admissions. Elle ouvrit le DME de Bruce Vincent sur sa tablette et examina son bilan préopératoire. Il n’avait aucun antécédent médical. Aucune pathologie non plus à l’exception de cette hernie inguinale tout à fait banale. Satisfaite, elle remit la feuille de circulation sous sa pince et leva les yeux vers Bruce en disant :

– Vous êtes en bonne santé, j’ai l’impression ?

– Je pense, oui. Pouvons-nous nous dépêcher ? Je ne voudrais pas que le Dr Mason s’impatiente à cause de mon petit retard.

– Il faut tout de même faire les choses correctement. Je dois vous poser quelques questions. Vous n’avez donc jamais eu de problème de santé, en particulier au niveau du cœur et des poumons… ?

– Non.

– Et vous n’avez jamais été mis sous anesthésie ?

– Non plus.

– Et vous n’avez rien mangé depuis minuit ?

– L’assistant du Dr Mason m’a dit qu’on me ferait une rachianesthésie.

– En effet. La secrétaire du Dr Mason nous a bien spécifié que le chirurgien voulait une rachianesthésie. Cela vous convient-il ? Vous savez ce que c’est ?

– Oui. Vous savez, je connais la plupart des anesthésistes et des infirmières anesthésistes de la maison. Depuis toujours, ils me racontent des tas de choses sur votre métier.

– Un patient qui s’y connaît ! À la bonne heure, dit poliment Ava. Alors vous êtes au courant que nous devons avoir votre accord pour recourir à l’anesthésie générale au cas où il y aurait un souci avec la rachianesthésie ?

– Ah bon ? Quel genre de souci ?

– Le risque de pépin est infime, mais nous devons être prêts à tout. Par exemple, si l’opération prend plus de temps que prévu et si, par conséquent, l’effet de la rachianesthésie commence à s’estomper, nous pourrions être obligés de vous placer sous anesthésie générale. Voilà pourquoi nous avons besoin de votre consentement. Il faut juste tout prévoir. C’est aussi la raison pour laquelle nous devons savoir si vos poumons sont en bon état.

– Mes poumons vont très bien.

– Des soucis de reflux gastro-œsophagien ?

– Je vais très bien ! Sérieux, je suis en forme. Vous êtes sûre que nous n’allons pas retarder le Dr Mason ?

– Il n’y a pas à craindre de retarder le Dr Mason, croyez-moi. Maintenant, parlons de la rachianesthésie. Vous a-t-on expliqué qu’il fallait vous insérer une aiguille dans le dos pour l’injection de l’agent anesthésiant ?

– Je sais. L’assistant du Dr Mason m’a tout raconté en détail. Et il m’a assuré que je ne sentirais rien.

– C’est bien cela. Vous ne ressentirez aucune douleur pendant l’opération. Je vous le garantis. Mais dites-moi : avez-vous des problèmes de dos ? Il vaut mieux que je sois prévenue…

– Non, fit Bruce avec un haussement d’épaules. Mon dos va bien.

– Super ! Voilà ce qui va se passer quand nous vous conduirons en salle d’opération. En premier lieu, nous vous demanderons de vous asseoir sur la table, tourné sur le côté, avec la tête et le visage en appui sur un support. Vous éprouverez une petite sensation de pincement au bas de votre dos quand je mettrai un anesthésique local sur votre peau avant d’insérer l’aiguille de la rachianesthésie. Quand le produit se répandra dans votre colonne vertébrale, nous vous aiderons à vous allonger sur la table. Maintenant j’ai une autre question : pendant l’opération, souhaitez-vous être réveillé – et peut-être voir ce qui se passe au niveau de votre ventre si le Dr Mason est d’accord – ou préférez-vous dormir ? Dans un cas comme dans l’autre, vous n’éprouverez absolument aucune douleur et je resterai avec vous tout au long de l’opération.

– Je veux dormir ! répondit Bruce avec emphase. Voir ce qui se passe ? Non merci !

Aussi confiant pût-il être à l’idée de subir cette intervention, il n’avait pas pour autant envie d’observer le toubib lui fourrager dans les entrailles.
– D’accord, dit Ava. Vous dormirez donc. Revenons à la question à laquelle vous n’avez pas répondu : avez-vous mangé quoi que ce soit depuis hier ? À minuit au plus tard ?

– Non.

– Et à votre connaissance, vous n’êtes allergique à aucun médicament ?

– Je ne suis allergique à rien.

– Et vous ne prenez aucun médicament ? Prescrit ou non ?

– Je ne prends aucun médicament, affirma Bruce.

– Parfait ! Maintenant, je vais vous poser une intraveineuse avant de vous emmener en salle d’opération. On m’a prévenue que le Dr Mason est presque prêt à s’occuper de vous. Avez-vous des questions ?

– Heu… Je ne vois pas, marmonna Bruce.

Tout à coup, il éprouvait une légère anxiété. Il avait même un peu la chair de poule. La réalité de l’événement qu’il s’apprêtait à vivre s’imposait à lui : il devait s’abandonner aux mains de l’équipe chirurgicale et accepter de ne plus avoir aucun contrôle sur le cours des choses.

La Dr London posa l’intraveineuse si vite, et avec tant de dextérité, que Bruce fut étonné quand ce fut terminé. Aussi à l’aise fût-il dans l’environnement hospitalier, il était tout prêt à reconnaître qu’il n’aimait pas beaucoup les aiguilles et les prises de sang. Il détournait toujours les yeux quand un toubib travaillait sur son bras.

– Ouah ! fit-il, ébahi. J’ai à peine senti ce que vous faisiez. Vous avez dû en poser, des intraveineuses !

– Quelques-unes, en effet, acquiesça Ava en souriant.

Elle savait qu’elle effectuait bien ce geste – qu’elle était, plus généralement, une anesthésiste très compétente. Elle savait aussi être attentive aux états émotionnels de ses patients et elle percevait un léger changement, depuis quelques instants, dans le comportement de M. Vincent.

– Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous anxieux ?

– Je… je suis un peu nerveux, j’avoue, répondit Bruce d’une voix mal assurée.
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Prologue

27 JUIN

Du fait de l’inclinaison de l’axe de la Terre, qui est responsable du cycle des saisons, le jour se leva promptement sur la ville de Boston, Massachusetts, ce 27 juin. Le contraste avec les aurores prolongées de l’hiver, où la course du soleil reste basse dans le ciel, fut frappant : à partir de quatre heures vingt-quatre, une lumière d’intensité croissante envahit tour à tour les rues du quartier italien de North End, les venelles pentues de l’élégante Beacon Hill et les larges boulevards du prestigieux quartier de Back Bay. Puis à cinq heures neuf tapantes, le disque solaire surgit à l’horizon, au-dessus de l’océan Atlantique, pour entamer son ascension dans un ciel matinal sans nuages.

De tous les faîtes des nombreux bâtiments du Boston Memorial Hospital – le BMH, pour les habitués –, le premier touché par les rayons dorés du soleil fut celui, au centre du complexe, de la tour Stanhope. Bijou d’architecture moderne, cette tour de vingt et un étages gainée de verre, qui n’avait pas encore dix ans, tranchait de façon saisissante avec les silhouettes trapues et la brique rouge de la plupart des immeubles anciens – construits cent cinquante ans plus tôt – qui composaient le célèbre centre hospitalier, rattaché à l’université Harvard, en bordure du port de Boston.

La tour Stanhope possédait toutes les installations de l’hôpital du XXIe siècle, dont un ensemble de vingt-quatre salles d’opération dernier cri, appelées « salles d’opération hybrides du futur », qui semblaient sorties d’un épisode de Star Trek. Elles se divisaient en deux ensembles circulaires de douze salles disposées comme les rayons d’une roue autour d’un « moyeu », le poste central, d’où les chefs de bloc pouvaient suivre ce qui se passait dans chaque salle soit par les douze fenêtres panoramiques de son pourtour, soit sur des moniteurs connectés à des caméras de surveillance.

Dans chacune de ces salles hybrides, à même d’accueillir un très large éventail d’interventions – de neurochirurgie aussi bien que de chirurgie cardiaque en passant par les opérations de routine comme l’appendicectomie ou le remplacement du genou –, on trouvait plusieurs bras articulés géants, suspendus au plafond, au bout desquels étaient fixés différents équipements médicaux de haute technologie. La très grande maniabilité de ces bras permettait de disposer au mieux des appareils nécessaires au cours des interventions tout en gardant l’espace au sol dégagé, optimisant la circulation des personnels et les transitions entre les opérations. L’un de ces bras soutenait la station d’anesthésie, un autre la machine de circulation extracorporelle, un autre encore le microscope opératoire. Sur le plus volumineux, en forme de C, un système de radiographie numérique biplan associait infrarouges et rayons X pour livrer en temps réel des images tridimensionnelles des structures internes du corps humain. Chaque salle hybride recélait aussi plusieurs banques d’écrans vidéo haute définition connectés au serveur de l’hôpital, de telle sorte que les données des patients et toute l’imagerie médicale réalisée (radiographies, échographies, scanners…) pouvaient y être affichées sans délai par commande vocale.

Cet équipement ultra-sophistiqué et excessivement coûteux se justifiait par la nécessité d’améliorer la qualité et l’efficacité des opérations chirurgicales – ainsi que la sécurité des patients. En cette belle journée de fin juin, toutes ces merveilles de planification et de technologie moderne ne devaient pourtant guère peser face aux faiblesses humaines et aux impondérables de la vie. En dépit des bonnes intentions et du dévouement sans faille du personnel soignant du BMH, une catastrophe se profilait dans la salle d’opération numéro huit.

Vers cinq heures et demie, alors que la lumière du soleil levant inondait l’ensemble du centre hospitalier, voitures particulières et taxis commencèrent à défiler sous l’auvent de l’entrée principale de la tour Stanhope. Il en descendait de futurs patients qui tenaient à la main un sac ou une petite valise pour la durée de leur séjour. Parlant peu avec les amis ou les membres de leur famille qui les accompagnaient, ils franchissaient rapidement la porte à tambour, traversaient le hall et prenaient l’ascenseur pour gagner le bureau des admissions au troisième étage. Quelques années auparavant, les personnes qui devaient subir une opération de chirurgie élective, c’est-à-dire non urgente et programmée, étaient encore admises la veille. Mais, pour la plupart d’entre elles, ce privilège était passé à la trappe à cause des diktats des compagnies d’assurances. La nuit d’hospitalisation préalable était jugée trop coûteuse.

Cet afflux très matinal de patients était celui de la première tranche du programme du bloc opératoire. Les patients ultérieurs – les « à suivre », disaient entre eux les employés du BMH – recevaient pour instruction de se présenter aux admissions deux heures avant l’heure estimée de leur opération. Si la durée moyenne de chaque intervention était à peu près connue, bien des facteurs étaient susceptibles de faire varier ce paramètre, donc de chambouler le planning du bloc opératoire. Et bien sûr, les changements d’organisation se faisaient toujours au détriment des patients, jamais de l’hôpital. Du coup, il y avait parfois des retards qui obligeaient des patients à attendre de longs moments aux admissions ou en salle de préparation, ce qui pouvait se révéler pénible pour certains d’entre eux dans la mesure où tous les futurs opérés avaient pour consigne de ne rien avaler, hormis de petites quantités d’eau, à partir de minuit la veille au soir.

Parmi les cas « à suivre » de ce 27 juin, il y avait une réparation de hernie inguinale droite sur un homme de quarante-quatre ans, intelligent, sociable et en bonne santé, du nom de Bruce Vincent. L’opération devant commencer vers dix heures et quart, il lui avait été demandé de se présenter aux admissions à huit heures et quart.

Contrairement à bien des patients qui arrivaient à l’hôpital ce lundi matin, Bruce n’était pas du tout inquiet à l’idée de passer sur le billard. Mais sa tranquillité d’esprit, pour ne pas dire sa décontraction, il ne la devait pas seulement au fait que l’opération de sa hernie inguinale était relativement simple : elle tenait bien plutôt à la connaissance intime qu’il avait du BMH. Aux yeux de Bruce Vincent, en effet, ce grand hôpital n’était pas l’espèce de monde parallèle, mystérieux et effrayant qu’il était pour bien des gens, car il le fréquentait tous les jours ou presque depuis vingt-six ans. Natif du quartier de Charlestown où il avait acquis une certaine célébrité, à l’adolescence, dans l’équipe sportive de son lycée, il avait été recruté par le service de sécurité du BMH dès ses dix-huit ans – suivant les traces de sa famille, pour ainsi dire, puisque sa mère avait fait toute sa carrière à l’hôpital, en tant qu’aide-soignante, et que sa sœur aînée y était infirmière.

Son job au BMH et sa grande connaissance de l’univers hospitalier ne suffisaient pas à expliquer entièrement, toutefois, que Bruce fasse preuve de davantage de sang-froid que la plupart des autres patients. S’il était si calme ce matin, c’était surtout parce qu’il s’était lié d’amitié, au fil de sa longue carrière, avec l’immense majorité des employés de la maison : les praticiens et internes de toutes les spécialités imaginables, mais également les infirmières et autres membres du personnel soignant, sans oublier les membres de l’administration et les agents des autres départements. Avec le temps, par une sorte d’osmose, il avait aussi appris pas mal de choses sur la médecine, en particulier la médecine hospitalière bien sûr, au point que certains soignants disaient en plaisantant que Bruce Vincent était diplômé honoraire du BMH. De fait, il était capable de discuter techniques opératoires avec les chirurgiens orthopédiques, litiges pour faute médicale avec les administrateurs ou problèmes de planning avec les infirmières – ce qu’il faisait presque quotidiennement.

Quand Bruce s’était entendu dire qu’il aurait droit à une rachianesthésie pour la réparation de sa hernie inguinale (une opération qui ne devait pas durer plus d’une heure), il savait déjà très bien ce qu’était la rachianesthésie, ou anesthésie spinale, et pour quelles raisons elle était plus sûre que l’anesthésie générale. Rien de mystérieux pour lui, donc, de ce côté-là. De plus, il avait confiance à deux cents pour cent en son chirurgien, le Dr William Mason. Ce praticien, un homme certes assez lunatique et soupe au lait – au point qu’on le surnommait derrière son dos « Wild Bill », Bill le Sauvage – était l’un des piliers du BMH. Il veillait d’ailleurs à entretenir sa réputation : personne ne devait ignorer que les patients affluaient du monde entier, chaque semaine, pour profiter de ses mains expertes et de ses taux de réussite insurpassables. Le Dr Mason était professeur de chirurgie à Harvard, responsable de l’unité de chirurgie digestive au BMH et codirecteur adjoint du très réputé programme de l’internat de chirurgie de cet hôpital. Sa principale spécialité était la très exigeante chirurgie du pancréas, un organe niché à l’arrière de l’abdomen et notoirement difficile à opérer du fait de cet emplacement, de sa consistance particulière et de son rôle dans la digestion.

Quand Bruce avait annoncé qu’il devait être opéré de sa hernie par le Dr Mason, il avait sidéré ses interlocuteurs. Tout le monde savait très bien que l’illustre chirurgien n’avait presque jamais réparé de hernie depuis son internat, trente ans auparavant. Il s’enorgueillissait de ne réaliser que les interventions les plus complexes et les plus difficiles, une majorité d’entre elles touchant au pancréas. Perplexes, certaines personnes avaient carrément demandé à Bruce comment il avait réalisé l’exploit de convaincre Mason de se charger d’une mission qu’il considérait à coup sûr comme insignifiante, indigne de l
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Chaque jour, il vivait de nouvelles expériences, chaque jour, il découvrait quelque chose qu'il n'avait jamais vu auparavant, chaque jour, il apprenait un geste, un savoir quelconque qui faisait de lui un meilleur médecin. Pour Noah Rothauser, entrer à l'hôpital , c'était revenir à la maison.
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Les gens ont envie de croire qu’une pilule magique peut corriger leur mode de vie malsain. Avaler un cachet, c’est tellement plus facile qu’avoir une alimentation équilibrés, faire de l’exercice et dormir suffisamment d’heures chaque nuit!

(Albin Michel, p. 262)
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[...] il se demanda tout à coup si c’étaient les réseaux sociaux qui rendaient les gens narcissiques parce qu’ils leur offraient sans cesse l’occasion de se mettre en valeur, ou si c’étaient les personnalités narcissiques qui étaient attirées par les réseaux sociaux pour la même raison. (p. 350)
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