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EAN : 9782021238983
368 pages
Seuil (21/09/2017)
3.6/5   24 notes
Résumé :
Il y a vingt ans, R. Campbell, arrive au Lubanda, pays d'Afrique noire. Son idée de forer le sable du désert pour trouver de l'eau déplaît à Martine Aubert, fermière belge née au Lubanda où elle cultive des céréales. Des rebelles tuent le président Dasaï, et Martine, sommée de restituer ses terres ou de partir, est tuée. Campbell veut récupérer des documents relatifs à la mort de cette dernière.
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Pour commencer, voici quelques noms de différents dictateurs d'Afrique noire, qui ont marqué leur pays d'une empreinte sanglante :
- Amin Dada : Responsable d'un coup d'Etat en Ouganda en 1971, pays sur lequel il régnera pendant huit ans de folie, de meurtre et de terreur.
- Bokassa 1er : Après en avoir été président, il se couronnera empereur de la République centraficaine en 1976 lors d'une cérémonie des plus somptuaires. Il pratiquera la torture, la répression et les exécutions. Des rumeurs d'anthropophagie ont couru à son sujet.
- Mobutu : Dictateur du Congo belge, devenu Zaïre, de 1965 à sa mort ( 1997 ). Fait pendre ses anciens ministres accusés de complot, écrase dans le sang une révolte d'étudiants dont plusieurs seront condamnés à mort.
- Mugabe : Toujours en exercice au Zimbabwe, dont il est président. Estime qu'il faut castrer ou décapiter les homosexuels. Expulse les pauvres de la capitale depuis 2005 en détruisant les bidonvilles. Recourt à la torture. A déclaré en 2003 : "Hitler avait un seul objectif : la justice pour son peuple, la reconnaissance de l'indépendance de son peuple et ses droits sur ses ressources. Si cela c'est Hitler, laissez moi être le décuple d'Hitler."

A ces tristes noms, vous pouvez ajouter celui d'Abbo Mafumi, créé par l'auteur, qui en a fait un tyran plus vrai que nature.
"Des exécutions publiques venaient d'avoir lieu. Des prostituées. Six, qui pendaient encore au gibet."
"Près de trois mille personnes avaient péri durant ces trois semaines de carnaval sanguinaire."
Souverain suprême du Lubanda, analphabète, Mafumi dirigera son pays d'une main de fer pendant vingt ans, postant des milices armées le long des routes principales ou construisant des galeries souterraines dédiées aux tortures, dont les cris qui en émergent terrorisent la population.
Pourquoi ces régimes de terreur se sont-ils ainsi invariablement répétés dans toutes ces contrées ?

Le Lubanda n'existe pas, il a lui aussi été inventé par Thomas H. Cook, historien de formation, pour illustrer les propos géopolitiques tenus dans Danser dans la poussière.
Dès qu'il s'agit d'évoquer ces pays victimes d'une révolution, il semble de coutume de situer son action dans un Etat imaginaire.
Pour n'offenser personne ou pour montrer l'ampleur d'un phénomène conflictuel de masse ?
Je ne fais pas allusion à la Nambie, pays récemment inventé par Donald Trump lors d'une intervention à l'ONU. Je pense surtout au cinéma avec entre autres exemples les comédies françaises Bienvenue au Gondwana ou le crocodile du Bostwanga ( c'est vrai qu'ils prêtent à rire ces régimes dictatoriaux sanglants ! ) ou encore au Sangala déchiré par une guerre civile dans le film Rédemption, qui se situait entre les sixième et septième saisons de 24h chrono.

Dans ce Lubanda plus vrai que nature situé au sud du Sahara règne la plus grande pauvreté. Les habitants n'ont ni l'eau courante, ni l'électricité. le climat est aride. Les habitants cultivent essentiellement du millet, du fonio ou du teff, c'est à dire les seules céréales qui peuvent pousser sous des températures aussi sèches. Au milieu de paysages composés de désert et de bush, quelques villes et villages sont séparés par de longues routes : Jannetta, Tumasi ou encore la capitale Rupala. Plusieurs tribus tentent de cohabiter : Les Besaï, les Visutu au nord ou encore les nomades Lutusi. le président Dasaï, qui avait essayé d'unifier son pays avant l'arrivée au pouvoir du fou dangereux Mafumi, avait pour slogan :
"Nous sommes tous Lubandais, enfants d'un même village."
Le commerce se fait principalement par le biais du troc.
Pays sous-développé, le Lubanda avait ses habitudes, ses coutumes et était parvenu à trouver un fragile équilibre.
Jusqu'à ce que l'homme blanc arrive et décide que tous ces pauvres gens ont vraiment besoin de leur aide, sans penser aux perturbations que va engendrer son immersion dans une culture différente, tous persuadés qu'ils sont d'apporter des solutions pour leur permettre une vie plus confortable.
"A vos yeux, nous sommes toujours des enfants. Des enfants désemparés. On ne peut rien faire sans votre aide."
"Le fait est qu'un homme ayant accès à l'eau ne comprendra jamais la soif de son semblable."

L'homme blanc est ici incarné par Ray Campbell, le narrateur. Vingt ans plus tôt, il est venu au Lubanda dans le cadre d'une mission pour une organisation non gouvernementale : Espoir pour le Lubanda. Avec pour seul et sincère désir d'aider ces pauvres gens.
"Offrir à ce doux pays qui souffrait depuis si longtemps le cadeau d'un réel espoir."
En favorisant l'éducation, en aidant à installer des puits, en irriguant les cultures pour permettre leur diversification ...
Durant son séjour d'un an, il sera assisté par un boy, le jeune Seso Alaya, qui sera ravi d'avoir un emploi.
"Seso m'avait été attribué. Il était mon interprète, mais aussi mon homme à tout faire. Cuisine. Petit bricolage."
Mais la modernisation autour du village de Tumasi ne se déroulera pas comme prévu. Une femme s'oppose en effet farouchement à tous ces changements qui sont proposés.
"Il y a parfois plus d'amour à ne pas donner qu'à donner."

Martine Aubert est une fermière typique du village, jeune femme à la peau déjà crevassée, habillée grossièrement de sandales et d'un fichu multicolore.
Mais elle est blanche de peau elle aussi. Et elle aime lire lire Stendhal ou Balzac, seul lien qu'elle s'autorise avec les pays occidentaux. Elle a peut-être des origines belges ou françaises, mais elle est née au Lubanda, se considère comme Lubandaise, et n'a aucune intention de partir ni de nuire à son pays.
Or, si elle accepte les compromis qui lui sont demandés, notamment en cultivant du café au lieu de céréales, elle trahira ses idéaux.
Pourquoi ?
Parce que le café ne fait l'objet d'aucun troc au Lubanda. Qu'il est uniquement destiné à l'exportation. Que sa nation va ainsi devenir redevable et dépendante de la richesse de pays tiers pour un avenir incertain alors qu'il s'en sortait auparavant seul, tant bien que mal.
Quel est l'intérêt ?
"Le problème est que nous confondons toujours le "progrès" avec le concept d'avancer dans la même direction que nous."
Sans compter que c'est cette richesse nouvelle qui attire les coups d'Etat de barbares sanguinaires.
Que sur les dons faits à des associations pour construire des puits dans ces zones considérées comme sinistrées, seule une moitié va être ainsi dépensée. Et l'autre servira à alimenter en armes meurtrières un pays en pleine guerre civile.

Tout cela, Cook l'explique beaucoup mieux que moi. Toujours est il que tous ces Européens ou Américains parfois convaincus d'agir pour une bonne cause - quand ça n'est pas l'or, le pétrole ou les diamants qui les intéresse - en forçant un pays du tiers monde à se développer tel qu'ils l'entendent font parfois la monumentale erreur de ne pas tenir compte des mentalités, des pratiques et des coutumes dudit pays et donnent un coup de pied dans une fourmilière fragile mais organisée pour des conséquences qui peuvent s'avérer dramatiques.
Parce qu'il ne suffit pas d'arriver sur son grand cheval blanc en imposant la suprématie de sa culture et de ses idées pour résoudre tous les problèmes d'un pays pauvre.

Vingt ans séparent cette première et tragique expérience au Lubanda et le retour de Ray Campbell dans ce pays d'Afrique. Vingt années durant lesquelles le pays a vécu sous le joug du dictateur Mafumi, mais qui vient de célébrer l'arrivée d'un nouveau président, avec lequel Ray a rendez-vous, muni d'une intrigante mallette. Qu'y a-t-il dans celle-ci ? le lecteur sait juste que son contenu représente probablement le dernier espoir du Lubanda.

Trois mois plus tôt, à New York, le narrateur est devenu spécialiste de la gestion des risques financiers, proposant ses services à de riches clients qui hésitent par exemple à racheter une entreprise en faillite. Son passé le ratrappera puisqu'il apprendra le meurtre de Seso, ce jeune homme qui lui avait proposé ses services pendant ses années bénévoles.
Qu'était-il venu faire à New York ? Quels documents avait-il en sa possession ? A qui voulait-il les montrer ?
Et c'est en enquêtant sur ce crime que Ray se retrouvera plongé dans le passé, se remémorera tout au long de ses investigations son rôle au Lubanda, et celui de Martine Aubert, incarnant l'opposition, femme qu'il respectait, admirait, et désirait à la fois.
La construction alterne donc les époques et les lieux, on passe parfois sans transition du New York actuel au Lubanda de l'époque et d'aujourd'hui, chacune des histoires étant reliée et avançant vers leur résolution : Quelle tragédie a eu lieu vingt ans plus tôt, pourquoi Seso a-t-il été tué, et quel est le contenu de ce mystérieux attaché-case ?

Danser dans la poussière est différent des autres romans de Thomas H. Cook. Plus complexe, plus politique, il nous entraîne en Afrique noire, expliquant les rouages des aides qui sont accordées à ces pays en voie de développement, ainsi que ceux de l'arrivée au pouvoir de militaires aussi cruels qu'adulés. Il pose la question de la nationalité, rappelle également que la xénophobie envers les blancs minoritaires existe également ( "le racisme des Blancs à l'égard des Noirs, et inversement, se portait comme un charme de par le monde" ).
C'est un roman qui fait beaucoup réfléchir aux transformations progressives des différentes colonisations dans les pays d'Afrique, mais aussi à celui des ONG et des associations humanitaires en posant la question de l'impact culturel, et en soulevant des problématiques auxquelles je n'aurais jamais pensé. Dommage en revanche que l'aspect de l'aide médicale ( médecins sans frontières, médecins d'Afrique ) ne soit jamais évoqué.

Mais sous cet emballage différent, plus personnel, plus engagé, parfois presque philosophique ; on retrouve un Cook doté de sa plume la plus magnifique pour nous faire partager son univers et ses réflexions.
A nouveau, il nous offre un narrateur empreint de culpabilité en quête de rédemption, qui a énormément évolué entre ses premiers mois au Lubanda et son rendez-vous avec le nouveau président deux décennies plus tard. Il nous livre également une histoire d'amour impossible, puisqu'il était aussi inconcevable pour Martine de quitter son pays que pour Ray d'y rester.
Cook nous entraîne à nouveau avec lui sur un chemin poignant, celui d'une tragédie que l'on sait inéluctable, tout en délivrant une note optimiste finale.

A mi-chemin entre polar noir et essai géopolitique, il m'est difficile de donner un avis tranché sur ce roman écrit en 2014. Je n'avais jamais pensé au tiers monde de cette façon, et ça a été un plaisir incontestable de devoir réfléchir différemment, d'être bousculé dans d'évidentes convictions. Et cette plume plus magistrale que jamais m'a permis de m'intéresser à cette partie de l'histoire mondiale récente, ce qui n'était pas gagné d'avance.
Mais il a manqué à mon sens un peu de cette intensité dramatique coutumière à l'auteur pour que ce roman noir soit une parfaite réussite, et la construction particulière m'a parfois perdu entre deux époques.
Danser dans la poussière m'aura donc davantage marqué par les idées qu'il développe que par sa tragédie centrale et la résolution de ses énigmes.
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À l'aéroport de Rupala, au Lubanda, Ray Campbell est accueilli chaleureusement. Passage diplomatique, Mercedes avec chauffeur et air conditionné, l'homme est le bienvenu, d'autant qu'il est attendu par le président en personne. Cela fait des années qu'il n'a pas remis les pieds dans ce pays d'Afrique orientale. Mais, le coup de fil de son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust, trois mois plus tôt, l'aura fait quitté New-York, là où il est installé en tant que patron d'une société florissante de gestion des risques. Un appel lui annonçant le meurtre de Seso Alaya, son ancien boy et interprète lorsqu'il était en mission humanitaire, voilà déjà 20 ans. Qu'était donc venu faire Seso à New-York ? Quel document important détenait-il pour qu'on veuille l'assassiner ? Bien décidé à éclaircir cette sombre histoire, Ray n'aura d'autre choix que de retourner au Lubanda. Ce voyage sera l'occasion de se souvenir de son année passée au sein de l'ONG et surtout de sa rencontre avec Martine Aubert, une femme au destin tragique dont il était tombé amoureux...

Thomas H. Cook nous emmène dans ce pays imaginaire qu'est le Lubanda, pourtant représentatif de certains pays africains. Un pays sous-développé que les états riches tentent d'aider. Ayant souffert de nombreuses années d'une dictature sanguinaire, en la personne de Mafumi, le pays, aujourd'hui un nouveau président à sa tête, tente de se reconstruire. Ray Campbell, resté un an en mission pour une ONG, voue un sentiment particulièrement fort pour ce pays, d'autant qu'il s'est attaché à sa population, notamment Seso, et plus particulièrement Martine, une Lubandaise blanche de peau. Sur fond de géopolitique, d'aide humanitaire ô combien complexe, de politique dictatoriale, de colonialisme, de racisme ou encore de traditions, l'auteur nous offre un roman particulièrement étoffé et riche. Tout autant de sujets abordés avec intelligence, finesse et une profonde humanité. de l'Afrique à New-York, l'on navigue entre passé et présent, les souvenirs de Ray ponctuant ici et là un passé tragique. Un roman poignant d'une extrême sensibilité porté par une plume magnifique. Une véritable ode à l'Afrique...
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Un roman incroyable qui nous conduit de New York jusque dans un état d'Afrique imaginaire mais tellement" vrai ", à vingt ans d'intervalle . Un roman incroyablement documenté tant sur les moeurs locales , la foi en une vie simple basée sur le troc et la simple nécessité de se suffire de peu , la tranquillité d'une vie qui se déroule d'un pas lent mais serein jusqu'à ce que la quiétude soit perturbée par l'avidité , la stupidité destructrice des hommes , destruction des cadres de vie , des ressources , des paysages , de la nature et des êtres eux - mêmes .....,.Exploitation , destruction , dictatures , c'est le lot de la plupart des états africains et Thomas Cook en parle avec compétence , passion et émotion . L'intrigue ,amenée de main de maître , passerait presque au second plan sans la maestria de l'auteur dont la plume est envoutante , mais ça , on le savait déjà et depuis longtemps .Les personnages ont une épaisseur qui s'intègre parfaitement dans le contexte , des personnages peu nombreux mais forts dans leurs convictions et particulièrement attachants en raison des valeurs fortes qui sont les leurs.Un roman surprenant par sa profondeur et la réflexion qu'il suscite .
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Thomas H. Cook a quitté les États-Unis vers l'Afrique mais a gardé ce ton de narration qui lui est propre. Pas vraiment un ton de nostalgie ou de spleen, pas un ton d'amertume non plus , plutôt un ton de désolation, de presque fatalité, sans tristesse. J'ai de la difficulté à bien qualifier "ce" ton que l'on retrouve dans les oeuvres de Cook. Mais ça me plait. Soulignons aussi la construction peu banale de la trame narrative. Les retours dans le temps intégrés au récit du présent. le lecteur doit, avec grande joie, travailler un brin pour s'y retrouver.
Nous sommes dans un pays imaginé, le Lubanda, inspiré des pays où sévissent (ou ont sévi) de grandes dictatures africaines, où existent de terribles rivalités tribales et où des exactions inimaginables ont eu lieu. Aussi impliqué les ONG, sauveurs ou pas, de ces populations, complices souvent de ces régimes mais bon tout ça est très politique et je vous laisserai découvrir en lisant ce titre. C'est aussi être né dans un pays, d'avoir la conscience d'en être véritablement , culturellement, économiquement, socialement mais de ne jamais l'être réellement aux yeux des autres...
Thomas H. Cook arrive toujours à me surprendre avec cette manière bien particulière de tisser ses histoires, toujours très humain, jamais cynique, compréhensif je dirais et surtout c'est un brillant auteur de romans noirs. Danser dans la poussière en est une autre preuve.

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Thomas Cook est un auteur que j'apprécie beaucoup et son dernier ouvrage traduit ne m'a pas déçu. Je ne rentrerai pas dans les détails de l'intrigue ; je préfère laisser ce plaisir intact pour le futur lecteur. Pour une fois l'histoire que nous conte l'écrivain ne se déroule pratiquement pas aux Etats-Unis mais en Afrique dans une dictature imaginaire (mais ô combien réaliste) dans un pays que l'auteur a baptisé Lubanda. A travers l'histoire qui nous est contée, s'intercale une réflexion importante sur l'action de certaines ONG dans les Pays en voie de développement. Vouloir "faire le bien", une attitude moralement positive, n'a pas forcément que des conséquences positives. La méconnaissance de la culture locale et des traditions peut parfois faire des ravages. le propos de l'auteur est solidement étayé. L'histoire en elle-même est un classique "à la Thomas Cook" : les moments émotionnels forts ramènent dans la mémoire du personnage principal des événements qu'il a vécus dans son passé. On navigue constamment dans l'espace temps mais la structure est suffisamment rationnelle pour que le lecteur ne s'y perde pas. le coupable, car bien sûr il y en a un, n'est, comme il se doit, pas celui qu'on aurait imaginé en début de récit. Inutile de se fatiguer à formuler des hypothèses !
Thomas Cook a un style d'écriture très personnel ; je me demande si je ne serais pas capable, sans aucun indice donné au préalable, de reconnaître un extrait de l'une de ses oeuvres. Cela fonctionne avec certains auteurs mais pas avec d'autres. Pourtant, au premier abord, rien que du bien classique. Mais c'est prenant, très prenant... Je l'ai lu en deux soirées (parce que je suis raisonnable !)
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il m'escorte jusqu'en haut des grandes marches que l'on a balayées avec soin. Tout est bien astiqué, bien ciré. J'ai conscience que, dans certains pays étrangers, des murs provisoires en contreplaqué ou tôle ondulée sont parfois construits pour dissimuler les bidonvilles aux yeux d'un visiteur officiel tel que moi. Il peut arriver que des mesures plus extrêmes soient prises. Quand de hauts dignitaires venaient à Addis-Abeda, par exemple, Haïlé Sélassié ordonnait de rassembler les mendiants et de les conduire dans le désert à bord de bétaillères. Si les visiteurs devaient séjourner deux jours, on déposait les indigents à deux jours de marche de la capitale. S'ils y demeuraient trois jours, la distance devenait celle de trois jours de déambulation. Beaucoup d'entre eux ne survivaient pas à ce trajet de retour, mais le désert est vaste et les vautours sont efficaces, si bien que leurs cadavres brûlés par le soleil avaient tôt fait de disparaître. Les visiteurs étrangers n'avaient jamais vent de tout cela, raison pour laquelle Martine s'était fait un devoir de me raconter cette sinistre page de l'histoire éthiopienne lors d'une des nombreuses soirées que j'avais passées chez elle.
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Je ma rappelai qu'Ufala n'avait jamais pu s'adapter au balai à poils souples, lui préférant celui de paille au manche plus court dont le style avait peu évolué depuis son prototype, le besma, mot qui signifie "fagot de brindilles". Elle en venait à se voûter pendant qu'elle balayait, labeur à se briser les reins, chaque fois que je désignais l'autre balai flambant neuf que j'avais rapporté de Rupala, elle secouait la tête en signe de refus. Un jour que j'en avais parlé à Martine, celle-ci m'avait rétorqué, le sourire aux lèvres : "Le plus difficile dans la vie, Ray, c'est de comprendre ceux qu'on ne comprend pas."
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De la joie. Oui, c'était cela, me remémorai-je. Martine puisait la sienne dans les formes, les sensations, les goûts et les bruits du Lubanda et, parmi ces délices éminemment sensuelles, elle se réveillait chaque matin comme au jour de Noël et là, devant ses yeux, étalés sous le sapin scintillant entrelacé de couleurs vives et de noeuds dorés, se trouvaient les plus savoureux plaisirs de la vie qu'il le lui restait plus qu'à déballer.
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Il est un genre d'amour qui, nous le savons, ne se présentera plus jamais. Il contient une part de désir, c'est certain, mais ce n'est pas le seul bois dont il se chauffe. C'est la reconnaissance, violente, impérissable, que le coeur de telle femme suscite et mérite votre dévotion, que son incomparable féminité vous attache à elle, à l'exclusion de toute autre, que, comme le proclame l'antique serment, vous soyez riche ou pauvre, malade ou en bonne santé; par un lien que seule la mort - et encore - peut rompre.
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Chaque jour, une bonne décision peut sembler si mauvaise et une mauvaise décision si bonne que nous nous égarons dans toute une jungle d'erreurs, pour reprendre l'exquise formulation d'Edgar Poe. Erreurs parmi lesquelles, je l'ai appris, il n'y en a pas de plus grave, de plus semée d'embûches que celle de croire que notre conception du monde, des valeurs, du bonheur et de la réussite serait universelle.
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